Annoncé à grand renfort de publicité, le débat tant attendu sur le football ivoirien et singulièrement axé sur les Eléphants n’a rien donné. De son organisation à la qualité du public invité, le public est resté sur sa faim. Pourtant, les trois thèmes à savoir l’élimination précoce des Eléphants, l’équipe nationale et les perspectives autour desquels le débat a été conçu ne manquaient pas d’intérêt.
L’invité principal était de taille et les thèmes abordés d’actualité. C’était aussi l’occasion rêvée pour certains de dire leur part de vérité au président de la Fédération ivoirienne de football, Jacques Anouma, après ce qu’il convient d’appeler la débâcle de Cabinda. Et pour d’autres d’en savoir les raisons profondes. Ce débat télévisé en direct qui a eu lieu samedi au studio 2 Marie Thérèse Pechot (16h-20h) avait pour objectif de permettre au peuple ivoirien de mieux s’informer, par ses propres questions, auprès du premier responsable du football ivoirien. Et Rti Sport a eu le mérite de lui offrir ce plateau. Parce qu’à un moment donné, il y avait comme une crise de confiance entre le public, et même des patrons d’organes de presse et les journalistes sportifs qui, pour beaucoup, sont corrompus par le président de la fédération. Donc incapables de lui poser les bonnes questions en ce genre d’occasions. Y avait-il meilleur espace que celui de samedi pour que les Ivoiriens, qui s’intéressent au sujet, s’expriment comme ils l’ont toujours souhaité ? Mais à l’heure de vérité, l’on s’est rendu compte de l’incapacité des uns et des autres à élever le niveau du débat. A telle enseigne que l’invité principal était à son aise et a supplanté les échanges. Ni les journalistes encore moins le public invité dont le niveau a posé problème, n’ont pu apporter la contradiction qualitative nécessaire au patron du football ivoirien de sorte à le mettre en difficulté par moments. De l’entraîneur au joueur Koffi N’dri Romaric en passant par les problèmes internes de la sélection à la situation générale du football ivoirien, Jacques Anouma s’est baladé. Aidé en cela par sa maîtrise des sujets, le calme et la hauteur d’esprit avec lesquels il les abordait. Quatre heures durant, l’homme était comme dans un fleuve tranquille. Pour finir, ce débat a servi du médiocre aux Ivoiriens en plus de la douleur qu’ils ont endurée après la Can en Angola. Et même à ceux de l’extérieur qui en attendaient sans doute beaucoup. Mais il faut le dire tout net, ce qui a été servi n’est pas le niveau des hommes du football ivoirien.
Les raisons de la débâcle
Certains invités ont collé l’élimination de la Côte d’Ivoire à des faits divers sportifs, d’autres à des faits irrationnels. Mais pour Jacques Anouma, les raisons de cette campagne ratée sont purement d’ordres sportifs. « Nous présentons toutes nos excuses aux Ivoiriens, mais ce qu’on appelle la débâcle de Cabinda est un résultat sportif. Je l’assume. Je suis responsable mais pas coupable. On a eu trois matches avec des fortunes diverses. Contre l’Algérie, il y a eu un problème de fraîcheur physique sans doute. Nous allons écouter les joueurs pour avoir leurs versions des faits. Mais j’avoue que nous avons tous notre part de responsabilité dans cette élimination. J’ai confiance en cette équipe. On va essayer de la réarmer pour aller en Coupe du monde », a-t-il coupé.
Les problèmes entre les joueurs
S’il y a une situation qui fâche et qui reste jusque-là insoluble, c’est bien les petits problèmes d’égo entre les joueurs de la sélection. Depuis 2004 que ce groupe évolue ensemble, jamais la situation n’avait atteint ce degré de pourrissement. Et les joueurs cachent tellement bien cette « plaie » que même Jacques Anouma n’en savait pas l’existence. La Can angolaise a été l’occasion pour faire sortir la fumée blanche. « Il y a problème en équipe nationale. Je veux savoir l’origine du mal. Et quel que soit l’entraîneur qui arrive, il faut qu’il connaisse l’équipe avant de la prendre. Je vais donc écouter les joueurs à Londres. J’irai dans leur maison discuter avec eux, un à un, devant leurs épouses. Pour qu’ensemble, nous puissions extirper le mal ». Et les campagnes infructueuses répétées ne sont pas forcément le fait d’entraîneurs. Mais elles sont liées à ce problème-là. Parce qu’il est difficilement concevable qu’une équipe avec un tel potentiel ne puisse pas élever son niveau de jeu au moment où il le faut. Que la Fif fasse signer Capello, José Mourinho, Guus Indinks, tant qu’elle ne règne pas ce problème entre les joueurs, elle n’aura rien fait. Parce que ce sont les joueurs qui animent un système. Et s’ils n’en ont pas la volonté, tous les efforts seront voués à l’échec.
