Jeudi 11 mars, State Banquet Hall d’Accra (Ghana). Cette prestigieuse salle accueille la cérémonie des Awards. Jules Bocandé est fait «Légende du football africain» par la Confédération africaine de football (CAF). Un acte fort apprécié par l’ancien capitaine des Lions du Sénégal qui n’a pas manqué de manifester sa reconnaissance à l’instance fédérale. Dans ce moment de joie, le premier africain, meilleur buteur du championnat de France (en 1985-1986, il termine meilleur buteur avec 23 buts sous le maillot du FC Metz), a voulu se prêter à nos questions. Un jeu auquel s’est adonné l’ancien sélectionneur du Sénégal (il a mené les Lions en quarts de finale de la CAN 1994). Artisan de la deuxième participation du Sénégal à la CAN en 1986 (il a marqué les trois buts du Sénégal contre le Zimbabwe 3-0 en qualifications), le demi-finaliste de la CAN 90 et quart de finaliste de la CAN 92 jette un regard critique sur le football sénégalais. Pour la Côte d’Ivoire, il croit fermement aux chances des Eléphants en Afrique du Sud sans oublier d’indiquer que le succès passe par la rigueur à tous les niveaux (dirigeants, techniciens, joueurs). Le Ballon d’Or remporté par Didier Drogba n’est pas passé sous silence.
Que devient Jules Bocandé ?
Je suis toujours dans le football dans mon pays au Sénégal. J’ai un club, Casa Sport, dans ma région en Casamance. J’essaie de m’en occuper. On vise la première division. J’aimerais un jour remporter la Coupe d’Afrique avec ce club. C’est dans ce club que j’ai commencé à taper dans le ballon.
Bocandé est fait «Légende du football africain». Que ressent-on avec une telle distinction ?
Ça me fait énormément plaisir. Vous savez, j’ai déjà eu un trophée individuel qui est le titre de meilleur buteur de France. Ce titre me fait toujours plaisir. Maintenant, je suis comblé de savoir que ce que j’ai fait dans ma carrière n’est pas oublié par l’Afrique. Etre sacré par l’Afrique est quelque chose de merveilleux qui ne s’explique pas. C’est formidable ce que je vis en ce moment. C’est quelque chose qui reste dans les annales du football africain. Quelque part, je ne m’attendais pas à ça, mais en même temps, je me suis dit que j’ai beaucoup fait pour le foot africain. Je dis bravo ! Je remercie la CAF pour cette marque de reconnaissance.
Didier Drogba, Meilleur joueur africain de l’année 2009, est-ce une surprise pour vous ?
Ce n’est pas une surprise pour moi. Comme je le disais, tous les trois méritaient aujourd’hui de remporter ce titre. Le dieu du football a décidé que ce soit Drogba. Je pense qu’il mérite amplement et pleinement ce titre. Bravo Drogba ! Les gens parlent de réparation. En même temps, je dis non ! Il ne faut pas mettre les qualités du joueur en doute. Et surtout de ceux qui ont voté. Ce sont les sélectionneurs africains qui voté et ont choisi Drogba comme le Meilleur joueur africain. Personnellement, sans me tromper, je pense qu’il mérite son titre.
Pourquoi avec des anciens joueurs comme Jules Bocandé, le foot sénégalais se meurt ?
Qu’est-ce que vous voulez ? Les gens qui dirigent le football au Sénégal se font la guerre. Pour quelles raisons ? Je ne sais pas. Ce qu’il faut savoir, le football ne peut pas se faire sans les anciens. En plus, on ne peut pas parler du football sénégalais aujourd’hui sans Jules Bocandé. Ce n’est pas possible. Après 18 ans, c’est moi qui ai qualifié le Sénégal pour la CAN 86. Je crois que c’est quelque chose d’historique. Aujourd’hui, je suis élevé au rang de «Légende du football africain». Ça veut simplement dire que j’ai ma place dans le football sénégalais.
Cette place, Bocandé l’a eu en étant nommé entraîneur national ?
