Le Fonds commun des produits de base est une institution apparemment peu connue du grand public. Vous qui êtes le premier responsable de la cellule nationale de coordination, dites-nous ce que c'est.
Le Fonds commun des produits de base (en anglais Cfc) est une institution intergouvernementale qui a été créée par les Nations Unies, après la réunion de la Cnuced sur le commerce mondial, en 1995. Les cellules nationales sont le résultat des délibérations des gouverneurs du fonds depuis 2007. La Côte d'Ivoire dont le gouverneur est le ministre de l'Agriculture a trouvé nécessaire de créer une cellule de coordination de tous les projets Cfc de Côte d'Ivoire.
Il faut savoir que le Fonds commun des produits de base travaille sur 37 produits de base, à savoir 34 produits agricoles et 3 miniers (zinc, or, cuivre). Au nombre des produits agricoles, on peut citer pêle-mêle le café, le cacao, les fruits, l'hévéa, le thé, l'élevage, etc. Bref, l'ensemble des productions agricoles de la Côte d'Ivoire sont concernées. D'où l'importance du fonds pour notre pays.
Son objectif majeur est la réduction de la pauvreté. Il travaille à l’amélioration de la production. Il prend aussi en compte la transformation, une préoccupation en Afrique. Dans la mesure où les matières de base précisément les produits agricoles, du fait qu’ils sont périssables, sont vendus à vil prix quand ils sont abondants. Le Cfc va donc favoriser les projets orientés vers la transformation. Le troisième aspect est la commercialisation. Il y aura dans ce sens une étude sur les indicateurs de prix pour qu'on aboutisse à des rémunérations plus intéressantes pour les producteurs.
Comment fonctionne ce fonds?
Il fonctionne d'une façon simple. Les projets sont soumis à l'unité de coordination nationale qui regarde s’ils entrent dans le cadre d'un programme national de développement. Par exemple, si un projet portant sur le riz lui est soumis, il faut que dans le pays concerné, le développement du riz soit un problème important.
Après examen à la cellule nationale de coordination, le projet est soumis au comité consultatif qui est au sein du fonds commun des produits de base. Ce comité réunit des experts, au nombre de 13, qui jugent de sa validité et son opportunité technique. Ils regardent s'il entre dans le cadre du plan quinquennal du fonds. C'est-à-dire dans ses priorités. Puis le projet atterrit au conseil d'administration du Cfc pour approbation. Toutes les étapes étant franchies, une agence d'exécution est choisie pour mettre le projet en oeuvre. Celle-ci s'appuie sur des experts en la matière que sont les organisations internationales telles que la Fao, l'Oic, etc. Ce sont les superviseurs techniques du projet. Le Cfc est le bailleur de fonds.
L'une de ses particularités, c'est qu'il y a deux formes de financement. Il y a des appuis non remboursables et des prêts revolving.
Quels sont les critères de l'une ou l'autre forme d'intervention?
En ce qui concerne le don, une fois que le projet à une valeur technique approuvée, il donne droit à un appui non remboursable.
Le Cfc fait des dons, il ne faut pas l'oublier, parce que son but est de contribuer à faire reculer la pauvreté.
Qui est éligible au Fonds commun des produits de base?
Tous les Etats membres ont participé au capital du fonds. Il est donc normal que les projets qui viennent d’eux soient examinés. Pourvu qu'ils entrent dans les préoccupations agricoles du moment du pays concerné. On ne va pas faire, par exemple, de don pour un projet concernant le riz dans un pays confronté à une surproduction de cette céréale.
L'Etat y est-il éligible ?
Non, l'Etat n'est pas éligible au Fonds. Ce sont les institutions, les coopératives qui le sont. Même s’il est vrai qu'elles peuvent être parfois les démembrements de l’Etat dans certains pays.
L'objectif du Cfc n'est pas de faire des bilans financiers. Ce qui compte pour lui, c’est de voir si l’on a réussi à faire la transformation, à améliorer la production, le niveau de vie des gens, à mieux commercialiser Ce sont là les préoccupations du fonds, avec en point de mire les objectifs du millénaire.
La cellule nationale de coordination joue un rôle très important dans tout cela…
Effectivement. Elle a d'abord pour rôle de favoriser l'initiation de projets. Il faut que les Ivoiriens sachent que les produits de base qu'ils ont chez eux peuvent bénéficier du financement du Fonds commun. On ne le dit pas assez, le Cfc a investi 17 milliards de Fcfa en Côte d'Ivoire. Et dans le plan triennal 2008-2012, les produits phare du pays sont dans le pipeline. Exemple : l'amélioration de la qualité du café fait partie des priorités du Cfc. Et comme ses vergers sont vieillissants en Côte d'Ivoire, les acteurs du secteur ont tout intérêt à penser à des projets. Car le fonds a les moyens pour aider au rajeunissement des plantations. Il s'intéresse aussi à la recherche sur le swoolen shoot, une maladie du cacao qui préoccupe notre pays. Il a également dans son programme, la lutte contre la faim par l'octroi de protéines. Les projets qui ont trait à l'élevage sont donc attendus. La Côte d'Ivoire qui est déficitaire en matière de protéines animales devrait donc s'y intéresser.
