x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le samedi 15 mai 2010 | Nord-Sud

Imam Bakary Chérif (PCA) de la Fipem : “J’ai demandé au cheikh Fofana de rendre visite à Koudous”

La première partie de cet entretien avec le bureau de la fédération ivoirienne pour l’organisation du pèlerinage (Fipem), publiée hier, a porté sur les raisons de l’absence de cette organisation à l’assemblée constitutive du Bureau ivoirien du hadj et de la oumra. Dans cette deuxième et dernière partie, les responsables de la Fipem se prononcent sur les conditions de la cohésion totale au sein de la communauté musulmane.


Vous avez promis poursuivre les discussions avec le Cosim à propos du Biho ? Qu’en est-il ?
Diallo Ibrahim (Président de la Fipem) : Il est bon qu’on situe le contexte de cette préoccupation. Après la rencontre avec le cheikh chez lui à domicile, nous avons gardé le contact. Nos guides religieux pensaient la même chose que nous, à savoir qu’on ne pouvait pas aller à ce rassemblement sans avoir davantage d’informations et nous mettre d’accord sur un minimum. Nous avons adressé une invitation au cheikh pour qu’il vienne et qu’on parle. Il est arrivé ce soir-là avec l’imam Ousmane Diakité, l’imam Diabaté de la Riviera III, l’imam Dagnogo Oumar. Les débats ont été difficiles parce qu’il y avait beaucoup d’incompréhensions. Mais à la fin, ils ont fait preuve d’élévation et de maturité. Bakary Chérif a dit qu’il nous serait difficile de participer à cette rencontre puisque c’est seulement en ce moment que nous avions l’information. Il a proposé au cheikh Boikary Fofana, de reporter la date de l’AG pour que cette rencontre de conciliation ait lieu. Il a dit que ce n’était pas possible. Qu’il avait pris des engagements et que les invités devaient venir de l’extérieur.
Dosso Mamadou : l’imam Koudous a rétorqué en demandant ce qui primait entre le fait que des invités devaient venir de l’extérieur et la cohésion de la communauté.

Pourquoi vous-mêmes n’avez pas voulu faire le sacrifice de participer à cette rencontre et poursuivre les négociations en vue d’harmoniser les points de vue?
Dosso Mamadou : quand quelqu’un est prêt à faire des sacrifices à la fin d’un processus, rien ne l’empêche d’en faire au départ.

Nous parlons de vous.
Moi, je parle de celui qui n’a pas fait le sacrifice et qui a convoqué l’assemblée générale du Biho tout en sachant que des gens étaient là et qu’ils devaient y être associés.

Ne craignez-vous pas de donner raison à ceux qui pensent que le hadj est vraiment un business pour vous et que l’unité de la communauté est votre dernier souci ?
Merci pour la pertinence de votre question. Ici, il s’agit de l’organisation du pèlerinage à La Mecque. Dans cette organisation du pèlerinage, nous devons être unis. Lorsque je vous trouve en train d’organiser le hadj , je dis que vous n’êtes pas digne d’organiser le pèlerinage, que je vous écarte, et que je donne un tiers avec qui je me mets pour organiser le pèlerinage, la bonne foi aurait voulu que le jour où vous allez vouloir que je vienne organiser le pèlerinage avec vous, que vous m’appeliez et qu’on voie ensemble ce qu’on peut faire. C’est cela l’idée de l’unité. Si vous ne le faites pas, alors que moi j’étais déjà habitué à organiser le hadj, rien ne m’oblige à m’associer à vous.

Fofana Cheick (Chargé de mission) : on ne peut pas, à l’aveuglette juger de quelqu’un et dire qu’il est voleur ou qu’il n’est pas de bonne moralité. Quand un imam me dit : tu n’es pas de bonne moralité, cela repose sur quoi ? Ce que je veux qu’on retienne, c’est que c’est la manière d’initier la chose qui fait que beaucoup de leaders ne se reconnaissent pas dans le Cosim. Si la méthode avait été bonne, je vous assure qu’il y aurait beaucoup plus d’imams au Cosim. Il serait bon d’avoir une approche avec ces leaders. Parce que quand vous leader, vous avez un monde derrière vous. On est musulman parce qu’on en a la foi. Pour le reste, c’est à Dieu de nous apprécier.

