Laisser pourrir les choses et ensuite se présenter comme le sauveur. C’est toujours ainsi que Laurent Gbagbo s’est comporté dans les situations difficiles que connaissent les populations ivoiriennes. Le chef de l’Etat qui a un sérieux problème d’image ces dernières années, s’accroche à tout pour essayer de rebondir. Dans cette quête narcissique, tous les moyens sont bons pour paraître aux yeux de ses compatriotes comme l’homme providentiel. Peu importe la manière. Même les procédés les plus abjects et inhumains ne sont pas écartés dans cette envie désespérée de plaire à tout prix. Parmi ces derniers, ce qu’il affectionne le plus est l’art du pourrissement. C’est-à-dire faire perdurer la souffrance des populations pour mieux paraître comme celui par qui «le salut du peuple doit passer obligatoirement». Il règne chez Laurent Gbagbo une sorte de complexe qui le pousse à chaque occasion à prouver que c’est lui qui est «à la barre» ou que c’est lui qui a «la signature». Aujourd’hui, les transporteurs sont en grève. Cela fait trois jours qu’ils manifestent contre les augmentations intempestives du prix du carburant. Une situation qui fait énormément souffrir la population. Surtout celle-de loin la frange largement majoritaire- qui n’a pas les moyens de s’acheter un véhicule. Les usagers souffrent actuellement le martyre. Les Ivoiriens sont obligés ces derniers jours, de parcourir plusieurs kilomètres à pied pour se rendre à leurs lieux de travail. Les denrées alimentaires, faute de moyens de transport, sont en train de se raréfier sur nos marchés. Des femmes enceintes sont condamnées à accoucher à la maison. Certains malades meurent sur le chemin qui les conduit à l’hôpital. D’autres s’éteignent à petits feux. Parce qu’il n’y a pas de véhicule pour les transporter dans un centre hospitalier. Et pendant ce temps, que fait le chef de l’Etat? Il regarde les choses empirer. Puisque, depuis deux jours, ses collaborateurs que sont les ministres impliqués dans la crise, n’arrivent pas à arracher un accord aux transporteurs. Il attend tel le pompier de la dernière minute pour venir éteindre l’incendie. Peu importe si cela doit coûter la vie aux populations ou faire souffrir les Ivoiriens. Pourvu que, politiquement et en terme d’image, cette manière d’agir lui rapporte quelque chose. En la matière, Laurent Gbagbo n’est pas à son premier coup. On se souvient que lors de la grève des médecins en 2008, il a attendu d’abord l’enregistrement des premiers morts avant de réagir. En février dernier, c’est trois semaines après les premières coupures d’électricité et d’eau qu’il a daigné s’adresser à la nation à travers un discours où il a le plus passé le temps à accabler ses adversaires qu’à reconnaître sa propre responsabilité. Que dire des autres grèves comme celle des enseignants où sa propension à laisser volontairement tasser les choses a compromis durablement les acquis de l’école ivoirienne? Laurent Gbagbo montera peut-être ces prochaines heures au créneau pour mettre fin à la crise qui a cours en ce moment dans le secteur du transport. Il ne faut pas perdre de vue qu’il agira en tant qu’un faux pompier qui est à l’origine de ce énième incendie. A coup sûr, il n’agit pas pour faire plaisir aux Ivoiriens. Mais dans le but de passer une bonne couche de vernis à son image qui a pris un sérieux coup de vieux ces derniers temps.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly