L’Université de Cocody a perdu ses repères. Les salles de Travaux Dirigés (TD) et les amphis n’arrivent plus à contenir le flux d’étudiants. A cela s’ajoutent le manque criant de produits chimiques pour les laboratoires et le non paiement des arriérés des heures complémentaires des enseignants et chercheurs. Dans cet entretien, le porte-parole de la Coordination Nationale des Enseignants du Supérieur et Chercheurs de Côte d’Ivoire (CNEC), le Pr Flavien Traoré annonce une paralysie de cet ordre d’enseignement, si l’Etat ne prend pas ses responsabilités.
Le Patriote : Pourquoi les salaires des enseignants du supérieur et chercheurs ont été suspendus ?
Pr Flavien Traoré : La décision de suspension des salaires a été prise de façon unilatérale par le gouvernement .C’est une décision arbitraire, parce que les enseignants du supérieur et chercheurs doivent à l’Etat un certain volume horaire d’enseignement. Les enseignants du Rang A doivent 120 heures. Et ceux du Rang B doivent 200 heures à l’Etat .La plupart des enseignants du supérieur font trois fois ce volume horaire dans l’année.
LP : Pourquoi ?
P.F T : Simplement parce qu’il y a un manque criant d’enseignants. Cela veut dire qu’à partir du moment où ils ont déjà fini d’exécuter les différents volumes horaires il n’y avait plus de raison de suspendre leurs salaires. Et puis, nous sommes des enseignants chercheurs, quand nous arrêtons les enseignements académiques nous poursuivons les activités de recherche. Nous ne comprenons pas qu’on puisse suspendre nos salaires, ce d’autant que nous poursuivons nos travaux de recherche. C’est une mesure qui touche trente-deux enseignants membres du Bureau Exécutif National (BEN) de la Coordination Nationale des Enseignants du Supérieur et Chercheurs de Côte d’Ivoire (CNEC). Alors que ce sont tous les enseignants du supérieur et chercheurs qui sont entrés en grève. En principe, ce sont tous les enseignants qui devaient être frappés par cette suspension s’il doit réellement y avoir suspension de salaires. On ne sait pas pourquoi cette mesure ne touche seulement que trente-deux personnes. Je pense que c’est une mesure anti-démocratique qui ne fait pas honneur à notre pays.
LP : La tutelle a-t-elle été saisie sur le non reversement de ces salaires?
P.F.T : C’est la seconde fois que les salaires sont suspendus. La première fois, cette mesure avait touché près de soixante-dix enseignants. Et ce, à la suite des arrêts de travail.
LP : Combien de mois d’arriérés de salaires la CNEC accuse t-elle ?
PFT : Nous n’avons toujours pas perçu le salaire du mois de décembre dernier. Le ministre de la Fonction Publique et de l’Emploi d’alors, le Pr Hubert Oulaye avait dit qu’il allait intervenir auprès du chef de l’Etat pour que nos salaires soient payés. Selon lui, après l’intervention du Prélat, les salaires des syndicats du corps médical ont été reversés ainsi que les salaires des Greffiers. Donc, il a dit qu’il n’y avait pas de raison que les salaires de la CNEC ne soient pas reversés. Mais jusqu’à présent nous n’avons rien perçu.
LP : Quelle attitude adopterez-vous si ces salaires ne sont pas reversés ces jours –ci ?
PFT : Les décisions au niveau de la CNEC se prennent en assemblée générale. C’est l’Ag qui va décider de la conduite à tenir. Hormis ces problèmes de salaires, plusieurs revendications essentielles n’ont pas été satisfaites .Toutes ces préoccupations seront soumises à l’Ag à l’effet de dégager une attitude commune à adopter.
LP : Où en sommes –nous aujourd’hui avec les négociations pilotées par Mme Simone Gbagbo ?
PFT : C’est le statu quo. Nous avons effectivement rencontré la première Dame, en présence des trois centrales syndicales (UGTCI ; FESACI et DIGNITE), du ministre de la Fonction Publique d’alors, du ministre de l’Economie et des Finances, du représentant du ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Le ministre de l’Economie et des Finances, Charles Diby Koffi a promis éponger les 3,6 milliards de FCFA que l’Etat de Côte d’Ivoire doit aux universités et grandes Ecoles publiques au titre des vacations et heures complémentaires pour l’année 2007-2008 et 2008-2009. Ce, au plus tard le 27 décembre 2009.
LP : Toutes ces dettes ont-elles été épongées ?