La cellule nationale a pour rôle non seulement d'inciter à la création de projets mais aussi elle les coordonne. Lorsqu'ils sont approuvés, elle veille à leur bonne mise en oeuvre pour qu'il y ait des résultats palpables, utiles pour le Pib du pays.
La cellule est avant tout l'interface entre les acteurs nationaux et le siège du Cfc, situé à Amsterdam (Pays-Bas).
C'est pour cela que nous avons initié le séminaire du 29 mars, de manière à ce que les deux parties se rencontrent. Nous jouons un rôle de catalyseur. Nous sommes le point focal.
Vous soutenez que la Côte d'Ivoire a déjà bénéficié de 17 milliards de Fcfa. Quels sont les secteurs qui ont été financés ?
L'un des projets majeurs bénéficiaires est celui de la diversification des revenus des paysans dans le domaine du café. Mis en oeuvre auparavant par le Fonds de garantie des coopératives café-cacao (Fgccc), il est actuellement l’affaire du comité de gestion de la filière café-cacao. Il consiste à aider les paysans dans la période de soudure, la période difficile qui précède la commercialisation de leurs produits. Le montant du soutien est de l'ordre de 300 millions de Fcfa. Il est octroyé sous forme de prêts en revolving qui leur permettront de faire des cultures vivrières tels le riz, l'igname et autres. Les paysans ayant emprunté rembourseront à la suite de la commercialisation du cacao et du café.
Il y a aussi le secteur de l'hévéa où le Cfc a financé un projet dans le but d'accroître le revenu des petits planteurs. Il s'agit de recherches permettant de mettre à leur disposition des plants à faible coût.
Le fonds va financer la culture du riz de bas-fond. Il va aider à inventorier les espaces et mettre les variétés de riz adaptées à leur disposition. De sorte qu'au lieu d'une culture de riz par an, les paysans pourront aller jusqu'à trois. Tout ceci dans l'optique de la sécurisation alimentaire. Le Cfc veut créer un génome national en Côte d'Ivoire. C'est-à-dire un stock qui permettra de juguler les situations de crise.
Il est également intervenu dans la filière fruit en finançant l'Ocab dans un programme de lutte contre la maladie de la mangue au nord. Sans oublier le secteur coton. Après avoir participé à la lutte contre la maladie, il va examiner le projet de réhabilitation du centre semencier de Bouaké, sinistré par la crise.
Cela fait deux ans que la Cellule nationale existe. Les projets affluent-ils?
Les projets affluent. Mais il faut reconnaître qu'il y a un problème de connaissance.
Nous avons reçu un groupe de femmes qui font du vivrier. Elles nous ont soumis un projet. Nous sommes en train de voir comment, dans la chaîne, nous pouvons les aider. Nous travaillons actuellement sur les projets de sécurité alimentaire dans le cadre du programme Riz. Il s'agit de faire en sorte que le fonds finance les projets entrant dans ce programme. Le but est d'accroître la productivité du riz. Faut-il le savoir, le problème du riz est un problème mondial. En Asie, les pays en cultivent les quantités qu'il faut à leurs populations. Nous devons nous battre aussi pour atteindre l'autosuffisance en la matière en adoptant les systèmes idoines. Le Cfc est partant.
La cellule est aussi en train de travailler sur l'hévéa. Vous savez que nous allons entrer dans ce qu'on appelle le plan carbone mondial. Les pays qui produisent le Co2 doivent payer un certain montant aux Etats qui n'en produisent pas. Il est reconnu que l'hévéa participe, aujourd'hui, à la protection de l'environnement. Puisqu'il absorbe des tonnes de carbone que nous n'avons pas émis. Nous comptons donc nous inscrire dans ce plan carbone et profiter de la manne financière qui en résultera. Il nous faut donc certifier les plantations d'hévéas. Il faut le noter, l'un des critères d'éligibilité pour les financements du Cfc, c'est la protection de l'environnement. Pour certains projets, on prend même en compte l'intégration. C'est pour cela que vous verrez des projets Cfc menés par au moins deux pays. Ils peuvent ne pas être géographiquement liés, mais la problématique est la même. C'est ainsi qu'il y a des projets qui lient la Côte d'Ivoire à la Malaisie dans le domaine de l'hévéa. D’autre qui lient notre pays au Mali, dans le cadre du coton, par exemple. Dans le cadre du sucre, des projets concernent notre pays et le Nigeria.
Quand des projets lient plusieurs pays, dans la pratique, comment cela se passe-t-il ? Se mettent-ils ensemble pour les formuler ?
L'objectif est de résoudre un problème. Je prends l'exemple du sucre. Les problèmes qui se posent en Côte d'Ivoire sont les mêmes qu’au Nigeria. Une fois qu'on a détecté les difficultés, les solutions qu'on trouvera dans notre pays sont valables pour le Nigeria. Il va donc falloir des échanges entre les deux pays. Le Cfc peut intervenir alors pour les favoriser. Par exemple, il peut s'agir d'une espèce de canne à sucre écologique qui se développe au Nigeria. On peut alors décider de la transférer ici. Il peut aussi s'agir de la transformation ou de ses résidus. Tous ces éléments peuvent lier les deux pays dans le cadre d'un projet Sucre Côte d'Ivoire-Nigeria.
