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Politique Publié le mercredi 3 mars 2010 | Notre Voie

Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix : Une opposition pour manger

Le véritable mal dont souffre la Côte d'Ivoire de l'ère Gbagbo, c'est qu'il y a une classe politique qui, sans avoir gagné l’élection présidentielle, veut exercer tout le pouvoir d'Etat. Il s'agit en fait d'une opposition alimentaire.

La Côte d'Ivoire de l'ère Gbagbo souffre. Elle a mal à son opposition politique. Une opposition alimentaire. C'est-à-dire, non pas celle qui veut porter une contradiction au pouvoir en place en terme de projet de société et de programme de gouvernement en vue d'améliorer le quotidien des citoyens, mais une opposition qui veut ici et maintenant sa part du “gâteau”. Si bien que n'ayant pas gagné les élections, elle veut exercer le pouvoir d'Etat par tous les moyens, en dehors des moyens démocratiques. Sorti fraîchement de prison en 1992 et répondant à une question d'un journaliste sur le sens du combat politique, le président Laurent Gbagbo, alors leader de l'opposition, disait : “J'inscris mon combat politique dans le temps et dans l'espace, et non dans l'instant. C'est-à-dire que je ne lutte pas pour être président de la République ici et maintenant. Je me bats pour que mon pays devienne un Etat libre et démocratique. Je pourrai même ne pas être le bénéficiaire de mon combat. En tout état de cause, on n'a pas besoin d'être président de la République pour entrer dans l'histoire de son pays. Les exemples sont légion dans le monde. On pourrait citer Jean-Jaurès en France. Ce sont donc les hommes politiques qui veulent le pouvoir ici et maintenant qui ont souvent recours aux armes”. Les opposants au régime du président Gbagbo font partie de la catégorie des hommes politiques qui veulent le pouvoir ici et maintenant par tous les moyens.

On peut le dire aujourd’hui, la présence de l’opposition dans les gouvernements de 2001 et 2002 lui a permis de reprendre, de se remémorer le bon vieux temps. Un temps où tout était doux. Du coup elle ne se sentait plus à l’aise avec les quelques portefeuilles ministériels qu’elle avait. Alors, elle décide de reconquérir tout le pouvoir d'Etat. D'où la guerre qu’elle a déclenchée dans la nuit du 19 septembre 2002. Quand cette guerre a conduit les acteurs politiques à Marcoussis, en France, les opposants ivoiriens ont soigneusement rangé les idéaux pour lesquels ils disaient faire la guerre pour exiger le partage du pouvoir d'Etat. Avec le soutien très actif de la France, ils ont obtenu la nomination d'un Premier ministre en dehors du territoire national. Mais ce partage des portefeuilles ministériels s’est fait avec les ministères spécifiquement attribués à des partis politiques. Conséquence, les ministres ne se croyaient redevables qu'au chef de leur formation politique qui ,dans leur entendement, était détenteur d'une parcelle du pouvoir d'Etat au même titre que le président de la République. Du coup, les ministres issus de l'opposition regroupés au sein du Rassemblement des Houphouétistes pour la paix et la démocratie (RHDP) travaillent non pas pour le pays, mais pour leurs partis et pour eux-mêmes. Leur souci, c'est comment engranger le plus d'argent possible que les autres. C'est dans ces conditions que le président Gbagbo, tirant les conséquences de l'accord de Marcoussis, initie avec les Forces nouvelles (FN), le dialogue direct. Celui-ci aboutit à l'Accord politique de Ouagadougou (APO), sous la médiation du président Blaise Compaoré. Cet accord n'intéressait en principe que les FN et le président de la République. Le gouvernement qui devrait en sortir et dont Guillaume Soro est le chef, en sa qualité de chef de la rébellion, ne devrait donc compter en son sein que les cadres issus du camp présidentiel et de celui des Forces nouvelles (FN). Mais le RHDP, toujours avec le soutien de la France, s'est battu bec et ongles pour être associé aux gouvernement conformément à leur politique alimentaire. De sorte que quand le président Laurent Gbagbo a dissout le gouvernement et la Commission électorale indépendante (CEI), c’était la peur-panique dans le camp du RHDP. Les dirigeants de ce regroupement politique ont tellement eu peur de perdre les avantages financiers que leur procurent les portefeuilles ministériels qu'ils ont même perdu la raison. Au point de déclarer ne plus reconnaître le président Gbagbo comme chef d'Etat et de déclencher une insurrection. Maintenant que sur insistance du Premier ministre, le président de la République leur fait une nouvelle ouverture, les dirigeants du RHDP sont confrontés à un grand problème. Celui du choix des hommes qui vont siéger au gouvernement. Une véritable bagarre s'est engagée entre eux. Chacun voulant placer son homme qui lui sera redevable et qui, de ce fait, pourrait être pour lui un soutien financier. Mais pourquoi les responsables du RHDP se battent-ils si vigoureusement autour des portefeuilles ministériels? Ils se battent d'abord pour eux-mêmes. Ils veulent manger. Les dirigeants du RHDP se battent pour leurs propres intérêts et non pour des idéaux encore moins pour le peuple. Ils ne font que la politique du ventre. A preuve, ils n'ont pas de programme cohérent de gouvernement. Ils se battent ensuite pour avoir les moyens pour financer leur parti et leurs activités politiques.

En effet, les ministres RHDP sont des pourvoyeurs de fonds pour leurs partis respectifs. Pour la petite histoire, on raconte que Alassane Dramane Ouattara avait demandé à Amadou Gon Coulibaly ex-ministre de l'Agriculture, de lui trouver 450 millions pour le financement de sa campagne.

Tout le monde sait qu'un parti politique est budgétivore. Une tournée politique peut facilement coûter une centaine de millions. Où trouver tout cet argent si ce n'est dans les ministères ou autres directions générales. Ce sont les dirigeants du RHDP qui n'ont pas appris à voler de leurs propres ailes, mais qui ont toujours vécu sur le dos de l'Etat, qui se battent pour siéger au gouvernement et y placer leurs hommes de confiance. Pour cela, ils sont prêts à tout, même à tuer.

Boga Sivori
bogasivo@yahoo.fr
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