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Politique Publié le mercredi 5 mai 2010 | Le Nouveau Réveil

Albert Mabri Toikeusse (président de l`Udpci) : “Pour la marche du 15 mai, nous allons donner des orientations claires aux jeunes”

Dans cette interview, la première qu'il accorde à un quotidien de la place après sa sortie du gouvernement, M. Albert Toikeusse Mabri, président de l'Udpci, avec toute la franchise qu'on lui connaît a passé en revue toute l'actualité socio-politique de la Côte d'Ivoire et dit sa tristesse, le mal dont il souffre de voir sa belle Côte d'Ivoire s'engouffrer dans le chaos du fait des refondateurs qui ne veulent pas organiser les élections de sortie de crise.

Sorti du gouvernement, que devient donc Mabri aujourd'hui ? Quelles sont ses préoccupations quotidiennes ?
Mabri devient donc citoyen ivoirien, responsable politique, président de l'Union pour la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire (Udpci), et député à l'Assemblée nationale. Je suis donc suffisamment occupé par la gestion du parti et par la gestion de ma circonscription électorale qu'est Zouan-Hounien. En tant que citoyen, je suis occupé à prendre en compte les soucis que nous partageons tous et qui accablent aujourd'hui le peuple de Côte d'Ivoire.

Monsieur le président, ça fait quoi au juste de ne plus être ministre après plusieurs années passées au gouvernement ?
Ça détend. Ça relaxe, ça permet de se réveiller un peu plus tranquillement. J'avoue tout de même que je n'ai pas encore eu le temps de dormir suffisamment car depuis ma sortie du gouvernement, c'est bien d'évènements que j'enregistre au niveau personnel, au niveau du parti et au niveau du pays. Ce qui fait que je n'ai pas encore eu le temps nécessaire de repos. Mais la pression gouvernementale n'étant plus sur moi tous les jours, je reprends à mon compte un certain nombre de dossiers pendants au niveau du parti, mais aussi je reprends mes anciens contacts en ma qualité de professionnel de la santé publique. J'organise un peu le quotidien, ça nous occupe et on essaie d'avancer dans le bon sens.

Pour votre sortie de gouvernement, beaucoup de choses ont été dites et écrites surtout, quant au choix de votre successeur. C'est l'occasion d'éclairer la lanterne des Ivoiriens. Le ministre actuel des Transports, Albert Flindé, est au gouvernement avec ou sans votre onction ?
Le ministre actuel des Transports, maire Udpci de Man, est secrétaire général adjoint de notre parti. Il est également secrétaire technique permanent du candidat de l'Udpci que je suis pour la présidentielle prochaine. Vous voyez un peu la place qu'il occupe au niveau du parti et vous comprenez aisément que c'est avec la caution du président du parti que je suis qu'il est allé au gouvernement. D'ailleurs, je l'ai dit à Man lorsque je suis allé l'accompagner et tous au niveau du parti, nous le savons. Il a donc notre caution, il a notre bénédiction. Il bénéficie de nos conseils, de notre expérience puisque c'est la logique de la continuité au niveau d'un département ministériel où il occupait le poste de directeur de cabinet. Je crois donc qu'il n'y a aucun problème à ce niveau et nos rapports sont ceux d'un secrétaire général adjoint à celui de président de parti et ce sont aussi des rapports de frères au niveau de la région de l'Ouest. C'est tout cela qui nous lie et je pense qu'il n'y a aucun souci à se faire.

Pour vos détracteurs, votre départ du gouvernement est un signe précurseur à votre départ de la tête du parti. Et ils doivent être nombreux à vouloir vous faire partir. Avez-vous la force nécessaire pour les affronter ?
Peut-être que ça leur fait plaisir de dire ces choses-là. Je ne sais pas comment ils font leur analyse. Moi, je ne vois pas les choses comme ça. Bien au contraire, me libérer de la tâche gouvernementale me donne le temps de mieux me concentrer au parti, de mieux préparer ma campagne et surtout de faire en sorte que tout ce que nous ne parvenions pas à faire correctement, nous puissions le faire maintenant correctement et pleinement avec succès.

