x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le mardi 18 mai 2010 | Nord-Sud

50 ans après : Comment la pilule a libéré la femme

La pilule a eu 50 ans, il y a quelques jours. Commercialisé pour la première fois aux Etats-Unis en 1960, ce médicament, qui empêche les grossesses a fait son petit bonhomme de chemin. En Côte d’Ivoire, les femmes ne s’y intéressent pas tellement pour diverses raisons.

Moins de 30% de femmes sont sous pilule en Côte d’Ivoire. Une information révélée par le Dr Adjobi Roland, gynécologue obstétricien au Chu de Yopougon. Après 50 ans d’existence, les Ivoiriennes ne s’intéressent pas assez à ce ‘’petit comprimé’’. Le spécialiste explique cela par le fait que la pilule n’est pas culturellement acceptée dans nos pays africains. Elle est considérée comme un médicament contre-nature. Car, en empêchant la femme de tomber enceinte après des relations sexuelles, la pilule remplace le cycle naturel de la femme par un cycle artificiel. D’abord, les ovaires cessent de libérer des ovules, rendant impossible l’ovulation et la grossesse. Ensuite, elle agit sur la glaire cervicale, qui s’épaissit et rend difficile le passage des spermatozoïdes. Enfin, elle rend l’endomètre impropre à une nidation de l’œuf. Selon le médecin, la plupart des Africains considèrent l’enfant comme un don divin. « Dans leur entendement, quand on a les rapports sexuels, c’est pour faire des enfants et non pour autre chose », note-t-il. A telle enseigne que les femmes qui veulent se mettre sous pilule, sont obligées de se cacher. Agou A. vit une situation pareille. Agée de 18 ans, cette jeune fille a dû laisser ses études lorsqu’elle était en classe de troisième, parce qu’elle était enceinte, il y a quelques années.

Se cacher pour avaler la pilule

«Après mon accouchement, je me suis installée chez mes beaux-parents. Lors d’une consultation post-natale, les sages femmes m’ont informée des bienfaits de la pilule. Et j’ai commencé à prendre ces médicaments », raconte-t-telle. La jeune fille indique que c’est à partir de cet instant que ses malheurs ont commencé. Selon elle, son copain et ses beaux-parents n’ont pas voulu qu’elle prenne la pilule. Elle a donc arrêté. Résultat : une autre grossesse, indésirable. « Après mon accouchement, je suis retournée à l’hôpital. Et j’ai recommencé à prendre les pilules contraceptives. Cette fois, à l’insu de tous », confie-t-elle. Elle cache ses médicaments. Et chaque fois à la même heure, elle les prend sans que personne ne la voie. Elle n’est pas seule dans ce cas. Cindy G., mariée et mère de cinq enfants, n’arrive pas à convaincre son époux quant à sa mise sous-pilule. Elle l’explique : « Au début, je me cachais quand j’ai su qu’il n’était pas consentant. Lorsqu’il a vu mes médicaments, il est allé s’en prendre aux sages femmes à l’hôpital. Malgré toutes les explications, il n’a rien voulu comprendre. J’ai donc arrêté. Et chaque fois que j’ai des relations sexuelles dans ma mauvaise période, je prends une autre pilule que m’a conseillée une amie : la pilule du lendemain. Un autre gynécologue qui a requis l’anonymat révèle que cette pilule est très dangereuse. La pilule du lendemain entraîne des secousses au niveau de la trompe. Elle n’empêche pas la fécondation (c’est-à-dire la rencontre entre le spermatozoïde et l’ovule), mais plutôt la nidation de l’œuf formé. Ce qui fait qu’elle n’est pas conseillée par ceux qui sont les défenseurs de la vie. C’est-à-dire ceux qui sont contre l’avortement. La pilule du lendemain entraîne la chute de l’œuf formé. A ce niveau, l’œuf peut échapper à la pilule. Et au lieu de faire tomber l’œuf, elle va le faire basculer dans un autre endroit où il ne peut plus évoluer. D’où les Grossesses extra-utérines (Geu).

Ces effets indésirables qui fatiguent …

Les effets indésirables de la pilule sont multiples. Mme Ogou en sait quelque chose : « Mon mari et moi, il y a deux ans, avons décidé d’utiliser la pilule comme moyen de contraception. Mais dès que j’avalais ce petit comprimé, je n’arrivais plus à travailler. Je me sentais très mal. En consultation, la sage-femme m’a donné un autre type, mais c’était toujours les mêmes symptômes : fatigue, céphalées, vertiges, douleurs dans les seins et autres. Pour finir, nous nous sommes rabattus sur des injections qui sont aussi un moyen de contraception ». Les effets indésirables des pilules contraceptives sont connus de toutes les femmes qui en prennent. A côté des effets courants, le Dr Adjobi en évoque d’autres. Selon lui, la femme qui est sous pilule, peut développer un aspect de virilité. « Elle donne plus de poils et souvent des barbiches à certaines femmes », indique-t-il. C’est pour cette raison que les spécialistes ont le devoir, avant qu’une femme ne prenne la pilule, d’évaluer sa capacité à la supporter. Plusieurs examens doivent être faits selon nos deux gynécologues. Des analyses au niveau des seins et de l’utérus doivent être faites pour écarter des risques. Le spécialiste ou la sage femme doivent vérifier la tension artérielle de la patiente, car la plupart des pilules entraînent une flambée au niveau de la tension artérielle. La patiente devra se priver de tabac. Un bilan de santé, composé des examens d’une glycémie à jeun pour éliminer un diabète et des examens du foie car la plupart des maladies du foie contre-indiquent la prise de la pilule. Aussi, un bilan des lipides est recommandé pour pouvoir être à l’abri de nombreuses maladies. Le Dr Adjobi Roland indique que, très souvent, ces différents bilans ne sont pas faits. Ce qui n’est pas trop grave, mais c’est conseillé. Par contre, il précise que pour certaines populations à risque, les bilans sont indispensables. Ce sont les femmes hypertendues, diabétiques et obèses. « Elles doivent nécessairement faire un bilan sinon aucune prescription de pilule sera faite », a-t-il prévenu.

Les mauvais tours de la pilule contraceptive

L’épouse de Kouassi P., lui-même médecin, est tombée enceinte bien qu’elle soit sous pilule. « Nous avons été tous surpris par cette grossesse. Elle s’est rendue à l’hôpital pour une consultation de routine. Et, c’est à l’issue de cela que son gynécologue lui a dit qu’elle était enceinte de quatre mois. Elle a donné naissance à une fille plus tard. Et, cela a des explications. Le Dr Adjobi Roland affirme que lorsqu’une femme prend la pilule, l’effet contraceptif prend effet un mois plus tard. Autrement dit, dès qu’elle commence la plaquette de comprimés, elle n’est pas totalement protégée. C’est après la fin de la première plaquette de pilules qu’elle est entièrement protégée. Outre cela, la pilule a d’autres insuffisances. Pour qu’elle soit à 100% efficace, elle doit être prise à des heures précises. C’est-à-dire que si une femme décide d’avaler le comprimé à 12 heures, ce sera chaque jour à la même heure. Mesdames, à bon entendeur, salut !

Adélaïde Konin
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