« Un demi-siècle, ça se fête ! », peuvent lancer à l’unisson les Etats membres de la francophonie et certains Etats africains qui célèbrent cette année, les quarantième et cinquantième années de leurs existences respectives. Hier, au Conseil économique et social (Ces), s’est tenue la cérémonie d’ouverture des Journées de la francophonie 2010, qui marquent dans le même temps les quarante ans de cette institution. Placées sous le thème : « Les quarante ans de la francophonie et les noces d’or des pays africains : le cas de la Côte d’Ivoire », ces journées – qui se tiennent du 18 au 21 mars – sont l’occasion, de l’avis du ministre de la Culture et de la Francophonie, Anzoumana Moutayé, de créer les conditions d’une réflexion autour de la dimension africaine du concept d’indépendance et de souveraineté des Etats africains. Le président du Ces, Laurent Dona Fologo, a estimé judicieux que « les organisateurs aient su faire l’alliance entre les quarante ans de la francophonie et le Cinquantenaire de la Côte d’Ivoire ». Cela prouve, a-t-il affirmé, que « l’indépendance n’a jamais envisagé une exclusion du français, la langue officielle ». Faisant un tour d’horizon des relations avec l’ancienne puissance colonisatrice, le président du Ces affirmera « la volonté de souveraineté des Ivoiriens » qui « n’exclut pas le mariage avec la langue et la culture françaises ». Il a appelé à une gestion « au mieux » de la Francophonie, cet héritage qu’il faut faire fructifier. Avant lui, et dans la même veine, le ministre Anzoumana Moutayé a relevé l’importance de la langue comme le fondement de l’identité. Avant de souhaiter la naissance d’une francophonie « plus dynamique, plus solidaire, plus unie ». Le clou de cette cérémonie a été sans conteste la conférence inaugurale prononcée par l’ambassadeur Pierre Kipré, par ailleurs président du Comité d’organisation du Cinquantenaire de l’indépendance. « Cette année marque deux anniversaires, mais aussi deux trajectoires de l’histoire qui, pour certains, se mêlent et pour d’autres s’excluent », dira-t-il d’entrée. Dans une approche historique, il a rappelé les conditions de la naissance de la francophonie et le sens que lui ont donné au départ chacun des membres de la grande famille de cette institution. Se refusant à aborder « les questions qui fâchent », en raison de sa position d’ambassadeur, Pierre Kipré n’a pas moins analysé la francophonie comme un espace de diplomatie. « Parler de francophonie, c’est assumer notre histoire. Une histoire qui n’est pas seulement culturelle et linguistique mais aussi historique et politique. Parler de francophonie, c’est parler de notre commune trajectoire », a-t-il conclu. Cette édition des Journées de la francophonie, qui a vu l’organisation de la finale du concours national de dictée dénommé « La dictée des ivoires » au Centre culturel français, se poursuit aujourd’hui avec la célébration solennelle de la journée internationale de la francophonie, toujours au Ces.
M’Bah A.
M’Bah A.