Certaines langues disent : Mabri n'est plus ministre, est-ce qu'il peut maintenir ses militants ? Que leur répondez-vous ?
Je crois que les militants de l'Udpci sont toujours là bien que je ne sois plus ministre depuis deux mois déjà. Rien n'a changé. Les femmes, les jeunes sont toujours mobilisés. Nous avons tenu un comité central il n'y a pas très longtemps. La direction du parti est là, disponible. Les élus qui sont restés, poursuivent le chemin avec nous. Nous nous apprêtons à reprendre nos tournées de terrain dès cette semaine (Ndlr : il a déjà commencé cette tournée). Je crois qu'il n'y a vraiment pas de quoi réjouir les détracteurs. Que ça leur plaise de dire ça, qu'ils continuent, nous, nous continuons notre chemin.

Il y a toujours qu'on sent la dissidence au niveau du parti. Que faites-vous concrètement pour que l'Udpci soit une et indivisible ?
Ce que nous faisons, c'est de garder la porte toujours ouverte. Ce que nous faisons, c'est de montrer aux uns et aux autres que le parti est fort par la cohésion et le travail d'un ensemble. Ce que nous faisons, c'est de démontrer que personne n'est irremplaçable. Ce que nous faisons, c'est de démontrer que le parti progresse, se développe pour devenir une puissance politique sur le terrain. Si cela peut les encourager à revenir à la maison, il n'y a pas de problème. J'ai toujours dit que l'Udpci ne m'appartient pas. C'est un parti, c'est une association que nous avons créée ensemble et à laquelle nous avons adhéré et qui doit continuer son combat dans une vision donnée qui est celle de l'Udpci. Donc tous ceux qui partent, le font pour des raisons qu'ils savent eux seuls. Nous ne poussons personne dehors, d'ailleurs nous retenons généralement les candidats au départ. Mais quand nous n'avons pas ce qu'il faut pour les retenir, si c'est du miel qui les intéresse et que je n'ai qu'une seule goutte de miel, ils vont aller où il y a des bidons de miel. Je n'y pourrai rien. Peut-être que quelquefois ils se rendent compte que sucer le miel ne suffit seul pas pour faire le bonheur et ils regardent par derrière et quand ils voient beaucoup de détermination à notre niveau, ils manifestent le désir de revenir. S'ils veulent revenir, qu'ils reviennent épouser notre vision et reprendre le combat que nous menons ensemble. S'ils veulent poursuivre là où ils sont partis, nous leur souhaitons tout simplement bon vent.

Comme quoi, un bulldozer doit s'approcher de la station.
Ecoutez, le bulldozer, il faut qu'il sache exactement ce qu'il veut. Moi, j'espère qu'il le sait. Nous l'observons et tout le peuple de Man l'observe. Et nous attendons de voir tout ce que cela va donner à la fin.

Les militants à la base ont exprimé que la Direction n'a pas été suffisamment forte pour dégager une fois pour de bon tous ceux qui mettent les bâtons dans les roues à l'Udpci.
Ils ont peut-être raison mais nous avons à leur expliquer qu'il y a un pouvoir qui est le nôtre. Et il y a des choses qui ne relèvent pas de nous et que nous n'avons pas le droit de faire. Mabri, la direction de l'Udpci et le Bureau politique de l'Udpci n'ont pas le droit de radier qui que ce soit. C'est seul le congrès qui peut prendre une telle décision. Nous avons dans le cadre des Bureaux politiques qui se réunissent quelquefois en conseil de discipline, la possibilité de prendre des sanctions de suspension, de blâme et le dernier Bureau politique m'a autorisé et encouragé à procéder aux aménagements nécessaires pour permettre au parti de poursuivre sa marche. Ce que je fais régulièrement pour que nous puissions avancer. Mais si certains souhaitent que je dise tel ne fait plus partie de l'Udpci, je n'ai pas ce pouvoir, nos statuts ne me permettent pas de prendre une telle décision. Je rendrai compte au prochain congrès du comportement des uns et des autres et ce sera au congrès d'apprécier.

D'ici au prochain congrès, on peut s'attendre à des sanctions disciplinaires ?
Si cela s'impose, nous le ferons sans faiblesse.

