A la suite des femmes du RHDP conduites par Mme Dao Coulibaly, le chef d'Etat des armées, le général Philippe Mangou, a échangé, hier après midi, à l'état major, avec une forte délégation des jeunes houphouétistes conduite par Karamoko Yayoro, président en exercice du RJDP. Comme il fallait s'y attendre, les échanges ont été houleux. Nous vous en livrons la substance.
Nous avons reçu les femmes du Rhdp, hier (mardi dernier). Aujourd'hui, c'est au tour des jeunes(…) On peut s'asseoir et régler les problèmes avec courtoisie. Ça n'a pas été le cas avec les femmes. Parce qu'elles sont venues et d'entrée ça a été des attaques. Attaques pour attaques, il y a eu des offensives, vous comprenez que ce n'est que vers la fin qu'on a fini par se comprendre. On peut s'asseoir et discuter vde tous les problèmes. C'est ce que nous disons pourvu que tout cela soit empreint de courtoisie. Je voudrais donc vous remercier et dire que nous, notre raison d'être, c'est vous. Ne pensez pas que nous faisons de la différence entre vous et les autres. Non. Pour nous, tous les jeunes Ivoiriens doivent être défendus et protégés. Et c'est pour vous que nous sommes restés sur la ligne de front à nous battre pour permettre aux institutions de la République de rester débout. Pour vous permettre de faire vos études, de vaquer librement à vos occupations (…). Nous ne sommes pas préparés à aller contre notre population. Nous avons des missions. La mission de défendre notre pays en tout temps, en tout lieu, en toute circonstance (…). Souvent, on parle de caractère républicain de l'armée, c'est selon les cas. Quand on est au pouvoir, on reçoit les honneurs de l'armée. On est protégé et défendu parce qu'on défend les institutions de la république, on trouve que l'armée est républicaine. Quand on est dans l'opposition, on dit que l'armée n'est pas républicaine. Hier, je l'ai démontré à nos femmes, moi, j'ai 38 ans, d'armée. Le président Gbagbo, il n'a que 10 ans au pouvoir, mais pendant 28 ans, nous avons servi le président Bédié. Pendant 28 ans, nous avons servi le président Alassane. Pendant 28 ans nous avons servi le président Houphouët. Et ce que hier moi j'ai fait pour le président Bédié, parce qu'à un moment donné, j'ai quand même porté la croix, je porte encore en moi des séquelles pour avoir défendu le fauteuil du président Bédié quand, en 95, certains officiers, s'étaient organisés pour faire un coup d'Etat. Nous avons dit non. Quand ces mêmes officiers sont revenus à la charge en 99 et que le coup d'Etat a eu lieu mais nous avons porté notre croix. L'histoire est têtue et Dieu sait ce qu'il fait. A un moment donné en 95, il nous a mis au devant des événements. En 2000, il nous met encore au devant des événements pour montrer que ce que nous avons fait, hier, est pour Pierre, nous sommes en train de le faire aujourd'hui pour Paul. Nous ne faisons pas de distinction à ce niveau. C'est dire donc que nous ne faisons qu'accomplir notre mission (…). Je voudrais donc vous rassurer que vous avez une armée républicaine qui est là pour défendre tout le monde, tous les Ivoiriens et même tous ceux qui ont accepté de vivre ici avec nous. Donc nous ne faisons pas de distinction. Vous avez parlé de démocratie et que très rapidement, les élections soient organisées. Là-dessus, nous n'avons rien à dire. Pour nous, tant que vous pouvez vous asseoir pour qu'il y ait des débats d'idées entre vous, sans qu'il ne soit fait référence à la violence, nous attendons calmement que les décisions soient prises et notre souhait à nous également, c'est que les élections aient lieues. Mais ce n'est pas à nous d'aller presser qui que ce soit pour dire : " bon, écoute, allez-y aux élections ". Nous nous avons une mission. C'est de sécuriser ces élections, c'est de faire en sorte que ces élections se déroulent dans de bonnes conditions (…). Alors, pour les jeunes que vous êtes, je voudrais vous dire que nous avons connu Houphouët. Vous êtes des jeunes houphouétistes, je voudrais vous dire que nous avons connu le président Houphouët, nous l'avons servi, nous connaissons ses principes et tout ce qu'il fait est à base de dialogue. Je voudrais tout simplement vous demander de vous asseoir, de discuter sans faire usage de la violence. Parce que c'est souvent qu'on dit que l'armée s'immisce dans les affaires politiques. Ah non, c'est vrai qu'on nous appelle la grande muette, mais nous sommes muets quand entre les acteurs politiques, il y a des débats d'idées, tout se passe bien, sans qu'on fasse appel à la violence, sans qu'on fasse appel à la guerre. Nous restons en caserne et nous suivons tout simplement ces débats d'idées. Mais dès l'instant où il y a les violences et les armes, vous invitez l'armée dans le débat parce que l'armée doit intervenir (…). L'armée d'un pays, retenez-le, est à l'image de ce qu'est sa population. Si vous avez une population belliqueuse, vous aurez une armée belliqueuse. Si vous avez une population calme, travailleuse, vous aurez une armée qui va rester dans les casernes (…). Cher frère Yayoro, les chars que nous sortons, ce n'est pas pour aller contre vous (rires dans la salle). Non, je vais vous le dire. Ce n'est pas pour aller contre vous (…). Déjà même que vous êtes engagés dans une offensive, dans le choix de l'armement, vous voyez le choix de l'arme utilisée par l'ennemi. Alors quand l'ennemi utilise la kalach et que vous prenez le char, ah là vous faites du gâchis de munitions. Alors contre des Ivoiriens aux mains nues, vous allez prendre des chars ? Non, c'est des dispositions que nous avons commencé à prendre depuis le déclenchement de la crise pour nous éviter toute surprise. Et la surprise, ce n'est pas vous, la surprise peut venir de l'extérieur (…). Et commander, c'est être renseigné. Donc quand des renseignements nous viennent, nous prenons des dispositions sécuritaires pour vous permettre de circuler et de vaquer tranquillement à vos occupations. Mais, on ne sort pas les chars pour vous (…). Vous nous avez parlé de la grande marche pacifique. Vous avez déjà organisé une marche, l'armée est restée en caserne. Les forces qui sont intervenues, c'était des forces de première et de deuxième catégorie (…). L'encadrement est bien passé. Vous avez fait état des éléments infiltrés. Ce ne sont pas des éléments que nous avons envoyés. Je voudrais vous dire que ces éléments sont du bureau renseignements de l'Etat major. Ils n'étaient pas en mission, ils ont cru aller là-bas nous apporter les renseignements. Mais ils ont été sanctionnés parce que je leur ai dis, une marche qui est déjà pacifique, nous savons que les éléments vont marcher, quels renseignements vous voulez nous donner. Puisque la marche est suivie à la fois par la police et la gendarmerie, qu'est-ce qui a motivé votre déplacement en ce lieu (…) ? Ils ont été sanctionnés, ils sont partis de leur propre gré. Et ils se sont fait prendre. Je voudrais vous donner l'assurance que ce n'est pas nous qui les avons infiltrés mais ils sont partis de leur propre gré (…). Vous savez que nous militaires, nous ne sommes pas spécialistes des marches. Vous allez certainement vous adresser à la police et à la gendarmerie, vous allez essayer d'obtenir une autorisation auprès du ministère de l'Intérieur. Si c'est accordé et que c'est véritablement une marche pacifique, écoutez, je pense que vous serez encadrés pour vous permettre de faire votre marche dans de bonnes conditions. Si vous nous donnez l'assurance que c'est une marche pacifique, nous nous en tenons au mot, nous pensons que ça va bien se passer et que vous serez encadrés comme il se doit (…). Je voudrais aussi mettre l'accent sur le respect des anciens, des aînés. C'est très important. De grâce, ne lancez pas des insanités aux anciens dans les journaux sans les avoir croisés. Nos portes sont ouvertes. Si vous voulez nous rencontrer, venez et nous allons nous asseoir pour discuter. Beaucoup de choses ont été dites dans les journaux (…). Nous voulons véritablement que notre pays aille à la paix parce qu'avec tout ce qui s'est passé, notre pays a été ramené de près de 50 ans en arrière et nous pensons que nous devons rester unis, déterminés et motivés pour ramener notre pays à la paix et non nous asseoir pour concocter des plans pour détruire ce pays (….)
