Du report de la marche du 15 mai

Je voudrais d’abord poser la question de savoir si une marche annoncée doit forcement avoir lieu. Je considère qu’une marche obéit à une stratégie, à des objectifs. La marche a été certes décidée sur le principe, après il y a eu tous les éléments qui concourent à l’organisation de cette marche. Il y a eu différentes rencontres. Mais pendant qu’on avance, pendant que nous préparons la marche, il y a, de façon concomitante, des passerelles qui s’organisent et qui, au bout, recherchent un environnement favorable à la tenue des élections. Au plan des objectifs, cette marche avait pour but d’interpeller le pouvoir sur l’organisation rapide des élections. Nous devrions être en ce mois en train d’organiser cette élection présidentielle. Donc pour dire que l’opposition a soif d’élection. C’était le premier cri de cœur. Le deuxième cri de cœur pour l’opposition était de dire, que cette élection n’est pas la panacée mais au regard des souffrances des Ivoiriens, il est bon que nous y allions rapidement pour que le nouveau président puisse faire face aux défis .

Ces cris de cœur ont été entendus. Pour la simple raison que le président de la République au-delà de la personne du président Laurent Gbagbo candidat, a entrepris des consultations dont la première était chez le président Henri Konan Bédié. Nous ne pouvons pas faire de la politique en occultant certaines considérations. Le président Henri Konan Bédié a été président de la république, il a le respect de la fonction.


La rencontre Bédié - Gbagbo a influencé le report

Dès lors que le Président de la République a pris sur lui, la responsabilité de venir voir le président Henri Konan Bédié, je pense que le bon sens, le principe républicain appellent qu’il l’écoute d’abord. Il a aussi rencontré le président du RDR, on peut déjà apprécier la démarche. Mais cette appréciation de la démarche n’est pas faite qu’au plan de la forme ou de la symbolique, mais dans le fonds, le président Henri Konan Bédié a rendu compte à ses alliés du RHDP.


La colère des militants du RHDP

Vous savez, quand on est un responsable politique, on doit avoir la capacité d’assumer et d’amener la base à adhérer ou alors on a un problème de confiance avec la base. La décision du report est une décision responsable.(…) Parce que le président Henri Konan Bédié a été l’un des artisans de la mise en place du siège de la BAD en Côte d’Ivoire, le Premier ministre Alassane Dramane Ouattara a fait de la BAD de par ses fonctions, le premier partenaire économique de la Côte d’Ivoire. C’est vrai que le président de la République actuel est candidat aux élections. On a donc sur ce plan, des raisons de poser des actions pour perturber son action parce qu’il s’agit de la conquête du pouvoir par les urnes. (…). Au plan économique nous avons tenu compte de ce que représente la BAD dans les relations multilatérales.

Au plan politique nous comprenons la réaction de nos deux alliés, du MFA et de l’UDPCI. Ce que je peux déplorer et cela n’engage que moi, je considère que le RHDP est une tribune, où les choses se discutent et ce n’est pas la première fois que nous avons été souvent en désaccord. Mais même dans nos désaccords, nous n’avons jamais fait de la presse un vecteur de communication de nos désaccords. Nous avons toujours réglé nos problèmes en interne. Sur ce plan, je pense qu’il y a une gestion émotionnelle de la chose. Ceci étant, le RHDP est solide est fort.


Crise au RHDP

Pour moi il n’y a pas crise. Les gens ont exprimé un mécontentement. Les quatre leaders vont se retrouver à nouveau, et dans les jours à venir, on comprendra que les présidents Bédié et Ouattara ont eu raison d’adhérer au report de la marche. Ce n’est qu’un report. La marche a été différée. Mais en aucun cas nos présidents ne peuvent aujourd’hui remettre en cause, alors que nous avons constitué un bloc aujourd’hui nous permettant de reprendre le pouvoir par les urnes. Nous disons que l’une des étapes les plus importante est en train d’être franchie. Il s’agit de la confection de la liste électorale définitive. Pour ma part, je pense que la démarche du président Laurent Gbagbo auprès des différents leaders traduit un engagement vis-à-vis de la nation et de la communauté internationale.

C’est pour cela que je profite pour dire à nos trois leaders et au Premier ministre mais aussi à tous ceux qui nous aident dans le processus de sortie crise, qu’un pacte est en train d’être signé avec le peuple et qu’ils n’ont pas le droit de décevoir le peuple. Pour moi, le report de la marche ne doit pas être une source d’une crise au sein du RHDP mais une prise de responsabilité.

Source: ONUCI FM