L'actualité politique, c'est l'opposition houphouétiste dont vous êtes un pion clé qui prépare, par sa jeunesse, une marche le 15 mai 2010. Il se raconte que c'est une marche de trop. Qu'en dites-vous ?
Je ne crois pas que ce soit une marche de trop. Au niveau du mouvement des houphouétistes, nous avons enregistré deux moments importants. D'abord, le déplacement que nos jeunes ont fait sur la maison de la télé pour dire que nous ne pouvons pas accepter que dans un système démocratique, notre télévision pour laquelle on paye une redevance soit aussi minable que ce que nous voyons. Je crois que nos jeunes se sont fait entendre même si malheureusement ça n'a pas permis un changement notable. Mais il était important qu'ils se fassent entendre, qu'ils s'expriment en notre nom à tous. La deuxième chose, c'est donc la mobilisation du peuple ivoirien soutenu par le Rhdp pour dire non à tout ce qui est en cours pour retarder le processus électoral, la sortie de crise, pour bloquer la démocratie, pour empêcher l'organisation d'élection transparente. Et cela a mobilisé tous les Ivoiriens dans tous les chefs-lieux de régions, de départements et même dans les sous-préfectures. Face à cette mobilisation, le pouvoir a réagi en tuant, en arrêtant, en bastonnant, en dénigrant les militants. Mais nous sommes restés forts face à tout cela et avec l'intervention du Facilitateur, nous avons pris la décision de suspension de tous les mouvements. Ce que la majorité de nos militants n'ont d'ailleurs pas apprécié. Nous leur donnons raison ; nous avons eu à nous expliquer. Nous l'avons fait parce que nous sommes des hommes de paix, parce que nous sommes des houphouétistes, parce que ce que nous recherchons c'est la démocratie. Ce que nous souhaitons c'est de nous retrouver dans un pays de liberté totale pour tous et pour toutes. Nous avons donc fait ce pas-là dans l'espoir que les choses se normalisent, dans l'espoir que la Côte d'Ivoire aille rapidement et dans les meilleures conditions possibles vers des élections crédibles. Il se trouve malheureusement que quelques semaines après, la Cei ne décolle pas, il se trouve que le camp présidentiel pose de faux problèmes, il se trouve qu'ils sont à la base de tous les blocages que nous observons à nouveau et je crois qu'il est de notre devoir qu'après la suspension du mot d'ordre, d'essayer de reprendre la situation en main et de dire que nous ne pouvons pas continuer comme ça. Il ne s'agit pas de nous retrouver dans un pays sans repère, dans un pays où tout nous abandonne et rester passif jusqu'à ce que la situation devienne insupportable pour l'ensemble des populations. Je comprends donc la démarche que les jeunes font actuellement. On apprend qu'on leur fait d'autres propositions. En tout état de cause, je crois qu'ils se sont référés au directoire du Rhdp et le directoire va aviser et nous-mêmes en tant que leaders du Rhdp, nous aurons à donner dans quelques jours les orientations nécessaires pour la grande mobilisation qui s'impose à nous et qui s'impose à tous les Ivoiriens pour que la Côte d'Ivoire, enfin, voie des élections pour sortir de la crise de manière durable et définitive.

Monsieur le président, on peut vous rétorquer que tout ce qui a été fait jusque-là par l'opposition n'est que symbolique et que sur le terrain rien n'a véritablement changé.
C'est ce que je pense aussi. Pour le processus électoral, nous en sommes où nous étions lorsque le peuple ivoirien s'est mobilisé il y a quelques semaines déjà. Nous n'avons pas beaucoup progressé. La liste électorale provisoire que nous avons obtenue de manière consensuelle est aujourd'hui en train d'être contestée, injustement, ce que nous ne pouvons pas accepter. Et le contentieux sur la liste grise n'est pas lancé. Nous n'avons aucune date précise des élections. Il n'y a véritablement aucune perspective que la sortie de crise aura bientôt lieu par des élections. Je crois que si nous faisons le bilan depuis décembre jusqu'à maintenant, il n'y a pas eu de progrès et c'est face donc à ce blocage-là que nous allons réagir.

On retient aussi que le dernier passage du Facilitateur faisait état de ce qu'on ait des élections, fin avril et début mai. Alors, quand on parle de manifestation le 15 mai, n'est-ce pas parce qu'on a été incapable d'avoir des élections en cette période qu'on est condamné de marcher encore pour le symbole ?
Non, on ne marchera pas pour le symbole. On marchera pour que les choses changent. Le Facilitateur a annoncé des élections fin avril, début mai. Si nous nous retrouvons au 15 mai sans savoir quand est-ce que nous irons aux élections, si nous nous retrouvons le 15 mai sans avoir la liste électorale définitive, si nous nous retrouvons le 15 mai sans même rêver d'avoir les cartes d'identité et les cartes d'électeurs dans la poche de chacun de nous, nous avons donc des raisons de pouvoir nous lever à nouveau et protester contre tout ce qui se passe afin que les choses changent et cette fois-ci, je pense que véritablement ça ne sera pas un symbole. Ce sera pour exiger et obtenir enfin la sortie de crise par les élections.

