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Société Publié le vendredi 23 avril 2010 | Nord-Sud

Imam Sékou Sylla (Cosim) : “Je suis resté sur ma faim”

© Nord-Sud Par Emma
Religion/Islam - Les imams pour la création d`un Bureau Ivoirien du Hadj et de la Oumra (BIHO)
Lundi 19 avril 2010. Abidjan, Cocody les deux plateaux Aghien. Le Conseil Supérieur des Imams (COSIM) rencontre la presse au cabinet du Cheick Boikary Fofana
Sékou Sylla, responsable à la communication du Conseil supérieur des imams en Côte d’Ivoire(Cosim) a reçu un exemplaire du premier Coran édité en Côte d’Ivoire, pour observation. Le jour où il nous accordait cet entretien sur l’ouvrage, il n’en avait lu encore que quelques pages. Une lecture partielle, mais suffisante pour qu’il exprime ses impressions et réserves.


Selon les éditions Nei-Ceda, le livre de Tamir M. Fakhry est la première traduction du Coran éditée en Côte d’Ivoire. Est-ce le cas ?

Je ne peux pas infirmer ou confirmer cela. En ma connaissance, il y a un ambassadeur du Liban en Côte d’Ivoire qui avait fait une traduction du Coran. Je ne sais pas si l’édition avait été faite ici ou pas. Mais, je pense que ce n’est pas le plus important.


Connaissez-vous Tamir M. Fakhry ?

Je ne le connais pas personnellement. C’est lorsque nous avons reçu des exemplaires que j’ai su qu’il était en Côte d’Ivoire. Après avoir parcouru son travail, nous nous sommes rendus compte que ce n’est qu’une simple traduction. Car, il faut faire la part des choses. La traduction n’est pas le Coran. Et, on le dit si bien en français : traduire, c’est trahir. C’est donc un effort humain pour comprendre, dans une autre langue, les versets du livre saint, la parole de Dieu. Elle (la traduction) aide les croyants à mieux connaître leur religion.


A quelle fin avez-vous reçu votre exemplaire. Etait-ce pour l’authentifier ?

Le livre était déjà sur le marché lorsque nous l’avions reçu. Il ne nous a pas été demandé de faire un travail d’authentification. Nous y avons juste jeté un coup d’œil. On n’a pas demandé l’avis du Conseil supérieur des imams (Cosim) avant sa commercialisation.


Qu’auriez-vous fait si cela avait été le cas ?

Dans ce cas, nous aurions mis en place une équipe d’experts pour l’étudier en profondeur. En ce qui me concerne, après l’avoir parcouru, je n’y ai rien trouvé d’anormal.


Dans cette traduction, l’auteur utilise le terme ‘’Compatissant’’ en lieu et place de ‘’Très miséricordieux’’ (selon la traduction des éditions Fadh). Ce, dans la formule ‘’Bismillahi, Rahmani, Rahim’’, pour ‘’Rahim’’. Un fait que vous auriez relevé selon nos informations. Qu’en est-il ?

Je pense que là encore, cela dépend des traducteurs. Certains ont utilisé le ‘’Compatissant’’, d’autres, le ‘’Tout miséricordieux’’. Ce que je puis dire, c’est que d’une traduction à une autre, on n’est pas sûr de retrouver les mêmes termes. L’essentiel, selon moi, c’est l’effort qui est fait pour amener les fidèles à comprendre la parole de Dieu. Aussi, n’étant pas un linguiste, je ne saurai porter de jugement à ce niveau.


Ne croyez-vous pas que trop de traductions peuvent altérer le sens du texte original ?

Je ne saurai vous dire le nombre de traductions du Coran réalisées à ce jour. Il y en a eu des milliers. Je ne parle pas seulement que de la langue française. J’ai par exemple ici (Ndlr : dans son bureau de la mosquée An-nour où il officie) un Coran traduit en malinké. Et comme il y a plusieurs traducteurs, il est difficile de retrouver les mêmes termes dans les différents textes. Par exemple, un des célèbres exégètes du Coran qu’est Hammidoulah, s’était donné pour objectif de se rapprocher, le maximum possible, de la langue arabe. C’est donc à partir de son œuvre qu’a été faite l’interprétation des éditions Fadh.


Les traductions du Coran sont-elles à encourager ?

Bien sûr. Sinon combien sont les personnes capables de lire et comprendre l’arabe ?

l La force du Coran étant son unicité, ne croyez-vous pas qu’à laisser chacun faire sa traduction, cela finisse par entamer cette particularité ?
Non. Puisque, c’est un seul texte qu’on traduit, à savoir, celui qui est en arabe. Religieusement, la traduction n’est pas le Coran. Le texte en arabe et celui en français n’ont pas les mêmes valeurs religieuses.


C’est-à-dire ?

Vous pouvez toucher une traduction bien que n’étant pas en ablution. Ce qui n’est pas possible pour le livre original. C’est un essai de traduction des textes divins. Le fruit d’un travail humain qui n’a rien à voir avec l’œuvre divine. Le texte en arabe est la parole de Dieu. Rien n’y a été ajouté, ni retranché. Et, selon la juridiction musulmane, on ne prie pas avec une traduction du Coran. C’est seulement avec le texte authentique, écrit en arabe.


l Quelles sont vos préoccupations en ce qui concerne cette édition ?

Pour le moment, je n’ai pas fini la lecture. Mais, à partir de ce que j’ai lu, j’ai constaté que l’auteur a facilité, le plus possible, son explication. Il a fait beaucoup d’effort. Il faut le dire, ce n’est pas permis à tout le monde de s’essayer à cet exercice. Moi qui vous parle, je ne suis pas en mesure de le faire. Les traductions constituent un outil de travail pour moi, puisque je m’adresse à un auditoire francophone.


Il y a une innovation dans la méthode de Fakhry. Il a subdivisé le livre en deux parties : l’Appel et la Loi. Qu’en pensez-vous ?

C’est un peu la nouveauté dans ce qu’il a fait. Sur ce point, j’avais voulu le rencontrer, en personne, pour comprendre son objectif à travers une telle classification. Malgré des démarches dans ce sens, je n’ai pas pu le voir.


Pourquoi ?
On m’a laissé croire qu’il veut rester dans l’ombre.


Cette classification ne tient pas compte de l’ordre chronologique de révélation des versets. N’est-ce pas un problème ?

C’est ce qui est embêtant. Moi je l’ai noté dans la Sourate 9, Tawba. Je n’ai vu qu’une partie de la sourate et j’ai retrouvé l’autre partie ailleurs. Nous savons que le respect de l’ordre chronologique des versets est important. Je pense même que la classification est fondamentale, et on n’a pas à s’immiscer là-dedans. C’est dommage de ne pas pouvoir rentrer en contact avec le traducteur. On lui aurait posé certaines questions à ce sujet.


Est-ce grave ?
Ce n’est pas une réelle nouveauté. Mais, j’aurai voulu poser la question à l’auteur pour comprendre ses motivations, c’est tout.


N’est-ce pas une façon pour lui de se démarquer des autres traductions ?

Peut-être. Seulement, je suis un peu resté sur ma faim. J’ai été aux éditions Nei-Ceda pour exprimer ma volonté d’échanger avec M. Fakhry. Nous avons même suggéré de faire une émission radio avec lui. Ça été peine perdue. Ce qui fait que j’ai encore des interrogations non éclairées.

Interview réalisée par Cissé Sindou et Sanou Amadou (Stagiaire)
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