Motus: Recréation

L’honneur et le crédit de la République sont préservés. Le Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix n’a pas daigné marcher le samedi 15 mai dernier. Au nom de la paix et de l’intérêt national, les disciples de Félix Houphouët Boigny ont reporté leur manifestation. La Banque Africaine de Développement peut donc venir tenir tranquillement ses assemblées annuelles. « Aucune mouche, ni un Mauritanien » ne viendra perturber la quiétude de ces assises, si importantes pour la grandeur de notre nation. Bien au contraire, tous les Ivoiriens, les affamés comme les rassasiés du régime viendront faire la haie pour nos hôtes qui doivent constater que tout baigne dans l’huile en Eburnie. Il faut bien montrer aux étrangers qui arrivent en Côte d’Ivoire que tout va bien dans le meilleur des mondes et que les Ivoiriens ont fumé le calumet de la paix, cette religion si chère au « père fondateur ». On pourrait même les faire promener dans nos différentes communes pour qu’ils saisissent la réalité dans toute sa splendeur. Nos dirigeants de la sulfureuse refondation, si forts dans les mises en scène, pourraient bien appliquer la méthode Ceausescu dans l’ancienne Roumanie. Ce despote avait la manie, à chaque visite d’une personnalité européenne ou américaine, de cacher tous les gueux, les miséreux et indigents, pour se donner l’illusion que son pays était un oasis de prospérité et de bonheur. Les opposants, pour donner un signal fort à la communauté internationale, pourraient même défiler à l’Hôtel Ivoire, pour attester que « le pays va très bien ». Comme les adversaires de Gbagbo ont un sens élevé de l’amour de la patrie, après les assemblées annuelles de la BAD, ils pourraient davantage se signaler, en reportant leur marche pour l’après cinquantenaire qui focalise toutes les attentions. Et pour faire davantage bien, le RHDP peut bien demander à ses partisans, comme cela a été le cas lors du scandale des déchets toxiques, de marquer encore une pause, pour reprendre la lutte après les fêtes de fin d’année. Après avoir donné dans l’aisance, la bombance et la jouissance. Pour dire que l’opposition et les populations ont véritablement les gouvernants qu’elles méritent.

Bakary Nimaga