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Économie Publié le mardi 20 avril 2010 | Nord-Sud

Pèlerinage à La Mecque : Où sont passés les 13 milliards du hadj 2009 ?

© Nord-Sud Par Emma
Religion / Islam : Le Cheick Aïma, El hadj Boikary Fofana, chef de la communauté Musulmane de Côte d`Ivoire
Le Conseil supérieur des imams organise, samedi, l’assemblée générale constitutive du Bureau ivoirien du hadj et de la oumra (Biho). Les guides ont expliqué hier les raisons de leur démarche. C’était au cabinet du cheikh Boikary Fofana, aux II-Plateaux- Aghien.

Ils ont mis les pieds dans le plat. Les imams de Côte d’Ivoire ont révélé hier, devant la presse, de graves dysfonctionnements dans l’organisation du hadj 2009. Des anomalies qui frisent, à leurs yeux, le détournement, à d’autres fins, de l’appui financier de l’Etat à ce voyage. Ils ne comprennent pas qu’avec un budget annoncé de 13. 000. 000. 000 Fcfa, l’édition écoulée se soit soldée par un déficit. Quatre mois après le retour des pèlerins, la Côte d’Ivoire doit, en effet, plus de 1.400.000.000 de Fcfa à des prestataires saoudiens. Le budget comprend pourtant l’apport des pèlerins. 2.000 voyageurs ont payé au Trésor public la somme 1.500.000 Fcfa, chacun. Le même montant est censé avoir été décaissé pour le millier de participants dont le hadj a été financé par l’Etat et ses démembrements. Sans oublier la subvention étatique qui devait offrir un certain confort à la délégation ivoirienne. Selon le Dr Cissé Abdoul Karim, conseiller spécial et représentant du cheikh Boikary Fofana au hadj 2009, malgré tous ces fonds, cette édition aura été des moins aisées pour les fidèles. Contrairement au hadj 2008, où ils étaient logés dans un seul immeuble à Médine, l’immeuble Taïba, les pèlerins ont été disséminés dans 14 bâtiments à travers la ville. Tout en les éloignant de la Sainte mosquée, cette dispersion a rendu difficile leur encadrement religieux. Pareil pour la prise en charge médico-sociale, la restauration, etc.

A quoi ont servi les fonds ?

A en croire le Dr Cissé, en plus d’être de qualité approximative, les repas étaient régulièrement servis tardivement dans nombre de bâtiments. Las d’attendre, les pèlerins étaient parfois obligés de se nourrir à leurs propres frais.
A La Mecque, la restauration était exclusivement assurée à l’hôtel ‘’Maccah Grand Coral’’ malgré la présence d’installations adaptées à ce type de service dans les autres immeubles abritant des membres de la délégation. Conséquence, ceux-ci étaient confrontés à des problèmes de sécurité, parce que obligés de traverser plusieurs fois par jour le boulevard le plus fréquenté par les automobilistes. D’après l’envoyé du cheikh, à Arafat, la totale inorganisation du service a non seulement privé de repas certaines per?son?nes, mais a aussi perturbé le temps consacré à l’adoration. Au chapitre du transport aérien, le conférencier, entouré des imams Diakité Ousmane, de la mosquée Arafat de la Riviera Bonoumin, et Sékou Sylla de la mosquée An nour de la Riviera II, a dénoncé un paradoxe.

Les imams exigent la transparence

«Sous le couvert de la subvention de l’Etat, le coût du billet d’avion est multiplié par deux. C’est-à-dire, 1.200.000 Fcfa pour le charter, là où le vol régulier coûte en moyenne 600.000 Fcfa », a-t-il déploré. La liste des griefs est loin d’être exhaustive. Les imams regrettent une gestion solitaire et opaque de l’Etat. Est visé ici le ministère de l’Intérieur qui coordonne les opérations depuis l’échec de 2006, et dont le bilan de 2009 est toujours attendu. Pour le Cosim, qui dit être exclu des grandes décisions, le hadj pourrait coûter moins cher au pèlerin et être de meilleure qualité si son budget est élaboré dans la transparence et l’objectivité. Cela permettra de choisir le transporteur aérien par appel d’offres et de désigner le mieux offrant. Et de mettre fin à la pratique qui assimile la subvention à une aide de l’Etat, à sa compagnie nationale. Au nom de la laïcité, le Cosim demande aux autorités de se limiter à leur rôle régalien et de replacer la communauté musulmane au centre de l’organisation. Il souhaite une réorientation de la subvention de l’Etat. La politique qui consiste à offrir le voyage chaque année à plus d’un millier de personnes dites ‘’pèlerins des institutions’’, a été critiquée. Les dignitaires constatent que ce choix cause des préjudices au grand groupe de pèlerins qui financent eux-mêmes leur voyage.
D’une part, les modalités de règlement de la prise en charge des invités de l’Etat perturbent sérieusement la comptabilité de l’opération. D’autre part, le chevauchement des listes des pèlerins contribuables et celles des pèlerins pris en charge est source de confusion. La non-maîtrise du nombre exact des membres du second groupe, les conditions de leur désignation, le manque d’homogénéité dans les niveaux d’assistance d’une institution à l’autre suscitent des dérives au fil des ans. Au dire de Cissé Abdoul Karim, le peu d’empressement de certains pèlerins à s’inscrire avant la clôture des listes s’expliquerait par l’occurrence des opportunités de dernière heure. « La rumeur parle même de vol et d’abus de confiance », a-t-il rapporté. De l’avis des imams, ce diagnostic justifie, une fois de plus, la nécessité de mettre en place le Bureau ivoirien du hadj et de l’oumra (Biho) qu’ils proposent depuis trois ans. Pour joindre l’acte à la parole, le Cosim organise, samedi, à la mosquée de la Riviera Golf, l’assemblée constitutive de cette institution.

Cissé Sindou
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