Mangou hausse le ton
après l'intervention de KKB
(…) Alors pour tout ce que vous avez dit, jeune frère KKB, je crois que vous habiller serait mieux pour venir prendre la place des militaires. Vous allez voir que tout ce que vous avez énuméré-là, vous ne pouvez pas le faire étant en tenue. Nous avons des missions et chacun a un rôle à jouer dans une nation. Vous avez parlé de la fesci. Vous êtes vous-même ancien étudiant, nous même, nous l'avons été mais en notre temps, on ne se battait pas à la machette (…). Vous avez raison qu'on vous fasse asseoir avec les autres, je vais le faire (…). Cher frère, il ne faut pas trop regarder les mauvaises choses qui se passent dans les autres pays. Ici en Côte d'Ivoire quand nous disons chaque jour que Dieu fait qu'il a sa main sur ce pays, ce n'est pas de la rigolade. Dieu nous a permis de savoir ce que c'est qu'une mutinerie. Dieu nous a permis de voir ce que c'est qu'un coup d'Etat. En vous référant aux autres pays, vous voulez faire allusion aux coups d'Etat et dire que puisque nous on ne veut pas agir, donc nous ne sommes pas une armée républicaine. Je ne ferai pas de coup d'Etat et personne ne fera de coup d'Etat ici. Et nous le disons chaque fois, celui qui veut faire un coup d'Etat nous trouvera sur son chemin. Et nous disons aussi qu'il y a des enfants de ce pays qui sont prêts à mourir pour ce pays. Nous, nous sommes prêts. D'ailleurs, choisissant le métier des armes, on savait qu'au bout il y a la mort. Mais volontairement, nous avons choisi de le faire. Nous sommes prêts, C'est pourquoi, nous disons, ne nous défiez pas. Parce que vous, vous n'êtes pas préparés à cela. Ne nous défiez pas. Oui, quand Yayoro dit : " le Général Mangou, il ne peut même pas effrayer le cafard de son salon " et que de l'autre côté KKB reprend : " il n'a pas pu régler le problème de l'autre côté " et que son voisin d'à côté demande ma démission, mais nous allons vous habiller et vous allez prendre des armes et on verra ce que vous allez faire. La critique est aisée, l'art difficile. On ne fera pas de coup d'Etat ici. Nous sommes en train de travailler dans le cadre de l'accord politique de Ouagadougou, nous vous encourageons à travailler dans le cadre de cet accord. Tous les leaders ont signé. Bien sûr, après la guerre, quand on veut aller à la paix, c'est difficile. C'est difficile de faire la paix, il y a des embûches. C'est pour cela qu'on doit prendre patience et inviter les militaires à prendre leurs responsabilités. De quelles responsabilités vous parlez ? Nous ne prendrons pas de responsabilités. Ce qui s'est passé au Niger, ce n'est pas la bonne image. En Guinée, vous avez vu, quand on arrive, on est applaudi par le peuple et puis quelque temps après… Un coup d'Etat dans un pays quand on le réussit, quelque temps après, c'est le militaire qui devient le loup pour un autre militaire, le loup pour la population et c'est des morts à n'en point finir. Et ce n'est pas une bonne chose. Enlevez-vous ça de la tête. Moi, je dis que je n'en ferai pas. Celui qui réussit, s'il veut me tuer, il peut me tuer. Mais moi, je n'en ferai pas et je suis sûr qu'aucun des officiers ici présents n'en fera parce qu'ils se sont battus, hier pour maintenir débout les institutions. Et je suis sûr que personne n'ira contre ces institutions. Quand je vous dis que les élections, nous, on ne s'engage pas pour le moment, je n'ai pas dit que ça ne nous intéresse pas. Il y a des choses à faire pour aller aux élections. Et ça, c'est de votre compétence, ce n'est pas de la compétence de l'armée (…). Sécuriser les élections, voici notre mission. Mais, ce n'est pas nous qui allons faire les listes