Effectivement, j’ai pris l’équipe en 1994 où nous avions disputé les quarts de finale de la CAN. Je crois que nous n’avons pas failli. Mais les gens restent ce qu’ils sont. J’avais un projet pour le foot sénégalais. Mais je n’ai pas eu le temps de le mettre en pratique. C’est dommage !
Concrètement quel regard portez-vous sur le football sénégalais aujourd’hui ?
Nul ! Le football sénégalais est dans la merdre aujourd’hui. C’est ce que je peux dire. Franchement, c’est nul !
Pourtant ce n’est pas le talent qui manque…
Tout ne se résume pas aux joueurs. Il faut voir la politique du football, l’orientation qu’on donne à ce football. Les dirigeants qui pensent avoir toute la science et pourtant ils ne connaissent rien au foot. Tout cela est triste. Il ne manque pas de talents dans cette équipe. Mamadou Niang, Souleymane Diawara, El Hadj Diouf, Diomansy Camara, Henry Camara, Tony Sylva, Pape Bouba et j’en passe.
Justement vous parlez de cette équipe qui a émerveillé la planète foot à la Coupe du monde en 2002. Aujourd’hui quand on retrace le parcours de cette équipe, ne pensez-vous pas que c’est du gâchis ?
Oui, c’est du gâchis. Mais, c’est la faute aux dirigeants. Ils ont tout chamboulé. Sans parvenir à redresser la barre. La faute n’est pas aux joueurs. Cette génération de 2002 méritait au moins de gagner une Coupe d’Afrique et de rejouer encore une Coupe du monde en Allemagne en 2006. Malheureusement, ils ont tout bafoué, ils ont créé des problèmes, ils ont foutu le « bordel » partout. C’est malheureux. Sinon, cette génération méritait vraiment de remporter une Coupe d’Afrique.
Le parcours de cette génération de 2002 ressemble fort à celle de la Côte d’Ivoire qui depuis 2006 est attendue. Mais au finish, elle déçoit.
La Côte d’Ivoire fera une très belle campagne en Afrique en juin prochain à la Coupe du monde. C’est une équipe composée de stars, de grands joueurs. Je prends du plaisir à la voir jouer. La Côte d’Ivoire a des joueurs qui jouent dans de grands clubs, au haut niveau. Et je dis, pour cette Coupe du monde, il faut compter avec la Côte d’Ivoire. Les équipes qu’ils vont rencontrer en Afrique du Sud sont constituées de joueurs qui jouent en Europe dans les mêmes clubs comme eux. A ce niveau, il n’y a pas de complexe, ils partent à armes égales. Les gens ont été déçus par rapport à la Coupe d’Afrique. Et ils en sont conscients. Ils savent qu’ils ont besoin de retrouver la confiance du peuple ivoirien, la symbiose et la communication qui existaient entre eux et les supporters. Je suis convaincu que la Côte d’Ivoire va bien représenter l’Afrique.
C’est toujours le même plat qui est servi. La Côte d’Ivoire est la meilleure chance de l’Afrique en Allemagne en 2006, la Côte d’Ivoire favorite des CAN 2008 et 2010. A l’arrivée, ce sont des échecs, de la déception. D’où vient votre foi ?
La Coupe d’Afrique est différente de la Coupe du monde. Il y a beaucoup de différences. Pendant la Coupe d’Afrique, je savais qu’ils allaient avoir beaucoup de problèmes parce qu’on les attendait. Mais-là, ils ne sont pas attendus. Et ils vont surprendre.
