Ceux qui étaient avec lui ce jour-là, n’ont certainement pas compris, sur l’instant, son spleen. Le Chef de l’Etat Laurent Gbagbo devait vivre un jour difficile ce 18 mai 2005. La raison de son amertume se trouvait à 6000 lieues. A Paris exactement où quatre formations politiques de l’opposition venaient de créer le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). Le PDCI de l’ancien Chef de l’Etat Henri Konan Bédié, le RDR de l’ancien Premier ministre Alassane Dramane Ouattara, l’UDPCI de l’ancien ministre Albert Mabri Toikeusse et le MFA de l’ancien ministre Innocent Anaky Kobena les quatre véritables partis d’opposition avaient compris la nécessité d’unir leurs forces. Sur les résultats des derniers scrutins électoraux, ces partis du RHDP ont plus d’élus que le FPI du Chef de l’Etat. Aux municipales de mars 2001, alors que le FPI du Chef de l’Etat Laurent Gbagbo affichait 33 circonscriptions, le RHDP cumulait à plus de 130 (RDR, 63 ; PDCI, 59 ; UDPCI, 15). Pareil aux élections des Conseils généraux et de District. Le RHDP est arrivé en tête avec plus de 30 départements devant le FPI (18). Le Chef de l’Etat-candidat a donc entrepris de riposter. A l’image du Conseil national de la résistance (CNR) sous le régime de Vichy en France entre 1939 et 1945, il fait créer le Congrès national de la résistance pour la démocratie (CNRD). Un mouvement composé du FPI et de petits partis suscités. La réplique ne fut pas à la hauteur. Il fallait attaquer de l’intérieur les partis du RHDP. Ce fut l’époque des débauchages. Bien sûr, plusieurs feuilles mortes s’envolèrent vers le camp du régime Gbagbo. N’empêche, le RHDP resta plus fort que jamais. En désespoir de cause, le Chef de l’Etat se remémora aux bons souvenirs du Front républicain avec le RDR de Ouattara. Le Président du FPI, Pascal Affi N’Guessan, fut même une belle danse nuptiale au congrès du RDR. Des rencontres informelles eurent lieu. Rien n’y fit, le RDR restait fidèle à ses alliés Houphouëtistes. Mais Laurent Gbagbo est un politicien téméraire. Récemment, c’est au PDCI qu’il a raconté que le RDR n’était pas un allié loyal. L’information parvint aux alliés du RDR. Entre les leaders du RHDP, la transparence est totale. Il n’existe aucune suspicion. Quelle hantise ! Quelle débauche d’énergie de la part de Laurent Gbagbo, pour briser ou tout au moins affaiblir le RHDP ! A raison, il faut le reconnaître. Car même dans les derniers sondages commandités par le régime Gbagbo, les quatre formations politiques du RHDP font à elles seules près de 75% des suffrages exprimés au premier tour du scrutin présidentiel. C’est dire qu’au regard de la loyauté au sein de ce mouvement, le report des voix sera quasi automatique. Fini donc les rêves du Chef de l’Etat-candidat. Il a raison d’être angoissé par le RHDP et de persister dans sa démarche. L’avenir dira s’il a réussi.
KIGBAFORY Inza
KIGBAFORY Inza