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Politique Publié le jeudi 11 mars 2010 | Le Temps

Amara Karamoko, vice-président de l`Anci et membre de Lmp - “Bédié et Ouattara se sont amusés avec la Côte d’Ivoire”

Dans cette entrevue, Amara Karamoko membre de la majorité présidentielle et 1er vice-président de l'Anci se prononce sur les récents évènements politiques : la nouvelle Cei et la tenue des élections en Côte d'Ivoire.

Quel commentaire faites-vous sur la mise en place du nouveau gouvernement ?
Je l'ai dit lors du meeting que j'ai animé la semaine dernière à Mankono. On a besoin que tous les Ivoiriens se retrouvent. Parce que c'est la Côte d'ivoire qui est en péril. Ce ne sont pas les leaders politiques qui sont en péril, mais c'est le pays. Donc tous ceux qui se sentent, un tant soit peu, patriotes doivent se donner la main pour sauver leur patrie. Quant au gouvernement actuel, il faut l'avouer, la Côte d'ivoire fait toujours exception dans beaucoup de choses. Depuis la constitution du gouvernement précédent, où il y a eu tous les partis représentatifs du pays, chaque ministre travaillait pour son propre compte, sinon pour sa formation politique. Et donc, il y avait une cacophonie permanente dans le gouvernement. Des gens qui ne veulent pas se voir et qui siègent depuis près de 8 ans ensemble. Un exemple unique dans le monde. Et c'était une vaste comédie. Je crois que le Président de la République l'a dénoncée suffisamment. Et cela ne pouvait effectivement pas durer longtemps. Aujourd'hui, le Rhdp rentre dans le gouvernement. Il rentre à reculons, mais il rentre quand même. Nous saluons cela. Et nous pensons qu'après toutes les remarques du chef de l'Etat, le gouvernement va essayer de mériter son nom de gouvernement. Avec une véritable solidarité gouvernementale qui n'existait malheureusement pas dans le précédent gouvernement. Nous pensons qu'ils vont travailler convenablement pour arriver à des élections propres en Côte d'Ivoire.

Avec l'installation de la nouvelle Cei. Pensez-vous qu'aujourd'hui il y a suffisamment de garantie pour aller résolument aux élections ?
Moi, je suis membre de l'Anci. Et à l'Anci depuis 2008, nous avons dénoncé la commission électorale indépendante composée de partis politiques. Et qui ne mérite nullement pas son nom de commission indépendante. Vous savez, on a changé les hommes, mais l'institution reste la même. Je connais bien l'actuel président de la Cei, Youssouf Bakayoko, qui est mon jeune frère. C'est un monsieur très rigoureux et très honnête. Maintenant, aura-t-il les mains libres pour travailler correctement.
Ne sera-t-il pas encore sous la pression de son parti le Pdci ? Là est toute la question. Donc, aucun membre de la Cei n'est indépendant. Cette somme de personnes ne peut naturellement pas donner une commission indépendante et c'est mon point de vue depuis le début. Aujourd'hui, la Côte d'Ivoire mérite mieux que ce qu'on a vu. Une élection à plus de 200 milliards de Fcfa pour le recensement électoral. Parce que c'est de cela qu'il s'agit. Il ne faut pas se le cacher. Le recensement électoral nous a coûté plus de 200 milliards de Fcfa. Alors que 5 milliards de Fcfa aurait suffi pour le faire. Le montant était tellement élevé que j'ai dit que c'est un échec programmé. Parce que quelque chose qu'on peut faire à 5 milliards de Fcfa, si on en arrive à 200 milliards de Fcfa et qu'on fait beaucoup de contorsions, finalement, on se brise les reins quelque part. C'est ce qui nous est arrivé. Bon, est-ce qu'aujourd'hui la commission électorale peut nous conduire à des élections propres dans deux ou trois mois ? Vraiment, je n'en suis pas sûr. Et comme je ne crois pas au miracle, on va certainement encore traîner longtemps. Mais cela, parce que nous avons mal organisé tout, dès le départ.