PFT : A ce jour seulement 1 milliard FCFA a été versé et l’Etat doit 2,6 milliards de FCFA aux universités et grandes écoles, au titre des vacations et des heures complémentaires de 2007-2008 et 2008-2009.
LP : Est-ce qu’une date claire vous a été communiquée pour le paiement de ces arriérés ?
PFT : Non ! Mais à ces 2,6 milliards Fcfa s’ajoutent les primes de recherches de Décembre 2009 dus aux enseignants du supérieur et chercheurs des Universités de Cocody et Bouaké. Je tiens à préciser que nos salaires du mois de Février ont été payés entre le 10 et le 15 du mois .C’est pour dire qu’il y a un mécontentement général dans le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
LP : D’aucuns soutiennent que vous êtes parmi les fonctionnaires les mieux payés du pays et vous demandez une augmentation de salaires. Quels commentaires ?
PFT : Je précise que les enseignants du supérieur et chercheurs ne sont pas concernés par une quelconque augmentation de salaires. Ce que nous demandons c’est que le chef de l’Etat respecte les engagements pris. Qu’il respecte la fonction du Président de la République et appose sa signature sur nos différents décrets. Il ne s’agit pas d’une augmentation de salaires, c’est plutôt une question de droit, c’est-à-dire qu’il applique ce qu’il a bien voulu signer. Donc nous ne demandons pas d’augmentation de salaires.
LP : Quels sont les décrets signés et qui ne sont pas encore appliqués ?
PFT : Nous avons le décret sur la grille indiciaire particulière des enseignants du supérieur et chercheurs et celui relatif à la bi-appartenance. Nous avons demandé au gouvernement qui a déjà payé la moitié des sommes dues de donner la date précise pour le reste de ces sommes à payer. Jusqu’aujourd’hui, nous n’avons aucune idée de la date. Le ministre de l’Economie et des Finances nous parlait de la date du point d’achèvement de l’Initiative PPTE. Mais avec la situation qui prévaut actuellement, nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge. Nous ne pouvons pas nous contenter d’une date évasive. Un gouvernement responsable doit pouvoir donner une date sur l’application d’un décret. Gouverner, c’est prévoir. Si on ne peut pas prévoir ce n’est pas la peine de gouverner. Il faut savoir qu’au moment ou le décret sur la grille indiciaire devait s’appliquer, le gouvernement a décidé de nous donner que la moitié de ce qui nous revient de droit. La date de prise d’effet de ce décret était le premier janvier 2009. Concernant le décret sur la bi -appartenance des médecins, pharmaciens et chirurgiens dentistes universitaires, les «hospitalo-enseignants », ont, eux, perçu des émoluments hospitaliers particuliers qui n’ont pas été entièrement payés .On leur a seulement payé la moitié. Et nous ne savons pas la date exacte du paiement de l’autre moitié. Que le chef de l’Etat nous indique la date à laquelle l’autre moitié sera payée. Si cela n’est pas, nous allons paralyser l’enseignement supérieur et la recherche scientifique… Nous disons que le gouvernement a abandonné le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique depuis plus d’une décennie.
LP : Les Ivoiriens reprochent à la CNEC de faire trop de grèves ?
PFT : Pendant longtemps c’est le SYNARES qui, en matière syndicale, a dominé l’enseignement supérieur et la recherche scientifique. Ce syndicat regroupait plus de 80% des enseignants du supérieur. Malheureusement, le Synares n’a pas veritablement défendu les intérêts de ces enseignants, il a plutôt cherché à conquérir le pouvoir d’Etat. La preuve, nous avons vu les positions du Synares au moment où le Fpi s’est emparé du pouvoir. Et nous avons vu leur position au lendemain du déclenchement de la crise politico-militaire du 19 septembre 2002.Le Synares n’a pas défendu les intérêts matériels et moraux des enseignants du supérieur. Ces enseignants ont accusé beaucoup de retard sur les autres corporations. Il y a deux décennies, les enseignants du supérieur avaient les mêmes salaires que les Députés et les Magistrats. Ces Magistrats ont rapidement supplanté les enseignants du supérieur qui se retrouvent avec un salaire correspondant à moins de la moitié de ce que les Magistrats gagnent.
LP : Qu’avez-vous fait pour corriger ces disproportions au niveau des salaires des enseignants ?
PFT : Lorsque la CNEC a été constituée à partir de 2006 nous avons engagé plusieurs batailles pour rattraper ce retard. Et les Décrets qui nous ont été signés ne sont pas des privilèges qu’on nous a accordés. Nous avons simplement rattrapés un retard. C’est pour cela que je dis toujours à la jeune génération des enseignants du supérieur et chercheurs que nous n’avons fait que rattraper notre retard. Si cette génération baisse les bras, j’ai bien peur que le retard que nous avons réussi à combler se creuse à nouveau, parce que les autres corporations continuent la lutte.
LP : Quelle est la situation de l’Université de Cocody aujourd’hui, surtout le budget de fonctionnement, semble t-il, a connu une réduction cette année ?
PFT : L’Université de Cocody tend vers la paralysie totale.
LP : Pourquoi ?
PFT : Cette université souffre d’un manque criant d’infrastructures. Il n’ya pas assez d’amphithéâtres, pas assez de bibliothèques et pas assez de salles de Travaux Dirigés (DT) et de Travaux Pratiques (TP). Il y a également un manque criant d’enseignants. A cela s’ajoute le fait que la scolarité centrale se trouve incapable de délivrer des cartes d’étudiants.
LP : Combien d’étudiants ne sont-ils pas en possession de la carte d’étudiants ?
PFT : Nous avons appris que plus de 32.000 étudiants n’ont pas de cartes d’étudiants. Comment délivrer des diplômes, comment faire des examens avec des étudiants qui n’ont pas de cartes ? Les produits chimiques manquent. Et les travaux pratiques qui sont la spécificité des UFR Scientifiques ne se font plus. Donc certaines matières ne pourront pas valider les Unités de Valeurs (UV).Et si ces UV ne sont pas validées, des troncs communs qui sont fondés sur plusieurs Unités de Valeurs ne pourront pas être validés. Cette situation va créer de graves perturbations. Nous avons effectivement appris que le budget de fonctionnement de l’Université de Cocody sera réduit. Pour une université qui fonctionne à moitié si on doit encore réduit le budget, il est certain que nous allons vers la paralysie totale de cette université. Pour une fois, je demande aux enseignants et chercheurs de pouvoir dire la vérité au pouvoir public. Afin qu’il pour qu’il prenne des décisions qui s’imposent pour sauver l’enseignement supérieur, fer de lance du développement économique et social du pays. On ne peut pas développer un pays par des discours politiques. On développe un pays par la formation des intellectuels et la mise à disposition de ces intellectuels des matériels didactiques performants à l’effet de former des ressources humaines de qualité. Nous demandons au pouvoir public de mettre l’accent sur l’enseignement supérieur et la recherche scientifique.
Realisée par Anzoumana Cissé
Le Patriote : Pourquoi les salaires des enseignants du supérieur et chercheurs ont été suspendus ?
Pr Flavien Traoré : La décision de suspension des salaires a été prise de façon unilatérale par le gouvernement .C’est une décision arbitraire, parce que les enseignants du supérieur et chercheurs doivent à l’Etat un certain volume horaire d’enseignement. Les enseignants du Rang A doivent 120 heures. Et ceux du Rang B doivent 200 heures à l’Etat .La plupart des enseignants du supérieur font trois fois ce volume horaire dans l’année.
LP : Pourquoi ?
P.F T : Simplement parce qu’il y a un manque criant d’enseignants. Cela veut dire qu’à partir du moment où ils ont déjà fini d’exécuter les différents volumes horaires il n’y avait plus de raison de suspendre leurs salaires. Et puis, nous sommes des enseignants chercheurs, quand nous arrêtons les enseignements académiques nous poursuivons les activités de recherche. Nous ne comprenons pas qu’on puisse suspendre nos salaires, ce d’autant que nous poursuivons nos travaux de recherche. C’est une mesure qui touche trente-deux enseignants membres du Bureau Exécutif National (BEN) de la Coordination Nationale des Enseignants du Supérieur et Chercheurs de Côte d’Ivoire (CNEC). Alors que ce sont tous les enseignants du supérieur et chercheurs qui sont entrés en grève. En principe, ce sont tous les enseignants qui devaient être frappés par cette suspension s’il doit réellement y avoir suspension de salaires. On ne sait pas pourquoi cette mesure ne touche seulement que trente-deux personnes. Je pense que c’est une mesure anti-démocratique qui ne fait pas honneur à notre pays.
LP : La tutelle a-t-elle été saisie sur le non reversement de ces salaires?
P.F.T : C’est la seconde fois que les salaires sont suspendus. La première fois, cette mesure avait touché près de soixante-dix enseignants. Et ce, à la suite des arrêts de travail.
