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Société Publié le mardi 20 avril 2010 | Housewife

Ma vie sécrète avec mon patron

Ce pan de ma vie, j’aurais bien voulu ne plus m’en souvenir de peur de remuer le couteau dans la plaie encore béante que j’ai dans le cœur. Mais peut-être que m’ouvrir à vous chères lectrices de HOUSEWIFE apaisera définitivement ma douleur; car extérioriser sa peine c’est dit-on, en guérir.

Il y a dans la vie des circonstances qui laissent sur votre existence des traces indélébiles. Sortie d’une grande école avec un BTS en secrétariat bilingue et après 07 ans de chômage, j’ai pu avoir un emploi par l’entremise d’un ami dans une entreprise de la place. J’étais toute heureuse d’avoir enfin trouvé ce boulot stable! J’occupais le poste d’assistante de direction. Jamais je n’aurais pensé que ma vie au sein de cette entreprise se transformerait en enfer. Pour l’entretien d’embauche, celui qui m’a reçu ce jour là était un monsieur beau, grand, très élégant. Une chose est sûre, il avait tout pour plaire et pour me plaire je dirais. Mais l’idée de sortir avec lui ne m’avait pas effleuré l’esprit. J’étais venue pour travailler et non pour me chercher un amant.


K. Yves Alain, c’est de lui qu’il s’agit, a commencé à s’intéresser à moi au fil des jours, en m’invitant souvent en dehors du boulot, soit à déjeuner soit à dîner.
Au début, je refusais poliment ses invitations, de peur qu’on ne me juge dans l’entreprise. Avec le temps et tous ses gestes d’attention, j’ai fini par craquer pour lui. Et être avec lui était devenu un bonheur parce que je crois que j’avais commencé à l’aimer vraiment. Yves apparemment était également heureux d’être avec moi ; du moins c’est ce que je croyais. Personne au sein de l’entreprise ne maîtrisait vraiment sa vie privée. On m’avait dit qu’il était divorcé et célibataire. Alors, j’ai vu en Yves un homme capable de me donner de l’amour, au-delà de son statut de Directeur général de notre société. Mais je n’ai pas voulu précipiter les choses, j’ai voulu être sûre de ce qu’il ressentait pour moi et le flirt a duré environ 3 mois. Il jouait bien le jeu. Un soir après le dîner, nous avons concrétisé notre relation, en faisant l’amour. Pour moi c’ était le début d’une belle histoire d’amour. J’étais impatiente de retrouver mon travail, le lendemain, pour revoir sous son manteau de directeur l’homme qui m’a fait redécouvrir l’Amour. Il est arrivé vers neuf heures. Il nous a tous salués. J’ai voulu répondre à son bonjour par un sourire. Mais il m’a carrément ignoré comme si j’étais une inconnue. Peut-être
qu’il ne voulait pas ébruiter notre relation, me suis-je dit. Et cette attitude a duré près de trois semaines. Pendant les réunions, il me frustrait chaque fois que je prenais la parole, par des propos vraiment désobligeants ; mes collègues ne comprenaient rien. En dehors du travail, il ne m’appelait plus. Je souffrais énormément, déjà.

Et puis, un samedi, il a débarqué chez moi. Pour moi, il voulait justifier son comportement étrange. Oh que non! Sans aucune forme d’explication, il a voulu avoir des rapports intimes avec moi. Ce que j’ai refusé. Je voulais qu’on parle. Il m’a battue et m’a obligée à avoir des rapports avec lui... Tel un viol. Il a jeté sur moi quelques liasses de billets de banque, comme à une prostituée, en me disant : « Tiens, je sais que tu en as besoin ! ». Et il est rentré chez lui en menaçant de me renvoyer si j’en parlais à quelqu’un. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Pourquoi ? Qu’avais-je fait pour être traitée comme une moins que rien ? Pourtant, il m’avait plusieurs fois répété qu’il m’aimait.

J’ai finalement compris que tout ce qu’il voulait, c’était me mettre dans son lit, comme il le fait d’habitude avec les stagiaires et les nouvelles recrues, paraît-il. En fait, les autres filles avaient eu peur de me dire qu’elles étaient déjà passées «à la casserole» et, pour certaines, ne serait-ce que pour avoir un stage. Pourtant, moi j’aimais ce monsieur et il le savait. Je ne me suis pas donnée à lui pour avoir ce travail. J’espérais qu’avec le temps, il me verrait comme une femme. Et qu’il m’aimerait un peu. Mais c’était mal le connaître.

