Une vie au Félicia :Or-Ivoire

Parler du passé. Rêver de la belle époque. Revivre la légende. Ce n’est pas « être » dans le révolu. Ce n’est pas être pessimiste ou défaitiste. Encore moins aigri. C’est, quelque part, refuser un présent indigne des valeurs « d’origines ». Emblématiques, authentiques. C’est rappeler ou faire prendre conscience aux jeunes générations, le grand mérite des précédentes. C’est les obliger à un peu plus de modestie, à un peu plus d’humilité, de sacrifice. Pour celui qui a connu, comme moi, Bernard Gnahoré « Pacheco », Alphonse Yoro « Américain », Honoré Djiké, Raphael Toba, Bernard N’Guessan, Maxime Traoré, Séry Magnusson, Théophile Guédé, Brobéhi Gbaka (je peux continuer de vous citer des dizaines d’ailiers « pur sang ») …ne peut pas être épaté ou impressionné par un Baky Koné, un Gervinho, un Kalhuno ou un Akalé… Cela se comprend aisément. Quand ils font ce qu’ils ont à faire, on apprécie. On se dit que c’est leur devoir. Et cela en est ainsi à tous les postes ! Prenez le milieu de terrain de cette équipe Ivoire mondialiste pour la deuxième fois consécutive! Où sont-ils ses créateurs, ses inspirateurs du jeu ? Ses visionnaires à grandes périphéries ? Je n’ai même pas à remonter aux Maurice Déhi, Bozon, Joseph Bléziri, Bially Kallet, Emmanuel Moh, Abdoulaye Ouattara, Beugré Inago… Restons « tout près ici », et citons les Albert Mohan, Jean Michel Touré, Opéli Anathole, Apessika Daniel, Julien Yalé, Pascal Miezan, Toh Jean, Gnadja Germain, Irié Bi Toh, Guédé Akénon, Oumar Ben Salah, Didier Otokoré, Evariste Dibo, Serge Alain Maguy … De la valeur « Or-Ivoire » exceptionnelle et à profusion !! Pour ceux qui ne les ont pas connus, il est impossible de s’en faire une idée. D’imaginer « ce piquant » qui les caractérisait. Et pour ceux qui les ont admirés, côtoyés, leurs images sont liées aux méandres de leurs méninges, ancrées dans la mémoire. Du fond de celles-ci -nos mémoires-, elles apportent encore -leurs images- un brin de sourire à nos vies, même vingt, trente ou quarante ans après. Le plus frappant dans cette paupérisation des valeurs, c’est le « recul » physique. Au corps d’athlètes, de muscles striés, d’explosivité des beaux footballeurs Ivoiriens « à la » Zogbo Tapé, Adjoukoua Gaston, Kassy Jean Baptiste, Léon Gbizié, Diaby Sékana succèdent les petits gabarits uniformes, sans goûts, ni couleurs. A force de penser « à l’export », on a cultivé l’hévéa ou le coton… quitte à mourir de faim.

La chronique de Nasser EL FADEL
ebonyfadel1@hotmail.com