L’anniversaire de la naissance du prophète Mohamed (Paix et salut sur lui) que les musulmans du monde entier commémorent chaque année, ne passe jamais inaperçu dans le Denguélé, région à plus de 90 pour cent musulmane.
« Les deux, tiers des fils du Denguélé vivent ailleurs. La plupart d’entre eux n’ont pas oublié leur origine. C’est pourquoi, durant le Maoulid, ils sont avec nous », explique le doyen Mamadou Koné, ingénieur à la retraite. Ainsi, depuis l’apparition de la lune indiquant le premier Rabioul Awwal (le 1er jour du troisième mois du calendrier musulman), toutes les gares routières de la cité du Kabadougou grouillent de passagers. Les fils de la région du Denguélé ont déferlé de partout pour fêter le maoulid au bercail. « Nous faisions d’habitude deux départs par semaine. Grâce au Maoulid, nous avons enregistré neuf en moins d’une semaine », se réjouit Diarrassouba Abdoulaye, chef de gare à Att (Alliance pour le transport et le tourisme).Toutes les gares routières de la capitale du Denguélé ont vu leur trafic croître exponentiellement. Et les compagnies notamment Att, Tramoci, Tcf, Utd, Gti, Jp transport, Massa courrier express et autres ont désormais vu monter le rythme de leurs activités. Des passagers sont venus de partout. D’Abidjan, de Bouaké, de Daloa, d’Europe et même d’Amérique. Mais il faut noter que la plupart viennent d’Abidjan, capitale économique du pays Au-delà de l’aspect festif, un réel enjeu de consolidation des familles.
Le Maoulid est une occasion pour les Odienneka de la diaspora de regagner leur bercail. Si certains d’entre eux ont pour point de chute la capitale du Denguélé, force est de constater qu’une bonne partie a pour destination les autres départements de la région. Ainsi, on a assisté à des convois de Kimbrila-Sud, Madinani, Minignan, Samatiguila, Seydougou Gbéléban, Goulia, Kotoula, Dabadougou-Mafélé, Sokoro, Tiémé… « Je suis ferrailleur à Abidjan, je suis venu fêter le Maoulid dans mon village natal qui est Goulia. C’est aussi une occasion pour moi de rendre visite aux parents pour solliciter leurs bénédictions », affirme Konaté Zakaria pour qui ce voyage annuel est une sorte de pèlerinage. « Je n’ai pas encore les moyens pour faire le pèlerinage à La Mecque, et quand je viens au village pour le maoulid, je reprends mon boulot avec plus de foi et d’espoir », soutient Doumbia Ali, enseignant à Bouaké, natif de Kimbrila-Sud. Comme la fête de Pâques chez les Baoulé, le Maoulid est devenu une occasion qu’aucun Odienneka ne veut vivre en dehors du village natal. On supporte de voyager dans des conditions difficiles, souvent risquées (voir encadré) pour vivre ce jour parmi les siens. Dans le Denguélé, chaque village voire chaque famille choisit un marabout (érudit) pour la lecture du saint Coran.