électorales. Vous parlez d'audit, ce n'est pas nous qui allons le faire. Ce n'est pas nous qui allons fixer la date des élections, non plus (...). N'ayez pas l'esprit d'aller vite pour brûler le pays. Vous nous croiserez. Ça, c'est clair, je ne vais passer deux ans sur la ligne de front dans des conditions extrêmement difficiles pour qu'en dernier moment, on vienne me marcher sur les pieds. Non, je ne laisserai pas faire et sachez que les militaires sont préparés aussi à cela (…). Vous avez raison de rappeler que j'ai 38ans, de service. Nous on a fini presque. Et je le dis à qui veut l'entendre, un bon chef d'Etat major ne sert qu'un seul président de la République. Le président a le droit de le démettre à tout moment. Mais, si demain, ce président n'est plus là, ce chef d'état major doit pouvoir se retirer (…). Donc, moi, j'ai presque fini. Tout ce que nous faisons, c'est pour vous (…). Il faut respecter les aînés (…) J'avais juré et ça, je vous fais une confidence, la main sur le cœur de faire la peau à Yayoro, moi, j'avais juré. Je ne le connaissais pas. Pour son insolence. Il a fallu Henriette Diabaté et d'autres pour me dire, " il faut laisser tomber c'est ton petit frère (…) ". Kkb me demande de libérer son élément. Il y a un Dieu pour tous. S'il n'a rien fait, il serait libéré. On n'a pas à forcer sa libération (…). Pourquoi voulez-vous que j'aille dire à Brou Amessan de changer le programme de la télévision. La télévision a son programme, je ne me mêle pas de ça (…).
Propos recueillis par Diarrassouba Sory
Nous avons reçu les femmes du Rhdp, hier (mardi dernier). Aujourd'hui, c'est au tour des jeunes(…) On peut s'asseoir et régler les problèmes avec courtoisie. Ça n'a pas été le cas avec les femmes. Parce qu'elles sont venues et d'entrée ça a été des attaques. Attaques pour attaques, il y a eu des offensives, vous comprenez que ce n'est que vers la fin qu'on a fini par se comprendre. On peut s'asseoir et discuter vde tous les problèmes. C'est ce que nous disons pourvu que tout cela soit empreint de courtoisie. Je voudrais donc vous remercier et dire que nous, notre raison d'être, c'est vous. Ne pensez pas que nous faisons de la différence entre vous et les autres. Non. Pour nous, tous les jeunes Ivoiriens doivent être défendus et protégés. Et c'est pour vous que nous sommes restés sur la ligne de front à nous battre pour permettre aux institutions de la République de rester débout. Pour vous permettre de faire vos études, de vaquer librement à vos occupations (…). Nous ne sommes pas préparés à aller contre notre population. Nous avons des missions. La mission de défendre notre pays en tout temps, en tout lieu, en toute circonstance (…). Souvent, on parle de caractère républicain de l'armée, c'est selon les cas. Quand on est au pouvoir, on reçoit les honneurs de l'armée. On est protégé et défendu parce qu'on défend les institutions de la république, on trouve que l'armée est républicaine. Quand on est dans l'opposition, on dit que l'armée n'est pas républicaine. Hier, je l'ai démontré à nos femmes, moi, j'ai 38 ans, d'armée. Le président Gbagbo, il n'a que 10 ans au pouvoir, mais pendant 28 ans, nous avons servi le président Bédié. Pendant 28 ans, nous avons servi le président Alassane. Pendant 28 ans nous avons servi le président Houphouët. Et ce que hier moi j'ai fait pour le président Bédié, parce qu'à un moment donné, j'ai quand même porté la croix, je porte encore en moi des séquelles pour avoir défendu le fauteuil du président Bédié quand, en 95, certains officiers, s'étaient organisés pour faire un coup d'Etat. Nous avons dit non. Quand ces mêmes officiers sont revenus à la charge