Dans la sphère politico-judiciaire, c'est l'affaire qui défraie en ce moment la polémique. Le secrétaire général du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci-Rda) par ailleurs, président du directoire du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) est convoqué par le procureur militaire, Ange Kessy Kouamé. Ce dernier, arguant que l'autopsie des corps des militants de la coalition de l'opposition ivoirienne tombés lors de manifestations éclatées, n'a pu se faire, a besoin d'entendre des témoins de l'affaire pour faire éclater la vérité. Une démarche qui apparaît cocasse aux yeux de nombreux observateurs d'autant plus que le témoin que veut à tout prix entendre Ange Kessy Kouamé, est un civil. Dès lors, la question que l'opinion se pose, c'est de savoir pourquoi est le tribunal militaire qui veut entendre l'homme-orchestre du Rhdp ? Le tort du président du directoire du Rhdp est d'avoir appelé le 13 février dernier ses militants à « s'opposer par tous moyens » à la décision du chef de l'Etat, Laurent Gbagbo de dissoudre le gouvernement et la Commission électorale indépendante (Cei). Là-dessus, les juristes sont formels : Alphonse Djédjé Mady ne peut pas être arrêté par l'autorité militaire, pour quelque motif que ce soit. Ce que le procureur militaire ne dément pas puisque lui-même admet, volontiers, que « le tribunal (militaire, Ndlr) n'est pas compétent pour juger un civil », avant de préciser : « Mais il est compétent pour entendre un civil comme témoin ». C'est d'ailleurs à ce niveau que l'initiative du procureur militaire ne rencontre pas l'assentiment des hommes de droit que nous avons joints, hier. « La démarche du procureur militaire emprunte sans doute des voies politiques, sinon, il n'est pas fondé à entendre M. Djédjé Mady ». Si on en croit ce qui fonde leur thèse, c'est parce que l'affaire des militants du Rhdp tués notamment à Gagnoa, Daloa et Abobo (Abidjan) relève plutôt du civil.
Marc Dossa
Marc Dossa