Le Secrétaire national chargé des élections au FPI, Martin Sokouri Bohui, se prononce dans cette interview sur l’actualité nationale. Il se réjouit du report de la marche de l’opposition qui devait se tenir ce samedi. Il évoque également la crise née entre le RDR et la rébellion. Notre voie : Le Rhdp vient de reporter sa marche qui était annoncée pour se tenir le 15 mai à la suite des négociations engagées par le président Gbagbo avec les responsables de ce groupement politique. Ces négociations ont été marquées par la visite du chef de l’Etat au président du Pdci Henri Konan Bédié. Qu’est-ce que cela vous inspire ? Martin Sokouri Bohui : Je voudrais saluer l’acte du Rhdp qui a convenu de reporter sa marche, notamment le président Bédié et le Premier ministre Alassane Ouattara qui ont pesé de tout leur poids pour obtenir ce report. C‘est un acte de haute portée, parce qu’il enlève les gros nuages qui pesaient sur la tenue des assemblées annuelles de la Bad. Je suis particulièrement heureux parce que j’ai toujours dit que cette marche était inopportune justement à cause de ces assemblées annuelles de la Bad. Une instance capitale qui va marquer le retour définitif, de cette institution dans notre pays. Avec ce report, il est certain que ces assemblées vont se passer dans un climat de paix et de sérénité. N.V. : C’est inhabituel que vous, vous saluez un acte posé par l’opposition. M.S.B. : Je constate que vous ne me connaissez pas bien. Moi, je ne fais pas de critiques pour le plaisir d’en faire. Mon combat, c’est la Côte d’Ivoire. Tous ceux qui s’effacent au profit de l’intérêt national, je les applaudis. En revanche, je combats ceux qui font passer leurs intérêts égoïstes au détriment de l’intérêt national. Et donc si, pour une fois, l’opposition a posé un acte constructif et non destructif comme ils en ont l’habitude, il faut saluer cela et les encourager à aller dans ce sens. Nous, nous voulons pour notre pays, une opposition constructive. N.V. : Et pourtant, il nous revient que certains opposants n’étaient pas pour le report. M.S.B. : Cette question n’est pas importante. Mais comme vous la posez, je vais y répondre quand même. J’ai dit tantôt que nous voulons une opposition constructive. Si certains opposants veulent ramer à contre- courant de l’histoire, c’est leur problème. Moi, j’ai félicité ceux qui ont accepté la main tendue du président de la République en ce moment précis de l’histoire de notre pays. Je ne ferai pas de commentaire particuliers sur le comportement de ceux qui ne pensent qu’à leur nombril au détriment des intérêts de la nation. Mais cela dit, je voudrais surtout saluer la démarche empreinte de sagesse et d’humilité du président de la République, Laurent Gbagbo. J’avoue que j’ai eu la chair de poule quand j’ai vu le président Gbagbo chez Bédié. Lui, président de la République, est allé chez Bédié, alors qu’il aurait pu le convoquer au Palais. Avec cette image, on a vu les fils de ce pays se retrouver au chevet de la mère patrie malade. Nous voulons revoir souvent cette image, parce que nous avons la conviction que les enfants de ce pays peuvent se mettre ensemble pour ramener la paix et construire ensemble ce pays. Ils peuvent se mettre ensemble pour faire barrage à tous ceux qui veulent détruire ce pays de l’intérieur comme de l’extérieur. Avec ce geste, le président Gbagbo donne une leçon d’humilité aux hommes politiques ivoiriens, africains et même du monde entier. Par ce petit geste, le président Gbagbo a débloqué une situation aux conséquences imprévisibles. Par ce geste, le président Gbagbo montre également qu’il aime profondément son pays, la Côte d’Ivoire, et qu’il veut la paix durable pour notre pays. Mais cela n’est pas nouveau. Depuis que la crise a éclaté, que n’a-t-il pas fait pour que nous en soyons là où nous en sommes aujourd’hui ? Il s’est même quelquefois humilié sur la voie de la recherche de la paix. En cela, il montre qu’il est vraiment l’homme de la situation. Le seul homme dont la Côte d’Ivoire