Vahid viré, un nouvel entraîneur dans quelques jours
Il n’y a plus d’ambiguïté sur le cas Vahid Halilhodzic avec les Eléphants. Le patron de la Fif a décidé de mettre fin à son contrat qui court jusqu’au 15 juin 2010. « Je juge Vahid sur les résultats. Il n’a pas réussi sa mission de remporter la Can. J’ai donc mis fin à son contrat après analyse ». Décision qu’il a prise depuis samedi (13 h) avant l’émission télévisée. Qui sera sur le banc des Eléphants le 3 mars contre la Corée du Sud en match international amical à Londres ? « Ce match n’est pas un objectif pour moi. Je peux même y aller avec un entraîneur local », précise-t-il. Le nom du nouvel entraîneur sera connu dans les jours à venir.
Les perspectives
C’est sur ce pan du débat que Jacques Anouma a conclu l’émission. Et c’est là qu’il a davantage noyé ses « adversaires ». Il s’est même permis de leur voler un peu dans les plumes. « Je ne dirai pas que je suis déçu, je m’y attendais. Le débat a volé bas. Je n’ai pas eu à répondre aux questions qu’il fallait. Si j’ai pris les journalistes seuls, on aurait dit que je les ai payés ». Des questions relatives à la politique sportive en Côte d’Ivoire, à la professionnalisation du sport et des moyens y afférent, à la politique de financement du sport en général ou du football en particulier. Toutes les sélections doivent ou peuvent-elles être financées ? L’Etat doit-il financer les clubs ? La loi sur le sport, le fonds de développement du sport, le statut associatif des clubs en Côte d’Ivoire. Des sujets qui auraient sans doute rehaussé le niveau du débat. Et sur lesquels le président de la Fif aurait pu être interrogé ou relancé. Mais il a été tiré par le bas par des faits divers sportifs et des questions pauvres sur lesquelles Jacques Anouma était obligé de recadrer les choses et instruire même ceux qu’il avait en face de lui. En tout cas pour un débat dont on attendait beaucoup, ce fut un coup d’épée dans l’eau. A telle enseigne que Didier Drogba est intervenu depuis Londres pour dire que les invités « parlent de tout et de n’importe quoi ». Une façon de dire que le niveau était très faible. Au final, après Vahid qui est viré, aucun vrai problème de la sélection ou du football n’a été abordé pour être résolu. Ou pour qu’un début de solution soit trouvé.
Tibet Kipré
Ils ont dit…
Simplice Zinsou (PCA Aeria) : « Anouma n’avait pas d’opposition »
« C’est un débat qui méritait d’être fait mais il a été mal organisé. Il n’a pas permis au président de développer toutes ses idées. Je m’excuse et suis désolé de le dire mais mes confrères ont tiré l’émission par le bas. Il a dit ce qu’il avait à dire. On aurait pu faire mieux, ce sont les journalistes qui ont fait que ce débat n’a pas été exceptionnel, le président a joué tranquille, il n’avait pas d’opposition».
Réné Diby (ancien ministre du Sport) : « Personne n’a apporté la contradiction »
« Personne n’a apporté une contradiction positive pour l’amener à remettre les choses à flots pour susciter l’esprit critique afin que les choses aillent de l’avant. En matière de football, tout le moment est expert, c’est gênant. Une direction collégiale n’est pas forcément la solution, il faut un responsable ».
Feh Fesseh : (1er vice-président Fif) : « Il fallait ce débat »
« Il fallait faire ce débat. Il se raconte trop de choses sur la sélection, son environnement. C’est, qu’il y a des choses qui ne vont pas. On s’atelle à les régler. On part à Londres pour parler avec les joueurs. Les faits ont été grossis, ça dessert le football. Je suis heureux que le président ait dit des choses que les Ivoiriens avaient besoin de comprendre ».
Yéo Martial(Dtn) : « Je suis déçu »
« Je suis un peu déçu parce que je pensais qu’on allait pouvoir extirper une grande partie du mal. Après la question sur Vahid, il n’y a plus rien eu de concret et positif pour l’ensemble des sportifs. Mais en conclusion, le président, au niveau des perspectives, a ouvert un débat qui montre qu’il y a encore du chemin à faire »
Propos recueillis par Tibet.K.
La note
Match à rejouer…
Ce n’est pas toujours que Jacques Anouma s’offre sur un plateau doré de la télévision ivoirienne. L’émission sur le football avec lui était une énorme occasion pour les invités de toucher du doigt les vrais problèmes du football ivoirien. Et d’essayer d’y apporter, si possible, des débuts de solution. Mais le patron de la Fif l’a joué tranquille. Il s’est baladé seul. Faute d’adversaire de sa taille. Ce match, il faut le rejouer. Mais cette fois avec des personnes plus outillées à la chose footballistique. Qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs.