en 99 et que le coup d'Etat a eu lieu mais nous avons porté notre croix. L'histoire est têtue et Dieu sait ce qu'il fait. A un moment donné en 95, il nous a mis au devant des événements. En 2000, il nous met encore au devant des événements pour montrer que ce que nous avons fait, hier, est pour Pierre, nous sommes en train de le faire aujourd'hui pour Paul. Nous ne faisons pas de distinction à ce niveau. C'est dire donc que nous ne faisons qu'accomplir notre mission (…). Je voudrais donc vous rassurer que vous avez une armée républicaine qui est là pour défendre tout le monde, tous les Ivoiriens et même tous ceux qui ont accepté de vivre ici avec nous. Donc nous ne faisons pas de distinction. Vous avez parlé de démocratie et que très rapidement, les élections soient organisées. Là-dessus, nous n'avons rien à dire. Pour nous, tant que vous pouvez vous asseoir pour qu'il y ait des débats d'idées entre vous, sans qu'il ne soit fait référence à la violence, nous attendons calmement que les décisions soient prises et notre souhait à nous également, c'est que les élections aient lieues. Mais ce n'est pas à nous d'aller presser qui que ce soit pour dire : " bon, écoute, allez-y aux élections ". Nous nous avons une mission. C'est de sécuriser ces élections, c'est de faire en sorte que ces élections se déroulent dans de bonnes conditions (…). Alors, pour les jeunes que vous êtes, je voudrais vous dire que nous avons connu Houphouët. Vous êtes des jeunes houphouétistes, je voudrais vous dire que nous avons connu le président Houphouët, nous l'avons servi, nous connaissons ses principes et tout ce qu'il fait est à base de dialogue. Je voudrais tout simplement vous demander de vous asseoir, de discuter sans faire usage de la violence. Parce que c'est souvent qu'on dit que l'armée s'immisce dans les affaires politiques. Ah non, c'est vrai qu'on nous appelle la grande muette, mais nous sommes muets quand entre les acteurs politiques, il y a des débats d'idées, tout se passe bien, sans qu'on fasse appel à la violence, sans qu'on fasse appel à la guerre. Nous restons en caserne et nous suivons tout simplement ces débats d'idées. Mais dès l'instant où il y a les violences et les armes, vous invitez l'armée dans le débat parce que l'armée doit intervenir (…). L'armée d'un pays, retenez-le, est à l'image de ce qu'est sa population. Si vous avez une population belliqueuse, vous aurez une armée belliqueuse. Si vous avez une population calme, travailleuse, vous aurez une armée qui va rester dans les casernes (…). Cher frère Yayoro, les chars que nous sortons, ce n'est pas pour aller contre vous (rires dans la salle). Non, je vais vous le dire. Ce n'est pas pour aller contre vous (…). Déjà même que vous êtes engagés dans une offensive, dans le choix de l'armement, vous voyez le choix de l'arme utilisée par l'ennemi. Alors quand l'ennemi utilise la kalach et que vous prenez le char, ah là vous faites du gâchis de munitions. Alors contre des Ivoiriens aux mains nues, vous allez prendre des chars ? Non, c'est des dispositions que nous avons commencé à prendre depuis le déclenchement de la crise pour nous éviter toute surprise. Et la surprise, ce n'est pas vous, la surprise peut venir de l'extérieur (…). Et commander, c'est être renseigné. Donc quand des renseignements nous viennent, nous prenons des dispositions sécuritaires pour vous permettre de circuler et de vaquer tranquillement à vos occupations. Mais, on ne sort pas les chars pour vous (…). Vous nous avez parlé de la grande marche pacifique. Vous avez déjà organisé une marche, l'armée est restée en caserne. Les forces qui sont intervenues, c'était des forces de