Le feu couve sous les cendres. Le Rhdp va mal. Et les signes cliniques du mal dont il souffre apparaissent au grand jour. Ils sont perceptibles dans les actes et propos contradictoires des acteurs de ce mouvement. Albert Mabri Toikeusse, président de l’Udpci, n’est pas allé du dos de la cuillère, mercredi dernier, lors de sa conférence, pour fustiger l’attitude de son homologue du Pdci, Henri Konan Bédié. Au motif qu’il a décidé du report de la marche que le Rhdp projetait d’organiser le 15 mai dernier.
Les mots de Mabri ont été durs à l’endroit de Bédié. Le contenu et la forme du discours irrespectueux pour un aîné et un doyen en politique “Ces propos nous ont rendus tristes. Je crois qu’il n’y avait aucune dignité à prononcer de tels propos”, a-t-il répondu à la presse nationale qui lui a demandé un commentaire sur les raisons évoquées par Bédié pour annuler cette marche. Dans son propos liminaire, le président de l’Udpci a usé d’une formule bien plus corsée : “Je suis peiné d’entendre des commentaires désobligeants, indignes de ceux qui les prononcent”. Le malheur du président du Pdci ait d’avoir dit, le vendredi 14 mai, sur les antennes de radio Rfi : “Les raisons que nous avons évoquées dans le report de la marche tiennent au fait que la préparation de cette marche a pêché par plusieurs points. Il fallait bien définir les objectifs de la marche, à savoir une marche pacifique et non insurrectionnelle, une marche pacifique et non marquée par la violence”.
Cela a suffi pour déclencher le courroux de Mabri contre Bédié. Fait curieux, le président de l’Udpci a ignoré, dans sa critique, celui du Rdr, Alassane Dramane Ouattara qui est, pourtant, cosignataire du communiqué annonçant le report de la marche. Ouattara a même repris les mêmes arguments de Bédié pour ce qui est de la sécurisation des assemblées annuelles de la Bab qui se tiendront du 27 au 28 mai. Il a posé ces questions teintées de reproches aux jeunes du Rdr, le mercredi 19 mai, lors de leur assemblée générale. “Quelle image voulez- vous que nous donnions à nos compatriotes, à la communauté internationale ? Que de hauts responsables comme Henri Konan Bédié et moi-même puissent être responsables de la perturbation de la réunion de la Bab ?”.
A la vérité, cette crise, que Mabri même qualifie de “malaise”, n’est pas un banal mal que quelques conseils génériques pourraient guérir. Elle est profonde. La marche avortée du 15 mai n’a fait que ajouter à sa purulence et mettre au grand jour ce qui était jusque-là dans le bois sacré du Rhdp. Ce mouvement houphouétiste est parcouru depuis sa création, le 18 mai 2005, à Paris, par un conflit de leadership. La question est de savoir qui allait porter les espoirs de l’opposition ivoirienne et de remporter le gain de la bataille contre Laurent Gbagbo ? Cette question n’a jamais été tranchée. Il s’est dégagé deux camps au sein de ce rassemblement. Et chaque camp ne rate aucune occasion de renforcer sa position. Selon une source bien introduite au Rhdp, nous avons le clan de Bédié et celui de Ouattara soutenu par Mabri Toikeusse et Innocent Anaky, président du Mfa. Les pro-Bédié estiment que le président du Pdci est bien plus expérimenté que les autres leaders pour conduire le Rhdp. Il a été chef de l’Etat, il est un doyen dans la politique (il a 76 ans aujourd’hui) et son parti a la plus forte audience au sein de ce rassemblement. “Quant à ceux de Ouattara, ils soutiennent que leur leader a une assise internationale” (donc un bon carnet d’adresses) et une grande capacité de mobilisation sur le terrain. Ce deuxième groupe pense que ces atouts sont nécessaires pour s’opposer au président Laurent Gbagbo qui ne peut partir du pouvoir que sous la pression conjuguée de la rue et de la communauté internationale. A maintes reprises, le président du Mfa a posé avec insistance la question de la candidature unique au sein du Rhdp et en dehors de ce mouvement. Des sources soutiennent qu’Innocent Anaky Kobenan voulait, par cette démarche, poser les balises d’une candidature unique au profit d’Alassane Ouattara. Bien avant les échéances électorales. Cette tentative a échoué. Le résultat mitigé de la marche du Rhdp le 25 mars 2004 a donné l’occasion aux pourfendeurs de Bédié de l’attaquer sur sa faible capacité à mobiliser. C’était la première alerte d’une décomposition interne du Rhdp. La critique n’a pas vraiment porté et les choses sont restées en l’état. Aujourd’hui, avec la marche avortée du 15 mai, Albert Mabri Toikeusse croit avoir trouvé l’occasion rêvée pour disqualifier Bédié comme leader du Rhdp.
