Contribution: Réponse à la lettre ouverte du professeur Oupoh à Drogba

Eburnews - J’ai lu avec grand intérêt la lettre ouverte à Didier DROGBA du professeur ( ?) GNAOULE Oupoh, parue dans les colonnes du quotidien « Notre Voie » du mardi 16 février. Dans cette lettre creuse et décousue, l’universitaire ( ?) s’attaque à un symbole fort de la Côte d’Ivoire : Didier DROGBA. Monsieur Oupoh s’indigne d’abord de la déclaration de Drogba qui, à travers un courrier relayé par la presse et publié le samedi 13 février, il demande pardon aux Ivoiriens pour cet autre rendez-vous manqué de la CAN, avant de demander sans sourciller au capitaine des Eléphants de déposer son brassard et démissionner de la sélection nationale.

De deux choses l’une :
- Soit M. Oupoh à la mémoire courte
- Soit il ne maîtrise rien des règles et de l’esprit du sport, plus particulièrement du football.

Drogba mérite t-il ce traitement, venant d’un universitaire( ?) pour une simple lettre d’excuses adressées à ces compatriotes ? M. Oupoh devrait plutôt louer le courage et la hauteur d’esprit de ce joueur d’exception, au lieu de lui demander de démissionner en déposant le brassard de capitaine, donc de quitter la sélection nationale. Parce que, dire à M. Oupoh de déposer la craie, c’est lui dire de quitter les amphithéâtres et les salles de travaux dirigés de l’université.

Est-ce du même Drogba qui est allé lors des moments de braises avec son ballon d’or africain à Bouaké pour apaiser les cœurs dont parle M. Oupoh ?

Est-ce le Drogba qui a pratiquement renoncer à son deuxième ballon d’or consécutif en 2007 (une récompense individuelle) pour l’intérêt de la Côte d’Ivoire dont parle M. Oupoh ?

Est-ce le Drogba qui fait rayonner le nom de la Côte d’Ivoire partout dans le monde par son talent reconnu de tous, dont M ; Oupoh colle une étique de quelqu’un qui n’aime pas son pays ?

Franchement, je comprends la déception du professeur Oupoh après la CAN 2010. Tous, nous rêvions de cette CAN. Mais M. le professeur, vous êtes allé un peu trop loin. Car dans le fond, Drogba joue un rôle primordial pour la Côte d’Ivoire, même hors des stades. Et puis, entre nous professeur, si Drogba dépose le brassard comme vous le souhaitez, pense-vous que ce geste aura un impact négatif sur la carrière du joueur ? Je ne crois pas. C’est plutôt la Côte d’Ivoire qui sortirait grande perdante. Pensez-vous professeur que la Côte d’Ivoire puisse former un Drogba d’ici à 6 mois ou même dans 5 ou 10 ans ? Je ne crois pas. Mais croyez-moi, professeur, si Dunga, l’entraîneur du Brésil ou encore Christiano Ronaldo du Portugal disent en chœur redouter la Côte d’Ivoire au prochain Mondial, ce n’est à cause de Kolo Touré ou de Salomon Kalou (les noms sont pris au hasard). C’est bien à cause de Didier Drogba.

Le football a ses règles qu’il faut respecter. Dans la défaite il faut toujours rester sportif. C’est cela le charme du football et du sport en général que ignore peut-être le professeur Oupoh. Un échec ou des échecs successifs doivent toujours être pris avec fair-play une fois la compétition terminée. Et ce ne sont pas les plus forts qui gagnent forcément. Avoir des joueurs comme Drogba ne signifie pas que la coupe est dans la poche. Sinon vous devriez vous en prendre aussi à Laurent Pokou et sa génération qui n’ont rien gagné. La détermination de Drogba dont vous faites allusion à Chelsea est le fruit de la détermination de tous les joueurs de Chelsea quand ils jouent. Je suis persuadé que Drogba a toujours été déterminé pour la Côte d’ivoire comme il l’est à Chelsea. Mais ne mélangez pas tout professeur. L’environnement de Chelsea et celui des Eléphants sont différents. La détermination doit vient du bloc et non de quelques seuls joueurs. C’est de là que vient le mot : équipe. Pour vous éclairer, si vous doutez de la détermination de Drogba, vous n’en ferez sûrement pas de celle de Kader Kéita qui lui, l’extériorise beaucoup plus, même hors des stades. Cependant, sa seule détermination n’a pas sauvé la Côte d’Ivoire face à l’Algérie.

De là à traiter Drogba et les autres Eléphants de génération qui « danse avant et après les défaites, pendant que de millions de supporters meurtris dans leurs chairs pleurent et meurent », ce n’est pas juste. Que dira alors M. Oupoh des hommes politiques qui dansent et se gavent au soir des manifestations qu’ils décrètent et qui font des morts ?. Que dira M. Oupoh des artistes qui sablent le champagne au soir d’un de leur concert qui fait salle comble, alors que le podium s’écroule et fait des morts. Que dira M. Oupoh des professeurs d’université qui désertent les amphis et s’empressent pour aller au guichet automatique à la fin du mois pour percevoir leur salaire. Le professeur me parlera peut-être d’une cause nationale avec les Eléphants. Mais il y a des gens qui utilisent dans ce pays l’argent du contribuable pour faire des morts. Tous doivent donc déposer le brassard et démissionner.
En conclusion, tout en étant moi-même chrétien, je voudrais dire au professeur Oupoh qui doit être bien imprégné de la culture africaine, qu’il y a des fétiches qu’on ne jette pas. Ils se perdent d’eux-mêmes. Drogba est notre fétiche. Pour l’instant, il est irremplaçable.

José DJATI (journaliste sportif)