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Politique Publié le mardi 11 mai 2010 | Nord-Sud

Kouadio Konan Bertin, pdt JPdci, aux leaders du Rhdp : “Ne soyez pas un obstacle au changement”

© Nord-Sud Par Prisca
Politique : Les jeunes Houphouëtistes rencontrent les FDS.
Les Jeunes du RHDP ont eu une rencontre d`échange le mercredi 07 avril 2010 avec les Forces de Défense et de Sécurité à l`Etat Major au Plateau. Photo: Kouadio Konan Bertin (KKB), président des jeunes du PDCI-RDA
Ne craignez-vous pas que les tractations qui ont cours finissent par vous contraindre à reporter votre marche ?

On ne peut pas empêcher que Gbagbo reçoive qui il veut. Nous avons décidé de marcher le 15, nous marcherons.

Le directoire du Rhdp jusqu'à présent n'a pas dit clairement s'il vous soutient ou pas.
Ce n'est pas le directoire du Rhdp qui marche. Ce sont les jeunes qui ont pris l'initiative.

Vous avez quand même besoin de leur soutien.
Nous avons leur soutien. Nous l'avons.

A Korhogo, vous avez dit aux militants que cette marche conduira au départ de Gbagbo. N'est-ce pas un pari trop gros ?
Je me suis rendu compte qu'à Korhogo où j'ai lancé ce message, j'étais en harmonie avec la population. Et partout où je suis passé, j'ai la ferme conviction que les Ivoiriens y croient et y adhèrent. Ils attendent simplement un déclic qui vienne du sommet. Tant que j'ai la certitude que je ne prêche pas dans le désert, qu'il y a des Ivoiriens qui m'écoutent, qui m'entendent et qui ont foi en ce que je dis, alors je dis que le pari n'est pas trop grand.

Pourtant, si Gbagbo ne va pas, vous risquez de vous discréditer.
La politique, dit-on, c'est la saine appréciation des réalités du terrain. Ce que je constate, c'est que la population a soif de changement. Elle veut opérer un changement. Je souhaite que nos directions le comprennent de cette façon. Parce que si nous nous érigeons en obstacle sur la voie du changement, tel que le souhaite le peuple, je crains que le changement s'opère sans nous et qu'il nous emporte.

Avez-vous l'impression que vos leaders n'ont pas compris ce que veut la population ?
Je ne dis pas cela. Je crois qu'ils l'ont même mieux compris que nous tous. Ils nous ont demandé de leur faire confiance, nous leur faisons confiance.

Qu'attendez-vous d'eux actuellement ?
On attend d'eux leur soutien.


De quelle nature ?
Peu importe la forme.

Avez-vous rencontré le ministre de l'Intérieur après votre second tête-à-tête?
Non, et je ne pense pas qu'il soit à cours d'arguments pour venir vers nous. Nous l'avons déjà informé par écrit de notre intention de marcher. C'est à lui de prendre les dispositions pour encadrer la manifestation. Nous sommes à cinq jours. Je crois que c'est ce qu'il s'attelle à faire.

Ne regrettez-vous pas de l'avoir traité de « petit ministre » ?
Aucun regret. Je vous ai dit que désormais je me compare à l'eau. Pour que les Ivoiriens comprennent bien le sens de ma démarche et le sens de mes propos. Il faut qu'ils sachent que nul ne naît méchant. C'est la société qui nous transforme. J'ai été éduqué au respect de l'autorité. Je ne peux pas me renier. L'eau a ceci de particulier qu'elle prend la forme du récipient qui la contient. Un aîné qui mérite qu'on le respecte en tant qu'aîné, nous le respecterons. S'il doit y avoir des gens qui doivent être les premiers à tenir compte du respect, c'est bien les autorités. Que voulez-vous que je fasse devant une autorité qui m'invite dans la poubelle ? J'y descends avec lui. Et je n'ai aucun remords. Bien au contraire si c'était à recommencer, je ferai la même chose. Peut-être même pire que cela.

On vous sent très amer.
Je suis révolté tout simplement. Cela fait dix ans de notre vie que nous avons perdus. Les jeunes qui avaient dix ans en ont vingt aujourd'hui. Ceux qui en avaient vingt ou trente en ont trente ou quarante. L'âge de la retraite en Côte d'Ivoire c'est cinquante-cinq ans. Nous risquons d'avoir quatre générations de jeunes qui vont avoir l'âge de la retraite sans avoir eu la chance de travailler. Ce n'est pas suffisant pour qu'on se révolte?

N'est-ce pas plutôt suite à votre bastonnade par la police ?
Mais non, je ne serais pas descendu dans la rue si je n'étais pas déjà révolté. Par le passé, il a été dit des militants du Pdci-Rda (Parti démocratique de Côte d'Ivoire, ndlr) qu'ils n'ont pas la culture de l'opposition, qu'ils ne peuvent pas marcher. A partir du moment où ils décident d'y aller, c'est la révolte. Donc, ce n'est pas forcément lié à la bastonnade. D'ailleurs, c'est tous les jours que je rencontre dans la rue les policiers qui m'ont bastonné et on sympathise.

Propos recueillis par Bamba K. Inza
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