Monsieur le président, vous avez dit à une réunion conjointe du Rhdp : " Attention, si les leaders que nous sommes ne suivent pas le peuple, le peuple risque de ne pas nous suivre ". Cette réflexion est plus que d'actualité aujourd'hui. Vous n'en avez pas peur ?
C'est exact, nous avons peur. Mais comme nous sommes de dignes représentants du peuple, et le peuple houphouétiste étant un peuple de paix, mais un peuple qui est capable de faire preuve de détermination, nous comprenons donc qu'après qu'il eût accepté et compris la levée du mot d'ordre, il est nécessaire que nous soyons à l'écoute de notre peuple. C'est pourquoi nous bouclons une tournée de terrain pour échanger avec la base. Et tous, unanimement, nous disent que nous ne pouvons pas rester les bras croisés devant la situation que nous connaissons aujourd'hui. Donc les activités qui vont être engagées à partir des semaines prochaines sont en réalité les exigences de la base que nous acceptons et que nous prenons à notre compte et que nous allons essayer de mettre en œuvre.

En quelque sorte, ces activités seront déterminantes pour la suite ?
Absolument. Je pense que sans actions, j'ai peur que nous n'obtenions des élections. On raconte qu'il y a les Assemblées annuelles de la Bad et que pour cela, il faut surseoir à une marche. La question est très simple. Si aujourd'hui nous connaissons la date exacte des élections, nous n'allons pas absolument dire qu'il faut faire une mobilisation. Nous sommes obligés de sortir pour arracher les élections à M. Gbagbo Laurent.

Il paraît aussi que vous, au Rhdp, vous n'êtes pas les vrais houphouëtistes. Et que les vrais houphouétistes sont ailleurs.
Si le ridicule pouvait tuer. Les gens n'ont pas honte. Ils n'ont jamais eu honte. Je pense qu'il y a un minimum d'honneur et de dignité lorsqu'on est dans un combat politique. Je ne peux pas combattre quelqu'un aujourd'hui et dire de lui demain que tout est bon chez lui au point même de me porter comme son héritier ou le meilleur défenseur de son héritage politique. Je passe du vert au rouge sans savoir même ce que je suis en train de faire. Et c'est ce que nous constatons aujourd'hui avec la refondation, avec le Front populaire et ses leaders d'hier. Je crois qu'il faut écouter leur base. Vous savez que ça grogne dans leur base depuis quelques années maintenant. Parce que ce ne sont plus ceux que nous avons vus en 1990. Ils revendiquent autre chose maintenant que le combat pour lequel ils ont tout cassé en 1990, le combat pour lequel ils ont insulté Houphouët-Boigny, le combat pour lequel, ils nous ont engagés dans des opérations dont nous voyons les conséquences aujourd'hui. Ils devraient avoir honte de ce comportement, et les plus ridicules ce sont ceux qui, hier, étaient des compagnons d'Houphouët-Boigny, qui sont aujourd'hui à côté d'eux pour justifier l'injustifiable. Je pense que la mémoire d'Houphouët-Boigny est là, les Ivoiriens nous observent, ils nous connaissent tous et le moment venu, ils auront à dire à chacun s'ils ont été honnêtes avec eux, si la loyauté vis-à-vis des principes de leur combat demeure et si vraiment sur cette base-là, ils méritent l'attention du peuple ivoirien.

Monsieur le président, à qui faites-vous allusion ?
Je l'ai déjà dit. Il s'agit du Fpi, ses leaders Laurent Gbagbo et toute sa troupe et ceux qui étaient hier les compagnons d'Houphouët-Boigny, avec le président Fologo en tête. Je pense que tout ça est ridicule. Et j'ai mal quand je vois certaines scènes. Vous savez que j'ai été l'un des collaborateurs de Fologo. Et souvent j'appelle des amis pour leur dire mon "papa" Fologo, là ce qu'il fait aujourd'hui, il ne doit pas le faire. Il a certainement ses raisons et moi aussi j'ai mon appréciation et je reste attaché à cette appréciation-là.

