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Art et Culture Publié le samedi 15 mai 2010 | Nord-Sud

Amadou Hampâté Bâ (1900-1991) : 19 ans que le sage est parti

15 mai 1991-15 mai 2010. Cela fait 19 ans qu’Amadou Hampâté Bâ a quitté la terre des hommes. A l’occasion de cet anniversaire, sa fille Roukiatou Hampâté Bâ, directrice exécutive de la Fondation Amadou Hampâté Bâ, a réuni les journalistes, à Cocody, pour parler de l’œuvre de son père. Qui est Amadou Hampâté Bâ ?
Écrivain, historien, philosophe, ethnologue, poète et conteur, Amadou Hampâté Bâ (1900-1991) est sans aucun doute une haute figure de la culture et de la sagesse africaine. Né à l’orée du 20ème siècle (1900 ou 1901) à Bandiagara (Mali), le fils de Hampâté Bâ et de Khadîdja Pâté Poullo Diallo, descend d’une famille peule noble et influente. Après la mort de son père, Amadou est adopté par le second époux de sa mère, Tidjani Amadou Ali Thiam. Il suit sa mère et son père adoptif à Bougouni, en pays Bambara, où il commence son initiation coranique sous l’autorité de Tierno Kounta. Il reviendra en 1908 dans sa ville natale de Bandiagara, et y poursuivra son instruction à l’école coranique de Tierno Bokar Salif Tall, un mystique religieux musulman de la confrérie « Tidjaniya » qui deviendra plus tard son maître spirituel. Enfant précoce d’une intelligence supérieure, Amadou Hampâté Bâ sait lire et retient les textes du Coran dès l’âge de 7 ans. C’est de ce maître spirituel qu’il reçoit une solide éducation religieuse, morale et traditionnelle, et est initié aux voies ésotériques de l’Islam. Mais le petit Amadou est un fils de noble, et en tant que tel, il doit aller à “l’école des otages”, qui n’est en fait que l’école française. En effet, les Français avaient pris l’habitude, à cette époque, de forcer tous les dignitaires à envoyer leurs enfants dans leurs écoles. Dès 1912, Amadou Hampâté Bâ y fera ses classes, à Bandiagara puis à Djenné : il obtiendra son Certificat d’Etudes Primaire (CEP) en 1915. Année à laquelle il se sauve pour rejoindre sa mère à Kati où il poursuit ses études. Qu’il complètera à Bamako avec un autre Certificat d’études (1917) et le diplôme de l’Ecole Professionnelle qui lui donne accès à l’Ecole Normale William Ponty de Gorée au Sénégal (1921). Amadou Hampâté Bâ refuse d’aller à Gorée. Ce qui lui vaut une affectation disciplinaire à Ouagadougou, en Haute-Volta (actuel Burkina Faso). En 1933, il profite d’un congé de 8 mois pour se retirer auprès de son maître spirituel, Tierno Bokar, “Le sage de Bandiagara”. Cette retraite spirituelle lui permettra de retranscrire les enseignements du maître En 1951, il obtient une bourse de l’Unesco qui lui permet de se rendre à Paris.

Homme de culture et diplomate

En 1960, à l’indépendance du Mali, il fonde l’Institut des sciences humaines à Bamako et représente son pays à la Conférence générale de l’Unesco. Où il prononce sa célèbre phrase : « En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. » En 1962, il est élu membre du Conseil exécutif de l’Unesco. A l’indépendance de son pays, Amadou Hampâté Bâ est nommé ambassadeur du Mali en Côte d’Ivoire, par le président Modibo Kéita. Africaniste, mais pas socialiste encore moins communiste, Hampâté Bâ s’accommode mal avec la politique du premier président du Mali. Cela, surtout après « la radicalisation » de la révolution malienne. Une politique qui annihile les libertés privées et surtout le commerce privé et la liberté des affaires. L’homme de culture vit très mal la ‘’chasse aux riches’’ de la révolution ‘’modibiste’’ qui arrache les taxis-villes aux transporteurs qui en possèdent plus d’un. En 1966, il quitte la diplomatie malienne pour se consacrer entièrement à sa passion : La recherche et la valorisation de la culture africaine. A partir d’Abidjan où il s’est fixé, l’homme de lettres alterne alors écriture, conférences et débats. ‘’Le Sage de Marcory’’ qu’il est devenu, reçoit beaucoup et aime à discuter, surtout avec la jeunesse. Ses enseignements sont empreints de sagesse africaine, de tolérance et surtout du respect de l’autre. Les dernières années de sa vie, Amadou Hampâté Bâ les passera à rédiger ses mémoires, ‘’Amkoullel l’enfant peul’’ et ‘’Oui mon commandant !”, qui seront publiés après sa mort le 15 mai 1991 à Abidjan.

Sanou Amadou et Ousmane Diallo à Yamoussoukro
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