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Politique Publié le lundi 29 mars 2010 | Nord-Sud

Enise Kanaté-Sanogo, Pdte du Congrès démocratique de Côte d`Ivoire (Codemci) : “Le peuple ne sait plus où donner de la tête”

Enise Kanaté, présidente du Congrès démocratique de Côte d'Ivoire (Codemci), appelle les acteurs politiques ivoiriens à mettre balle à terre pour aller rapidement aux élections. Car, soutient-elle dans cette interview, le peuple est plus que jamais fatigué de cette crise qui s'étire en longueur.

On ne vous entend plus depuis un certain temps alors que la précampagne bat son plein. Pourquoi vous murez-vous dans ce silence ?
C'est le travail qui me l'impose. Présidente de parti, nous sommes en plein dans l'organisation en ce moment. On ne peut donc pas être sur le terrain et bavarder en même temps, c'est pour cette raison que vous ne m'entendez pas.

Que voulez-vous dire par « je suis sur le terrain » ? Etes-vous en train de procéder à l'implantation de votre parti ?
Effectivement. Nous sommes en plein là-dedans et très prochainement, nous allons procéder à l'investiture de nos sections.

Combien de militants revendiquez-vous aujourd'hui ?
Le Codemci compte déjà plus de 300 sections. Nous avons un an d'existence seulement et nous arrivons sur l'échiquier politique au moment où l'enjeu immédiat, ce sont les élections. Nous allons donc à notre rythme. Nous ne sommes pas pressés.

Etes-vous toujours proche de Laurent Gbagbo ?
Que voulez-vous dire ?

En quittant le Rdr, vous avez indiqué soutenir désormais le chef de l'Etat…
Depuis que j'ai créé le Codemci, je n'ai rien dit d'engageant.

De qui êtes-vous alors proche aujourd'hui ?
Pour le moment, le parti n'a pas encore fait son choix. Lorsqu'il le fera, tout le monde saura.

Pourquoi autant de suspense dans le choix du candidat du Codemci à la prochaine présidentielle ?
Ceux qui ont déjà décidé sont de vieux partis, des partis qui existent depuis longtemps. Nous, nous allons à notre rythme. Et puis, les élections, ce n'est pas pour aujourd'hui.

Dans le cadre de la précampagne, certains cadres en rupture de ban avec le Rdr ont été approchés pour soutenir la candidature de M. Ouattara. Cela a-t-il été le cas pour vous ?
Je n'ai été sollicitée par personne. Depuis que j'ai quitté le Rdr, je n'ai plus de contact avec les responsables de ce parti. Il y a certains avec qui j'ai juste gardé des contacts familiaux.

Il s'est raconté que vous êtes partie du Fpi parce que vous n'auriez pas obtenu ce que vous escomptiez.
Je n'attendais rien du Fpi. Certaines personnes pensent toujours que si je suis parti du Rdr, c'est parce que j'ai été démarché par le Fpi. J'ai lu dans certains journaux qu'on m'aurait donné 50 millions mais comme c'est aussi cela la politique en Afrique... Je n'attendais rien d'autre du Fpi que de l'aider à sauver le pays, à travailler pour les Ivoiriens. C'est ce qui s'est passé jusqu'à ce que je décide de partir. Si les gens sont honnêtes, ils vous confirmeront ce que je dis. Ce que je devrais peut-être préciser pour que les gens comprennent un peu, c'est que c'est depuis 2004 que les statuts du Codemci ont été écrits.

N'auriez-vous cependant pas aimé qu'on vous renvoie l'ascenseur ?
Sur quelle base les gens m'auraient-ils renvoyé l'ascenseur, moi qui venais d'arriver ? En me propulsant ministre ? Je suis déjà député-maire. J'ai toujours dit que n'est pas député-maire à Mankono qui le veut. Avoir la confiance de Mankono, c'est plus qu'un poste ministériel. Il est vrai que cela participe de la promotion mais je venais juste d'arriver. Je ne pouvais donc pas demander qu'on me propulse à un quelconque poste alors que ceux qui sont-là depuis 1992 n'ont pas tous eu ce qu'ils espéraient. Ce serait malhonnête et injuste de ma part d'autant plus que je lutte contre l'injustice.

Quelles sont vos ambitions pour les élections à venir ?
Le Codemci avait prévu de présenter un candidat à la présidentielle. Malheureusement, au moment du dépôt des candidatures, nous n'étions pas techniquement prêts. Il nous fallait aussi tenir compte du fait que 80% de nos militants sont des jeunes et des femmes désœuvrés. Grâce à cette situation, vous avez donc la preuve supplémentaire, s'il fallait encore vous en donner que le Codemci n'a pas été créé par quelqu'un d'autre et confié à Enise Kanaté. Le Codemci n'a donc pas de mentor ni de financier.

Quel commentaire faites-vous des questions de désarmement, de recomposition des Cei locales qui défraient en ce moment l'actualité ?
Le Codemci a toujours dit qu'il fallait faire le désarmement avant d'aller aux élections. S'agissant du processus d'identification, je n'ai pas eu d'information venant du camp présidentiel pour comprendre le problème de la Cei mais ce que je peux dire, c'est que les 429.000 personnes croisées en interne par la Cei, représentent un chiffre important. Sont-ce des fraudeurs ? Pourquoi y a-t-il eu des problèmes les concernant ? L'ancien président de la Cei a donné des explications mais celles-ci ont-elles convaincu ? En tout cas, pas moi.

Pourquoi ?
Je ne trouve pas normal qu'on ne puisse pas caser 429.000 personnes eu égard à tout ce qu'on nous a dit sur la technologie déployée dans le cadre de ce processus qui, plus est, a engrangé plusieurs dizaines de milliards qui auraient pu servir à la création d'emplois. Aujourd'hui, on se retrouve avec 429.000 sur les bras. Et comme en Afrique, on ne démissionne pas… Concernant le désarmement, je suis pour le désarmement effectif avant les élections. Parce que le bon sens le recommande. Car, la question que tout le monde se pose, c'est de savoir pourquoi ils ont pris les armes (parlant des Forces nouvelles, Ndlr). C'est seulement dans un climat pacifié que les questions essentielles comme l'identification des Ivoiriens trouveront des solutions idoines. Et dans de telles conditions, ils ne peuvent être arbitres.

Les Forces nouvelles, s'appuyant sur l'Accord politique de Ouaga expliquent autrement la question du désarmement.
A partir du moment où on dit Forces nouvelles, ce n'est plus l'armée régulière. Dès lors que celui qui était militaire se trouve du côté des Forces nouvelles, c'est qu'il a pris les armes contre l'Etat pour se plaindre de quelque chose. Une fois qu'il a obtenu ce quelque chose, il faut qu'il dépose son arme et rentre dans les rangs, quitte à reprendre son arme en tant que militaire de l'Etat de Côte d'Ivoire.

Un dernier mot à ajouter pour terminer ?
Je voudrais demander aux Ivoiriens en général et aux hommes politiques en particulier de s'adoucir. Tout le monde dit aimer le pays, tout le monde dit aimer le peuple mais tout le monde se bat finalement contre ce même peuple au lieu de l'aider. Nous lançons tous la pierre et nous cachons nos mains. Finalement, on ne sait pas qui est qui dans cette histoire. Je dirai donc aux Ivoiriens de faire attention et d'éviter que le pays ne brûle. Qu'on aille aussi très vite aux élections car le peuple est fatigué. Il ne sait plus où donner de la tête. Arrêtons de tirer sur la corde au risque de la voir céder.

Interview réalisée par Marc Dossa
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