La peur habite les milliers de personnes vivant avec le VIH/sida, avec la montée de la tension sociale. Les conséquences de ces crises sont si importantes que des experts proposent que le sida soit traité comme une question de sécurité nationale.
Les risques d’une reprise de la guerre
La tension monte entre les différents acteurs politiques ivoiriens. Tous les ingrédients d’une reprise des hostilités se mettent en place, au fur et à mesure que la date des élections approche.
Ces violences font planer les risques énormes sur la vie de plusieurs personnes, mais une frange risque d’en faire plus les frais. Il s’agit de personnes souffrant de maladies chroniques et particulièrement celles vivant avec le Vih/ sida. Le cas de ces personnes retient l’attention, en raison du fait qu’elles constituent une couche vulnérable cela eu égard à leur statut sérologique et la stigmatisation qui y est liée et surtout pour les conséquences d’une rupture de médicaments sur leur état de santé. Depuis le mois d’août 2008, le traitement antirétroviral a été rendu gratuit par le gouvernement, dans tous les établissements sanitaires publics. Cette mesure est intervenue au moment où le pays enregistrait 750.000 personnes dont 104 000 éligibles. Et pour l’année 2008- 2009 ce sont 77 000 personnes qui étaient prises en charge. Selon le Dr Sibally, du Plan d’urgence américain, en 2010, ce chiffre devra atteindre 104 000 personnes. Tous les acteurs sont d'accord sur un point : ce projet de gratuité des antirétroviraux doit être un projet sur le long terme car, une fois lancé, le traitement ne peut être interrompu au risque de voir le malade développer des résistances aux autres médicaments, mettant sa vie en danger. Reste à rembourser les examens biologiques qui sont toujours à la charge des malades, notamment ceux qui sont demandés avant d'initier un traitement. Faute d'argent pour ces examens, par exemple pour le comptage des CD4, certains malades n'ont alors pas accès à ces antirétroviraux gratuits.
L'autre souci est d'avoir un accès régulier à ces médicaments. Ce qui explique l’alerte donnée au mois de février par Coulibaly Issiaka, président du Réseau ivoirien des personnes vivant avec le Vih, lorsque certaines molécules avaient commencé à disparaître sur une semaine sur le marché.
Une situation heureusement vite rattrapée par la pharmacie de la santé publique et des organismes chargés de lutter contre la pathologie. Certains responsables de la pharmacie, sous le sceau de l’anonymat, ont déploré « cette panique rapide des personnes vivant avec le Vih, puisqu’il ne s’agissait que d’une molécule », déplore un responsable de la Psp. C’est que les malades ont en tête le drame de 2005.
Eviter le scénario de 2005
Cette année, durant trois mois, certaines molécules comme les Stockins ont manqué sur le marché ivoirien. Cette situation découlait de la crise qui avait perturbé le système d’approvisionnement de la pharmacie de la santé publique(Psp) en Arv. Plusieurs raisons expliquaient cette situation, à savoir d’abord, le manque de liquidité et le passif de l’Etat vis-à-vis des gros fournisseurs extérieurs qui entendaient désormais être réglés rubis sur ongle. A cela, il faut ajouter le manque de coordination entre les structures à charge de la prise en charge des personnes portant le virus. Puisque pendant que deux molécules manquaient en 2005, d’autres étaient en surnombre dans les officines et centres de distribution. Aussi en plus des difficultés de déplacement, on notait aussi le manque de personnels de santé dans les zones centre, nord et ouest(Cno). Cela dit, depuis une decennie, on constate une embellie dans la lutte en Afrique.
Les crises ont diminué en Afrique australe, permettant une meilleure organisation de la distribution des médicaments. L’Afrique du Sud qui constituait un réservoir pour la pandémie en raison du refus du précédent gouvernement d’appliquer la politique de distribution des Arv a revu sa position. Toute chose qui contribue à améliorer la situation de lutte contre le Vih sur le continent africain. Pour les experts, les voyages et les contacts entre les hommes imposent une coordination à l’échelle continentale de la lutte. Une situation similaire à la lutte contre la poliomyélite. Les choses étaient compliquées dans la sous-région ouest-africaine avec le refus des autorités locales du Nord du Nigeria. C’est pour prévenir ce genre de situations que de nombreux experts en viennent à la conclusion qu’il faut traiter la lutte contre le Vih / sida avec la même délicatesse et importance que la sécurité des pays. « La prévention du Vih/sida et la prévention de conflits devraient être concomitantes. Elles sont les deux lames de la même paire de ciseaux capables de couper la corde qui étrangle l'Afrique. Aujourd'hui, un pays africain sur quatre souffre des effets des conflits armés », préconise les experts de l’Ong américaine Crisis Group dans un rapport. Toujours selon les mêmes experts, La corrélation entre le Vih/sida et la guerre est difficile à mesurer avec précision car les données sont loin d'être exhaustives et de nombreux facteurs interagissent. Néanmoins, selon les quelques données disponibles, la guerre peut mener à une hausse des risques du Sida et le Vih/Sida aggraver les conflits. Alors que le rapport entre ces deux fléaux est trop complexe pour être appréhendé simplement en termes de cause à effet, il est important d'observer comment la pandémie du Sida en Afrique conduit à plus d'instabilité et de conflits sur le continent, et comment, à son tour, un conflit violent génère les conditions favorables à la prolifération du virus. Certes beaucoup est fait pour l’amélioration de la couverture des malades grâce aux soutiens de partenaires comme le Plan d’urgence américain et le Fonds mondial de lutte contre le sida et la tuberculose, qui ont investi 18 millions d’euros pour l’année 2008-2009 pour la prise en charge pour l’accès aux soins de personnes touchées par le Vih. Tous ces efforts risques d’être mis à mal par les bruits de bottes entendus ces jours-ci.