Vous avez parlé des qualités de cette équipe. Malheureusement, rien de tout ça ne profite à la sélection…
Une équipe est un ensemble. La Côte d’Ivoire peut devenir cette équipe crainte si tous les joueurs décident de jouer franchement ensemble. Les dirigeants et la population soutiennent fortement leur équipe. C’est maintenant aux joueurs de se dire qu’avec tout ce monde derrière nous, il faut faire quelque chose. Cette chose, c’est de se battre ensemble, de se fixer un objectif commun avec un entraîneur qui saura tirer le meilleur de chacun d’entre eux. Ce sont des joueurs de haut niveau, mais ils ont aussi besoin d’encadrement. Pour une équipe de ce calibre, il faut de la rigueur à tous les niveaux. Les dirigeants doivent être rigoureux dans le choix des techniciens et les techniciens doivent appliquer la même tactique avec les joueurs. Je pense que les dirigeants sont conscients de ça en Côte d’Ivoire. En même temps quand on vient en sélection, il faut se donner comme en club. Dans le cas contraire, on ne vient pas. Je le dis pour tous les joueurs africains. Parce qu’on doit être fier du maillot national.
Réalisée à Accra par OUATTARA Gaoussou
Que devient Jules Bocandé ?
Je suis toujours dans le football dans mon pays au Sénégal. J’ai un club, Casa Sport, dans ma région en Casamance. J’essaie de m’en occuper. On vise la première division. J’aimerais un jour remporter la Coupe d’Afrique avec ce club. C’est dans ce club que j’ai commencé à taper dans le ballon.
Bocandé est fait «Légende du football africain». Que ressent-on avec une telle distinction ?
Ça me fait énormément plaisir. Vous savez, j’ai déjà eu un trophée individuel qui est le titre de meilleur buteur de France. Ce titre me fait toujours plaisir. Maintenant, je suis comblé de savoir que ce que j’ai fait dans ma carrière n’est pas oublié par l’Afrique. Etre sacré par l’Afrique est quelque chose de merveilleux qui ne s’explique pas. C’est formidable ce que je vis en ce moment. C’est quelque chose qui reste dans les annales du football africain. Quelque part, je ne m’attendais pas à ça, mais en même temps, je me suis dit que j’ai beaucoup fait pour le foot africain. Je dis bravo ! Je remercie la CAF pour cette marque de reconnaissance.
Didier Drogba, Meilleur joueur africain de l’année 2009, est-ce une surprise pour vous ?
Ce n’est pas une surprise pour moi. Comme je le disais, tous les trois méritaient aujourd’hui de remporter ce titre. Le dieu du football a décidé que ce soit Drogba. Je pense qu’il mérite amplement et pleinement ce titre. Bravo Drogba ! Les gens parlent de réparation. En même temps, je dis non ! Il ne faut pas mettre les qualités du joueur en doute. Et surtout de ceux qui ont voté. Ce sont les sélectionneurs africains qui voté et ont choisi Drogba comme le Meilleur joueur africain. Personnellement, sans me tromper, je pense qu’il mérite son titre.
Pourquoi avec des anciens joueurs comme Jules Bocandé, le foot sénégalais se meurt ?
Qu’est-ce que vous voulez ? Les gens qui dirigent le football au Sénégal se font la guerre. Pour quelles raisons ? Je ne sais pas. Ce qu’il faut savoir, le football ne peut pas se faire sans les anciens. En plus, on ne peut pas parler du football sénégalais aujourd’hui sans Jules Bocandé. Ce n’est pas possible. Après 18 ans, c’est moi qui ai qualifié le Sénégal pour la CAN 86. Je crois que c’est quelque chose d’historique. Aujourd’hui, je suis élevé au rang de «Légende du football africain». Ça veut simplement dire que j’ai ma place dans le football sénégalais.
Cette place, Bocandé l’a eu en étant nommé entraîneur national ?
Effectivement, j’ai pris l’équipe en 1994 où nous avions disputé les quarts de finale de la CAN. Je crois que nous n’avons pas failli. Mais les gens restent ce qu’ils sont. J’avais un projet pour le foot sénégalais. Mais je n’ai pas eu le temps de le mettre en pratique. C’est dommage !
Concrètement quel regard portez-vous sur le football sénégalais aujourd’hui ?
Nul ! Le football sénégalais est dans la merdre aujourd’hui. C’est ce que je peux dire. Franchement, c’est nul !
