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Politique Publié le samedi 27 février 2010 | Notre Voie

Martin Sokouri Bohui, Secrétaire national du FPI chargé des élections : “Bakayoko Youssouf est l’homme de la situation”

Après la formation du nouveau gouvernement et le choix du nouveau président de la CEI, le chargé des élections au FPI, le député Sokouri Bohui, jette un regard sur les deux évènements.
Notre Voie : quand il a dissous le gouvernement et la CEI, le président a dit qu’il ne voulait plus d’un gouvernement au service des partis politiques, mais un gouvernement au service des Ivoiriens. Le gouvernement a été formé. Est-ce que le FPI est satisfait ?

Martin Sokouri Bohui : L’objectif de ce gouvernement, c’est de ramener la paix. Puisque le précédant gouvernement a été dissous parce qu’il y avait blocage. Le nouveau gouvernement doit donc travailler à l’organisation des élections transparentes dans les meilleurs délais. Tout le monde le sait, c’est l’organisation d’élections justes et transparentes qui mettra fin à la crise. Le président de la République, en dissolvant le gouvernement, a dit qu’il veut un gouvernement au service des Ivoiriens et non un gouvernement aux ordres des partis politiques. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire que le président ne veut plus des ministres qui viennent au gouvernement pour travailler pour le compte de leur parti. Il ne veut pas des ministres qui disent oui en conseil des ministres et qui, une fois dehors, critiquent le gouvernement auquel ils appartiennent. Le président veut des ministres qui, bien que sortant des partis politiques, travaillent pour la République. Parce qu’on peut être d’un parti d’opposition et travailler pour la République.

La formation de ce gouvernement a pris du temps parce qu’en coulisses les partis d’opposition négociaient pour le maintien des anciens ministres qui rament à contre courant de l’action gouvernementale. C’est parce qu’ils négociaient en coulisses avec le chef de l’Etat, et une fois dehors, ils proclamaient haut et fort leur refus d’entrer au gouvernement, que nous avons observé un gouvernement où certains sont nommés et d’autres en attente. Les deux têtes de l’exécutif que sont le président de la République et le premier ministre auraient pu passer en force. Mais que ne ferait-on pas pour donner aux Ivoiriens la paix tant recherchée. En rendant publique une partie des membres du gouvernement et en attendant l’entrée des membres de l’opposition le premier ministre met la pression sur l’opposition qui traîne les pieds et montre aux yeux du monde qu’il veut aller très vite à la paix. Pour le FPI, nous avons enregistré trois départs et deux entrées. Le ministère de la réconciliation nationale, qui était détenu par un des nôtre a été supprimé. Et comme il fallait diminuer le nombre de ministères, c’était notre part de sacrifice pour aller à la paix. Le camp présidentiel soutient donc ce gouvernement qui va très rapidement organiser les élections que nous allons à coup sûr gagner.


N.V. : La Commission Electorale Indépendante a un nouveau président, en la personne du ministre Youssouf Bakayoko. Il a été élu avant-hier jeudi par ses paire. Est-ce que le camp présidentiel est satisfait de ce choix ?

M.S.B. : J’insiste sur le fait que nous voulons des élections justes et transparentes. C’est tout le sens du combat du camp présidentiel. Il nous faut donc une CEI qui garantisse la transparence des élections. Le président de la nouvelle CEI doit être un homme en qui toutes les parties ont confiance.

Nous voulons aussi une CEI équilibrée où tous les membres ont voix délibérative. Il est inconcevable que les membres d’une même institution, ayant tous prêté serment, ne soient pas logés à la même enseigne. Certains ont voix délibérative et d’autres n’en ont pas. C’est aberrant et grotesque

N.V. : Vous n’avez toujours pas dit si le camp présidentiel est satisfait ou pas.

M.S.B. : Ce que nous recherchons, ce n’est pas d’avoir une CEI qui nous est favorable, mais nous ne voulons pas non plus une CEI qui travaille contre nous. C'est-à-dire que nous voulons une CEI qui peut organiser des élections propres qui permettront d’éviter une autre guerre à notre pays. C'est-à-dire une CEI capable d’organiser une élection où le vainqueur sera le vrai vainqueur et le vaincu convaincu de sa défaite. Donc une CEI qui va préparer la paix, gage de stabilité et de développement. Et sur ce point, tous les acteurs politiques à la recherche de la paix se rejoignent.

Pour toutes ces raisons, nous avons toujours milité pour un président acceptable pour tous. Et nous pensons que le ministre Youssouf Bakayoko est l’homme de la situation. Contrairement aux autres ministres de l’opposition il a montré sa loyauté à la République et au président de la République. Il est resté digne dans sa fonction de ministre de la République. C’est un grand serviteur de l’Etat qui a une haute idée de ses fonctions. Jamais il n’a critiqué le gouvernement auquel il appartient en dehors du conseil des ministres. C’est donc un serviteur de l’Etat et non un serviteur des intérêts partisans. C’est pourquoi, bien qu’il ne soit pas de notre bord politique, nous sommes très satisfaits de son élection et nous lui faisons confiance. Vous avez remarqué vous-même qu’il a été élu à l’unanimité des voix des membres de la commission centrale. C’est dire que le ministre Youssouf Bakayoko fait l’unanimité autour de ses qualités morales, intellectuelles et professionnelles. Sans tomber dans un optimisme béat, nous pensons, à la majorité présidentielle, que le nouveau président de la CEI est digne de confiance. Il peut offrir à la Côte d’ivoire la paix tant recherchée à travers des élections justes et transparentes. La paix sans laquelle aucun développement n’est possible. C’est pourquoi je demande à tous les Ivoiriens en général et aux militants du camp présidentiel en particulier d’avoir confiance en lui et de ne pas avoir des a priori. Je leur demande de le juger à l’acte.

