Le bureau du directeur financier de l'Université de Cocody a pris feu, hier, pendant que le chef de l'Etat Laurent Gbagbo assistait, à quelques mètres de là, à la soutenance de la thèse d'Etat en histoire du Dr Kouassi Yao. C'était en présence de plusieurs autorités universitaires et militaires dont le général Philippe Mangou, chef d'état-major des armées. Un curieux incendie qui a suscité bien de commentaires à l'Université hier. Attendu à 9 h, le Chef de l'Etat est arrivé à 11 h58 mn, à l'Amphithéâtre Lorougnon Guédé, accompagné de plusieurs de ses conseillers dont Bertin Kadet. C'est donc à 12h que l'impétrant a commencé sa soutenance. En effet, tout comme les autres invités, le chef de l'Etat suivait avec beaucoup d'attention la soutenance de son ex-collègue historien Kouassi Yao lorsqu'à 13h50 mn, des mouvements un peu suspects se sont fait constater dans la salle. D'abord, c'est un élément de la garde rapprochée du chef de l'Etat qui vient chuchoter à l'oreille de Kadet Bertin, conseiller spécial du chef de l'Etat, chargé de la Défense. Il s'est empressé à son tour de sortir. Il revient quelques instants après parler à l'oreille du directeur du Protocole qui, après avoir fait un tour dehors, revient appeler le chef d'état-major des armées, Philippe Mangou. Ils repartent tous et quelque 10 mn plus tard, le général Philippe Mangou revient chuchoter à l'oreille du chef de l'Etat Laurent Gbagbo et il repart (c'est-à-dire à 14 h 18 mn). Bref, avec tous ces mouvements, l'atmosphère était telle dans la salle que j'ai tout de suite réalisé que quelque chose se passait dehors. Je me suis donc résolu à sortir pour y jeter un coup d'œil. Malheureusement, j'ai essuyé le refus des agents de sécurité du Chef de l'Etat qui étaient postés à la porte. Devant mon insistance, ils me menacent de ne pas me permettre de revenir si je sors. Alors, j'ai tout simplement choisi de sortir même si je ne devais plus rentrer. C'est à ce moment que je m'aperçois avec stupeur que dehors, à quelques mètres de l'Amphi Lourougnon Guédé, un incendie s'était déclaré. Notamment dans les locaux de la présidence de l'Université de Cocody. Je me suis donc approché et je me suis rendu compte, comme tous les étudiants, qui regardaient impuissants les flammes et la fumée qu'un bureau de l'administration était sérieusement touché. Pendant que j'étais en train de mener mes investigations pour comprendre ce qui s'est passé, j'entendis juste derrière moi une voix très préoccupante. "C'est inadmissible. Je suis passé ici ce matin avant d'aller à la cérémonie. Ce n'est pas simple. Quelque chose n'est pas clair", a dit ce monsieur qui s'avérait être le locataire des locaux qui brûlent. C'est-à-dire Koudou Djédjé Robert, directeur financier de l'Université de Cocody. Et quand je l'ai abordé pour en savoir un peu plus et que j'ai décliné mon identité à sa demande, il m'a répondu en ces termes: "Je ne sais rien. J'étais à la cérémonie. J'ai été plutôt surpris de constater que c'est mon bureau seul qui brûle. C'est incroyable. Mais ce bureau est là depuis au moins 30 ans. Il n' y a rien de spécial là-dedans.". Entre-temps, le colonel Adama Coulibaly des Sapeurs pompiers et ses hommes qui auraient été appelés directement par le général Mangou ont réussi à venir à bout de l'incendie à 14h 18 mn. Grâce à leur efficacité, le feu a été maîtrisé. Ainsi cet incendie n'a causé des dégâts que dans les seuls bureaux du directeur financier et de son secrétariat. Après sa brillante intervention, le colonel Adama Coulibaly s'est précipité dans sa voiture sans même nous laisser le temps de lui arracher quelques mots. Parmi les rangs des sapeurs pompiers, tous ceux à qui nous nous sommes adressé ont refusé de s'ouvrir à nous. Même l'accès aux locaux calcinés nous a été formellement interdit. Parallèlement à tout ce qui se passait à la présidence de l'Université, la soutenance se déroulait dans la quiétude juste à côté. Ainsi, le jury, après avoir déclaré la thèse de l'impétrant Kouassi Yao acceptée en sa présence, le chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, s'est aussitôt engouffré dans son command car pour se retirer de l'Université sans même jeter un coup d'œil sur les lieux sinistrés. Il était 15 h.
François Bécanthy
François Bécanthy