Pourtant ce n’est pas le talent qui manque…
Tout ne se résume pas aux joueurs. Il faut voir la politique du football, l’orientation qu’on donne à ce football. Les dirigeants qui pensent avoir toute la science et pourtant ils ne connaissent rien au foot. Tout cela est triste. Il ne manque pas de talents dans cette équipe. Mamadou Niang, Souleymane Diawara, El Hadj Diouf, Diomansy Camara, Henry Camara, Tony Sylva, Pape Bouba et j’en passe.
Justement vous parlez de cette équipe qui a émerveillé la planète foot à la Coupe du monde en 2002. Aujourd’hui quand on retrace le parcours de cette équipe, ne pensez-vous pas que c’est du gâchis ?
Oui, c’est du gâchis. Mais, c’est la faute aux dirigeants. Ils ont tout chamboulé. Sans parvenir à redresser la barre. La faute n’est pas aux joueurs. Cette génération de 2002 méritait au moins de gagner une Coupe d’Afrique et de rejouer encore une Coupe du monde en Allemagne en 2006. Malheureusement, ils ont tout bafoué, ils ont créé des problèmes, ils ont foutu le « bordel » partout. C’est malheureux. Sinon, cette génération méritait vraiment de remporter une Coupe d’Afrique.
Le parcours de cette génération de 2002 ressemble fort à celle de la Côte d’Ivoire qui depuis 2006 est attendue. Mais au finish, elle déçoit.
La Côte d’Ivoire fera une très belle campagne en Afrique en juin prochain à la Coupe du monde. C’est une équipe composée de stars, de grands joueurs. Je prends du plaisir à la voir jouer. La Côte d’Ivoire a des joueurs qui jouent dans de grands clubs, au haut niveau. Et je dis, pour cette Coupe du monde, il faut compter avec la Côte d’Ivoire. Les équipes qu’ils vont rencontrer en Afrique du Sud sont constituées de joueurs qui jouent en Europe dans les mêmes clubs comme eux. A ce niveau, il n’y a pas de complexe, ils partent à armes égales. Les gens ont été déçus par rapport à la Coupe d’Afrique. Et ils en sont conscients. Ils savent qu’ils ont besoin de retrouver la confiance du peuple ivoirien, la symbiose et la communication qui existaient entre eux et les supporters. Je suis convaincu que la Côte d’Ivoire va bien représenter l’Afrique.
C’est toujours le même plat qui est servi. La Côte d’Ivoire est la meilleure chance de l’Afrique en Allemagne en 2006, la Côte d’Ivoire favorite des CAN 2008 et 2010. A l’arrivée, ce sont des échecs, de la déception. D’où vient votre foi ?
La Coupe d’Afrique est différente de la Coupe du monde. Il y a beaucoup de différences. Pendant la Coupe d’Afrique, je savais qu’ils allaient avoir beaucoup de problèmes parce qu’on les attendait. Mais-là, ils ne sont pas attendus. Et ils vont surprendre.
Vous avez parlé des qualités de cette équipe. Malheureusement, rien de tout ça ne profite à la sélection…
Une équipe est un ensemble. La Côte d’Ivoire peut devenir cette équipe crainte si tous les joueurs décident de jouer franchement ensemble. Les dirigeants et la population soutiennent fortement leur équipe. C’est maintenant aux joueurs de se dire qu’avec tout ce monde derrière nous, il faut faire quelque chose. Cette chose, c’est de se battre ensemble, de se fixer un objectif commun avec un entraîneur qui saura tirer le meilleur de chacun d’entre eux. Ce sont des joueurs de haut niveau, mais ils ont aussi besoin d’encadrement. Pour une équipe de ce calibre, il faut de la rigueur à tous les niveaux. Les dirigeants doivent être rigoureux dans le choix des techniciens et les techniciens doivent appliquer la même tactique avec les joueurs. Je pense que les dirigeants sont conscients de ça en Côte d’Ivoire. En même temps quand on vient en sélection, il faut se donner comme en club. Dans le cas contraire, on ne vient pas. Je le dis pour tous les joueurs africains. Parce qu’on doit être fier du maillot national.
Réalisée à Accra par OUATTARA Gaoussou