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Région Publié le samedi 3 avril 2010 | L’expression

Bondoukou - La première case en ruine

Témoin de l’histoire de Bondoukou, la première case de la ville aux mille mosquées est à l’abandon. Elle présente un piètre visage malgré l’attention dont l’entoure le chef Gbin, Kouakou Yao Dabila.
Construite au 13ème siècle, la première case de Bondoukou présente aujourd’hui un triste visage. Aucune clôture. Une partie du site qui abrite ce monument historique est envahie par la broussaille. L’autre sert de terrain de football aux enfants du quartier. L’arbre qui protège la case pendant la tornade a finalement été terrassé, il y a quelques semaines, par une violente bourrasque. Miraculeusement, la chute de l’arbre n’a pas endommagé la case. Malgré le triste visage qu’elle présente, la première case de Bondoukou occupe une place importante dans la vie de la population locale. Elle est vénérée périodiquement par les gardiens de la tradition Gbin. Des bêtes y sont immolées. Des femmes sans enfant sollicitent les faveurs de la case. Des hommes, à leur tour, lui font appel pour des promotions de toutes sortes ou pour faire prospérer leurs affaires. A l’origine, cette case a été construite à une centaine de mètres du lieu actuel. L’urbanisation de la ville a entraîné sa délocalisation sur le nouveau site. Cependant, les matériaux ont été précieusement conservés par les traditionalistes Gbin pour sa reconstruction, il y a plus de trente ans. Selon les propriétaires terriens, « cette case est le socle de la ville de Bondoukou. Le développement de la ville aux mille mosquées est étroitement lié à cette case ». C’est donc à juste raison que le chef Gbin, Kouakou Yao Dabila, a sollicité, à maintes reprises, l’aide du Conseil général et de la mairie de Bondoukou pour la réhabilitation de cette richesse culturelle commune. « Jusque-là, ces collectivités décentralisée tardent à se manifester. Nous avons demandé à la mairie et au Conseil général d’ériger une clôture autour de ce symbole qui est également un site touristique. Mais aucun d’eux ne s’est encore manifesté. Aucun acte concret, en dépit des nombreuses promesses de ces deux structures», déclare Kouakou Yao Dabila. Encore « la promesse de réhabilitation de la case faite par Augustin Kouadio Komoé, ex-ministre de la Culture et de la Francophonie, lors du dernier festival du Zanzan, n’a pas été tenue », déplore le chef Gbin qui continue, malgré tout, d’entretenir comme il peut l’héritage ancestral abandonné entre ses mains. Tous les ans, il recouvre à nouveau la case de paille. A chaque tornade, préoccupé par le sort de la case, il se tient débout, le regard figé pour prier. La seule personne qui a répondu jusque là, à son cri de détresse est le président de l’Union des nouvelles générations, Stéphane Kipré, qui lui a offert, lors de sa récente visite à Bondoukou, trois tonnes de ciment. Ce don a permis de confectionner des briques qui sont encore perceptibles sur le site. A ce jour, Nanan Kouakou Yao Dabila est à la recherche de moyens pour l’élévation de la clôture et pour la construction de son
habitation afin de veiller efficacement sur la première case et exécuter plus facilement les sacrifices qu’exige son entretien. Malgré tout, Les Gbins, chefs terriens, gardent jalousement l’héritage laissé par Taki Adré, fondateur de Bondoukou. Cette case, qui présente un aspect délabré, est pleine de symboles. Les descendants du fondateur de la ville aux mille mosquées sont en colère. Ils se sentent aujourd’hui écartés de la gestion de leur cité. C’est avec nostalgie qu’ils évoquent le passé. « Dagbolo Taki avait la gestion de toutes les terres même au temps des colons », affirme avec fierté le chef Gbin en brandissant des actes de propriété qui datent de 1958 signés par l’un de ses prédécesseurs. « Aujourd’hui, lorsque des personnalités de ce pays arrivent à Bondoukou, nos cadres et nos élus, par mépris ou par ignorance de l’histoire, ne nous honorent pas comme il se doit », déplore nanan Dabila. A côté de cela, une autre préoccupation semble perturber le sommeil du chef Gbin. Les Nafanas (groupe ethnique) revendiquent la paternité de Bondoukou. Et rejettent le verdict prononcé récemment par nanan Kouassi Adjoumani du village d’Amanvi, lors du récent conflit qui les a opposés aux Gbins. En réalité, ce conflit date de l’époque coloniale. Plusieurs jugements ont été rendus à Bondoukou et à Dakar, au Sénégal. Ces différents jugements ont été en faveur des Gbins.
Jacques Anderson, correspondant régional
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