J'ai dit tantôt que dans la mise en oeuvre d'un projet, il y a l'intervention d'une agence d'exécution. Dans le cadre d'un projet à cheval sur plusieurs pays, elle peut être logée dans l'un d’eux. Ce qui compte, c'est la problématique à résoudre.
L'objectif du Cfc va donc au delà de l'aspect technique. Il permet l'intégration entre les hommes qui ont les mêmes problèmes.
Depuis que la cellule a été mise en place, combien de projets a-t-elle eu à traiter?
Elle a eu à traiter seulement une dizaine de projets. Mais de grande valeur. Je vous ai parlé des projets Riz, Sucre, hévéa, Café-cacao, Vivrier, Fruits. Nous intervenons dans les filières avec des volets bien précis.
Qui sont ceux qui se sont adressés à vous jusque-là?
Il y a des coopératives, des Ong ainsi que des structures para-étatiques. Des coopératives de l'ouest de la Côte d'Ivoire nous ont dit qu'elles ont une bonne qualité d'huile de palme. Nous devons les aider non seulement à s'organiser, mais aussi à faire des requêtes qui leur permettront de développer leur activité. Ceux qui ont les exploitations industrielles disent qu'ils sont capables de produire de la bioénergie. Il nous faut les aider à avoir des financements du Cfc.
En ce qui concerne l'hévéa, il s'agit de faire en sorte que les producteurs aient des plans à moindre coût et de qualité garantie. L'action du fonds sera donc concentrée sur la recherche.
Tous ces produits que l'on pourrait qualifier de traditionnels sont connus. Quelles sont les autres opportunités de financement du Cfc?
Il y a effectivement de nouveaux produits. Nouveaux, parce que c'est seulement maintenant qu'on s'intéresse à eux. C'est le cas particulier de l'anacarde. Le Cfc, dans son plan d'action, va financer ce produit au niveau de la Guinée Bissau, du Togo, du Bénin et de la Côte d'Ivoire. Ce financement va prendre en compte aussi bien la phase de production que celles de la transformation et de commercialisation.
Dans le cadre de la protection de l'environnement, le Cfc va aussi financer la culture du jatropha destiné à la bioénergie. Compte tenu du fait que les conditions agronomiques de la culture du jatropha sont très peu exigeantes, on pense que le Cfc va encourager l'utilisation des terres abandonnées parce que non productives. Il suffira que les gens se regroupent pour faire leurs demandes.
Le fonds compte aussi lancer, en accord avec les autorités, le programme viande par l'installation de boucheries modernes gérées par des coopératives. Il financera la formation des bouchers.
Dans nos pays, les gens ont souvent de bonnes idées, mais ils ont des difficultés pour formuler des projets techniquement viables. Comment gérez vous cette situation à la Cellule ?
Le problème, c'est d'abord la formation. C'est elle qui peut permettre aux gens de dire clairement ce qu'ils veulent. Il est en effet important qu'ils définissent eux-mêmes leurs priorités et besoins. Nous les aidons à le faire. Nous allons aussi leur montrer le montage des projets, soit directement, soit par le biais de cabinets agréés.
Le Cfc a des normes que les postulants devraient savoir. Par exemple, un projet Cfc doit avoir un compte bancaire clair et distinct de toutes les autres activités. Et ce compte doit faire l'objectif d'audit régulier pour une gestion transparente. La contribution du demandeur doit être indiquée clairement. Elle peut être en nature ou en espèces. Tous les projets Cfc font l'objet de convention entre le fonds, l'agence d'exécution et le bénéficiaire. Toutes ces choses doivent être sues par les postulants.
Toutes ces choses seront certainement expliquées lors de la grande rencontre que vous organisez à Abidjan, le 29 mars. Que doit-on en attendre?
La Côte d'Ivoire a le privilège d'accueillir un séminaire international. Il va regrouper 13 pays. On peut donc féliciter nos autorités qui ont réussi ce pari.
Le séminaire s'adresse aux producteurs. Il s'agira de leur expliquer les activités du Fonds commun des produits de base pour que chacun sache si son domaine d'activité est concerné par les financements. Les 34 produits seront présentés. On montrera aussi aux coopératives comment monter un projet Cfc. Les participants sauront la contrepartie qu'on leur demande. Il peut s'agir juste de se regrouper en coopérative ou de présenter du matériel. Ils auront toutes les indications leur permettant de connaître les conditions de financement selon la nature de l'appui. A savoir, le don ou le prêt. C'est pour cela qu'au cours du séminaire, il y aura un atelier sur le prêt.
L'autre point qui est aussi important, c'est la gestion du projet. On leur indiquera les règles idoines en la matière.
Pourquoi 13 pays? C'est pour dire que les projets ne sont pas seulement à caractère national ou intra national. Ils ont aussi un caractère régional.
