Ouf, enfin. Après plusieurs années d'attente, les victimes des déchets toxiques recevront bientôt leurs indemnités. En collaboration avec le cabinet anglais Leigh Day and Co, la Coordination nationale des victimes des déchets toxiques de Côte d'Ivoire (Cnvdt-Ci) procédera à la distribution du fonds qui s'élève à 22,5 milliards. Claude Gohourou, président de la Cnvdt-Ci, livre tous les derniers détails.
Comment s'est effectué le déblocage du fonds de dédommagement ? Il paraît que vous avez eu le soutien de la présidence ?
Pas du tout, nous n'avons eu aucun soutien. Il y avait une décision de justice qui était en notre faveur depuis le 22 janvier au niveau de la cour d'appel. Le cabinet d'avocats Leigh Day and Co, non satisfait de la décision de justice, a produit un pouvoir en cassation devant la cour suprême. Pendant que nous amorcions le dernier virage à la cour suprême, nos avocats Minda Daouda Traoré, François Hascoët et Hayette Mawad, nous ont informés de ce qu'ils ont entrepris une négociation avec le cabinet anglais Leigh Day and Co. C'est ainsi que la Cnvdt-Ci a signé un protocole d'accord prenant en compte la distribution du fonds.
Que contient ce protocole d'accord que votre association a signé avec le cabinet d'avocat Leigh Day and Co ?
Cet accord que nous avons signé avec Leigh Day and Co s'articule autour de l'arrêt du processus de cassation. Nous nous sommes entendus sur le processus de distribution du fonds. La coordination est toujours aux commandes du processus d'indemnisation. C'est elle qui va procéder à l'indemnisation des victimes, avec l'assistance du cabinet Leigh Day and Co. Cela ne veut pas dire que nous renonçons à nos premières revendications dont la plus importante était de connaître les clauses du contrat. Pendant trois semaines, la Coordination et le cabinet Leigh Day and Co vont travailler ensemble pour l'indemnisation des victimes. Nous pensons que c'est le plus important.
Vous pourrez revenir à n'importe quel moment sur les clauses du contrat que Trafigura a signé avec Leigh Day and Co en votre nom ?
Le protocole d'accord ne nous l'interdit pas. Mais ce qui est important pour le moment, c'est de payer l'indemnisation de nos parents qui souffrent. Aussi vu la situation sociopolitique que traverse notre pays, nous voulons éviter les marches et le mécontentement des victimes des déchets toxiques. Aujourd'hui, il faut poser des actes qui apporteront la quiétude au sein des populations.
Quelques jours après la décision de justice du 22 janvier 2010, vous avez été battu par des forces de l'ordre dans la banque qui abrite votre fonds, que s'est-il passé exactement?
C'était sûrement un malentendu entre les forces de l'ordre qui y étaient et nous. Nous n'avons pas toujours d'explications à ce problème. Nous ignorons également les raisons de leur présence au sein de cette banque, mais nous pensons que c'était un malentendu. Nous avons échangé avec leurs autorités de tutelle et nous avons constaté ensemble que c'était une erreur. Aujourd'hui, le plus important, c'est que le fonds soit en notre disposition pour que les victimes en bénéficient.
Pourquoi la phase de vérification qui devait débuter hier a été reportée ?
C'est juste pour des questions techniques. Nous ne sommes pas prêt. Le lieu d'accueil, la logistique n'étaient pas encore prêts pour accueillir les victimes. Il y avait également des dispositions qu'il fallait prendre avec la banque pour faciliter le paiement. Mais, je peux rassurer les victimes que les vérifications de dossiers vont commencer bientôt, avant la fin de la semaine. Elle durera 3 semaines. Pendant cette période, il y aura également le paiement. C'est-à-dire que toutes les victimes dont les dossiers ont été vérifiés, pourront retirer leur argent à partir du dimanche 7 mars dans des agences d'une banque. Ces informations seront mises à la disposition des victimes ultérieurement dans un communiqué.
Quelles dispositions sécuritaires avez-vous mises en place pour recevoir tout ce monde tant au niveau de la vérification qu'au niveau du paiement ?
Il faut dire que cette indemnisation ne concerne que les bénéficiaires de l'accord que Leigh Day and Co a signé avec Trafigura. Ce sont les victimes de la Cnvdt-Ci qui sont concernées. En ce qui concerne la sécurité, nous avons pris des dispositions avec les autorités ivoiriennes chargées de la sécurité et des maisons de gardiennage. Toutes les dispositions ont été prises pour que la sécurité de nos victimes soit assurée et lors des vérifications et des paiements. En plus de cela, il y a un changement notable. En lieu et place des cartes magnétiques qui ne sont pas connues de la majorité de nos victimes, ce sont des chèques avec l'ordre de paiement qui permettront aux victimes de toucher leur argent. Elles présenteront ces documents dans les différentes agences de la banque où est logé le fonds. Elles pourront également retirer leur argent en une seule opération.
Où se fera la vérification ?
