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Société Publié le lundi 29 mars 2010 | Nord-Sud

Pr Gnagne Yadou Maurice (urologue-andrologue) : “Pannes sexuelles, attention aux bricoleurs” !

Les hommes ne consultent pas les andrologues. Ils préfèrent s'automédiquer. Et cela entraîne souvent des complications.

Votre métier est un peu méconnu des Ivoiriens, pouvez- vous nous dire qui est l'andrologue ?
L'andrologue est chez l'homme ce qu'est le gynécologue chez la femme. Ils s'occupent des affections médicales liées à la reproduction masculine. Par exemple, si vous avez des troubles hormonaux, c'est son rôle de faire des dosages et savoir comment compenser les déficits en hormone. Chez certains hommes, il peut aussi avoir au niveau de la qualité du sperme des troubles. C'est-à-dire la qualité des spermatozoïdes est mauvaise ou une défaillance au niveau de l'addison en leur nombre. L'andrologue s'occupe également des examens médicaux pour voir la nature du mal. Il recherche les causes, des maladies ou autre chose. Ce spécialiste traite des affections qui entraînent l'infertilité ou la stérilité de l'homme en pratiquant la chirurgie. S'il y a un blocage des vecteurs (canaux) qui conduisent les spermatozoïdes des testicules jusqu'au lieu d'éjaculation. C'est le rôle de l'andrologue d'aller les déboucher comme on le fait au niveau des trompes de la femme. Ce sont des opérations très délicates. Mais le fait qui est très grave et qu'il faut relever, c'est que certains spécialistes s'érigent en andrologue. Et ces derniers créent des problèmes supplémentaires aux patients. Ils donnent des hormones aux hommes là où il ne faut pas. Il y a aussi le cas des femmes qui ont des problèmes d'infertilité. Leurs gynécologues demandent un traitement à leur époux. Ils peuvent le faire s'ils sont gynéco-andrologue. Mais s'ils ne le sont pas, c'est très grave.

Et qu'est-ce qui peut arriver quand les gynécologues traitent seuls les couples?
C'est évident que ça ne marche pas. Comme ils ne sont pas formés pour le faire, ils font du bricolage et ces patients ont de nombreux problèmes après. En voulant soigner, ces bricoleurs rendent le mal plus grave et, nous avons été plusieurs fois sollicités pour ce genre de problèmes. Seul l'andrologue peut s'occuper des problèmes de procréation chez l'homme, mais en ce moment il travaille de paire avec le gynécologue, spécialiste des femmes pour suivre le couple. Un seul spécialiste ne peut pas suivre le couple pour la survie du couple en ce qui concerne le domaine de procréation et de fertilité. Dans le traitement de la stérilité, le gynécologue travaille en duo avec l'andrologue. Chacun traite son patient, mais en tenant compte de l'autre.

N'est-ce pas parce que vous n'êtes pas nombreux que ces situations se produisent?
Oui, nous ne sommes pas nombreux, mais cela ne justifie pas certaines pratiques qui mettent à mal la santé de l'individu. Je ne saurais vous dire un chiffre exact, mais nous ne sommes pas nombreux comme les autres spécialistes. Pour ceux qui ont fait leurs études en France, à mon époque, nous étions au nombre de trois : un gynécologue et deux urologues.

Qu'est-ce qui justifie cela ? Où vous trouvez en cas de besoin ?
Les études sont longues. Pour ceux qui prennent la voie universitaire, c'est-à-dire ceux qui font l'internat, il faut un bac+16. Pour les autres, un bac+8+4 ans en chirurgie spéciale+2 ans de spécialité en andrologie. Et le module d'andrologie n'est pas encore enseigné en Côte d'Ivoire. Il y a d'autres raisons qui justifient cela. Certains hommes ignorent notre existence, alors que nous sommes dans les centres hospitaliers universitaires (Chu).

N'est-ce pas plutôt parce que les andrologues ne sont pas sollicités en Afrique qu'il n'y a pas d'engouement vers ce métier ?
Les hommes ne nous fréquentent pas pour des raisons sociales et culturelles. En Afrique, les hommes croient que le problème d'infertilité est lié uniquement à la femme. Alors que nous constatons que lorsqu'un couple est infertile, les responsabilités sont partagées. Ça peut être la femme, comme l'homme. Souvent quand la femme est bien portante et qu'elle demande à l'homme de consulter un spécialiste, il refuse. Tout ce qui concerne la sphère sexuelle masculine est ''pudendal''. Terme anglo-saxon très significatif et qui veut dire pudeur. Tout ce qui relève de la sexualité masculine est pudique. Les hommes préfèrent s'automédiquer en cachette. Ils ne s'ouvrent pas de façon spontanée comme les femmes. Quand une femme ne fait pas d'enfant, elle remue terre et ciel pour chercher le remède, ce n'est pas pareil chez l'homme. Un homme qui est impuissant sexuel, l'accepte très difficilement. Il souffre seul. L'angoisse et le stress en rajoutent aux problèmes organiques ou hormonaux qui existent. Ce qui fait qu'il y a un recrutement très faible en matière de consultation en andrologie. Mais pour le petit nombre qui vient, sur 100 que nous recevons, il y a au moins 30 qui souffrent d'infertilité.

Adélaïde Konin
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