Nous sommes en avril 2008. Mme Dieuma Henriette éprouve le besoin de faire partir trois de ses protégés en France. C’est le début du calvaire pour cette aide-soignante de 51 ans. Henriette travaille à l’ambassade de France au Plateau. En effet, elle doit établir les documents de voyages de ses « enfants », tels que le visa, le passeport, l’assurance-maladie, la lettre d’invitation, le travel chèque. Pour obtenir tous ces papiers, Mme Dieuma fait la connaissance de Kadji Kané et de Ossey Valéry Constant par l’intermédiaire d’Abraham, un vigile à l’ambassade de France. Au départ, explique-t-elle, Ossey demande à Kané, vice-président de la fédération nationale des commerçants de Côte d’Ivoire (Fenacci) section Yopougon, de régler le problème de l’obtention desdits papiers, puisque dans le cadre de ses activités professionnelles celui-ci a la «possibilité de se faire établir facilement les visas à l’ambassade d’Allemagne ». Le contact étant noué, alors les choses sérieuses peuvent commencer.
Le jeu
« J’ai discuté avec le nommé Kané pour avoir des assurances. Il m’a rassurée tout de suite d’autant plus que mon collègue de travail, Abraham, m’a dit qu’avec lui l’affaire était déjà dans le sac. Après une longue heure de discussion, j’ai remis la somme de 400.000 Fcfa à M. Kané pour les frais d’assurances, la carte de commerçant, la réservation à l’hôtel et la lettre d’invitation », cite-t-elle. Mais deux jours plus tard, Kadji se présente à nouveau à dame Dieuma. Il lui signifie que les frais pour la réservation de l’hôtel et la lettre d’invitation ont augmenté. Donc, il a besoin de 200.000 Fcfa pour combler le vide. L’aide-soignante de l’ambassade de France lui remet les 200.000 Fcfa demandés par l’intermédiaire d’Abraham. Une semaine après, Mme Dieuma se rend à l’ambassade d’Allemagne avec Kadji et ses protégés. Sur place, ce dernier réclame encore à la bonne dame la somme de 200.000 Fcfa repartis comme suit : 150.000 Fcfa pour louer le travel chèque ; 40.000 Fcfa pour les frais de visas et 10.000 Fcfa pour son déplacement. Kané rentre à l’ambassade en compagnie des protégés de Mme Dieuma. Mais, ils ont été refoulés car les dossiers de voyages sont incomplets. « Kané est parti aussitôt, prétextant qu’il avait des course à faire. J’ai immédiatement joint au téléphone Ossey pour lui exprimer mes inquiétudes. Il nous a rejoint en disant qu’il y avait des erreurs dans les dossiers. Mais Ossey qui agit en complicité avec Kané et Abraham feint de vilipender ses complices. Pour remettre en selle les dossiers, il exige à Mme Dieuma la somme de 500.000 Fcfa. La bande se rend à l’évidence qu’elle a une vache à lait qu’il faut traire à volonté. Le chef de file de la bande, Ossey Valéry Constant, fait croire à la victime qu’il ferait partir ses protégés tour à tour. Selon la plaignante, il parvient à faire entrer sur le sol français un seul des trois « enfants ». Et puis, plus rien. Sinon qu’un fleuve de promesses. «Un mois plus tard, j’ai appelé Ossey pour savoir ce qui se passait pour mes autres protégés. Il m’a dit qu’il se trouve à Assinie avec le consul de l’ambassade d’Allemagne qui est son ami, selon ses dires. Il m’a demandé de les rejoindre. J’ai donc loué un taxi à 25.000 Fcfa pour me rendre à Assinie. Mais j’ai vite déchanté puisque de 15h à 18h, il était injoignable. J’ai tourné en rond à Assinie sans pouvoir le rencontrer », rapporte Henriette qui rebrousse chemin.
