Martyrisée par une crise endémique, la filière palmier à huile renaît à la vie grâce à l’Etat et aux acteurs du secteur. Les structures sont réorganisées dont la dernière en date, le FER-PALMIER. Un atelier national sur le palmier à huile s’est tenu du 17 au 19 septembre 2002 sur le thème “Filière palmier à huile : organisation et perspectives”. Les pouvoirs publics et les acteurs du secteur ont réfléchi à la meilleure structuration de la filière afin de redonner vie au palmier à huile dont une privatisation avait quelque peu semblé assombrir l’horizon. Cinq commissions ont été mises sur pied lors de cet atelier pour mieux organiser les échanges. Il s’agissait des commissions suivantes : bilan et diagnostic post-privatisation, cadre réglementaire et interprofession, mécanisme de fixation des prix et financement, compétitivité de la filière et perspectives de développement. Au terme des échanges, l’atelier a dressé l’ossature de la filière dans une vision de redynamisation. Au nombre des décisions prises figure la création de l’association interprofessionnelle de la filière palmier à huile (AIPH) regroupant les structures représentatives de la filière palmier à huile. Les principales missions de l’AIPH sont les suivantes : prendre des participations dans le capital des sociétés concourant, d’une manière directe ou indirecte, au développement de la culture du palmier à huile ; assurer des recherches en matière de matériel végétal de qualité pour avoir de bons rendements des plantations de palmier à huile. Cette dernière mission est dévolue au centre national de recherche agronomique (CNRA) qui travaille en parfaite coordination avec l’AIPH. La renaissance de la filière palmier à huile s’est également traduite par la réorganisation du Fonds d’extension et de renouvellement pour le développement de la culture du palmier à huile (FER-PALMIER). Cela par un décret pris en conseil des ministres, le 26 juin 2008. Désormais, les acteurs de la filière palmier à huile siègent au conseil de gestion du FER-PALMIER. Il s’agit d’une grande avancée pour le secteur. D’autant que le FER-PALMIER constitue un instrument important pour l’avenir du palmier à huile en Côte d’Ivoire. Placé sous la tutelle technique du ministère de l’Agriculture et la tutelle financière du ministère de l’Economie et des Finances, le FER-PALMIER a pour mission de participer au financement des aides destinées aux planteurs villageois et aux PMEA ; d’apporter des concours de trésorerie aux opérateurs du secteur palmier chargés par l’Etat, des plans et programmes de développement ; de contribuer au financement des participations nationales prévues par les conventions de financement bilatérales ou multilatérales dans le cadre de son objet ; de participer subsidiairement au financement de la recherche appliquée au palmier à huile et au cocotier ; d’aboutir à une répartition équitable de la charge de la dette palmier et cocotier, par péréquation entre les planteurs. En clair, la mission fondamentale du FER-PALMIER est de contribuer directement ou indirectement au financement du développement, de la réhabilitation et de l’amélioration de la culture du palmier à huile et du cocotier. Depuis sa création, conformément aux prescriptions techniques de la convention 183 signée en 1963 entre la Communauté économique européenne (CEE) et l’Etat de Côte d’Ivoire, le FER-PALMIER a activement contribué à l’essor de la culture du palmier à huile dans notre pays. En finançant notamment l’entretien de 5.785 ha de palmier à huile en création dans le Sud-Est pendant les années 1974,1975 et 1976 ; en préfinançant le programme d’infrastructures sociales ayant permis à la SODEPALM de réaliser l’ensemble des villages nécessaires à la fixation de la main d’œuvre pour le démarrage du plan palmier ; en finançant de 1972 à 1976 le point d’essai de Tabou qui a permis de lancer le programme Sud-Ouest et 12.000 hectares de palmier à huile. Pour rendre la filière viable, l’Etat s’est impliqué directement pour assurer la pérennité et la poursuite du système de développement rural. Un net engouement est apparu chez les paysans qui s’est traduit par un taux de croissance d’environ 300%, entre 1960 et 1999. Le nombre de planteurs villageois a atteint 25.000 personnes en 1999. Il a fortement augmenté au fil des ans à la faveur des différents “Plans palmier”. Cette embellie a tourné au cauchemar pour les acteurs lorsqu’une crise a frappé de plein fouet, le secteur. Une crise aux visages multiples qui s’est traduite par le vieillissement du verger au niveau des plantations industrielles ; l’éclatement de litiges fonciers entrainant l’arrêt du renouvellement et de l’extension des plantations ainsi que l’installation de planteurs sur les domaines industriels et la baisse des coûts de l’huile de palme brut sur le marché mondial. Au niveau des plantations villageoises, la crise a causé le faible encadrement des planteurs, le manque de crédits permettant l’approvisionnement en intrants, la maintenance, le renouvellement, l’extension et l’utilisation de matériel végétal sélectionné, endettement excessif de la filière palmier à huile dans le cadre des prêts rétrocédés par l’Etat envers le FER-PALMIER du fait de la suspension de la redevance depuis 1999, la collecte des produits mal assurée, etc. Pour juguler cette crise, l’Etat a pris des décisions dont celle de réorganiser le FER-PALMIER afin que le fonds redynamise le secteur par un financement accru. Aujourd’hui, les choses se présentent sous de bons auspices. La filière palmier à huile renaît avec une perspective nouvelle incarnée par un Fonds d’extension et de renouvellement pour le développement de la culture du palmier à huile plus redynamisé. Didier Depry didierdepri@yahoo.fr
Économie Publié le jeudi 25 mars 2010 | Notre Voie