Il est donc monté au créneau pour dénoncer publiquement les propos “indignes” de Bédié. Qui voudra désormais écouter un président de parti qui se montre indigne de la confiance placée en lui ? Mabri ménage dans le même temps son choix, Ouattara. Pour donner de la contenance et du crédit à ses propos, Mabri se positionne comme étant l’inspirateur du Rhdp. Et, en tant que tel, il a donc le droit de distribuer de bons ou de mauvais cartons aux acteurs qui s’y trouvent. “L’idée de la création du Rhdp est partie de l’Udpci. C’est mon aînée Akoto Yao, président intérimaire de l’Udpci, qui, en marge du sommet d’Accra, a proposé au président Bédié de faire en sorte que nous nous retrouvions entre nous Houphouétistes et c’est comme ça que le Rhdp est né. Et, l’idée d’un seul parti houphouétiste est partie à nouveau de l’Udpci. Lors de l’avant-dernier bureau politique conjoint du Rhdp, j’ai fait cette proposition qui a été acclamée par un standing ovation par les militants de notre mouvement”, a déclaré le président de l’Udpci au cours de sa conférence de presse, le mercredi 19 mai. Là encore, on voit que Bédié est disqualifié pour prétendre à un quelconque titre de leader au sein du Rhdp, selon Mabri. Puisqu’il n’a aucune légitimité. Du côté du Pdci, rapporte une source, cette sortie de Mabri a été mal prise. L’ex-parti unique n’entend pas demeurer les bras croisés.
Serge Armand Didi sardidi@yahoo.fr
Les mots de Mabri ont été durs à l’endroit de Bédié. Le contenu et la forme du discours irrespectueux pour un aîné et un doyen en politique “Ces propos nous ont rendus tristes. Je crois qu’il n’y avait aucune dignité à prononcer de tels propos”, a-t-il répondu à la presse nationale qui lui a demandé un commentaire sur les raisons évoquées par Bédié pour annuler cette marche. Dans son propos liminaire, le président de l’Udpci a usé d’une formule bien plus corsée : “Je suis peiné d’entendre des commentaires désobligeants, indignes de ceux qui les prononcent”. Le malheur du président du Pdci ait d’avoir dit, le vendredi 14 mai, sur les antennes de radio Rfi : “Les raisons que nous avons évoquées dans le report de la marche tiennent au fait que la préparation de cette marche a pêché par plusieurs points. Il fallait bien définir les objectifs de la marche, à savoir une marche pacifique et non insurrectionnelle, une marche pacifique et non marquée par la violence”.
Cela a suffi pour déclencher le courroux de Mabri contre Bédié. Fait curieux, le président de l’Udpci a ignoré, dans sa critique, celui du Rdr, Alassane Dramane Ouattara qui est, pourtant, cosignataire du communiqué annonçant le report de la marche. Ouattara a même repris les mêmes arguments de Bédié pour ce qui est de la sécurisation des assemblées annuelles de la Bab qui se tiendront du 27 au 28 mai. Il a posé ces questions teintées de reproches aux jeunes du Rdr, le mercredi 19 mai, lors de leur assemblée générale. “Quelle image voulez- vous que nous donnions à nos compatriotes, à la communauté internationale ? Que de hauts responsables comme Henri Konan Bédié et moi-même puissent être responsables de la perturbation de la réunion de la Bab ?”.