Les grands marabouts débordés
Dans la cité du Kabadougou, chaque Kabla (Vacalala, Kamatéla, Maméridougou, Moridougou, Cisséla, Sanissidougou, Komarala, Diarrassoubala) s’organise pour immoler une bête le lendemain de la sainte nuit. « C’est par la taille du bétail que la puissance de la famille se démontre», révèle Sangaré Mamadou, un résident de la ville. Comme il est de coutume à Odienné, c’est la grande famille des Savané qui est chargée de désigner le marabout pour la lecture coranique dans la grande famille Touré à Vacabala. Cette année, c’est à El Hadj Sékou Savané qu’a échu cette tâche de dire les bénédictions et autres prières durant toute la nuit du jeudi au vendredi 26 février 2010. Sept bœufs ont été immolés par la grande famille Vacabala. « C’est aussi l’occasion pour nous, membres de la famille de nous retrouver. En près d’une semaine, nous fraternisons avec nos frères qui travaillent hors d’Odienné », explique Touré Ismaël de la radio Kabadougou, fils de la grande famille Vacabala. Qui ajoute que cette fête est aussi le lieu de régler définitivement les différends et autres litiges interfamiliaux et intrafamiliaux.L’autre point d’attraction durant la commémoration de cet anniversaire est le village de Kélindjan, situé à 14 km de Samatiguila. Quelque soixante cars ont convoyé plusieurs milliers de personnes dans cette petite localité. En plus des fils de la région et du pays, plusieurs ressortissants des autres pays notamment le Mali, le Sénégal, la Gambie, le Niger ont figuré parmi les fidèles qui ont accouru vers ce village. Toutes ces personnes sont venues communier avec le Saint, l’érudit El Hadj Samassi Bakary. « Dès qu’on le voit, on se convainc qu’on est en face d’un homme de Dieu, tant il inspire la pureté. Et ses bénédictions ne tombent pas. Vous comprenez donc que c’est un honneur pour nous de partager les prières sous sa conduite », affirme un fidèle. El Hadj Samassi Bakary est, en effet, retranché dans ce village pour ne se consacrer qu’à l’oeuvre de Dieu. « De peur d’offenser son prochain, le vieux a renoncé à toute forme d’activité pouvant le compromettre, notamment l’élevage. Il estime qu’il est difficile d’avoir des bêtes qui ne causent pas de dégâts à autrui», témoigne Koné Abdoulaye, étudiant. Près d’une vingtaine de bœufs ont été tués en guise de sacrifice dans ce village, le lendemain de la sainte nuit du Maouloud. Autre destination qui a retenu l’attention des fidèles, le village de Dabadougou. Plusieurs dizaines de convois ont aussi débarqué des passagers dans ce village de la sous-préfecture de Tiémé. Comme à Kélindjan, les fidèles venus de diverses contrées se bousculent pour bénéficier des bénédictions de Ladji Daba Doumbia. Cet autre érudit de la région du Denguélé passe pour être d’une sainteté irréprochable. « On ne peut pas dire d’un fils d’Adam qu’il est entièrement saint, mais le marabout de Dabadougou mérite qu’on lui attribue le titre d’érudit », soutient Moussa Fofana, un fidèle venu d’Abidjan.
Tenin Bè Ousmane à Odienné
« Les deux, tiers des fils du Denguélé vivent ailleurs. La plupart d’entre eux n’ont pas oublié leur origine. C’est pourquoi, durant le Maoulid, ils sont avec nous », explique le doyen Mamadou Koné, ingénieur à la retraite. Ainsi, depuis l’apparition de la lune indiquant le premier Rabioul Awwal (le 1er jour du troisième mois du calendrier musulman), toutes les gares routières de la cité du Kabadougou grouillent de passagers. Les fils de la région du Denguélé ont déferlé de partout pour fêter le maoulid au bercail. « Nous faisions d’habitude deux départs par semaine. Grâce au Maoulid, nous avons enregistré neuf en moins d’une semaine », se réjouit Diarrassouba Abdoulaye, chef de gare à Att (Alliance pour le transport et le tourisme).Toutes les gares routières de la capitale du Denguélé ont vu leur trafic croître exponentiellement. Et les compagnies notamment Att, Tramoci, Tcf, Utd, Gti, Jp transport, Massa courrier express et autres ont désormais vu monter le rythme de leurs activités. Des passagers sont venus de partout. D’Abidjan, de Bouaké, de Daloa, d’Europe et même d’Amérique. Mais il faut noter que la plupart viennent d’Abidjan, capitale économique du pays Au-delà de l’aspect festif, un réel enjeu de consolidation des familles.
