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Santé Publié le samedi 13 mars 2010 | Nord-Sud

Soins de santé / Examens médicaux : l’autre mal des maladies

Redoutés par les malades à cause des dépenses supplémentaires qu’ils engendrent, les examens médicaux sont pourtant nécessaires pour un bon diagnostic.

Les Ivoiriens ont du mal à se soigner. D’abord, le ticket d’entrée, ensuite les nombreux examens, et enfin, les ordonnances. Autant d’étapes que de dépenses. Dame Adjoua Amélie âgée d’environ 50 ans s’est rendue à l’hôpital général d’Abobo, la semaine dernière, pour des céphalées. Voulant des médicaments pour mettre fin à ses douleurs, elle a été réprimandée par l’infirmier qui l’a reçue. « Il m’a annoncé que seuls les résultats d’analyses lui indiqueront la maladie dont je souffre, et les médicaments qu’il me faut », a-t-elle relaté avec étonnement. Elle se souvient qu’avant, les médecins ne faisaient pas tous ces ‘’tralala’’ avant de soigner. Avant d’ajouter : « notre époque a été la meilleure ». Outre cela, certains individus perçoivent la prise de sang comme un acte qu’on pose lorsque la maladie est grave. Et, Seka Maxime en est un exemple parfait.

Un frein pour les malades

Chauffeur de taxi et père de trois enfants, ce quadragénaire a peur de la prise de sang. « Je ne supporte pas cela, et je ne saurais l’expliquer. Je ne supporte pas qu’on tire mon sang. Quand je vais dans un hôpital et qu’on me demande des examens de sang, je n’y retourne plus. Je me rends alors chez les guérisseurs. Et ils arrivent à me satisfaire à moindre coût, sans prendre mon sang. D’autres malades préfèrent se diriger vers les tradipraticiens pour éviter toutes ces dépenses. «K. Jean est l’un d’eux. Bien que jeune, c’est un fidèle accro de la médecine traditionnelle. « Quand je sens le début d’un palu, je vais au marché gouro d’Adjamé chez Mami, une guérisseuse baoulé installée non loin du complexe. Elle me donne des écorces d’arbre et des feuilles de plantes médicinales avec lesquelles je me lave et je fais aussi des lavements. Au bout de trois jours, plus de maladie », raconte-t-il. Quant à Laurent Menan, il indique que très souvent, les examens demandés n’ont pas de rapports avec le mal des patients. Il y a quelques jours, sa fille présentait des signes de paludisme. On lui a demandé de faire une échographie en plus des examens de palu et de fièvre typhoïde. Selon lui, toutes ces dépenses créent une psychose chez lui lorsqu’un de ses proches est malade.
Les examens médicaux sont devenus quasi systématiques dans les hôpitaux. Pourquoi ? Nous avons posé la question à une autorité sanitaire. Sa réponse ne souffre d’aucune amphibologie. «Aucune consultation ne peut se faire sans prescription d’examens biologiques», affirme ce cadre du ministère de la santé qui a requis l’anonymat. Professeur en biochimie, c’est avec la plus grande aisance qu’il a démontré l’importance des examens dans la détermination d’une maladie. Il révèle aussi que le recours à ces examens est une prescription faite à tous les médecins par l’Etat. En médecine, dit-il, les tâtonnements sont interdits. Raison pour laquelle les examens médicaux sont exigés. Cependant, le praticien reconnaît que, dans les années 1970, les médecins d’alors ne demandaient pas d’analyses médicales aux malades. Les équipements étaient quasi-inexistants. La formation des agents de santé tenait compte de cette réalité. En d’autres termes, ils étaient outillés pour faire les diagnostics avec peu de moyens techniques. Le sens clinique, c’est-à-dire la capacité d’examiner un malade et de faire son diagnostic sans examens médical, était très développé. Ces médecins de santé publique étaient obligés de soigner un nombre important de malades en un temps bien précis. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Les médecins sont formés pour soigner des malades, mais, avec les résultats des analyses médicaux. « Aujourd’hui, les appareils sont-là. La manière de soigner a changé.

Des examens pour ne pas se tromper

On ne doit plus soigner un malade sans examens de sang, sans radiographie et sans échographie », a-t-il ajouté. Un médecin ne peut pas se hasarder à prescrire un traitement à un malade, sans examens préalables. Il indique qu’en Europe, ces pratiques ‘’hors-la-loi’’ sont punies par la loi. Il faut pour cela que le malade porte plainte. Or, déplore le spécialiste, les plaintes contre les médecins sont rares, ou quasi-absentes en Afrique parce que les Africains n’ont pas assez de notions sur leurs droits. Le biochimiste explique que plusieurs maladies ont les mêmes symptômes. Par exemple, un malade qui arrive à l’hôpital avec des céphalées, des courbatures, une fièvre et se sent fatigué, cela peut être dû à trois maladies : le paludisme, la fièvre typhoïde ou la grippe. Sans examens de sang, le praticien choisit par exemple de soigner le paludisme. Au bout de trois jours, si le traitement n’est pas efficace, le patient revient et le médecin essaie celui de la fièvre typhoïde. Si le même scénario se répète, il décide alors de soigner la grippe en dernière position. Dès lors, le malade qui avait la grippe ne reçoit le traitement adéquat qu’après une semaine de tâtonnements qui peuvent être fatales. Outre cela, d’autres complications peuvent survenir. En effet, la grippe peut se compliquer et causer la mort quand elle n’est pas vite soignée. « Deux examens médicaux que sont la goutte épaisse (Ge) et le vidal (Vdl) pouvaient écarter les thèses de paludisme et de fièvre typhoïde », explique notre interlocuteur. Il fait remarquer que les traitements des deux premiers traitements sont plus onéreux que celui des deux examens cités plus haut (goutte épaisse et vidal) lorsque les malades ont les signes citées ci-dessus. Il fustige les médecins, infirmiers et sages-femmes qui ne demandent pas d’examens médicaux aux malades, mais leur prescrivent plusieurs médicaments à la fois. «Si tu as des céphalées, il te donne des médicaments contre les céphalées. Pour des douleurs aux articulations, il fait pareil, et ainsi de suite. A la fin de la consultation, le malade se retrouve avec 10 médicaments à payer». Il termine sur ces mots : « La loi en vigueur voudrait que le personnel soignant fasse d’abord des analyses médicaux aux patients avant de leur prescrire un traitement ». Toutefois, cette situation n’est pas favorable aux populations qui fuient les hôpitaux à cause des nombreux examens demandés.


Adélaïde Konin
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