A la vérité, cette crise, que Mabri même qualifie de “malaise”, n’est pas un banal mal que quelques conseils génériques pourraient guérir. Elle est profonde. La marche avortée du 15 mai n’a fait que ajouter à sa purulence et mettre au grand jour ce qui était jusque-là dans le bois sacré du Rhdp. Ce mouvement houphouétiste est parcouru depuis sa création, le 18 mai 2005, à Paris, par un conflit de leadership. La question est de savoir qui allait porter les espoirs de l’opposition ivoirienne et de remporter le gain de la bataille contre Laurent Gbagbo ? Cette question n’a jamais été tranchée. Il s’est dégagé deux camps au sein de ce rassemblement. Et chaque camp ne rate aucune occasion de renforcer sa position. Selon une source bien introduite au Rhdp, nous avons le clan de Bédié et celui de Ouattara soutenu par Mabri Toikeusse et Innocent Anaky, président du Mfa. Les pro-Bédié estiment que le président du Pdci est bien plus expérimenté que les autres leaders pour conduire le Rhdp. Il a été chef de l’Etat, il est un doyen dans la politique (il a 76 ans aujourd’hui) et son parti a la plus forte audience au sein de ce rassemblement. “Quant à ceux de Ouattara, ils soutiennent que leur leader a une assise internationale” (donc un bon carnet d’adresses) et une grande capacité de mobilisation sur le terrain. Ce deuxième groupe pense que ces atouts sont nécessaires pour s’opposer au président Laurent Gbagbo qui ne peut partir du pouvoir que sous la pression conjuguée de la rue et de la communauté internationale. A maintes reprises, le président du Mfa a posé avec insistance la question de la candidature unique au sein du Rhdp et en dehors de ce mouvement. Des sources soutiennent qu’Innocent Anaky Kobenan voulait, par cette démarche, poser les balises d’une candidature unique au profit d’Alassane Ouattara. Bien avant les échéances électorales. Cette tentative a échoué. Le résultat mitigé de la marche du Rhdp le 25 mars 2004 a donné l’occasion aux pourfendeurs de Bédié de l’attaquer sur sa faible capacité à mobiliser. C’était la première alerte d’une décomposition interne du Rhdp. La critique n’a pas vraiment porté et les choses sont restées en l’état. Aujourd’hui, avec la marche avortée du 15 mai, Albert Mabri Toikeusse croit avoir trouvé l’occasion rêvée pour disqualifier Bédié comme leader du Rhdp.
Il est donc monté au créneau pour dénoncer publiquement les propos “indignes” de Bédié. Qui voudra désormais écouter un président de parti qui se montre indigne de la confiance placée en lui ? Mabri ménage dans le même temps son choix, Ouattara. Pour donner de la contenance et du crédit à ses propos, Mabri se positionne comme étant l’inspirateur du Rhdp. Et, en tant que tel, il a donc le droit de distribuer de bons ou de mauvais cartons aux acteurs qui s’y trouvent. “L’idée de la création du Rhdp est partie de l’Udpci. C’est mon aînée Akoto Yao, président intérimaire de l’Udpci, qui, en marge du sommet d’Accra, a proposé au président Bédié de faire en sorte que nous nous retrouvions entre nous Houphouétistes et c’est comme ça que le Rhdp est né. Et, l’idée d’un seul parti houphouétiste est partie à nouveau de l’Udpci. Lors de l’avant-dernier bureau politique conjoint du Rhdp, j’ai fait cette proposition qui a été acclamée par un standing ovation par les militants de notre mouvement”, a déclaré le président de l’Udpci au cours de sa conférence de presse, le mercredi 19 mai. Là encore, on voit que Bédié est disqualifié pour prétendre à un quelconque titre de leader au sein du Rhdp, selon Mabri. Puisqu’il n’a aucune légitimité. Du côté du Pdci, rapporte une source, cette sortie de Mabri a été mal prise. L’ex-parti unique n’entend pas demeurer les bras croisés.
Serge Armand Didi sardidi@yahoo.fr