Tibet Kipré
L’invité principal était de taille et les thèmes abordés d’actualité. C’était aussi l’occasion rêvée pour certains de dire leur part de vérité au président de la Fédération ivoirienne de football, Jacques Anouma, après ce qu’il convient d’appeler la débâcle de Cabinda. Et pour d’autres d’en savoir les raisons profondes. Ce débat télévisé en direct qui a eu lieu samedi au studio 2 Marie Thérèse Pechot (16h-20h) avait pour objectif de permettre au peuple ivoirien de mieux s’informer, par ses propres questions, auprès du premier responsable du football ivoirien. Et Rti Sport a eu le mérite de lui offrir ce plateau. Parce qu’à un moment donné, il y avait comme une crise de confiance entre le public, et même des patrons d’organes de presse et les journalistes sportifs qui, pour beaucoup, sont corrompus par le président de la fédération. Donc incapables de lui poser les bonnes questions en ce genre d’occasions. Y avait-il meilleur espace que celui de samedi pour que les Ivoiriens, qui s’intéressent au sujet, s’expriment comme ils l’ont toujours souhaité ? Mais à l’heure de vérité, l’on s’est rendu compte de l’incapacité des uns et des autres à élever le niveau du débat. A telle enseigne que l’invité principal était à son aise et a supplanté les échanges. Ni les journalistes encore moins le public invité dont le niveau a posé problème, n’ont pu apporter la contradiction qualitative nécessaire au patron du football ivoirien de sorte à le mettre en difficulté par moments. De l’entraîneur au joueur Koffi N’dri Romaric en passant par les problèmes internes de la sélection à la situation générale du football ivoirien, Jacques Anouma s’est baladé. Aidé en cela par sa maîtrise des sujets, le calme et la hauteur d’esprit avec lesquels il les abordait. Quatre heures durant, l’homme était comme dans un fleuve tranquille. Pour finir, ce débat a servi du médiocre aux Ivoiriens en plus de la douleur qu’ils ont endurée après la Can en Angola. Et même à ceux de l’extérieur qui en attendaient sans doute beaucoup. Mais il faut le dire tout net, ce qui a été servi n’est pas le niveau des hommes du football ivoirien.
Les raisons de la débâcle
Certains invités ont collé l’élimination de la Côte d’Ivoire à des faits divers sportifs, d’autres à des faits irrationnels. Mais pour Jacques Anouma, les raisons de cette campagne ratée sont purement d’ordres sportifs. « Nous présentons toutes nos excuses aux Ivoiriens, mais ce qu’on appelle la débâcle de Cabinda est un résultat sportif. Je l’assume. Je suis responsable mais pas coupable. On a eu trois matches avec des fortunes diverses. Contre l’Algérie, il y a eu un problème de fraîcheur physique sans doute. Nous allons écouter les joueurs pour avoir leurs versions des faits. Mais j’avoue que nous avons tous notre part de responsabilité dans cette élimination. J’ai confiance en cette équipe. On va essayer de la réarmer pour aller en Coupe du monde », a-t-il coupé.
Les problèmes entre les joueurs
S’il y a une situation qui fâche et qui reste jusque-là insoluble, c’est bien les petits problèmes d’égo entre les joueurs de la sélection. Depuis 2004 que ce groupe évolue ensemble, jamais la situation n’avait atteint ce degré de pourrissement. Et les joueurs cachent tellement bien cette « plaie » que même Jacques Anouma n’en savait pas l’existence. La Can angolaise a été l’occasion pour faire sortir la fumée blanche. « Il y a problème en équipe nationale. Je veux savoir l’origine du mal. Et quel que soit l’entraîneur qui arrive, il faut qu’il connaisse l’équipe avant de la prendre. Je vais donc écouter les joueurs à Londres. J’irai dans leur maison discuter avec eux, un à un, devant leurs épouses. Pour qu’ensemble, nous puissions extirper le mal ». Et les campagnes infructueuses répétées ne sont pas forcément le fait d’entraîneurs. Mais elles sont liées à ce problème-là. Parce qu’il est difficilement concevable qu’une équipe avec un tel potentiel ne puisse pas élever son niveau de jeu au moment où il le faut. Que la Fif fasse signer Capello, José Mourinho, Guus Indinks, tant qu’elle ne règne pas ce problème entre les joueurs, elle n’aura rien fait. Parce que ce sont les joueurs qui animent un système. Et s’ils n’en ont pas la volonté, tous les efforts seront voués à l’échec.