Monsieur le président, il a été décidé à une réunion conjointe du Rhdp, que les quatre partis membres projettent de se fondre en un parti fort, peut-être après les élections. Vu les évènements, vous ne pensez pas que l'actualité peut vous forcer à aller plus vite que ça ?
Ceux qui sont revenus de la base nous ont dit deux ou trois choses. La première chose, c'est que si on lance le mot d'ordre, ils n'accepteront pas qu'on le lève si l'objectif n'est pas atteint. La deuxième, c'est qu'ils souhaitent qu'on examine la possibilité d'aller avec un seul candidat à la présidentielle prochaine. La troisième, c'est qu'ils attendent une suite de la décision du Bureau politique conjoint de travailler à l'émergence d'un grand parti houphouétiste. Je pense que nous sommes en phase avec la base et nous allons réfléchir à cette question. Evidemment nous avons des réalités propres dont nous devons compter mais la démarche vers la création d'un parti houphouétiste réunifié est une démarche qui va être engagée, nous en avons fait la proposition. C'est une décision du Bureau politique conjoint, donc il faut mettre en œuvre cette décision et je me proposais justement de faire une proposition d'approche au niveau de cette décision-là à mes aînés. Si cette proposition est retenue, nous allons méthodiquement voir comment tout cela peut se mettre en place. Vous savez quand il s'agit de rapport humain rien n'est facile. Mais c'est ce que la base attend de nous et c'est ce qui est d'ailleurs normal à réaliser aujourd'hui. A titre personnel, je vais m'y investir pour que tous ces jeunes, toutes ces femmes qui espèrent l'avènement de ce parti et qu'avec ce parti, on assiste à la renaissance de la Côte d'Ivoire.

L'actualité aussi c'est la fête dite de la Liberté que vient d'organiser le Fpi et le Cinquantenaire qu'on prépare activement et qu'on risque de fêter dans le noir. Vos commentaires sur ces deux points.
Sur la fête de la Liberté, moi je déplore un certain nombre de choses. D'abord, vous avez vu la réunion des vrais houphouétistes à Yamoussoukro. J'ai vu que sur ce point, on a fait des éditions spéciales à la télévision. C'est pour ça que je dis que c'est une télévision de la honte, parce que, ce n'était pas une activité du chef de l'Etat mais plutôt une activité du candidat Laurent Gbagbo et de tous ses partisans. Et comme ici c'est la confusion des rôles, on a vu ce reportage. Ensuite, la fête de la Liberté qui est une fête Fpi devient pratiquement une institution de l'Etat. On met tous les moyens de l'Etat qu'il faut pour pouvoir l'organiser. C'est regrettable, car les gens qui disaient se battre pour la liberté sont aujourd'hui en train de confisquer toutes les libertés du peuple ivoirien. Il fête la liberté de disposer de nous et des richesses de la Côte d'Ivoire. Mais je voudrais leur dire qu'ils auront à rendre compte de la gestion qu'ils font de la Côte d'Ivoire au peuple ivoirien. Quant au Cinquantenaire, on aurait tous été heureux d'organiser les 50 ans de la Côte d'Ivoire dans un pays réunifié, de paix, dans un pays modèle du développement de l'Afrique de l'Ouest et de l'Afrique tout entière, un pays qui aurait retrouvé le chemin de la démocratie. Malheureusement nous n'en sommes pas là, les élections sont hypothéquées, les libertés n'existent pas, l'économie est complètement en lambeaux, c'est la détresse pour le peuple tant au niveau de la route, de l'école, de la santé, de toutes les activités sociales, le monde du travail est en ébullition, les promesses ne sont pas tenues, la malgouvernance nous accompagne tous les jours, je ne sais pas quel bilan nous allons faire des 50 ans en particulier des dix dernières années. Je suis triste de constater cela et je pense plutôt que nous devons avoir des activités non seulement de réflexions, mais surtout avoir des actions qui fassent que la Côte d'Ivoire se retrouve avant le 07 août avec un gouvernement légitime, un chef d'Etat démocratiquement élu. En ce moment-là, ça plantera le décor pour un nouveau départ. Si c'est avec ce que nous avons maintenant que nous devons aller au Cinquantenaire, c'est un Cinquantenaire de la confusion et je suis malheureux pour la Côte d'Ivoire.
Interview réalisée par Eddy Péhé et Liah Ignace








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