C'est à Cocody Danga, notre nouveau site, non loin de l'ambassade d'Espagne. Ce n'est plus aux II-Plateaux comme cela devrait se faire. Les victimes s'y rendront par quartier. Nous procéderons à la vérification des dossiers avec l'aide du cabinet Leigh Day and Co. Nous ferons bientôt des communiqués où le programme de vérification sera établi. Elles viendront par quartier faire la vérification. Les victimes pourront se rendre au siège, non loin de la Rti pour plus d'informations.
Nous avons appris que les victimes ne toucheront plus 750.000 Fcfa, mais 727.500 Fcfa. Quel commentaire faites-vous de cette information ?
Effectivement, les victimes seront indemnisées à 750.000 Fcfa moins 3%. Cette différence qui s'élève à 22.500 Fcfa sera versée aux présidents des différentes associations. C'est un accord qui a été signé en 2006 pour certains et 2007 pour d'autres entre les victimes et leurs présidents. Cet argent va servir au fonctionnement des associations. Depuis trois ans, les présidents d'associations assistent leurs victimes sans l'aide de l'Etat. C'est de façon volontaire que les victimes ont accepté de verser 3% de leur indemnité à leurs différents responsables qui les ont aidées à monter leurs dossiers et qui les ont informées pendant trois ans. A ce niveau, il n'y a aucun problème entre les victimes et les présidents d'associations. Au total, ce sont 29.624 victimes qui seront indemnisées.
Et les autres victimes ? Celles qui ne sont pas de votre coordination, qu'est-ce que vous prévoyez pour elles ?
Nous entreprenons des démarches actuellement avec nos avocats quant à leur indemnisation. C'est à partir du 15 mars que nous saurons ce qui est prévu pour elles. L'indemnisation, comme nous l'avons signifié la dernière fois, doit prendre en compte les 100.000 victimes que l'Etat avait identifiées. Et c'est ce combat que mènent aujourd'hui nos avocats tant à Abidjan qu'à Londres. Aujourd'hui, dans le nouveau combat, il y a l'aspect de la dépollution. Nous luttons pour que les déchets stockés soient retirés du territoire ivoirien. Les 70.000 victimes qui n'ont pas été dans le contrat du cabinet anglais, nous avons pris des dispositions. Si le processus judiciaire ne nous avait pas retardé, nous aurons déjà eu une réponse.
Vous avez un dernier mot à l'endroit des victimes…
Nous disons merci à toutes les autorités du pays qui ont suivi le dossier de près et qui, à travers leur impartialité ont permi une issue favorable au problème. Nous rendons hommage à la justice de notre pays et à toutes ces victimes qui ont souffert le martyre et qui, aujourd'hui, vont bénéficier de ce qui leur revient de droit. Nous prenons l'engagement devant toute la nation, devant l'opinion nationale et internationale que ce sont les vrais bénéficiaires qui toucheront leur argent.
Interview réalisée par Adélaïde Konin
Comment s'est effectué le déblocage du fonds de dédommagement ? Il paraît que vous avez eu le soutien de la présidence ?
Pas du tout, nous n'avons eu aucun soutien. Il y avait une décision de justice qui était en notre faveur depuis le 22 janvier au niveau de la cour d'appel. Le cabinet d'avocats Leigh Day and Co, non satisfait de la décision de justice, a produit un pouvoir en cassation devant la cour suprême. Pendant que nous amorcions le dernier virage à la cour suprême, nos avocats Minda Daouda Traoré, François Hascoët et Hayette Mawad, nous ont informés de ce qu'ils ont entrepris une négociation avec le cabinet anglais Leigh Day and Co. C'est ainsi que la Cnvdt-Ci a signé un protocole d'accord prenant en compte la distribution du fonds.
Que contient ce protocole d'accord que votre association a signé avec le cabinet d'avocat Leigh Day and Co ?
Cet accord que nous avons signé avec Leigh Day and Co s'articule autour de l'arrêt du processus de cassation. Nous nous sommes entendus sur le processus de distribution du fonds. La coordination est toujours aux commandes du processus d'indemnisation. C'est elle qui va procéder à l'indemnisation des victimes, avec l'assistance du cabinet Leigh Day and Co. Cela ne veut pas dire que nous renonçons à nos premières revendications dont la plus importante était de connaître les clauses du contrat. Pendant trois semaines, la Coordination et le cabinet Leigh Day and Co vont travailler ensemble pour l'indemnisation des victimes. Nous pensons que c'est le plus important.
Vous pourrez revenir à n'importe quel moment sur les clauses du contrat que Trafigura a signé avec Leigh Day and Co en votre nom ?
Le protocole d'accord ne nous l'interdit pas. Mais ce qui est important pour le moment, c'est de payer l'indemnisation de nos parents qui souffrent. Aussi vu la situation sociopolitique que traverse notre pays, nous voulons éviter les marches et le mécontentement des victimes des déchets toxiques. Aujourd'hui, il faut poser des actes qui apporteront la quiétude au sein des populations.
Quelques jours après la décision de justice du 22 janvier 2010, vous avez été battu par des forces de l'ordre dans la banque qui abrite votre fonds, que s'est-il passé exactement?
