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Société Publié le vendredi 21 mai 2010 | L’expression

Déguerpissement à Abidjan - Ceux qui en tirent profit

© L’expression Par Atapointe
Infrastructures routières - Rue du Plateau, à Abidjan
Vendredi 16 avril 2010.
La chasse aux commerçants de l’informel dans les rues d’Abidjan décrétée par les mairies du Plateau et de Cocody, disent-elles, pour réserver un accueil sain aux Assemblées annuelles de la Bad ne fait pas que des malheureux. Beaucoup de petits malins en profitent.
Abidjan ressemble ces derniers temps à un vaste chantier, tant les baraques volent en éclats et les rues jonchées de monticules de terre. Sans aucune pitié pour les commerçants de l’informel, les autorités municipales de la capitale économique ont déployé l’artillerie lourde pour tout démolir aux abords des trottoirs. Ainsi, cabines téléphoniques, restaurants et gares de wôro wôro ont été rasés. Cette opération initiée pour assainir Abidjan en vue des assemblées générales de la Bad fait pourtant des heureux. Certains profitent de cette situation pour se faire leur beurre. La circulation qui est devenue plus fluide au Plateau du fait de l’absence des wôro wôro, est saluée par beaucoup d’automobilistes. «Il est évident que l’absence des wôro-wôro n’arrange pas les travailleurs, mais au moins nous (véhicules personnels Ndlr) sommes à l’abri des mauvais stationnements et des embouteillages intempestifs que ces gens créent dans le périmètre de la Sorbonne », explique un automobiliste. A côté de cela, ce sont les taxis compteurs qui n’ont plus besoin de parcourir de longues distances avant d’avoir des clients. Ils souhaitent d’ailleurs que cette situation perdure. A en croire Soro, conducteur de taxi, «les syndicats ont combattu en vain le retrait des véhicules banalisés (véhicules de particuliers s’adonnant au transport) du transport public. C’est une occasion pour nous les chauffeurs de faire tranquillement nos recettes. Nous allons demander aux autorités compétentes de veiller au retrait des véhicules banalisés après la fin des assises de la Bad », confie le chauffeur. Un autre bénéficiaire et non des moindres est la Société abidjanaise de transport (Sotra), qui a vu se rabattre vers elle les habitués des véhicules intercommunaux.

Le revers de la médaille

La demande devenue forte, il n’est pas rare de voir des passagers debout dans les bus ‘’express’’. « Cela ne fait que nous arranger, parce qu’il faut bien que les gens rentrent chez eux après le travail. Et nous les aideront autant qu’on peut», confie un agent de la Sotra. Pourtant, si l’arrivée de la Bad suscite joie et empressement au Palais du Plateau, d’autres souhaitent le report des assises. Il n’y a plus de petits commerces à la gare Saint-Jean de Cocody. Les jeunes, rejetés par un système éducatif sans débouché, qui s’adonnent à de petites activités sont quotidiennement traqués par les forces de l’ordre qui se sont trouvés une nouvelle vocation: agents de salubrité. Il en est de même pour les taxis qui éprouvent des difficultés à stationner au Plateau. De peur de se voir réclamer leurs pièces. Ceux qui s’y opposent, refusant de reconnaître un supposé mauvais stationnement, essuient le courroux des hommes en tenue. La fermeture de la Sorbonne, cette espèce de complexe informel, n’est qu’une question d’heures, à en croire, le premier magistrat de la commune qui a animé, hier, un point de presse. «Le Plateau n’est pas digne de la Sorbonne, c’est un nid de badauds qu’il faut raser. Et dans le cadre des assemblées annuelles de la Bad pour lesquelles le gouvernement demande de rendre le Plateau viable, en le débarrassant de toute forfaiture : wôro-wôro, ‘’djosseurs de naman’’ (Ndlr: jeunes qui surveillent les véhicules stationnés aux abords des routes)», a dit Noël Akossi Bendjo. Une décision qui inquiète les petits commerçants qui occupent ces lieux. «Si on ferme la Sorbonne je ne saurais pas où exercer mes activités. C’est ici que je gagne mon pain. Veut-il nous pousser à la rue pour qu’on devienne des bandits ?», s’interroge Tra Bi Bolly, qui tient un magasin à la Sorbonne et qui dit gagner 15.000 Fcfa chaque semaine. Idem pour Aïcha Ba, restauratrice. Pour elle, les sorbonnards veulent bien partir mais s’ils ne sont pas recasés ce sera un coup dur pour des milliers de personnes qui y gagnent leur vie. Des préoccupations qui en disent long sur les opérations de déguerpissement tout azimut. Ce toilettage est certes propice pour le développement du milieu des affaires, mais il apparait aussi important de songer à recaser les petits débrouillards qui n’ont pas d’autres sources de revenus.

Kuyo Anderson



Encadré
La Sorbonne rasée le 28 mai

Le premier magistrat de la Commune du Plateau, Noel Akossi Bendjo a annoncé, hier, devant un parterre de journalistes que la Sorbonne sera rasée le samedi 28 mai. « Tous les efforts consentis par le Conseil municipal du Plateau pour rendre la Commune salubre, viable et attractive sont battus en brèche par le désordre et l’anarchie qui règne sur le site des 60 logements communément appelés ‘’Sorbonne’’ », a fustigé le maire. Pour lui, la commune du Plateau qui est la vitrine d’Abidjan ne peut plus continuer à cohabiter avec les sorbonnards. A l’en croire, il leur a suggéré les lieux entre midi et deux, dans les jardins publics pour débattre et vaquer à d’autres occupations après. Malheureusement, ils en ont fait un lieu de commerce. Selon le maire, des enquêtes ont établi que les sorbonnards encaissent entre 6 et 8 millions Fcfa par mois. 60 à 70 % des déchets ménagers générés dans la commune sont des sachets provenant du commerce de la Sorbonne. Et le lieu est devenu une plaque tournante de prostitution et de vente de drogues. «Tous les appartements étant occupés par des prostitués», selon Akossi Bendjo. Il a donc décidé que rien n’entamera sa volonté, ce samedi 28, pour raser « ce lieu qui n’apporte rien à la République » de la carte d’Abidjan. Car au delà de tout, un vaste programme de travaux est en cours pour donner une autre vitrine au centre des affaires.

K.A
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