LP : Combien de mois d’arriérés de salaires la CNEC accuse t-elle ?
PFT : Nous n’avons toujours pas perçu le salaire du mois de décembre dernier. Le ministre de la Fonction Publique et de l’Emploi d’alors, le Pr Hubert Oulaye avait dit qu’il allait intervenir auprès du chef de l’Etat pour que nos salaires soient payés. Selon lui, après l’intervention du Prélat, les salaires des syndicats du corps médical ont été reversés ainsi que les salaires des Greffiers. Donc, il a dit qu’il n’y avait pas de raison que les salaires de la CNEC ne soient pas reversés. Mais jusqu’à présent nous n’avons rien perçu.
LP : Quelle attitude adopterez-vous si ces salaires ne sont pas reversés ces jours –ci ?
PFT : Les décisions au niveau de la CNEC se prennent en assemblée générale. C’est l’Ag qui va décider de la conduite à tenir. Hormis ces problèmes de salaires, plusieurs revendications essentielles n’ont pas été satisfaites .Toutes ces préoccupations seront soumises à l’Ag à l’effet de dégager une attitude commune à adopter.
LP : Où en sommes –nous aujourd’hui avec les négociations pilotées par Mme Simone Gbagbo ?
PFT : C’est le statu quo. Nous avons effectivement rencontré la première Dame, en présence des trois centrales syndicales (UGTCI ; FESACI et DIGNITE), du ministre de la Fonction Publique d’alors, du ministre de l’Economie et des Finances, du représentant du ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Le ministre de l’Economie et des Finances, Charles Diby Koffi a promis éponger les 3,6 milliards de FCFA que l’Etat de Côte d’Ivoire doit aux universités et grandes Ecoles publiques au titre des vacations et heures complémentaires pour l’année 2007-2008 et 2008-2009. Ce, au plus tard le 27 décembre 2009.
LP : Toutes ces dettes ont-elles été épongées ?
PFT : A ce jour seulement 1 milliard FCFA a été versé et l’Etat doit 2,6 milliards de FCFA aux universités et grandes écoles, au titre des vacations et des heures complémentaires de 2007-2008 et 2008-2009.
LP : Est-ce qu’une date claire vous a été communiquée pour le paiement de ces arriérés ?
PFT : Non ! Mais à ces 2,6 milliards Fcfa s’ajoutent les primes de recherches de Décembre 2009 dus aux enseignants du supérieur et chercheurs des Universités de Cocody et Bouaké. Je tiens à préciser que nos salaires du mois de Février ont été payés entre le 10 et le 15 du mois .C’est pour dire qu’il y a un mécontentement général dans le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
LP : D’aucuns soutiennent que vous êtes parmi les fonctionnaires les mieux payés du pays et vous demandez une augmentation de salaires. Quels commentaires ?
PFT : Je précise que les enseignants du supérieur et chercheurs ne sont pas concernés par une quelconque augmentation de salaires. Ce que nous demandons c’est que le chef de l’Etat respecte les engagements pris. Qu’il respecte la fonction du Président de la République et appose sa signature sur nos différents décrets. Il ne s’agit pas d’une augmentation de salaires, c’est plutôt une question de droit, c’est-à-dire qu’il applique ce qu’il a bien voulu signer. Donc nous ne demandons pas d’augmentation de salaires.
LP : Quels sont les décrets signés et qui ne sont pas encore appliqués ?
PFT : Nous avons le décret sur la grille indiciaire particulière des enseignants du supérieur et chercheurs et celui relatif à la bi-appartenance. Nous avons demandé au gouvernement qui a déjà payé la moitié des sommes dues de donner la date précise pour le reste de ces sommes à payer. Jusqu’aujourd’hui, nous n’avons aucune idée de la date. Le ministre de l’Economie et des Finances nous parlait de la date du point d’achèvement de l’Initiative PPTE. Mais avec la situation qui prévaut actuellement, nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge. Nous ne pouvons pas nous contenter d’une date évasive. Un gouvernement responsable doit pouvoir donner une date sur l’application d’un décret. Gouverner, c’est prévoir. Si on ne peut pas prévoir ce n’est pas la peine de gouverner. Il faut savoir qu’au moment ou le décret sur la grille indiciaire devait s’appliquer, le gouvernement a décidé de nous donner que la moitié de ce qui nous revient de droit. La date de prise d’effet de ce décret était le premier janvier 2009. Concernant le décret sur la bi -appartenance des médecins, pharmaciens et chirurgiens dentistes universitaires, les «hospitalo-enseignants », ont, eux, perçu des émoluments hospitaliers particuliers qui n’ont pas été entièrement payés .On leur a seulement payé la moitié. Et nous ne savons pas la date exacte du paiement de l’autre moitié. Que le chef de l’Etat nous indique la date à laquelle l’autre moitié sera payée. Si cela n’est pas, nous allons paralyser l’enseignement supérieur et la recherche scientifique… Nous disons que le gouvernement a abandonné le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique depuis plus d’une décennie.