Vahid viré, un nouvel entraîneur dans quelques jours
Il n’y a plus d’ambiguïté sur le cas Vahid Halilhodzic avec les Eléphants. Le patron de la Fif a décidé de mettre fin à son contrat qui court jusqu’au 15 juin 2010. « Je juge Vahid sur les résultats. Il n’a pas réussi sa mission de remporter la Can. J’ai donc mis fin à son contrat après analyse ». Décision qu’il a prise depuis samedi (13 h) avant l’émission télévisée. Qui sera sur le banc des Eléphants le 3 mars contre la Corée du Sud en match international amical à Londres ? « Ce match n’est pas un objectif pour moi. Je peux même y aller avec un entraîneur local », précise-t-il. Le nom du nouvel entraîneur sera connu dans les jours à venir.
Les perspectives
C’est sur ce pan du débat que Jacques Anouma a conclu l’émission. Et c’est là qu’il a davantage noyé ses « adversaires ». Il s’est même permis de leur voler un peu dans les plumes. « Je ne dirai pas que je suis déçu, je m’y attendais. Le débat a volé bas. Je n’ai pas eu à répondre aux questions qu’il fallait. Si j’ai pris les journalistes seuls, on aurait dit que je les ai payés ». Des questions relatives à la politique sportive en Côte d’Ivoire, à la professionnalisation du sport et des moyens y afférent, à la politique de financement du sport en général ou du football en particulier. Toutes les sélections doivent ou peuvent-elles être financées ? L’Etat doit-il financer les clubs ? La loi sur le sport, le fonds de développement du sport, le statut associatif des clubs en Côte d’Ivoire. Des sujets qui auraient sans doute rehaussé le niveau du débat. Et sur lesquels le président de la Fif aurait pu être interrogé ou relancé. Mais il a été tiré par le bas par des faits divers sportifs et des questions pauvres sur lesquelles Jacques Anouma était obligé de recadrer les choses et instruire même ceux qu’il avait en face de lui. En tout cas pour un débat dont on attendait beaucoup, ce fut un coup d’épée dans l’eau. A telle enseigne que Didier Drogba est intervenu depuis Londres pour dire que les invités « parlent de tout et de n’importe quoi ». Une façon de dire que le niveau était très faible. Au final, après Vahid qui est viré, aucun vrai problème de la sélection ou du football n’a été abordé pour être résolu. Ou pour qu’un début de solution soit trouvé.
Tibet Kipré
Ils ont dit…
Simplice Zinsou (PCA Aeria) : « Anouma n’avait pas d’opposition »
« C’est un débat qui méritait d’être fait mais il a été mal organisé. Il n’a pas permis au président de développer toutes ses idées. Je m’excuse et suis désolé de le dire mais mes confrères ont tiré l’émission par le bas. Il a dit ce qu’il avait à dire. On aurait pu faire mieux, ce sont les journalistes qui ont fait que ce débat n’a pas été exceptionnel, le président a joué tranquille, il n’avait pas d’opposition».
Réné Diby (ancien ministre du Sport) : « Personne n’a apporté la contradiction »
« Personne n’a apporté une contradiction positive pour l’amener à remettre les choses à flots pour susciter l’esprit critique afin que les choses aillent de l’avant. En matière de football, tout le moment est expert, c’est gênant. Une direction collégiale n’est pas forcément la solution, il faut un responsable ».
Feh Fesseh : (1er vice-président Fif) : « Il fallait ce débat »
« Il fallait faire ce débat. Il se raconte trop de choses sur la sélection, son environnement. C’est, qu’il y a des choses qui ne vont pas. On s’atelle à les régler. On part à Londres pour parler avec les joueurs. Les faits ont été grossis, ça dessert le football. Je suis heureux que le président ait dit des choses que les Ivoiriens avaient besoin de comprendre ».
Yéo Martial(Dtn) : « Je suis déçu »
« Je suis un peu déçu parce que je pensais qu’on allait pouvoir extirper une grande partie du mal. Après la question sur Vahid, il n’y a plus rien eu de concret et positif pour l’ensemble des sportifs. Mais en conclusion, le président, au niveau des perspectives, a ouvert un débat qui montre qu’il y a encore du chemin à faire »
Propos recueillis par Tibet.K.
La note
Match à rejouer…
Ce n’est pas toujours que Jacques Anouma s’offre sur un plateau doré de la télévision ivoirienne. L’émission sur le football avec lui était une énorme occasion pour les invités de toucher du doigt les vrais problèmes du football ivoirien. Et d’essayer d’y apporter, si possible, des débuts de solution. Mais le patron de la Fif l’a joué tranquille. Il s’est baladé seul. Faute d’adversaire de sa taille. Ce match, il faut le rejouer. Mais cette fois avec des personnes plus outillées à la chose footballistique. Qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs.
Tibet Kipré