Au cours du séminaire, la Cellule nationale va expliquer ce qu'elle a fait. Et les autres pays vont partager sur leur expériences. Je sais qu'au Burkina Faso, au Ghana, en Tanzanie et au Mali, le Cfc intervient beaucoup dans le domaine de l'or. Il finance les coopératives de petits producteurs d'or. En Côte d'Ivoire, pourquoi les orpailleurs ne pourraient-ils pas s'organiser en coopératives pour bénéficier des financements du Fonds commun des produits de base pour la formation, l'achat de matériel et la vente? Le ministère des Mines et del’Energie est d'ailleurs invité à la rencontre.
Qu'est-ce qui a milité en faveur du choix de la Côte d'Ivoire pour abriter ce séminaire international?
C'est sous l'impulsion du ministère de l'Agriculture que la Cellule nationale de coordination a été créée. Le premier responsable de ce département ministériel qui est le gouverneur pour la Côte d'Ivoire au Cfc a négocié avec ses pairs pour qu'il y ait une réunion de ce type. Je ne vous cache pas qu'au niveau de l'Asie, de l'Amérique latine et du Maghreb, le Cfc a des activités régionales assez importantes. Il y a des confédérations importantes. C'est au niveau de l'Afrique qu'il manquait quelque chose. Alors que le continent, il existe de grands regroupements régionaux comme la Cedeao qui compte 250 millions d'habitants.
La Côte d'Ivoire, en accueillant ce séminaire, veut d'abord faire partager son expérience, apprendre auprès des autres et être dans le circuit mondial. Parce que le programme du Cfc 2008-2012, c'est une part importante qui est réservée à l'Afrique. Au lieu d'y aller individuellement, il est important de constituer une masse critique des pays sur des projets très importants pour eux. C'est pour cela que la Côte d'Ivoire a cherché à décrocher l’organisation de cette réunion. C'est une première. Pour la suite, nous pensons que dans l'optique du Cfc, notre pays pourrait être le point focal Afrique. Cela aurait l'avantage d'éviter que l'on finance des projets communs dans des pays voisins les mêmes. Il est préférable de faire en sorte que les projets bénéficient de l'économie d'échelle en se mettant ensemble.
La Côte d'Ivoire sort d'une crise armée. Si les choses se déroulent normalement, elle pourrait enclencher sa reconstruction. Le pays serait peut-être gros demandeur. Tenez-vous compte de cet argument dans votre lobbying ?
Le lobbying fait partie du nationalisme, l'amour pour son pays. Tout Ivoirien doit faire le lobbying pour son pays partout. Dans notre situation, il faut préparer les opérations post-crise qui vont entraîner le développement en mettant les structures en place. Nous devons faire connaître notre potentiel. Nous devons aussi apprendre à travailler. Ce que nous faisons, ce n'est pas de la mendicité. Dans notre lobbying, nous mettons en exergue ce que nous pouvons faire. Nous créons les sillons que le mouvement va emprunter. Il y a des outils comme le document de la stratégie de réduction de la pauvreté (Dsrp). Quelle place devons nous prendre par rapport à ce Document? Nous savons que la Côte d'Ivoire, pays essentiellement agricole, ne peut pas aller sans d'un certain nombre de choses. C'est pour cela qu'en tant que Cellule nationale de coordination au niveau du ministère de l'Agriculture, nous essayons de créer la synergie pour mieux aborder l'après-crise.
Le lobbying, c'est aussi la cour assidue que nous faisons à nos parents, les producteurs, élus, les mutuelles de développement et chambres consulaires qui peuvent concevoir quelque chose pour le bien-être des populations rurales.
Qui sont les acteurs attendus au séminaire, au plan national et international ?
Au plan national, nous attendons ceux qui peuvent bénéficier des financements du Fonds commun des produits de base, c’est-à-dire les producteurs. Il ne s'agit pas de ces réunions pour cols blancs. Il s'agit de faire comprendre aux producteurs le rôle du Cfc pour qu'à l'issue de la rencontre, il y ait beaucoup plus de projets à financer. Je l'ai dit, la Côte d'Ivoire a déjà bénéficié de 17 milliards de Fcfa. Le potentiel de l'enveloppe que le fonds peut mettre à sa disposition est énorme.
A combien l’évaluez-vous?
Je pense qu'on peut l'estimer, sans entrer dans les détails, entre 15 et 20 milliards de Fcfa. Voyez que ce n'est pas négligeable.
Nous attendons des autres frères des autres Etats où des projets Cfc ont été mis en oeuvre, qu'ils nous indiquent les leçons que l'on peut tirer des financements.
Pour revenir sur la question des personnes attendues, je vous annonce que la Côte d'Ivoire a l'honneur de recevoir le directeur général du Fonds commun des produits de base. Il a rang de secrétaire général adjoint des Nations Unies. Il nous donnera les orientations. Les experts de l'Organisation internationale du café nous éclaireront sur ce que le fonds a fait dans d'autres pays. C'est pour cela que dans le programme, il est prévu que les responsables de la filière café-cacao exposent leurs problèmes.
On attend aussi l'Intercoton, l'Intercajou, l'Ocab, les coopératives d'hévéa, etc. Il s'agira d'un échange transversal dans lequel tous les aspects vont être abordés.
Nous espérons qu'à la suite du séminaire, le Cfc va mettre en place un plan d'action pour l'Afrique de l'ouest.
