Les 5 ans du RHDP (18 mai 2005-18 mai 2010) - Un anniversaire sous fond de déchirement

Tout bien compté, cela fait, jour pour jour, cinq années que le Pdci, le Rdr, l’Udpci et le Mfa ont décidé, dans le cadre du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), de marcher main dans la main vers les élections. Hier, à quelques jours de l’échéance électorale, l’on était en droit de s’attendre à un bilan de l’action de la plate-forme qu’ils ont signée le 18 mai 2005 à Paris.
Mais, les observateurs de la scène nationale ont fait l’amer constat que les leaders de ce mouvement étaient plutôt préoccupés le jour même de la célébration de l’anniversaire de la naissance de leur mouvement politique à s’expliquer et à discutailler sur les raisons du report de la marche du 15 mai.
Et l’on s’interroge sur l’avenir de cette force politique qui constitue, de toute évidence, un contrepoids indéniable au Congrès national pour la résistance et la démocratie (Cnrd), mué, aujourd’hui, en La majorité présidentielle (Lmp).
Henri Konan Bédié, Alassane Dramane Ouattara, Albert Mabri Toikeusse et Innocent Anaky Kobena, à travers cette plate-forme, ont réussi à faire bouger les choses positivement dans le sens des élections. Le mouvement a glané des victoires. Souventes fois obtenues dans la douleur. La dernière en date, la crise née de la double dissolution du gouvernement et de la Cei par le chef de l’Etat.
Le chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, voulait un gouvernement de technocrates, sans les partis politiques, il a été contraint de remonter l’équipe gouvernementale avec les formations politiques, conformément à l’Accord de Linas Marcoussis.
Laurent Gbagbo, en dissolvant la Cei, avait à cœur de la reformater en la débarrassant des partis politiques. Là aussi, il a dû freiner des quatre fers devant la détermination des militants et leaders du Rhdp. Les manifestations de refus de voir triompher la décision du chef de l’Etat une douzaine de militants est restée sur le macadam. Ils ont été fauchés par les balles assassines des forces de l’ordre à Divo, Gagnoa, Daloa, Abidjan (Abobo)… La détermination des militants du Rhdp a eu raison des mesures «impopulaires» de Laurent Gbagbo. La Cei a été recomposée en gardant l’esprit de Pretoria. C’est-à-dire avec les partis politiques.
Notons qu’à chaque étape du processus électoral, le Rhdp a dû sortir ses muscles pour contraindre le pouvoir à avancer sur le chemin des élections. L’on se rappelle de la parenthèse douloureuse des audiences foraines, sous le Premier ministre, Charles Konan Banny. Le camp présidentiel n’en voulait pas de cette opération. Il a, de ce fait, usé de toutes sortes d’artifices pour faire blocage. Les militants du Rhdp ont dû opposer une résistance aux militants du camp présidentiel à qui ordre avait été donné par le président du Fpi, Pascal Affi Nguessan, de s’«opposer par tous les moyens» à la tenue des audiences foraines. Là aussi, l’on a dénombré des morts au cours des manifestations à Divo, Grand Bassam… L’opération a été suspendue. Et, finalement, sous le Premier ministre Guillaume Soro, elle a pu se dérouler sans qu’on ne déplore d’autres heurts. Les jeunes du Rhdp et du camp présidentiel ont fumé le calumet de la paix et signé un pacte de non agression dans le temple de la méga star du reggae, Alpha Blondy, aux II-Plateaux. Lorsqu’il s’est agi d’aller à l’identification et au recensement électoral, le Rhdp dans une synergie a organisé ses jeunes pour faire échec aux forces perturbatrices et à tous ceux qui ont tenté d’empêcher leurs militants de se faire enrôler. Le Rhdp gagnerait à faire son union car d’autres défis sont encore à relever. Le chemin des élections est encore long.

K. Marras. D