Quelle est la condition pour que vous adhériez au Biho ? Dans le cas contraire, que comptez-vous faire ?
Diallo Ibrahim : la Fipem a proposé le 22 avril que compte du fait que la création du Biho ne pouvait plus être arrêtée, que cela se fasse et qu’après l’AG, nous nous retrouvions pour que quelles que soient nos divergences dans l’organisation, nous puissions nous entendre sur quelque chose. Parce que la Fipem souhaite une professionnalisation de l’organisation. Ce qui va arriver, c’est qu’ensemble, nous pourrions former un groupe Biho-Fipem, Fipem-Biho pour aller avec nos pèlerins. Mais ce qui n’est pas envisageable, c’est que la Fipem devienne Biho. Cela est exclu.

Vous parlez de professionnalisation. Pensez-vous que ce concept peut s’accommoder du voyage religieux qu’est le hadj ?
Bamba Kélémassa (secrétaire général) : vous avez été en Arabie Saoudite. Avez-vous vu des imams prêcher dans la rue ? Les logeurs sont organisés en syndicats. Pareil pour les transporteurs. Il y a un richissime opérateur que tous les Ivoiriens connaissent. Il se nomme Eliasse. Je me suis rendu dans son bureau accompagné des frères Bakayoko Hassan, Aboubacar Konan et un jeune Coulibaly natif d’Adjamé. Qu’est-ce qu’il nous dit ? Il nous a dit ceci : En dehors de Arafat et consort, le hadj est un business. Je vous parle d’un Arabe.

Dans le cadre de son projet de redynamisation de la communauté musulmane, le Cosim a initié une identification des imams et des mosquées. Comment avez-vous accueilli cette opération ?
Dosso Mamadou : on donne une fiche d’identification à une communauté sans lui expliquer les tenants et aboutissants. Dans ces conditions, même quand c’est bon, les gens s’interrogent. Chaque fois, il y a le problème de communication. Il faut dire aux gens ce qui se passe. Il y a des personnes dans nos communautés qui pensent avoir le titre de propriété de la communauté musulmane. Ils pensent qu’elle leur appartient et ils en font ce qu’ils veulent. Une autre preuve, c’est que quand le Cosim organise une rencontre, il parle toujours au nom de la communauté musulmane. Vous ne pouvez pas parler au nom de plusieurs entités sans les avoir consultées, en amont.

Vous ne teniez pas le même discours avant l’arrivée du Cheikh à la tête du Cosim. Votre réaction n’est-elle pas liée au fait qu’il ait été choisi par les imams en lieu et place de l’imam Koudous que vous soutenez ?
Non. Tout ce que nous constatons, date de la nouvelle organisation et du nouveau fonctionnement qu’on a imposés au Cosim à partir de l’arrivée du cheikh, bien sûr. Il a affirmé lui-même que le Cosim sous son autorité, ne peut pas se comporter comme le Cosim sous l’autorité des autres Cheikhs. Il a dit qu’aujourd’hui, il y a de jeunes imams qui viennent des universités arabo-musulmanes, qui ont autant de compétence que ceux qui ne sont pas imams et qui ont été formés dans nos universités. La communauté musulmane a décidé de mettre en place des structures avec des fonctions précises. Lorsque vous devez mettre en cause ce contrat social initial, appelez ceux qui l’ont rédigé et signé et dites leur qu’il y aura un changement.

