“La Côte d'Ivoire est elle xénophobe ?" C'est l'intitulé du thème qu'a traité, hier, le ministre Ahoussou Kouadio Jeannot à l'hôtel communal de Cocody dans le cadre des débats du Cinquantenaire de l'accession de la Côte d'Ivoire à l'indépendance. Le conférencier, député de son état, par ailleurs secrétaire général adjoint du Pdci-Rda chargé des Affaires juridiques, est catégorique sur la question : " Dire que l'Ivoirien est xénophobe, c'est faire un mauvais procès ". Pour lui, " historiquement, la Côte d'Ivoire n'est pas un pays xénophobe " parce qu'elle a toujours fait de l'immigration et de l'accueil des étrangers, " une tradition ". Cela, a-t-il poursuivi, pour diverses raisons, historiques et économiques. Toute chose qui, selon le ministre Ahoussou, explique le fort taux d'étrangers vivant sur le sol ivoirien (26% en moyenne aujourd'hui). Du point de vue juridique, s'appuyant sur la loi fondamentale nationale (la Constitution), l'ancien ministre de l'Industrie a relevé que les articles 10, 12, 13 " excluent clairement le racisme, le tribalisme, le régionalisme, la xénophobie et même les considérations religieuses dans les affaires publiques ". Le conférencier est allé plus loin pour dire que même au niveau du code électoral, la Côte d'Ivoire à son indépendance, a donné la possibilité à l'étranger qui le souhaite, de s'intégrer soit par " adoption, par la célébration d'un mariage, par réintégration soit par naturalisation ". " En 1980, 1985, 1990, le code électoral a autorisé les étrangers venant de la Cedeao vivant en Côte d'Ivoire à participer aux élections. Ainsi, les étrangers vont participer aux élections sans pouvoir être éligibles. (…) Au niveau du code foncier urbain, l'accès aux terrains urbains est libre sans catégorisation entre national et non national. Du point de vue des accords internationaux, la Côte d'Ivoire a été une terre d'intégration avant l'heure ", a-t-il soutenu. Sur le plan économique, le ministre Ahoussou Jeannot a fait savoir que la Côte d'Ivoire " a opté pour une économie libérale marquée par un recours important aux investissements étrangers ". En somme, le conférencier soutient avec force que " la Côte d'Ivoire n'est pas un pays xénophobe " parce que selon lui, " historiquement, les Ivoiriens ne peuvent pas être xénophobes ". Toutefois, le ministre Ahoussou a fustigé des pratiques de certains Ivoiriens qui, aujourd'hui, ont tendance à s'appuyer sur l'ethnie ou la religion dans leur choix. " On ne peut pas bâtir un pays sur l'ethnicisme et le tribalisme ", a-t-il averti. En outre, le ministre Ahoussou n'a pas relevé d'inconvénient sur l'organisation du cinquantenaire. " Il faut qu'on s'arrête après cinquante ans d'indépendance pour faire le bilan, voir où on va " a-t-il préconisé. Aussi a-t-il souhaité que la marche du 15 mai puisse se tenir dans le respect des règles démocratiques. " Il faut qu'on arrête de se faire peur, le pouvoir a peur, ceux qui veulent marcher ont aussi peur. Tuons en nous la peur. On a fait l'expérience du boycott actif, du coup d'Etat, de la rébellion. Si on se rend compte que tout cela ne nous a rien apporté, alors retournons aux valeurs préconisées par le président Houphouët, le dialogue. La marche du 15 mai participe de la démocratie ", dira-t-il.
PAUL KOFFI
PAUL KOFFI