Je ne savais pas que derrière cette image d’homme respectable, se cachait un pervers. En fait, j’étais devenue pour lui un objet de plaisir et rien d’autre. Quand il n’avait pas envie de moi, il m’ignorait, mais quand c’est pour autre chose, il savait où me trouver. Chaque fois qu’il allait en mission, il exigeait que je sois là.

C’ était infernal. Même souvent dans son bureau, il se passait des choses inimaginables. J’avais honte de moi, honte d’être femme.Et ce secret, que dis-je, ce fardeau, était trop lourd à porter. Je ne pouvais en parler à personne. Comment faire ? Je ne pouvais pas non plus quitter ce travail puisque c’est avec mon salaire que j’aidais mes 3 frères encore élèves et ma mère qui supportait les frais de dialyse de mon père souffrant d’une insuffisance rénale. Mon travail qui devrait m’aider à m’épanouir était devenu un enfer pour moi.

Un jour, Yves Alain m’a fait appeler dans son bureau pour que je lui remette des dossiers importants. En fait c’ était pour autre chose qu’il m’avait fait venir. Cette fois, c’était la fois de trop pour moi. C’est vrai que mon père était malade et ce travail me permettait de subvenir aux besoins de ma famille, mais je ne suis pas une prostituée tout de même ! Mon crime, c’ était d’être tombée amoureuse de lui.
J’ai alors décidé de ne pas reprendre le travail, le lendemain. Le
jour suivant, j’ai déposé ma lettre de démission. Il m’a dit « Si tu
pars tu n’auras pas d’autre emploi, car je salirai ton nom auprès
de mes collègues. Dans ce pays, tout est possible ». Et il en avait, des relations! C’est alors que j’ai compris ce qu’il voulait faire de ma vie. J’ai compris qu’il allait gâcher ma vie. Je n’ai rien dit et je suis repartie les larmes aux yeux. Pourquoi suis-je tombée amoureuse de cet homme, me suis-je souvent demandée avant de comprendre que le cœur a ses raisons que la raison ignore.

Effectivement, il m’avait fermé les portes de l’emploi surtout du côté des grandes entreprises privées de la place. Par vengeance ? Je ne saurais trop le dire puisqu’il ne m’aimait pas, il devrait normalement être heureux de me voir partir. Mais au contraire …

Au chômage, mon père est décédé quelques mois après, faute de moyens financiers pour continuer les dialyses. Très affectée par cette disparition, ma mère nous a également quitté 1 mois plus tard. Je suis donc devenue orpheline avec à ma charge 3 frères, 3 bouches à nourrir. Je me suis réfugiée dans la prière pour éviter de me livrer au premier venu. Avec mon portable j’ai décidé d’ouvrir une cabine téléphonique pour pouvoir survivre.

Mais comme il y a un Dieu pour tous, le miracle s’est accompli pour moi. J’ai pu par le biais d’internet, trouver un emploi dans un organisme international en tant qu’interprète. Dans cette structure j’avoue que j’ai un bon salaire. Je regrette que mes parents ne soient plus de ce monde pour en profiter.

Un samedi j’ai décidé d’aller faire moi-même mes courses. Alors que je garais dans le parking du supermarché, j’ai revu K Yves Alain ; comme si Dieu voulait qu’il me revoie, plus belle et plus rayonnante. Il était surpris de me voir surtout au volant d’une très belle voiture seulement 10 mois après notre douloureuse histoire. Cette fois, c’est lui qui était embarrassé et surtout abasourdi… Je l’ai regardé fixement pendant quelques minutes. Je ne lui ai rien dit et je suis entrée dans le supermarché faire mes courses. Lui au contraire est reparti s’asseoir dans sa voiture pendant des minutes tenant la tête dans ses mains avant de s’en aller. Avait-il des remords je ne saurais vous répondre.

Les premiers pas dans le monde du travail, nous les faisons avec beaucoup d’erreurs parfois. Il faut savoir garder la tête froide en face de toutes tentations et comprendre d’abord comment ce monde fonctionne. Collègues, patrons, il faut savoir qu’avoir une relation amoureuse dans l’univers de travail peut faire basculer toute une carrière... Moi je m’en suis sortie, je souhaite qu’il en soit de même pour toutes celles qui m’auront lu et qui vive la même mésaventure!

Recueilli par Rose Kouadio
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