Interview réalisée par Alakagni Hala
Le Fonds commun des produits de base (en anglais Cfc) est une institution intergouvernementale qui a été créée par les Nations Unies, après la réunion de la Cnuced sur le commerce mondial, en 1995. Les cellules nationales sont le résultat des délibérations des gouverneurs du fonds depuis 2007. La Côte d'Ivoire dont le gouverneur est le ministre de l'Agriculture a trouvé nécessaire de créer une cellule de coordination de tous les projets Cfc de Côte d'Ivoire.
Il faut savoir que le Fonds commun des produits de base travaille sur 37 produits de base, à savoir 34 produits agricoles et 3 miniers (zinc, or, cuivre). Au nombre des produits agricoles, on peut citer pêle-mêle le café, le cacao, les fruits, l'hévéa, le thé, l'élevage, etc. Bref, l'ensemble des productions agricoles de la Côte d'Ivoire sont concernées. D'où l'importance du fonds pour notre pays.
Son objectif majeur est la réduction de la pauvreté. Il travaille à l’amélioration de la production. Il prend aussi en compte la transformation, une préoccupation en Afrique. Dans la mesure où les matières de base précisément les produits agricoles, du fait qu’ils sont périssables, sont vendus à vil prix quand ils sont abondants. Le Cfc va donc favoriser les projets orientés vers la transformation. Le troisième aspect est la commercialisation. Il y aura dans ce sens une étude sur les indicateurs de prix pour qu'on aboutisse à des rémunérations plus intéressantes pour les producteurs.
Comment fonctionne ce fonds?
Il fonctionne d'une façon simple. Les projets sont soumis à l'unité de coordination nationale qui regarde s’ils entrent dans le cadre d'un programme national de développement. Par exemple, si un projet portant sur le riz lui est soumis, il faut que dans le pays concerné, le développement du riz soit un problème important.
Après examen à la cellule nationale de coordination, le projet est soumis au comité consultatif qui est au sein du fonds commun des produits de base. Ce comité réunit des experts, au nombre de 13, qui jugent de sa validité et son opportunité technique. Ils regardent s'il entre dans le cadre du plan quinquennal du fonds. C'est-à-dire dans ses priorités. Puis le projet atterrit au conseil d'administration du Cfc pour approbation. Toutes les étapes étant franchies, une agence d'exécution est choisie pour mettre le projet en oeuvre. Celle-ci s'appuie sur des experts en la matière que sont les organisations internationales telles que la Fao, l'Oic, etc. Ce sont les superviseurs techniques du projet. Le Cfc est le bailleur de fonds.
L'une de ses particularités, c'est qu'il y a deux formes de financement. Il y a des appuis non remboursables et des prêts revolving.
Quels sont les critères de l'une ou l'autre forme d'intervention?
En ce qui concerne le don, une fois que le projet à une valeur technique approuvée, il donne droit à un appui non remboursable.
Le Cfc fait des dons, il ne faut pas l'oublier, parce que son but est de contribuer à faire reculer la pauvreté.
Qui est éligible au Fonds commun des produits de base?
Tous les Etats membres ont participé au capital du fonds. Il est donc normal que les projets qui viennent d’eux soient examinés. Pourvu qu'ils entrent dans les préoccupations agricoles du moment du pays concerné. On ne va pas faire, par exemple, de don pour un projet concernant le riz dans un pays confronté à une surproduction de cette céréale.
L'Etat y est-il éligible ?
Non, l'Etat n'est pas éligible au Fonds. Ce sont les institutions, les coopératives qui le sont. Même s’il est vrai qu'elles peuvent être parfois les démembrements de l’Etat dans certains pays.
L'objectif du Cfc n'est pas de faire des bilans financiers. Ce qui compte pour lui, c’est de voir si l’on a réussi à faire la transformation, à améliorer la production, le niveau de vie des gens, à mieux commercialiser Ce sont là les préoccupations du fonds, avec en point de mire les objectifs du millénaire.
La cellule nationale de coordination joue un rôle très important dans tout cela…
Effectivement. Elle a d'abord pour rôle de favoriser l'initiation de projets. Il faut que les Ivoiriens sachent que les produits de base qu'ils ont chez eux peuvent bénéficier du financement du Fonds commun. On ne le dit pas assez, le Cfc a investi 17 milliards de Fcfa en Côte d'Ivoire. Et dans le plan triennal 2008-2012, les produits phare du pays sont dans le pipeline. Exemple : l'amélioration de la qualité du café fait partie des priorités du Cfc. Et comme ses vergers sont vieillissants en Côte d'Ivoire, les acteurs du secteur ont tout intérêt à penser à des projets. Car le fonds a les moyens pour aider au rajeunissement des plantations. Il s'intéresse aussi à la recherche sur le swoolen shoot, une maladie du cacao qui préoccupe notre pays. Il a également dans son programme, la lutte contre la faim par l'octroi de protéines. Les projets qui ont trait à l'élevage sont donc attendus. La Côte d'Ivoire qui est déficitaire en matière de protéines animales devrait donc s'y intéresser.