Mamadou Doumbes
Les risques d’une reprise de la guerre
La tension monte entre les différents acteurs politiques ivoiriens. Tous les ingrédients d’une reprise des hostilités se mettent en place, au fur et à mesure que la date des élections approche.
Ces violences font planer les risques énormes sur la vie de plusieurs personnes, mais une frange risque d’en faire plus les frais. Il s’agit de personnes souffrant de maladies chroniques et particulièrement celles vivant avec le Vih/ sida. Le cas de ces personnes retient l’attention, en raison du fait qu’elles constituent une couche vulnérable cela eu égard à leur statut sérologique et la stigmatisation qui y est liée et surtout pour les conséquences d’une rupture de médicaments sur leur état de santé. Depuis le mois d’août 2008, le traitement antirétroviral a été rendu gratuit par le gouvernement, dans tous les établissements sanitaires publics. Cette mesure est intervenue au moment où le pays enregistrait 750.000 personnes dont 104 000 éligibles. Et pour l’année 2008- 2009 ce sont 77 000 personnes qui étaient prises en charge. Selon le Dr Sibally, du Plan d’urgence américain, en 2010, ce chiffre devra atteindre 104 000 personnes. Tous les acteurs sont d'accord sur un point : ce projet de gratuité des antirétroviraux doit être un projet sur le long terme car, une fois lancé, le traitement ne peut être interrompu au risque de voir le malade développer des résistances aux autres médicaments, mettant sa vie en danger. Reste à rembourser les examens biologiques qui sont toujours à la charge des malades, notamment ceux qui sont demandés avant d'initier un traitement. Faute d'argent pour ces examens, par exemple pour le comptage des CD4, certains malades n'ont alors pas accès à ces antirétroviraux gratuits.
L'autre souci est d'avoir un accès régulier à ces médicaments. Ce qui explique l’alerte donnée au mois de février par Coulibaly Issiaka, président du Réseau ivoirien des personnes vivant avec le Vih, lorsque certaines molécules avaient commencé à disparaître sur une semaine sur le marché.
Une situation heureusement vite rattrapée par la pharmacie de la santé publique et des organismes chargés de lutter contre la pathologie. Certains responsables de la pharmacie, sous le sceau de l’anonymat, ont déploré « cette panique rapide des personnes vivant avec le Vih, puisqu’il ne s’agissait que d’une molécule », déplore un responsable de la Psp. C’est que les malades ont en tête le drame de 2005.
Eviter le scénario de 2005
Cette année, durant trois mois, certaines molécules comme les Stockins ont manqué sur le marché ivoirien. Cette situation découlait de la crise qui avait perturbé le système d’approvisionnement de la pharmacie de la santé publique(Psp) en Arv. Plusieurs raisons expliquaient cette situation, à savoir d’abord, le manque de liquidité et le passif de l’Etat vis-à-vis des gros fournisseurs extérieurs qui entendaient désormais être réglés rubis sur ongle. A cela, il faut ajouter le manque de coordination entre les structures à charge de la prise en charge des personnes portant le virus. Puisque pendant que deux molécules manquaient en 2005, d’autres étaient en surnombre dans les officines et centres de distribution. Aussi en plus des difficultés de déplacement, on notait aussi le manque de personnels de santé dans les zones centre, nord et ouest(Cno). Cela dit, depuis une decennie, on constate une embellie dans la lutte en Afrique.
Les crises ont diminué en Afrique australe, permettant une meilleure organisation de la distribution des médicaments. L’Afrique du Sud qui constituait un réservoir pour la pandémie en raison du refus du précédent gouvernement d’appliquer la politique de distribution des Arv a revu sa position. Toute chose qui contribue à améliorer la situation de lutte contre le Vih sur le continent africain. Pour les experts, les voyages et les contacts entre les hommes imposent une coordination à l’échelle continentale de la lutte. Une situation similaire à la lutte contre la poliomyélite. Les choses étaient compliquées dans la sous-région ouest-africaine avec le refus des autorités locales du Nord du Nigeria. C’est pour prévenir ce genre de situations que de nombreux experts en viennent à la conclusion qu’il faut traiter la lutte contre le Vih / sida avec la même délicatesse et importance que la sécurité des pays. « La prévention du Vih/sida et la prévention de conflits devraient être concomitantes. Elles sont les deux lames de la même paire de ciseaux capables de couper la corde qui étrangle l'Afrique. Aujourd'hui, un pays africain sur quatre souffre des effets des conflits armés », préconise les experts de l’Ong américaine Crisis Group dans un rapport. Toujours selon les mêmes experts, La corrélation entre le Vih/sida et la guerre est difficile à mesurer avec précision car les données sont loin d'être exhaustives et de nombreux facteurs interagissent. Néanmoins, selon les quelques données disponibles, la guerre peut mener à une hausse des risques du Sida et le Vih/Sida aggraver les conflits. Alors que le rapport entre ces deux fléaux est trop complexe pour être appréhendé simplement en termes de cause à effet, il est important d'observer comment la pandémie du Sida en Afrique conduit à plus d'instabilité et de conflits sur le continent, et comment, à son tour, un conflit violent génère les conditions favorables à la prolifération du virus. Certes beaucoup est fait pour l’amélioration de la couverture des malades grâce aux soutiens de partenaires comme le Plan d’urgence américain et le Fonds mondial de lutte contre le sida et la tuberculose, qui ont investi 18 millions d’euros pour l’année 2008-2009 pour la prise en charge pour l’accès aux soins de personnes touchées par le Vih. Tous ces efforts risques d’être mis à mal par les bruits de bottes entendus ces jours-ci.
Mamadou Doumbes