Des vaches à lait
Quelques jours après, le même Ossey met le couvert et s’attable à nouveau. Il vient rencontrer dame Dieuma à son lieu de travail tout en lui pressentant ses excuses, l’escroc lui montre la photocopie du visa de l’une de ses protégés, Mlle Diby Hamoin Maryline. « Ossey m’a dit que tant que je ne paye 1.800.000 Fcfa, je ne pourrais pas entrer en possession du passeport. Je lui ai remis une avance de 500.000 Fcfa en présence de mon collègue Abraham et d’un certain Mike. Il a promis me donner le passeport et s’occuper des autres volets du dossier. Mais, rien n’a été fait. Après m’avoir fait espérer, Ossey a disparu dans la circulation », se désole l’aide-soignante qui se rend au domicile de l’indélicat. Manque de pot, sa femme affirme qu’elle n’a aucune nouvelle de son époux. Une autre victime de la bande se nomme Mme Yao N’guettia Akouba Edwige, agent de banque, domiciliée à la Riviera 3 Sodeci. En avril 2008, raconte-t-elle, une connaissance du nom de Mukubidi Mbuta voulait se rendre en Espagne pour rejoindre son oncle. « J’ai donc approché Abraham, vigile à l’ambassade de France. Il m’a dit qu’il pouvait nous aider à obtenir les dossiers de voyage. Pour cela, il a réclamé 1,5 million Fcfa pour faire toutes les démarches. Je lui ai remis 500.000 Fcfa comme avance. Et après, ce fut un silence plat de sa part», s’inquiète-t-elle. Un mois plus tard, c’est-à-dire en mai, Abraham met en contact « sa cliente » avec le fameux Ossey. Ce dernier, affirme Edwige, lui signifie que le dossier est incomplet. Comme à son habitude, Ossey soutire au total la somme de 685.000 Fcfa pour, dit-il, remettre dans le circuit le dossier. Après avoir empoché le pactole, le fieffé escroc et sa bande se tirent dans l’ombre. Laissant ainsi Edwige dans le désarroi et le dénouement. Toutes les victimes prennent la peine de porter plainte au commissariat de police du 18ème arrondissement, deux ans après les faits, les recherches entreprises conjointement par la police et les plaignantes aboutissent le 15 février. Ce jour-là, Ossey qui se rend à la Riviera 2 pour, selon lui, répondre à une invitation de M. N’této, l’époux de N’guettia Edwige, tombe dans le piège qu’on lui a tendu. Conduit au commissariat de police du 18ème arrondissement, à la Riviéra 3, l’indélicat prétend qu’il est un opérateur économique. Poursuivi pour escroquerie, fraude sur la nationalité française, faux et usage de faux, le prévenu déclare : « Dans le cadre de mes activités, je me rendais souvent à l’ambassade de France pour établir mes visas. Et j’ai fait la connaissance d’Abraham qui est un vigile là-bas. C’est lui qui m’a approché pour me dire que dame Dieuma voulait obtenir des visas français pour ses protégés. Il m’a mis en contact avec elle. J’ai donc donné toutes les conditions pour l’obtention des visas à savoir, une réservation d’hôtel en France, une assurance voyage, une attestation de réservation de billet d’avion, la location de chèque de voyage. Tous ces documents étaient estimés à 600.000 Fcfa. Elle m’a remis l’argent et un mois après, dame Dieuma est venue récupérer les dossiers avec les quatre passeports. Deux mois plus tard, elle m’a dit de lui restituer les 600.000 Fcfa. J’étais en train de chercher à lui rembourser son argent, lorsqu’elle est arrivée en compagnie de la police pour m’appréhender ». Si l’accusé reconnaît les faits, il n’en demeure pas moins qu’il nie le montant escroqué c’est-à-dire 2,5 millions Fcfa. En compagnie de son complice, Kadji Kané, il se présente à la barre du tribunal des flagrants délits du Plateau. Les mis en cause plaident coupables. Ils reconnaissent les faits tout en se rejetant mutuellement la responsabilité. Le tribunal ne se laisse pas distraire cette plaisanterie de mauvais goût. Il les condamne chacun à 3 mois de prison assortis d’une amende de 50.000 Fcfa. A leur sortie du bagne, ils doivent verser aux victimes la somme de 2,5 millions Fcfa.
Bahi K
Le jeu
« J’ai discuté avec le nommé Kané pour avoir des assurances. Il m’a rassurée tout de suite d’autant plus que mon collègue de travail, Abraham, m’a dit qu’avec lui l’affaire était déjà dans le sac. Après une longue heure de discussion, j’ai remis la somme de 400.000 Fcfa à M. Kané pour les frais d’assurances, la carte de commerçant, la réservation à l’hôtel et la lettre d’invitation », cite-t-elle. Mais deux jours plus tard, Kadji se présente à nouveau à dame Dieuma. Il lui signifie que les frais pour la réservation de l’hôtel et la lettre d’invitation ont augmenté. Donc, il a besoin de 200.000 Fcfa pour combler le vide. L’aide-soignante de l’ambassade de France lui remet les 200.000 Fcfa demandés par l’intermédiaire d’Abraham. Une semaine après, Mme Dieuma se rend à l’ambassade d’Allemagne avec Kadji et ses protégés. Sur place, ce dernier réclame encore à la bonne dame la somme de 200.000 Fcfa repartis comme suit : 150.000 Fcfa pour louer le travel chèque ; 40.000 Fcfa pour les frais de visas et 10.000 Fcfa pour son déplacement. Kané rentre à l’ambassade en compagnie des protégés de Mme Dieuma. Mais, ils ont été refoulés car les dossiers de voyages sont incomplets. « Kané est parti aussitôt, prétextant qu’il avait des course à faire. J’ai immédiatement joint au téléphone Ossey pour lui exprimer mes inquiétudes. Il nous a rejoint en disant qu’il y avait des erreurs dans les dossiers. Mais Ossey qui agit en complicité avec Kané et Abraham feint de vilipender ses complices. Pour remettre en selle les dossiers, il exige à Mme Dieuma la somme de 500.000 Fcfa. La bande se rend à l’évidence qu’elle a une vache à lait qu’il faut traire à volonté. Le chef de file de la bande, Ossey Valéry Constant, fait croire à la victime qu’il ferait partir ses protégés tour à tour. Selon la plaignante, il parvient à faire entrer sur le sol français un seul des trois « enfants ». Et puis, plus rien. Sinon qu’un fleuve de promesses. «Un mois plus tard, j’ai appelé Ossey pour savoir ce qui se passait pour mes autres protégés. Il m’a dit qu’il se trouve à Assinie avec le consul de l’ambassade d’Allemagne qui est son ami, selon ses dires. Il m’a demandé de les rejoindre. J’ai donc loué un taxi à 25.000 Fcfa pour me rendre à Assinie. Mais j’ai vite déchanté puisque de 15h à 18h, il était injoignable. J’ai tourné en rond à Assinie sans pouvoir le rencontrer », rapporte Henriette qui rebrousse chemin.