Bakary Chérif (PCA de la Fifem): le cheikh nous a tous invités. Si ton frère t’invite, il faut répondre. Mais, ce n’est pas parce qu’il est devenu ton chef. Il y avait plusieurs personnes dont Koudous. Mais, une semaine après, il (Cheikh Fofana) est allé voir le président de la République pour lui dire qu’il est à la tête de tous les musulmans de Côte d’Ivoire. Nous étions étonnés. Je lui ai écrit pour lui dire qu’il n’est pas mon cheikh. Parce que le cheikh veut dire que soit tu es mon professeur, soit tu es mon doyen. Mais, si on s’assoit pour trouver une solution aux problèmes en créant un bureau, et en attribuant une tâche à chacun, ce serait bien. C’est ce qu’il refuse de faire. On a tout fait, mais, il refuse. Il est venu me voir, tout dernièrement. Je lui ai dit : je ne veux rien aujourd’hui. Je ne parle pas le français et je suis vieux. Tout ce que je veux, c’est l’unité entre les musulmans. Il faut qu’on s’asseye pour discuter. Depuis 2007, je le lui dis, mais il refuse. Il affirme qu’il est le chef des musulmans, c’est tout. Et quand il quitte ici, il va dire autre chose ailleurs. Il dit aux gens que je suis d’accord avec lui.

Vous formez aujourd’hui la Fipem avec Koudous. Cela ne signifie-t-il pas que vous avez choisi votre camp ?
Diallo Ibrahima : les rapports existent entre nous, Koudous et le cheikh Boikary Fofana. Mais, lorsque qu’on échange, c’est l’intérêt de la communauté que nous mettons en avant. Je ne prends pas partie. Et c’est ici (au domicile de Bakary Chérif, à Yopougon) que nous avons demandé que Boikary Fofana vienne pour débattre des problèmes de la communauté avec Koudous. Cela a duré 3 heures de temps. Cela arrive rarement, mais c’est une opportunité énorme pour le rapprochement.

Comment voulez-vous qu’on croie à votre neutralité si vous vous retrouvez du même côté que l’imam Koudous pour contrarier les actions du cheikh Fofana ?
l Coulibali Bali (SG adjoint) : Avec le président Babily Dembélé, nous avons passé des mois à réconcilier Koudous et Boikary Fofana après d’autres personnes. S’il y avait un parti pris, on ne l’aurait pas fait. Il y a quelque chose auquel il faut qu’on fasse attention, c’est la presse. Il faut écrire ce qu’il faut. Parce que quand vous écrivez certaines choses, certaines personnes les lisent et les interprètent à leur manière.

Bakary Chérif : en 2008, on était tous à La Mecque. Avec Moussa Fadiga (Président de l’Association des musulmans sunnites, Amsci), on s’est retrouvé au domicile de Boikary Fofana sur place pour échanger. On lui a dit qu’il fallait une réconciliation parce qu’il fait partie des leaders. Et qu’arrivés à Abidjan, nous devions continuer les échanges. Koudous, moi, le cheik Fofana, sommes venus dans le même avion. A l’aéroport d’Abidjan, je lui ai dit : homo (Ils ont le même prénom : Bakary), ce qu’on a dit à La Mecque, ne l’oublie pas. Appelle-nous, on va discuter. C’était par respect pour lui. Chacun a pris son véhicule et jusqu’aujourd’hui, on ne s’est pas vu. Il dit autre chose aux gens. Il dit qu’on s’est retrouvés à La Mecque et qu’on voulait le trahir. Je lui ai dit : moi, Bakary Chérif ? On n’est pas pareil. Je suis plus vieux que toi, tu es plus âgé que Koudous, Koudous est plus âgé que Babily, etc. Je ne veux rien d’autre que la réconciliation entre les musulmans en Côte d’ Ivoire.

Et qu’est-ce que vous avez fait ?
C’est moi qui ai commencé la réconciliation entre cheikh Fofana et Koudous. Je lui ai dit homo : tu étais dans la communauté musulmane de Côte d’Ivoire avant Koudous. C’est grâce à toi que j’ai connu Koudous. En 1993, à la grande mosquée d’Adjamé, rappelle-toi ce que tu as dit de Koudous. Depuis 2003, tu as voyagé. (…) Tu es arrivé aujourd’hui, tu es venu me saluer au nom de la réconciliation. Pourquoi n’es-tu pas allé saluer Koudous ? Tu devais lui accorder un peu de respect. Je lui ai dit, on t’a mis là pour que tu penses à la réconciliation…

Interview réalisée par Cissé Sindou, Bamba K. Inza et Sanou Amadou
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