N.V. : Vous parlez de paix. Mais le RHDP ne semble pas être sur la même longueur d’onde que vous. Depuis la dissolution du gouvernement et de la CEI, il a lancé des mouvements insurrectionnels et il tue, casse et détruit les édifices de l’Etat et même des biens privés. Comme à Korhogo où la résidence du docteur Malick a été brûlée ? Qu’est-ce que tout cela vous inspire ?

M.S.B. : Nous venons de mettre en place la nouvelle CEI avec un président qui est accepté de tous comme nous l’avions demandé. Et le nouveau gouvernement. C’est dire que l’insurrection que le RHDP a lancée était inopportune. C’est donc de façon inutile et gratuite que le RHDP a tué, cassé et brûlé. Ce qui est déolant.

C’est quand on se rend compte que c’est Alphonse Djédjé Mady, ancien ministre, fils de ce pays, et Henri Konan Bédié, ancien président de la République, fils de ce pays, qui sont à la tête d’un mouvement insurrectionnel planifié par Alassane Ouattara, qui n’a aucun scrupule à détruire ce pays parce qu’il n’est pas le sien. je suis triste et j’ai mal. Comment des Ivoiriens peuvent-ils accepter de détruire leur propre pays pour faire avancer la lutte d’un homme qui n’a choisi que la violence pour arriver au pouvoir? Ce comportement irresponsable que ces deux leaders du PDCI ont eu, ils le payeront cher aux élections parce qu’il est totalement en déphasage avec la culture des militants de base du PDCI. Les militants du PDCI n’acceptent pas que Bédié et Djédjé Mady se mettent au service d’Ouattara pour détruire la Côte d’Ivoire.

Cela dit, ce que toutes ces destructions m’inspirent, c’est qu’il ne peut y avoir d’élections sans désarmement. Il faut dès à présent que le gouvernement mette un point d’honneur à la question du désarmement si nous voulons garantir la tenue d’élections libres, justes et transparentes. Car si pour une simple dissolution du gouvernement et de la CEI le RHDP a détruit des édifices publics et les domiciles de ses adversaires, je me demande ce qu’il en sera demain dans les zones CNO si les résultats des urnes ne sont pas en leur faveur. Vivement le désarmement et la réunification pour une élection apaisée.

N.V. : Dans cette crise, l’armée a fait deux sorties au cours desquelles elle a pris position. Qu’est-ce que vous en pensez ?

M.S.B. : C’est un acte historique que nos forces de défense et de sécurité viennent de poser au moment où le pays traverse des moments difficiles. En réagissant avec vigueur, les FDS ont dissuadé les pêcheurs en eau trouble, et ont ainsi fortement contribué à la baisse de la tension sociale. C’est grâce à leur sortie que les adeptes de la violence ont compris que leurs actes n’allaient pas prospérer. Notamment quand les DFS ont mis en garde tous les acteurs politiques en leur disant que s’ils allument le feu, personne ne sortira du pays, mais nous resterons tous sur place pour l’éteindre. Ce message, je le pense, a été bien perçu par nous les acteurs politiques. Notamment, nous qui avons pour seule stratégie de conquête du pouvoir d’Etat la violence et les coups d’Etat. Les FDS étaient d’autant fondées dans leur réaction qu’elles ont payé un lourd tribut à la guerre imposée à la Côte d’Ivoire par Ouattara pour qu’il soit candidat. Nombreux de leurs frères d’armes ont été lâchement tués aux premières heures de la guerre, laissant derrière eux de nombreuses veuves et de nombreux orphelins. Les FDS ont besoin comme tout le monde de vivre dans un pays en paix. Leur rôle c’est d’ailleurs de faire en sorte que le pays vive en paix. En mettant donc les hommes politiques qui mettent la vie de la Nation en danger, ils sont parfaitement dans leur rôle.

C’est pourquoi je voudrais profiter de cette occasion pour féliciter le général Philippe Mangou, chef d’état-major des armées qui, au nom de tous ses pairs, à dans une adresse magistrale à la Nation joué sa partition pour que la démocratie s’enracine. Je voudrais également féliciter le général Kassaraté Tiapé, commandant supérieur de la gendarmerie qui lui aussi, a élevé le ton pour préserver la paix et la démocratie. Ces félicitations s’adressent enfin au général Brindou M’bia, directeur général dela police dont les hommes ont, avec bravoure barré la route aux fauteurs de trouble. A travers leurs chefs, c’est à l’ensemble des FDS que s’adressent mes félicitations. Je leur apporte mon soutien, celui du FPI et de la majorité présidentielle. Honneur à eux ! Ils se sont battus depuis le début de cette crise pour que le pays reste debout.

Propos recueillis par

Boga Sivori
bogasivo@yahoo.fr
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