Des vaches à lait
Quelques jours après, le même Ossey met le couvert et s’attable à nouveau. Il vient rencontrer dame Dieuma à son lieu de travail tout en lui pressentant ses excuses, l’escroc lui montre la photocopie du visa de l’une de ses protégés, Mlle Diby Hamoin Maryline. « Ossey m’a dit que tant que je ne paye 1.800.000 Fcfa, je ne pourrais pas entrer en possession du passeport. Je lui ai remis une avance de 500.000 Fcfa en présence de mon collègue Abraham et d’un certain Mike. Il a promis me donner le passeport et s’occuper des autres volets du dossier. Mais, rien n’a été fait. Après m’avoir fait espérer, Ossey a disparu dans la circulation », se désole l’aide-soignante qui se rend au domicile de l’indélicat. Manque de pot, sa femme affirme qu’elle n’a aucune nouvelle de son époux. Une autre victime de la bande se nomme Mme Yao N’guettia Akouba Edwige, agent de banque, domiciliée à la Riviera 3 Sodeci. En avril 2008, raconte-t-elle, une connaissance du nom de Mukubidi Mbuta voulait se rendre en Espagne pour rejoindre son oncle. « J’ai donc approché Abraham, vigile à l’ambassade de France. Il m’a dit qu’il pouvait nous aider à obtenir les dossiers de voyage. Pour cela, il a réclamé 1,5 million Fcfa pour faire toutes les démarches. Je lui ai remis 500.000 Fcfa comme avance. Et après, ce fut un silence plat de sa part», s’inquiète-t-elle. Un mois plus tard, c’est-à-dire en mai, Abraham met en contact « sa cliente » avec le fameux Ossey. Ce dernier, affirme Edwige, lui signifie que le dossier est incomplet. Comme à son habitude, Ossey soutire au total la somme de 685.000 Fcfa pour, dit-il, remettre dans le circuit le dossier. Après avoir empoché le pactole, le fieffé escroc et sa bande se tirent dans l’ombre. Laissant ainsi Edwige dans le désarroi et le dénouement. Toutes les victimes prennent la peine de porter plainte au commissariat de police du 18ème arrondissement, deux ans après les faits, les recherches entreprises conjointement par la police et les plaignantes aboutissent le 15 février. Ce jour-là, Ossey qui se rend à la Riviera 2 pour, selon lui, répondre à une invitation de M. N’této, l’époux de N’guettia Edwige, tombe dans le piège qu’on lui a tendu. Conduit au commissariat de police du 18ème arrondissement, à la Riviéra 3, l’indélicat prétend qu’il est un opérateur économique. Poursuivi pour escroquerie, fraude sur la nationalité française, faux et usage de faux, le prévenu déclare : « Dans le cadre de mes activités, je me rendais souvent à l’ambassade de France pour établir mes visas. Et j’ai fait la connaissance d’Abraham qui est un vigile là-bas. C’est lui qui m’a approché pour me dire que dame Dieuma voulait obtenir des visas français pour ses protégés. Il m’a mis en contact avec elle. J’ai donc donné toutes les conditions pour l’obtention des visas à savoir, une réservation d’hôtel en France, une assurance voyage, une attestation de réservation de billet d’avion, la location de chèque de voyage. Tous ces documents étaient estimés à 600.000 Fcfa. Elle m’a remis l’argent et un mois après, dame Dieuma est venue récupérer les dossiers avec les quatre passeports. Deux mois plus tard, elle m’a dit de lui restituer les 600.000 Fcfa. J’étais en train de chercher à lui rembourser son argent, lorsqu’elle est arrivée en compagnie de la police pour m’appréhender ». Si l’accusé reconnaît les faits, il n’en demeure pas moins qu’il nie le montant escroqué c’est-à-dire 2,5 millions Fcfa. En compagnie de son complice, Kadji Kané, il se présente à la barre du tribunal des flagrants délits du Plateau. Les mis en cause plaident coupables. Ils reconnaissent les faits tout en se rejetant mutuellement la responsabilité. Le tribunal ne se laisse pas distraire cette plaisanterie de mauvais goût. Il les condamne chacun à 3 mois de prison assortis d’une amende de 50.000 Fcfa. A leur sortie du bagne, ils doivent verser aux victimes la somme de 2,5 millions Fcfa.
Bahi K
