Passé le temps du refus, la désignation des ministres du Rhdp pour le gouvernement Soro 2 a été, jusqu'au bout, un véritablement court-métrage à rebondissements. Au Rassemblement des républicains, des personnes comme le Dr Diakité Coty, Diamouténé Alassane et Ally Coulibaly qui étaient annoncées sur la liste de départ, ont été recalées. Le leader des républicains ayant décidé de jouer, cette fois-ci, la carte de la géopolitique à l'image de son allié du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci). A en croire des proches d'Alassane Ouattara, ce n'est que le dimanche 28 février, après avoir eu vent du contenu de la liste déposée par le Pdci, que ADO a mis fin au reproche que lui ont fait, pendant longtemps, les républicains issus des autres régions du pays. L'on se souvient que, dans le dernier gouvernement, trois représentants du Rdr (Amadou Gon Coulibaly, Hamed Bakayoko et Cissé Bacongo) sur cinq venaient du nord. L'arrivée du colonel Houga Bi Gooré répondrait donc à cet impératif. Idem chez l'allié du Pdci où le Pr N'Dri Yoman et Koutrou Kouamé ont été coucircuités, c'est le cas de le dire, par Aka Aouélé et Yapo Yapo Calice. Les deux premiers cités devaient, selon des sources concordantes, faire leur entrée dans le gouvernement. Koutrou devait, selon la stratégie de géopolitique de Bédié, contrer Palé Dimaté, qui est désormais très proche du camp présidentiel, dans la région de Bouna. Il a fallu « le forcing », selon notre interlocuteur, des nouveaux ministres du commerce et de la santé et de l'hygiène publique pour ruiner leurs espoirs. Aka Ouélé, richissime homme, a dû employer les grands moyens pour convaincre le président de son parti, Henri Konan Bédié. Mettant au centre de sa stratégie de lobbying d'une délégation de chefs traditionnels qui ont rencontré le samedi 27 février, le « sphinx » de Daoukro afin de le convaincre. Mission accomplie avec succès comme on peut le constater aujourd'hui. Quant à Yapo Yapo Calice, il serait, toujours selon la même source, le filleul de Patrick Achy, l'ex-ministre des infrastructures économiques. Ce dernier aurait pesé de tout son poids dans le choix de son homme avec pour ultime argument la nécessité d'avoir un ministre originaire de la région Attié et Abbey. « Koutrou et N'Dri Yoman ont été victimes de leur manque de parrainage », a commenté notre interlocuteur. Légré Philippe, le secrétaire général du Mfa était annoncé pour être l'homme du retour de son parti au gouvernement. A l'arrivée, il est absent. Un rendez-vous manqué qui s'explique. Légré est bouillant et dynamique. Le président Anaky aurait craint de ne plus pouvoir le maîtriser. « Le président Anaky aurait préféré proposer le dernier du parti plutôt que le secrétaire général », a commenté un responsable du Mfa. Qui a ajouté que les cas Noël N'Guessan et Hamza Bamba sont encore frais dans les esprits au Mfa. « Le président n'aurait pas pu faire face à une autre adversité au sein du parti », a continué notre interlocuteur. A cela s'ajoute la divergence de point de vue entre les deux hommes quant à l'entrée au gouvernement. Si Anaky était pour un non radical, son secrétaire général était, quant à lui, favorable à une entrée au gouvernement. Cette opposition avait contribué à pourrir les relations entre eux. Comme on peut le voir, la désignation de leurs ministres a été un véritable casse-tête pour les houphouétistes.
Bamba K. Inza (stagiaire)
Bamba K. Inza (stagiaire)