C'était sûrement un malentendu entre les forces de l'ordre qui y étaient et nous. Nous n'avons pas toujours d'explications à ce problème. Nous ignorons également les raisons de leur présence au sein de cette banque, mais nous pensons que c'était un malentendu. Nous avons échangé avec leurs autorités de tutelle et nous avons constaté ensemble que c'était une erreur. Aujourd'hui, le plus important, c'est que le fonds soit en notre disposition pour que les victimes en bénéficient.
Pourquoi la phase de vérification qui devait débuter hier a été reportée ?
C'est juste pour des questions techniques. Nous ne sommes pas prêt. Le lieu d'accueil, la logistique n'étaient pas encore prêts pour accueillir les victimes. Il y avait également des dispositions qu'il fallait prendre avec la banque pour faciliter le paiement. Mais, je peux rassurer les victimes que les vérifications de dossiers vont commencer bientôt, avant la fin de la semaine. Elle durera 3 semaines. Pendant cette période, il y aura également le paiement. C'est-à-dire que toutes les victimes dont les dossiers ont été vérifiés, pourront retirer leur argent à partir du dimanche 7 mars dans des agences d'une banque. Ces informations seront mises à la disposition des victimes ultérieurement dans un communiqué.
Quelles dispositions sécuritaires avez-vous mises en place pour recevoir tout ce monde tant au niveau de la vérification qu'au niveau du paiement ?
Il faut dire que cette indemnisation ne concerne que les bénéficiaires de l'accord que Leigh Day and Co a signé avec Trafigura. Ce sont les victimes de la Cnvdt-Ci qui sont concernées. En ce qui concerne la sécurité, nous avons pris des dispositions avec les autorités ivoiriennes chargées de la sécurité et des maisons de gardiennage. Toutes les dispositions ont été prises pour que la sécurité de nos victimes soit assurée et lors des vérifications et des paiements. En plus de cela, il y a un changement notable. En lieu et place des cartes magnétiques qui ne sont pas connues de la majorité de nos victimes, ce sont des chèques avec l'ordre de paiement qui permettront aux victimes de toucher leur argent. Elles présenteront ces documents dans les différentes agences de la banque où est logé le fonds. Elles pourront également retirer leur argent en une seule opération.
Où se fera la vérification ?
C'est à Cocody Danga, notre nouveau site, non loin de l'ambassade d'Espagne. Ce n'est plus aux II-Plateaux comme cela devrait se faire. Les victimes s'y rendront par quartier. Nous procéderons à la vérification des dossiers avec l'aide du cabinet Leigh Day and Co. Nous ferons bientôt des communiqués où le programme de vérification sera établi. Elles viendront par quartier faire la vérification. Les victimes pourront se rendre au siège, non loin de la Rti pour plus d'informations.
Nous avons appris que les victimes ne toucheront plus 750.000 Fcfa, mais 727.500 Fcfa. Quel commentaire faites-vous de cette information ?
Effectivement, les victimes seront indemnisées à 750.000 Fcfa moins 3%. Cette différence qui s'élève à 22.500 Fcfa sera versée aux présidents des différentes associations. C'est un accord qui a été signé en 2006 pour certains et 2007 pour d'autres entre les victimes et leurs présidents. Cet argent va servir au fonctionnement des associations. Depuis trois ans, les présidents d'associations assistent leurs victimes sans l'aide de l'Etat. C'est de façon volontaire que les victimes ont accepté de verser 3% de leur indemnité à leurs différents responsables qui les ont aidées à monter leurs dossiers et qui les ont informées pendant trois ans. A ce niveau, il n'y a aucun problème entre les victimes et les présidents d'associations. Au total, ce sont 29.624 victimes qui seront indemnisées.
Et les autres victimes ? Celles qui ne sont pas de votre coordination, qu'est-ce que vous prévoyez pour elles ?
Nous entreprenons des démarches actuellement avec nos avocats quant à leur indemnisation. C'est à partir du 15 mars que nous saurons ce qui est prévu pour elles. L'indemnisation, comme nous l'avons signifié la dernière fois, doit prendre en compte les 100.000 victimes que l'Etat avait identifiées. Et c'est ce combat que mènent aujourd'hui nos avocats tant à Abidjan qu'à Londres. Aujourd'hui, dans le nouveau combat, il y a l'aspect de la dépollution. Nous luttons pour que les déchets stockés soient retirés du territoire ivoirien. Les 70.000 victimes qui n'ont pas été dans le contrat du cabinet anglais, nous avons pris des dispositions. Si le processus judiciaire ne nous avait pas retardé, nous aurons déjà eu une réponse.
Vous avez un dernier mot à l'endroit des victimes…
Nous disons merci à toutes les autorités du pays qui ont suivi le dossier de près et qui, à travers leur impartialité ont permi une issue favorable au problème. Nous rendons hommage à la justice de notre pays et à toutes ces victimes qui ont souffert le martyre et qui, aujourd'hui, vont bénéficier de ce qui leur revient de droit. Nous prenons l'engagement devant toute la nation, devant l'opinion nationale et internationale que ce sont les vrais bénéficiaires qui toucheront leur argent.
Interview réalisée par Adélaïde Konin