La cellule nationale a pour rôle non seulement d'inciter à la création de projets mais aussi elle les coordonne. Lorsqu'ils sont approuvés, elle veille à leur bonne mise en oeuvre pour qu'il y ait des résultats palpables, utiles pour le Pib du pays.
La cellule est avant tout l'interface entre les acteurs nationaux et le siège du Cfc, situé à Amsterdam (Pays-Bas).
C'est pour cela que nous avons initié le séminaire du 29 mars, de manière à ce que les deux parties se rencontrent. Nous jouons un rôle de catalyseur. Nous sommes le point focal.
Vous soutenez que la Côte d'Ivoire a déjà bénéficié de 17 milliards de Fcfa. Quels sont les secteurs qui ont été financés ?
L'un des projets majeurs bénéficiaires est celui de la diversification des revenus des paysans dans le domaine du café. Mis en oeuvre auparavant par le Fonds de garantie des coopératives café-cacao (Fgccc), il est actuellement l’affaire du comité de gestion de la filière café-cacao. Il consiste à aider les paysans dans la période de soudure, la période difficile qui précède la commercialisation de leurs produits. Le montant du soutien est de l'ordre de 300 millions de Fcfa. Il est octroyé sous forme de prêts en revolving qui leur permettront de faire des cultures vivrières tels le riz, l'igname et autres. Les paysans ayant emprunté rembourseront à la suite de la commercialisation du cacao et du café.
Il y a aussi le secteur de l'hévéa où le Cfc a financé un projet dans le but d'accroître le revenu des petits planteurs. Il s'agit de recherches permettant de mettre à leur disposition des plants à faible coût.
Le fonds va financer la culture du riz de bas-fond. Il va aider à inventorier les espaces et mettre les variétés de riz adaptées à leur disposition. De sorte qu'au lieu d'une culture de riz par an, les paysans pourront aller jusqu'à trois. Tout ceci dans l'optique de la sécurisation alimentaire. Le Cfc veut créer un génome national en Côte d'Ivoire. C'est-à-dire un stock qui permettra de juguler les situations de crise.
Il est également intervenu dans la filière fruit en finançant l'Ocab dans un programme de lutte contre la maladie de la mangue au nord. Sans oublier le secteur coton. Après avoir participé à la lutte contre la maladie, il va examiner le projet de réhabilitation du centre semencier de Bouaké, sinistré par la crise.
Cela fait deux ans que la Cellule nationale existe. Les projets affluent-ils?
Les projets affluent. Mais il faut reconnaître qu'il y a un problème de connaissance.
Nous avons reçu un groupe de femmes qui font du vivrier. Elles nous ont soumis un projet. Nous sommes en train de voir comment, dans la chaîne, nous pouvons les aider. Nous travaillons actuellement sur les projets de sécurité alimentaire dans le cadre du programme Riz. Il s'agit de faire en sorte que le fonds finance les projets entrant dans ce programme. Le but est d'accroître la productivité du riz. Faut-il le savoir, le problème du riz est un problème mondial. En Asie, les pays en cultivent les quantités qu'il faut à leurs populations. Nous devons nous battre aussi pour atteindre l'autosuffisance en la matière en adoptant les systèmes idoines. Le Cfc est partant.
La cellule est aussi en train de travailler sur l'hévéa. Vous savez que nous allons entrer dans ce qu'on appelle le plan carbone mondial. Les pays qui produisent le Co2 doivent payer un certain montant aux Etats qui n'en produisent pas. Il est reconnu que l'hévéa participe, aujourd'hui, à la protection de l'environnement. Puisqu'il absorbe des tonnes de carbone que nous n'avons pas émis. Nous comptons donc nous inscrire dans ce plan carbone et profiter de la manne financière qui en résultera. Il nous faut donc certifier les plantations d'hévéas. Il faut le noter, l'un des critères d'éligibilité pour les financements du Cfc, c'est la protection de l'environnement. Pour certains projets, on prend même en compte l'intégration. C'est pour cela que vous verrez des projets Cfc menés par au moins deux pays. Ils peuvent ne pas être géographiquement liés, mais la problématique est la même. C'est ainsi qu'il y a des projets qui lient la Côte d'Ivoire à la Malaisie dans le domaine de l'hévéa. D’autre qui lient notre pays au Mali, dans le cadre du coton, par exemple. Dans le cadre du sucre, des projets concernent notre pays et le Nigeria.
Quand des projets lient plusieurs pays, dans la pratique, comment cela se passe-t-il ? Se mettent-ils ensemble pour les formuler ?
L'objectif est de résoudre un problème. Je prends l'exemple du sucre. Les problèmes qui se posent en Côte d'Ivoire sont les mêmes qu’au Nigeria. Une fois qu'on a détecté les difficultés, les solutions qu'on trouvera dans notre pays sont valables pour le Nigeria. Il va donc falloir des échanges entre les deux pays. Le Cfc peut intervenir alors pour les favoriser. Par exemple, il peut s'agir d'une espèce de canne à sucre écologique qui se développe au Nigeria. On peut alors décider de la transférer ici. Il peut aussi s'agir de la transformation ou de ses résidus. Tous ces éléments peuvent lier les deux pays dans le cadre d'un projet Sucre Côte d'Ivoire-Nigeria.
J'ai dit tantôt que dans la mise en oeuvre d'un projet, il y a l'intervention d'une agence d'exécution. Dans le cadre d'un projet à cheval sur plusieurs pays, elle peut être logée dans l'un d’eux. Ce qui compte, c'est la problématique à résoudre.
L'objectif du Cfc va donc au delà de l'aspect technique. Il permet l'intégration entre les hommes qui ont les mêmes problèmes.
Depuis que la cellule a été mise en place, combien de projets a-t-elle eu à traiter?
Elle a eu à traiter seulement une dizaine de projets. Mais de grande valeur. Je vous ai parlé des projets Riz, Sucre, hévéa, Café-cacao, Vivrier, Fruits. Nous intervenons dans les filières avec des volets bien précis.
Qui sont ceux qui se sont adressés à vous jusque-là?
Il y a des coopératives, des Ong ainsi que des structures para-étatiques. Des coopératives de l'ouest de la Côte d'Ivoire nous ont dit qu'elles ont une bonne qualité d'huile de palme. Nous devons les aider non seulement à s'organiser, mais aussi à faire des requêtes qui leur permettront de développer leur activité. Ceux qui ont les exploitations industrielles disent qu'ils sont capables de produire de la bioénergie. Il nous faut les aider à avoir des financements du Cfc.
En ce qui concerne l'hévéa, il s'agit de faire en sorte que les producteurs aient des plans à moindre coût et de qualité garantie. L'action du fonds sera donc concentrée sur la recherche.
Tous ces produits que l'on pourrait qualifier de traditionnels sont connus. Quelles sont les autres opportunités de financement du Cfc?
Il y a effectivement de nouveaux produits. Nouveaux, parce que c'est seulement maintenant qu'on s'intéresse à eux. C'est le cas particulier de l'anacarde. Le Cfc, dans son plan d'action, va financer ce produit au niveau de la Guinée Bissau, du Togo, du Bénin et de la Côte d'Ivoire. Ce financement va prendre en compte aussi bien la phase de production que celles de la transformation et de commercialisation.
Dans le cadre de la protection de l'environnement, le Cfc va aussi financer la culture du jatropha destiné à la bioénergie. Compte tenu du fait que les conditions agronomiques de la culture du jatropha sont très peu exigeantes, on pense que le Cfc va encourager l'utilisation des terres abandonnées parce que non productives. Il suffira que les gens se regroupent pour faire leurs demandes.
Le fonds compte aussi lancer, en accord avec les autorités, le programme viande par l'installation de boucheries modernes gérées par des coopératives. Il financera la formation des bouchers.
Dans nos pays, les gens ont souvent de bonnes idées, mais ils ont des difficultés pour formuler des projets techniquement viables. Comment gérez vous cette situation à la Cellule ?
Le problème, c'est d'abord la formation. C'est elle qui peut permettre aux gens de dire clairement ce qu'ils veulent. Il est en effet important qu'ils définissent eux-mêmes leurs priorités et besoins. Nous les aidons à le faire. Nous allons aussi leur montrer le montage des projets, soit directement, soit par le biais de cabinets agréés.
Le Cfc a des normes que les postulants devraient savoir. Par exemple, un projet Cfc doit avoir un compte bancaire clair et distinct de toutes les autres activités. Et ce compte doit faire l'objectif d'audit régulier pour une gestion transparente. La contribution du demandeur doit être indiquée clairement. Elle peut être en nature ou en espèces. Tous les projets Cfc font l'objet de convention entre le fonds, l'agence d'exécution et le bénéficiaire. Toutes ces choses doivent être sues par les postulants.
Toutes ces choses seront certainement expliquées lors de la grande rencontre que vous organisez à Abidjan, le 29 mars. Que doit-on en attendre?
La Côte d'Ivoire a le privilège d'accueillir un séminaire international. Il va regrouper 13 pays. On peut donc féliciter nos autorités qui ont réussi ce pari.
Le séminaire s'adresse aux producteurs. Il s'agira de leur expliquer les activités du Fonds commun des produits de base pour que chacun sache si son domaine d'activité est concerné par les financements. Les 34 produits seront présentés. On montrera aussi aux coopératives comment monter un projet Cfc. Les participants sauront la contrepartie qu'on leur demande. Il peut s'agir juste de se regrouper en coopérative ou de présenter du matériel. Ils auront toutes les indications leur permettant de connaître les conditions de financement selon la nature de l'appui. A savoir, le don ou le prêt. C'est pour cela qu'au cours du séminaire, il y aura un atelier sur le prêt.
L'autre point qui est aussi important, c'est la gestion du projet. On leur indiquera les règles idoines en la matière.
Pourquoi 13 pays? C'est pour dire que les projets ne sont pas seulement à caractère national ou intra national. Ils ont aussi un caractère régional.
