M. Didier Gueu Kouayé, président du mouvement pour la valorisation de la médecine traditionnelle (MVMT) explique la ruée des patients vers cette médecine et les difficultés rencontrées par les tradi-praticiens. “Le président Gbagbo a donné un coup de fouet à la médecine traditionnelle”, reconnaît-il à la suite des acquis des membres de ce secteur d'activité médical. Notre Voie : Quelle est l'apport de la médecine traditionnelle à la santé des Ivoiriens? Didier Gueu Kouayé : Cette médecine travaille beaucoup pour l'amélioration de la santé des Ivoiriens. Les statistiques démontrent que plus de 80% de la population a recours à cette médecine-là. Parce qu'elle est moins chère et efficace. Plus loin ce qui le démontre, c'est que quand nous sommes allés à l'Ouest au plus fort de la crise que la Côte d'Ivoire a traversée, les populations étaient coupées du service humanitaire. Et donc, les soins des tradi-praticiens étaient la seule solution et répondaient à la culture des patients. N.V. : L'inorganisation constatée çà et là chez certains tradi-praticiens suscite la méfiance chez des patients... D.G.K. : Les temps ont changé. Avant, on le voyait. Mais depuis l'accession du président Laurent Gbagbo à la magistrature suprême, quelque chose bouge dans la corporation. Il y a le programme national de valorisation de la médecine traditionnelle qui est un service important du ministère de la Santé et de l'Hygiène publique dont nous sommes fiers. Le directeur-coordonnateur nous appuie dans nos activités de recherche médicinale et autres. Il n'y a plus d'anarchie. Car, différentes structures organisées de la corporation ont vu le jour. Avec elles, nous échangeons, discutons de nos problèmes et valorisons nos produits obtenus à partir des plantes médicinales. Signe patent de l'avancée de la médecine traditionnelle en Côte d'Ivoire, nous disposons de cabinets médicaux de référence. Moi-même, ma structure, le mouvement pour la valorisation de la médecine traditionnelle a aménagé dans des bureaux à Angré avec un personnel qualifié et des équipements médicaux de pointe. En tout cas, le président Gbagbo a donné un coup de fouet à la médecine traditionnelle et nous lui exprimons notre profonde gratitude. N.V. : La collaboration avec les praticiens de la médecine moderne n'est pas chose aisée. Qu'est-ce qui vous oppose fondamentalement ? D.G.K. Rien ne devrait nous opposer. Car, la médecine moderne et la médecine traditionnelle sont toutes deux complémentaires. Des patients qui n'ont pas eu la guérison chez eux viennent chez nous et ils guérissent. La seule différence, est que certains parmi nous, une grande partie n'a pas fait les bancs comme eux. Mais, nous comptons en notre sein, des professeurs de médecine qui croient dur comme fer aux vertus médicamenteuses de nos produits. C'est à juste titre que l'Etat a créé le programme national de valorisation de la médecine traditionnelle pour nous encadrer et nous appuyer. C'est la reconnaissance officielle de nos efforts pour l'amélioration de la santé des Ivoiriens qui ont dépassé les frontières. Des étudiants en médecine, viennent chez nous pour préparer leurs thèses d'Etat. Récemment, un des nôtres a reçu la certification d'un produit sur la sunisite au Ghana par une organisation de renommée mondiale de la santé. N.V. : Mais beaucoup de choses restent à faire... D.G.K. : Oui, c'est vrai. Nous procédons actuellement au recensement sur le plan national des tradi-praticiens en vue de la délivrance d'une carte professionnelle reconnue par l'Etat. Passé le délai d'inscription, tout individu surpris à un coin de rue en train d'administrer des soins sans une autorisation légale sera mise aux arrêts et jeté pour exercice illégale de la profession de la médecine traditionnelle. Cela y va pour notre crédibilité vis-à-vis des autorités étatiques des institutions internationales pour le suivi et le financement de nos activités et bien sûr nos patients. En outre, nous sollicitons la défiscalisation de nos équipements médicaux pour nous permettre de bien donner des soins. La médecine traditionnelle peut aussi renflouer les caisses de l'Etat. Et Ces mesures de défiscalisation pour soulager les cabinets médicaux entraîneront de facto le recrutement de jeunes en quête d'emploi dans notre secteur d'activités avec de nombreuses opportunités. N.V. : Des produits sont mal conservés. Une menace sur la santé des patients qui ne disposent pas pour la plupart de dates de péremption. D.G.K. : Nous nous attelons à acquérir des chambres frigorifiques pour bien conserver les produits avec en amont la mise en place d'une centrale d'achat. C'est une question d'organisation interne. J’effectue beaucoup de voyages à l'étranger, dans le cadre de mes activités professionnelles, et j'estime que nous devons le faire. Mieux, cela nous permettra de ramener certains tradi-praticiens à soigner tout au plus trois pathologies. Et même d'entrevoir la guérison complète du Sida. Nous le pouvons au-delà de toute publicité. Interview réalisée par Didier Kéï
Société Publié le jeudi 18 mars 2010 | Notre Voie