a besoin en ce moment pour sa survie et son développement. N.V. : Dans la guéguerre qui oppose le Rdr aux FN, et répondant au porte-parole des FN, Félicien Sékongo qui a indiqué que Ouattara est candidat grâce à leur combat, la porte-parole du président du Rdr pour la jeunesse, Dembélé Salimata, dit ceci : “On peut se tromper du lieu où on va, mais on ne peut pas se tromper du lieu d’où on vient”. Qu’est-ce que cette guéguerre vous inspire. M.S.B. : Le président Laurent Gbagbo a coutume de dire que le temps est un autre nom de Dieu. Par les deux phrases que vous avez citées, la démonstration est faite que c’est le Rdr qui a fait la guerre aux Ivoiriens. C’est l’effet magique du temps. Quand Félicien Sékongo, porte-parole des Fn dit que c’est grâce au combat des Fn que Ouattara est candidat et que Dembélé Salimata porte-parole du Rdr réplique pour dire qu’on peut se tromper du lieu où on va, mais qu’on ne peut pas se tromper du lieu d’où on vient, les deux confirment et montrent clairement ce que nous avons toujours dit à ceux qui en doutaient encore : la rébellion sort bel et bien du ventre du Rdr. Enfin, le Rdr avoue que c’est bien lui l’auteur de la guerre et de la rébellion. Autre chose importante, c’est que le Rdr avoue également enfin que les Fn “s’enrichissent sur le dos des Ivoiriens”. Nous sommes en 2010, c'est-à-dire 8 ans après le déclenchement de la crise en 2002. Cela fait donc 8 ans que les Fn s’enrichissent sur le dos des Ivoiriens. Et c’est ce que le camp présidentiel dénonce tous les jours. Et c’est pour cette raison qu’il réclame le désarmement pour que les recettes fiscales prélevées dans les zones Cno entrent dans les caisses de l’Etat. Je constate que le Rdr n’a jamais dénoncé ce pillage de l’économie du pays en zone Cno. Pire, ce parti s’oppose même au désarmement des combattants de l’ex-rébellion. Nous savons tous que ce sont les com'zones attachés à la personne de Ouattara qui retardent encore le désarmement. En réponse à la boutade de Dembélé Salimata, je voudrais dire que le problème d’un homme, ce n’est pas de ne pas tomber. Mais comment il se relève quand il arrive qu’il tombe. Dans le cas d’espèce, les Fn qui sont des militants du Rdr à l’origine et qui ont pris les armes contre leur propre pays et contre leurs frères, se sont rendues compte qu’elles se sont trompées. Elles se sont rendues compte que la voie qu’on leur fait suivre est sans issue. Elles sont allées au charbon et ont accepté de mourir pour que quelqu’un soit candidat. Les Fn ont compris que cette voie est dangereuse, non seulement pour elles-mêmes, mais aussi pour notre pays. Elles ont donc décidé de se ressaisir en optant pour le désarmement afin que la vraie paix revienne définitivement. Contrairement à elles, et à l’analyse des déclarations de Dembélé Salimata, on se rend compte que le Rdr est encore arc-bouté sur la logique de la guerre. Cette logique a fait tant de mal à notre pays et à toute l’Afrique. Cette logique de guerre est la véritable cause de la misère qui sévit sur notre continent. Cette logique de guerre et de coup d’Etat est à l’origine du grand retard de l’Afrique sur le reste du monde. Cette Afrique qui regorge pourtant de toutes les ressources naturelles qui pourraient la propulser à un rang respectable dans le concert des nations. Cette logique de guerre a coûté à l’Afrique tant de vies humaines. Et je suis au regret de constater que c’est une femme, qui par essence donne la vie , qui fait l’apologie de la guerre et des coups d’Etat. Mais, je dois dire que le Rdr doit comprendre que si une partie de leurs militants a décidé de tourner le dos à la guerre et de s’inscrire résolument dans la paix, c’est que le train de la paix a démarré en Côte d’Ivoire. Certes, à une petite allure. Mais très bientôt, il va atteindre sa vitesse de croisière. Et, comme tout train, il écrasera tous ceux qui vont se mettre au travers de sa route. Entretien réalisé par Boga Sivori bogasivo@yahoo.fr
Politique Publié le vendredi 14 mai 2010 | Notre Voie