LP : Les Ivoiriens reprochent à la CNEC de faire trop de grèves ?
PFT : Pendant longtemps c’est le SYNARES qui, en matière syndicale, a dominé l’enseignement supérieur et la recherche scientifique. Ce syndicat regroupait plus de 80% des enseignants du supérieur. Malheureusement, le Synares n’a pas veritablement défendu les intérêts de ces enseignants, il a plutôt cherché à conquérir le pouvoir d’Etat. La preuve, nous avons vu les positions du Synares au moment où le Fpi s’est emparé du pouvoir. Et nous avons vu leur position au lendemain du déclenchement de la crise politico-militaire du 19 septembre 2002.Le Synares n’a pas défendu les intérêts matériels et moraux des enseignants du supérieur. Ces enseignants ont accusé beaucoup de retard sur les autres corporations. Il y a deux décennies, les enseignants du supérieur avaient les mêmes salaires que les Députés et les Magistrats. Ces Magistrats ont rapidement supplanté les enseignants du supérieur qui se retrouvent avec un salaire correspondant à moins de la moitié de ce que les Magistrats gagnent.
LP : Qu’avez-vous fait pour corriger ces disproportions au niveau des salaires des enseignants ?
PFT : Lorsque la CNEC a été constituée à partir de 2006 nous avons engagé plusieurs batailles pour rattraper ce retard. Et les Décrets qui nous ont été signés ne sont pas des privilèges qu’on nous a accordés. Nous avons simplement rattrapés un retard. C’est pour cela que je dis toujours à la jeune génération des enseignants du supérieur et chercheurs que nous n’avons fait que rattraper notre retard. Si cette génération baisse les bras, j’ai bien peur que le retard que nous avons réussi à combler se creuse à nouveau, parce que les autres corporations continuent la lutte.
LP : Quelle est la situation de l’Université de Cocody aujourd’hui, surtout le budget de fonctionnement, semble t-il, a connu une réduction cette année ?
PFT : L’Université de Cocody tend vers la paralysie totale.
LP : Pourquoi ?
PFT : Cette université souffre d’un manque criant d’infrastructures. Il n’ya pas assez d’amphithéâtres, pas assez de bibliothèques et pas assez de salles de Travaux Dirigés (DT) et de Travaux Pratiques (TP). Il y a également un manque criant d’enseignants. A cela s’ajoute le fait que la scolarité centrale se trouve incapable de délivrer des cartes d’étudiants.
LP : Combien d’étudiants ne sont-ils pas en possession de la carte d’étudiants ?
PFT : Nous avons appris que plus de 32.000 étudiants n’ont pas de cartes d’étudiants. Comment délivrer des diplômes, comment faire des examens avec des étudiants qui n’ont pas de cartes ? Les produits chimiques manquent. Et les travaux pratiques qui sont la spécificité des UFR Scientifiques ne se font plus. Donc certaines matières ne pourront pas valider les Unités de Valeurs (UV).Et si ces UV ne sont pas validées, des troncs communs qui sont fondés sur plusieurs Unités de Valeurs ne pourront pas être validés. Cette situation va créer de graves perturbations. Nous avons effectivement appris que le budget de fonctionnement de l’Université de Cocody sera réduit. Pour une université qui fonctionne à moitié si on doit encore réduit le budget, il est certain que nous allons vers la paralysie totale de cette université. Pour une fois, je demande aux enseignants et chercheurs de pouvoir dire la vérité au pouvoir public. Afin qu’il pour qu’il prenne des décisions qui s’imposent pour sauver l’enseignement supérieur, fer de lance du développement économique et social du pays. On ne peut pas développer un pays par des discours politiques. On développe un pays par la formation des intellectuels et la mise à disposition de ces intellectuels des matériels didactiques performants à l’effet de former des ressources humaines de qualité. Nous demandons au pouvoir public de mettre l’accent sur l’enseignement supérieur et la recherche scientifique.
Realisée par Anzoumana Cissé