première et de deuxième catégorie (…). L'encadrement est bien passé. Vous avez fait état des éléments infiltrés. Ce ne sont pas des éléments que nous avons envoyés. Je voudrais vous dire que ces éléments sont du bureau renseignements de l'Etat major. Ils n'étaient pas en mission, ils ont cru aller là-bas nous apporter les renseignements. Mais ils ont été sanctionnés parce que je leur ai dis, une marche qui est déjà pacifique, nous savons que les éléments vont marcher, quels renseignements vous voulez nous donner. Puisque la marche est suivie à la fois par la police et la gendarmerie, qu'est-ce qui a motivé votre déplacement en ce lieu (…) ? Ils ont été sanctionnés, ils sont partis de leur propre gré. Et ils se sont fait prendre. Je voudrais vous donner l'assurance que ce n'est pas nous qui les avons infiltrés mais ils sont partis de leur propre gré (…). Vous savez que nous militaires, nous ne sommes pas spécialistes des marches. Vous allez certainement vous adresser à la police et à la gendarmerie, vous allez essayer d'obtenir une autorisation auprès du ministère de l'Intérieur. Si c'est accordé et que c'est véritablement une marche pacifique, écoutez, je pense que vous serez encadrés pour vous permettre de faire votre marche dans de bonnes conditions. Si vous nous donnez l'assurance que c'est une marche pacifique, nous nous en tenons au mot, nous pensons que ça va bien se passer et que vous serez encadrés comme il se doit (…). Je voudrais aussi mettre l'accent sur le respect des anciens, des aînés. C'est très important. De grâce, ne lancez pas des insanités aux anciens dans les journaux sans les avoir croisés. Nos portes sont ouvertes. Si vous voulez nous rencontrer, venez et nous allons nous asseoir pour discuter. Beaucoup de choses ont été dites dans les journaux (…). Nous voulons véritablement que notre pays aille à la paix parce qu'avec tout ce qui s'est passé, notre pays a été ramené de près de 50 ans en arrière et nous pensons que nous devons rester unis, déterminés et motivés pour ramener notre pays à la paix et non nous asseoir pour concocter des plans pour détruire ce pays (….)
Mangou hausse le ton
après l'intervention de KKB
(…) Alors pour tout ce que vous avez dit, jeune frère KKB, je crois que vous habiller serait mieux pour venir prendre la place des militaires. Vous allez voir que tout ce que vous avez énuméré-là, vous ne pouvez pas le faire étant en tenue. Nous avons des missions et chacun a un rôle à jouer dans une nation. Vous avez parlé de la fesci. Vous êtes vous-même ancien étudiant, nous même, nous l'avons été mais en notre temps, on ne se battait pas à la machette (…). Vous avez raison qu'on vous fasse asseoir avec les autres, je vais le faire (…). Cher frère, il ne faut pas trop regarder les mauvaises choses qui se passent dans les autres pays. Ici en Côte d'Ivoire quand nous disons chaque jour que Dieu fait qu'il a sa main sur ce pays, ce n'est pas de la rigolade. Dieu nous a permis de savoir ce que c'est qu'une mutinerie. Dieu nous a permis de voir ce que c'est qu'un coup d'Etat. En vous référant aux autres pays, vous voulez faire allusion aux coups d'Etat et dire que puisque nous on ne veut pas agir, donc nous ne sommes pas une armée républicaine. Je ne ferai pas de coup d'Etat et personne ne fera de coup d'Etat ici. Et nous le disons chaque fois, celui qui veut faire un coup d'Etat nous trouvera sur son chemin. Et nous disons aussi qu'il y a des enfants de ce pays qui sont prêts à mourir pour ce pays. Nous, nous sommes prêts. D'ailleurs, choisissant le métier des armes, on savait qu'au bout il y a la mort. Mais volontairement, nous avons choisi de le faire. Nous sommes