Au cours du séminaire, la Cellule nationale va expliquer ce qu'elle a fait. Et les autres pays vont partager sur leur expériences. Je sais qu'au Burkina Faso, au Ghana, en Tanzanie et au Mali, le Cfc intervient beaucoup dans le domaine de l'or. Il finance les coopératives de petits producteurs d'or. En Côte d'Ivoire, pourquoi les orpailleurs ne pourraient-ils pas s'organiser en coopératives pour bénéficier des financements du Fonds commun des produits de base pour la formation, l'achat de matériel et la vente? Le ministère des Mines et del’Energie est d'ailleurs invité à la rencontre.
Qu'est-ce qui a milité en faveur du choix de la Côte d'Ivoire pour abriter ce séminaire international?
C'est sous l'impulsion du ministère de l'Agriculture que la Cellule nationale de coordination a été créée. Le premier responsable de ce département ministériel qui est le gouverneur pour la Côte d'Ivoire au Cfc a négocié avec ses pairs pour qu'il y ait une réunion de ce type. Je ne vous cache pas qu'au niveau de l'Asie, de l'Amérique latine et du Maghreb, le Cfc a des activités régionales assez importantes. Il y a des confédérations importantes. C'est au niveau de l'Afrique qu'il manquait quelque chose. Alors que le continent, il existe de grands regroupements régionaux comme la Cedeao qui compte 250 millions d'habitants.
La Côte d'Ivoire, en accueillant ce séminaire, veut d'abord faire partager son expérience, apprendre auprès des autres et être dans le circuit mondial. Parce que le programme du Cfc 2008-2012, c'est une part importante qui est réservée à l'Afrique. Au lieu d'y aller individuellement, il est important de constituer une masse critique des pays sur des projets très importants pour eux. C'est pour cela que la Côte d'Ivoire a cherché à décrocher l’organisation de cette réunion. C'est une première. Pour la suite, nous pensons que dans l'optique du Cfc, notre pays pourrait être le point focal Afrique. Cela aurait l'avantage d'éviter que l'on finance des projets communs dans des pays voisins les mêmes. Il est préférable de faire en sorte que les projets bénéficient de l'économie d'échelle en se mettant ensemble.
La Côte d'Ivoire sort d'une crise armée. Si les choses se déroulent normalement, elle pourrait enclencher sa reconstruction. Le pays serait peut-être gros demandeur. Tenez-vous compte de cet argument dans votre lobbying ?
Le lobbying fait partie du nationalisme, l'amour pour son pays. Tout Ivoirien doit faire le lobbying pour son pays partout. Dans notre situation, il faut préparer les opérations post-crise qui vont entraîner le développement en mettant les structures en place. Nous devons faire connaître notre potentiel. Nous devons aussi apprendre à travailler. Ce que nous faisons, ce n'est pas de la mendicité. Dans notre lobbying, nous mettons en exergue ce que nous pouvons faire. Nous créons les sillons que le mouvement va emprunter. Il y a des outils comme le document de la stratégie de réduction de la pauvreté (Dsrp). Quelle place devons nous prendre par rapport à ce Document? Nous savons que la Côte d'Ivoire, pays essentiellement agricole, ne peut pas aller sans d'un certain nombre de choses. C'est pour cela qu'en tant que Cellule nationale de coordination au niveau du ministère de l'Agriculture, nous essayons de créer la synergie pour mieux aborder l'après-crise.
Le lobbying, c'est aussi la cour assidue que nous faisons à nos parents, les producteurs, élus, les mutuelles de développement et chambres consulaires qui peuvent concevoir quelque chose pour le bien-être des populations rurales.
Qui sont les acteurs attendus au séminaire, au plan national et international ?
Au plan national, nous attendons ceux qui peuvent bénéficier des financements du Fonds commun des produits de base, c’est-à-dire les producteurs. Il ne s'agit pas de ces réunions pour cols blancs. Il s'agit de faire comprendre aux producteurs le rôle du Cfc pour qu'à l'issue de la rencontre, il y ait beaucoup plus de projets à financer. Je l'ai dit, la Côte d'Ivoire a déjà bénéficié de 17 milliards de Fcfa. Le potentiel de l'enveloppe que le fonds peut mettre à sa disposition est énorme.
A combien l’évaluez-vous?
Je pense qu'on peut l'estimer, sans entrer dans les détails, entre 15 et 20 milliards de Fcfa. Voyez que ce n'est pas négligeable.
Nous attendons des autres frères des autres Etats où des projets Cfc ont été mis en oeuvre, qu'ils nous indiquent les leçons que l'on peut tirer des financements.
Pour revenir sur la question des personnes attendues, je vous annonce que la Côte d'Ivoire a l'honneur de recevoir le directeur général du Fonds commun des produits de base. Il a rang de secrétaire général adjoint des Nations Unies. Il nous donnera les orientations. Les experts de l'Organisation internationale du café nous éclaireront sur ce que le fonds a fait dans d'autres pays. C'est pour cela que dans le programme, il est prévu que les responsables de la filière café-cacao exposent leurs problèmes.
On attend aussi l'Intercoton, l'Intercajou, l'Ocab, les coopératives d'hévéa, etc. Il s'agira d'un échange transversal dans lequel tous les aspects vont être abordés.
Nous espérons qu'à la suite du séminaire, le Cfc va mettre en place un plan d'action pour l'Afrique de l'ouest.
Interview réalisée par Alakagni Hala