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Société Publié le lundi 8 mars 2010 | Le Nouveau Réveil

Me Dakouri Roger (président de l`Union nationale des greffiers de Côte d`Ivoire) : “Les ministres de la Fonction publique et de la Justice ont menti au chef de l`Etat”

En décembre dernier, les greffes de Côte d'Ivoire ont connu une situation toute particulière, ayant poussé les principaux syndicats à une grève, suspendue suite à des mesures prises par le chef de l'Etat. Plus de trois mois après, quelle est la situation ? Dans cet entretien avec le président de l'Union nationale des greffiers de Côte d'Ivoire, Roger Dakouri revient sur les négociations menées par Dagher, le recrutement de greffiers ad hoc et l'implication du ministre de la Justice et l'ex-ministre de la Fonction publique, Hubert Oulaye.

Me. Dakouri Roger, dites-nous ce qu'il en est de la situation actuelle des greffiers de Côte d'Ivoire après les sanctions à eux infligées par le chef de l'Etat en décembre dernier, des suites de leur grève ?
J'ai opté volontiers de m'abstenir de communiquer abondamment pour l'heure sur les contour de cette grave crise. Il y a eu un environnement particulièrement fertile aux difficultés qu'ont connues les greffiers en fin d'année 2009. D'une part, un groupe de camarades greffiers, amenés par Tah Kolaté, qui, sans aucun mandat syndical, ont cru devoir verser dans la politique politicienne pour soutenir une lutte sociale à tous égards justifiée et qui n'en avait nullement besoin et l'autre côté, des personnalités gouvernementales autour du chef de l'Etat, impliquées au premier plan dans le dossier et qui, profitant de la situation, avaient, chacune en ce qui la concerne, ses comptes à régler aux greffiers, pour diverses motivations.

Pouvez-vous être un peu plus clair?
S'agissant des représentants des magistrats autour du Président de la République, nous citerons clairement le Ministre Koné Mamadou et le Secrétaire Général du Gouvernement, Monsieur Félix Tyeoulou Dyela, agissant tous deux au nom de leurs pairs dont la majorité écrasante demeure le souffre-douleur des greffiers. Ces messieurs tenaient parfaitement leurs postes, et de l'autre côté, le ministre de la Fonction publique d'alors, M. Oulaye Hubert, qui n'avait jamais digéré la reconnaissance de la spécificité de la fonction de greffier, ayant justifié leur nécessaire détachement du statut général de la Fonction publique. C'était l'occasion, ou jamais, de ramener les greffiers dans son escarcelle.

Mais les ministres, en tant que techniciens, avaient-ils tort de proposer une telle solution à l'effet de sortir de la situation de blocage induite par la grève des greffiers?
Vous verrez, monsieur! Ces deux ministres, qu'ont-ils fait après avoir suscité la prise de la décision n°2009-19 du 14 décembre 2009 portant mesures spéciales relatives à la grève des greffiers qui disait clairement et en autres ceci, en son article 1 " Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des droits de l'homme et le ministre de la Fonction publique et de l'Emploi sont autorisés, pour la période allant du mardi 15 décembre 2009 jusqu'à la fin des élections, à recruter en qualité de greffier ad hoc toute personne ayant les compétences nécessaires pour accomplir cette tâche. Cette mesure vise à lutter contre toute obstruction au bon déroulement de la justice et du processus électoral et de sortie de crise…" Leur a-t-il été aisé d'objectiver ce qu'ils avaient développé devant le président ? Rien n'est moins sûr. Mais vous le verrez, étant entendu que cette affaire a focalisé toute l'attention des Ivoiriens, et que la vérité mérite d'être davantage sue par tout le monde dans les jours à venir. Le temps de donner des chances à la procédure gracieuse de prospérer ou de se heurter, nous ne le souhaitons pas, à la même volonté du triomphe du non droit de ces experts. Toutefois, laissez-moi vous dire que ces 2 ministres ont tout simplement menti et abusé le Président. Qu'ont-ils fait à la fin ? En effet, quoique les greffiers aient repris le service depuis le 15 décembre 2009 et se soient résolument engagés à accompagner à n'importe quel prix les efforts de sortie de crise des Ivoiriens, outrepassant les instructions du chef de l'Etat contenues dans la décision n°2009-19 du 14 décembre 2009 portant mesures spéciales relatives à la grève des greffiers, ces ministres ont tout simplement trouvé là l'occasion de déclarer admis, à un certain concours exceptionnel, au titre de l'année 2009, 400 secrétaires et attachés des greffes et parquets qu'ils se proposent de former en dix (10) jours à l'Institut National de Formation Judiciaire. Les greffiers qui n'entendent plus faire de grève jusqu'à la fin du processus électoral, n'entendent cependant pas laisser prospérer le non droit. Et la première mesure arrêtée, en attendant les suites des démarches gracieuses, les greffiers ne dispenseront pas des cours au rabais à des Secrétaires et attachés des greffes et parquets illégalement recrutés. Si ces ministres veulent que ce débat soit mené à la face de la nation, les greffiers sont prêts à leur porter la contradiction en direct.

Alors, face à une telle situation, vous faites quoi et qu'est-ce que vous appelez " démarche gracieuse " ?
Les greffiers ont attaqué ces décisions d'Hubert Oulaye et de Koné Mamadou, ministre de la Justice, selon les voies appropriées. C'est ce que les greffiers qui sont des juristes praticiens ont fait. Et c'est ce que nous appelons la procédure gracieuse.

Et la médiation de M. Roger DAGHER, qu'est-ce que cela a donné?
Je dirais d'emblée que ça n'a pas absolument rien donné. La médiation du sieur DAGHER, il faut le dire tout net et nous le développerons lors de notre prochaine conférence de presse: Ce Monsieur n'a pas mené la moindre action. Il n'a rien fait. Il s'est à la limite joué de la dignité des responsables que nous sommes. Mais là où il se fourre le doigt dans l'oeil, c'est qu'il oublie que ce n'est vraiment pas à cause de son immixtion que nous avons levé notre mot d'ordre de grève. A la vérité, mes amis du Collectif autonome et de la Faîtière Judiciaire et moi, avions déjà pris notre décision, eu égard à la tournure politicienne que prennent les choses; d'ailleurs la grève bien avant que le sieur DAGHER s'invitât au débat, avait-il prétendu, à la demande du Président, nous n'y avions pas vu d'inconvénient, s'agissant d'une personnalité publique en C.I. Mais, à la fin, nous nous sommes rendus à l'évidence que ce monsieur voulait tout simplement s'honorer de l'utilisation de son nom dans notre communiqué de levée de grève. De mémoire de syndicaliste chevronné, c'est la plus grande escroquerie morale que j'ai connue. Je n'ai jamais vu un soi-disant médiateur qui, après s'être honoré tout simplement de la diffusion du communiqué de levée de grève dans la presse, se cache de ses" protégés ", de ceux dont il prétendait soigner et restaurer la situation dégradée. C'est dommage!
Interview réalisée par Jean Prisca


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