prêts, C'est pourquoi, nous disons, ne nous défiez pas. Parce que vous, vous n'êtes pas préparés à cela. Ne nous défiez pas. Oui, quand Yayoro dit : " le Général Mangou, il ne peut même pas effrayer le cafard de son salon " et que de l'autre côté KKB reprend : " il n'a pas pu régler le problème de l'autre côté " et que son voisin d'à côté demande ma démission, mais nous allons vous habiller et vous allez prendre des armes et on verra ce que vous allez faire. La critique est aisée, l'art difficile. On ne fera pas de coup d'Etat ici. Nous sommes en train de travailler dans le cadre de l'accord politique de Ouagadougou, nous vous encourageons à travailler dans le cadre de cet accord. Tous les leaders ont signé. Bien sûr, après la guerre, quand on veut aller à la paix, c'est difficile. C'est difficile de faire la paix, il y a des embûches. C'est pour cela qu'on doit prendre patience et inviter les militaires à prendre leurs responsabilités. De quelles responsabilités vous parlez ? Nous ne prendrons pas de responsabilités. Ce qui s'est passé au Niger, ce n'est pas la bonne image. En Guinée, vous avez vu, quand on arrive, on est applaudi par le peuple et puis quelque temps après… Un coup d'Etat dans un pays quand on le réussit, quelque temps après, c'est le militaire qui devient le loup pour un autre militaire, le loup pour la population et c'est des morts à n'en point finir. Et ce n'est pas une bonne chose. Enlevez-vous ça de la tête. Moi, je dis que je n'en ferai pas. Celui qui réussit, s'il veut me tuer, il peut me tuer. Mais moi, je n'en ferai pas et je suis sûr qu'aucun des officiers ici présents n'en fera parce qu'ils se sont battus, hier pour maintenir débout les institutions. Et je suis sûr que personne n'ira contre ces institutions. Quand je vous dis que les élections, nous, on ne s'engage pas pour le moment, je n'ai pas dit que ça ne nous intéresse pas. Il y a des choses à faire pour aller aux élections. Et ça, c'est de votre compétence, ce n'est pas de la compétence de l'armée (…). Sécuriser les élections, voici notre mission. Mais, ce n'est pas nous qui allons faire les listes électorales. Vous parlez d'audit, ce n'est pas nous qui allons le faire. Ce n'est pas nous qui allons fixer la date des élections, non plus (...). N'ayez pas l'esprit d'aller vite pour brûler le pays. Vous nous croiserez. Ça, c'est clair, je ne vais passer deux ans sur la ligne de front dans des conditions extrêmement difficiles pour qu'en dernier moment, on vienne me marcher sur les pieds. Non, je ne laisserai pas faire et sachez que les militaires sont préparés aussi à cela (…). Vous avez raison de rappeler que j'ai 38ans, de service. Nous on a fini presque. Et je le dis à qui veut l'entendre, un bon chef d'Etat major ne sert qu'un seul président de la République. Le président a le droit de le démettre à tout moment. Mais, si demain, ce président n'est plus là, ce chef d'état major doit pouvoir se retirer (…). Donc, moi, j'ai presque fini. Tout ce que nous faisons, c'est pour vous (…). Il faut respecter les aînés (…) J'avais juré et ça, je vous fais une confidence, la main sur le cœur de faire la peau à Yayoro, moi, j'avais juré. Je ne le connaissais pas. Pour son insolence. Il a fallu Henriette Diabaté et d'autres pour me dire, " il faut laisser tomber c'est ton petit frère (…) ". Kkb me demande de libérer son élément. Il y a un Dieu pour tous. S'il n'a rien fait, il serait libéré. On n'a pas à forcer sa libération (…). Pourquoi voulez-vous que j'aille dire à Brou Amessan de changer le programme de la télévision. La télévision a son programme, je ne me mêle pas de ça (…).
Propos recueillis par Diarrassouba Sory