Le Maoulid est une occasion pour les Odienneka de la diaspora de regagner leur bercail. Si certains d’entre eux ont pour point de chute la capitale du Denguélé, force est de constater qu’une bonne partie a pour destination les autres départements de la région. Ainsi, on a assisté à des convois de Kimbrila-Sud, Madinani, Minignan, Samatiguila, Seydougou Gbéléban, Goulia, Kotoula, Dabadougou-Mafélé, Sokoro, Tiémé… « Je suis ferrailleur à Abidjan, je suis venu fêter le Maoulid dans mon village natal qui est Goulia. C’est aussi une occasion pour moi de rendre visite aux parents pour solliciter leurs bénédictions », affirme Konaté Zakaria pour qui ce voyage annuel est une sorte de pèlerinage. « Je n’ai pas encore les moyens pour faire le pèlerinage à La Mecque, et quand je viens au village pour le maoulid, je reprends mon boulot avec plus de foi et d’espoir », soutient Doumbia Ali, enseignant à Bouaké, natif de Kimbrila-Sud. Comme la fête de Pâques chez les Baoulé, le Maoulid est devenu une occasion qu’aucun Odienneka ne veut vivre en dehors du village natal. On supporte de voyager dans des conditions difficiles, souvent risquées (voir encadré) pour vivre ce jour parmi les siens. Dans le Denguélé, chaque village voire chaque famille choisit un marabout (érudit) pour la lecture du saint Coran.
Les grands marabouts débordés
Dans la cité du Kabadougou, chaque Kabla (Vacalala, Kamatéla, Maméridougou, Moridougou, Cisséla, Sanissidougou, Komarala, Diarrassoubala) s’organise pour immoler une bête le lendemain de la sainte nuit. « C’est par la taille du bétail que la puissance de la famille se démontre», révèle Sangaré Mamadou, un résident de la ville. Comme il est de coutume à Odienné, c’est la grande famille des Savané qui est chargée de désigner le marabout pour la lecture coranique dans la grande famille Touré à Vacabala. Cette année, c’est à El Hadj Sékou Savané qu’a échu cette tâche de dire les bénédictions et autres prières durant toute la nuit du jeudi au vendredi 26 février 2010. Sept bœufs ont été immolés par la grande famille Vacabala. « C’est aussi l’occasion pour nous, membres de la famille de nous retrouver. En près d’une semaine, nous fraternisons avec nos frères qui travaillent hors d’Odienné », explique Touré Ismaël de la radio Kabadougou, fils de la grande famille Vacabala. Qui ajoute que cette fête est aussi le lieu de régler définitivement les différends et autres litiges interfamiliaux et intrafamiliaux.L’autre point d’attraction durant la commémoration de cet anniversaire est le village de Kélindjan, situé à 14 km de Samatiguila. Quelque soixante cars ont convoyé plusieurs milliers de personnes dans cette petite localité. En plus des fils de la région et du pays, plusieurs ressortissants des autres pays notamment le Mali, le Sénégal, la Gambie, le Niger ont figuré parmi les fidèles qui ont accouru vers ce village. Toutes ces personnes sont venues communier avec le Saint, l’érudit El Hadj Samassi Bakary. « Dès qu’on le voit, on se convainc qu’on est en face d’un homme de Dieu, tant il inspire la pureté. Et ses bénédictions ne tombent pas. Vous comprenez donc que c’est un honneur pour nous de partager les prières sous sa conduite », affirme un fidèle. El Hadj Samassi Bakary est, en effet, retranché dans ce village pour ne se consacrer qu’à l’oeuvre de Dieu. « De peur d’offenser son prochain, le vieux a renoncé à toute forme d’activité pouvant le compromettre, notamment l’élevage. Il estime qu’il est difficile d’avoir des bêtes qui ne causent pas de dégâts à autrui», témoigne Koné Abdoulaye, étudiant. Près d’une vingtaine de bœufs ont été tués en guise de sacrifice dans ce village, le lendemain de la sainte nuit du Maouloud. Autre destination qui a retenu l’attention des fidèles, le village de Dabadougou. Plusieurs dizaines de convois ont aussi débarqué des passagers dans ce village de la sous-préfecture de Tiémé. Comme à Kélindjan, les fidèles venus de diverses contrées se bousculent pour bénéficier des bénédictions de Ladji Daba Doumbia. Cet autre érudit de la région du Denguélé passe pour être d’une sainteté irréprochable. « On ne peut pas dire d’un fils d’Adam qu’il est entièrement saint, mais le marabout de Dabadougou mérite qu’on lui attribue le titre d’érudit », soutient Moussa Fofana, un fidèle venu d’Abidjan.
Tenin Bè Ousmane à Odienné