Il est de plus en plus question de revoir la liste électorale. Le premier ministre a dit récemment qu'il faut une liste propre et transparente…
Pour moi, la liste électorale doit être revue en entièreté. Parce qu'il y a eu la guerre. Elle a été limitée dans le temps et dans l'espace. Maintenant, si nous nous amusons à faire un travail bâclé, si par malheur il y a une guerre (je touche du bois), elle sera totale. Nous ne voulons pas de ça. Il ne faut pas que certains croient que le poste de Président de la république leur est exclusivement réservé. Il faut qu'ils apprennent à aimer la Côte d'Ivoire, avant de vouloir la diriger. Les gens mêmes qui nous ont apporté la guerre, ce sont eux qui crient à la démocratie, aujourd'hui. Ils réclament tout. Soyons sérieux encore, une fois. Depuis 2002, on ne sait pas qui nous a envoyé la guerre et on veut passer là-dessus. Je dis non. N'en déplaise à certains politiciens. Il faut que les Ivoiriens sachent la vérité pour qu'on avance une bonne fois pour toutes. Le Président de la République, Laurent Gbagbo, n'est pas en danger. Ouattara et Bédié non plus, ne sont pas en danger. Mais, c'est la Côte d'Ivoire qui est en danger. Et je dis que pour sauver notre pays, il faut beaucoup d'abnégation, d'altruisme, de générosité et de don de soi. Quand je dis que je soutiens Laurent Gbagbo, c'est parce qu'il incarne toutes ces valeurs. Mon analyse est toute objective. En politique, moi je ne fais pas de subjectivité. On constate que beaucoup de politiciens sont sur des positions sentimentales et affectives. Nous n'avons pas besoin de ça aujourd'hui. Nous avons besoin d'hommes honnêtes, sérieux, généreux dans l'amour de leur patrie, de leurs compatriotes et dans l'effort pour arriver à l'unité nationale. Et Gbagbo incarne cela. En dix ans, Gbagbo l'a suffisamment démontré. Personne d'autre parmi les candidats ne peut en faire autant. Tout le monde veut être Président, mais tout le monde ne peut pas l'être. Mais celui qui aujourd'hui, est l'homme de la situation, sachons le reconnaître. Nous n'allons pas élire un Président pour avoir encore la guerre, ou élire un Président qui va vendre le pays. Nous avons besoin d'un Président qui est prêt à mourir pour notre bonheur à nous tous. Et celui qui est prêt à mourir pour le bonheur des Ivoiriens, c'est Gbagbo et personne d'autre.

Pourquoi Amara Karamoko fait campagne pour Laurent Gbagbo ?
Je fais campagne pour Gbagbo, par amour pour mon pays. Parce que s'il y avait un candidat plus valable objectivement que Gbagbo, je l'aurais soutenu. A mon âge, je n'ai peur de personne. Mais j'ai peur du malheur qui peut frapper mon pays. Donc qui peut me frapper, frapper mes enfants, mes amis, mes parents. Aujourd'hui pour nous, il s'agit de sauver le peuple de Côte d'Ivoire. Il ne faut pas que les gens se trompent de combat, je le répète. Le combat, c'est sauver la Côte d'Ivoire et la remettre sur les rails. Celui qui peut faire ça, de mon point de vue, c'est Gbagbo. Et il l'a suffisamment démontré. Je ne voudrais pas porter de jugement de valeur sur les autres candidats. Gbagbo, compte tenu des valeurs qu'il incarne, est certainement le mieux placé. L'homme qui peut nous permettre de vivre en paix entre nous Ivoiriens et avec les autres, c'est Gbagbo. Personne n'avait parié un franc sur Gbagbo à l'éclatement de la crise en 2002. Mais aujourd'hui, Gbagbo a surmonté tous les défis. Il a démontré aux yeux du monde entier qu'il est quelqu'un qui aime son pays et qui est prêt à tout faire pour l'image et la notoriété de son pays. Il ne faudrait pas qu'on nous fasse parler. Parmi ses adversaires, il y a deux ici qui se sont amusés avec la Côte d'Ivoire. Ce n'est pas ceux-là aujourd'hui qui vont venir nous dire qu'ils sont capables du contraire. Gbagbo est celui qui peut sauver la Côte d'Ivoire.

Vous avez longtemps milité au Pdci. Un regard sur votre ancien parti…
Vous savez, mon militantisme au Pdci était plus sentimental. Dès 1990, j'ai voulu partir, le président Houphouët m'a appelé et m'a dit de ne pas partir. Et comme c'était un ami de mon père que je respecte, je suis resté au Pdci comme un automate. Je n'ai jamais eu droit à la parole pour donner mon avis sur quoi que ce soit. Mais, depuis la mort du président Houphouët- Boigny, beaucoup de choses se sont passées. Beaucoup d'eau a coulé sous le pont. Mais il y a surtout eu beaucoup de comportements incompréhensibles de la part de la direction du Pdci. Parce que jusqu'à présent, je m'explique difficilement comment le pouvoir Pdci aussi solide en apparence, peut tomber facilement sans un coup de feu en l'air en décembre 1999. Et depuis ce coup d'Etat, le Pdci n'a jamais fait son autocritique. Et de plus, on veut soutenir le même individu qui a bradé le parti, c'est le cas de le dire, pour venir encore diriger le pays. Alors qu'il en a été incapable. Le Pdci se devait de choisir un autre candidat. Le candidat qu'ils ont choisi c'est le candidat de 1995. Donc, je ne pouvais plus le soutenir. C'est pourquoi, j'ai démissionné de ce parti. Bien sûr, il y a d'autres raisons encore et au moment opportun, j'en parlerai.

Interview réalisée depuis Mankono par Frank Toti
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