Ils sont de retour. Sooh et Oli de Garba50 ont sorti sous le label Independance Day Jeune Africain Moderne. Un album de 19 titres produit par Urban Royal. Sur une note d’humour, Sooh confère à « l’ennui » le secret d’une telle productivité. « On s’ennuyait, voilà pourquoi », a-t-il expliqué avec Oli, son compère, l’œuvre dont le titre reflète un état d’esprit. Au Pam’s, aux II-Plateaux, où l’oeuvre a été présentée, Garba50 donne le temps. « Les enfants ont soufferts mais, les enfants reviennent…Toute modestie mise à part, les Garba50 sont de retour. C’est le retour des enfants terribles : GB50 », riment-t-ils à la suite du chant « Dieu ne donne pas tout » sur lequel la chanteuse Karen a posé sa voix. Pour ce retour musical placé sous le signe du renouveau, le duo qui a fait passer la musique avant les études universitaires entend se faire respecter. « On le fait pour qu’on nous respecte », fait entendre le membre Sooh. Après avoir « pris du plomb dans l’aile » en 2006, Garba50 qui devenait – dès la naissance – le porte flambeau du Rap ivoirien avait les épaules frêles pour supporter le poids de la mission avec « Ya nen pour les oreilles », leur première production musicale. Mais, « La vie continue», chantent-ils. Le langage reste le même sur Jeune Africain Moderne avec pour code le même engagement. Le verbe enroulé dans un style qui balaie les rues des quartiers abidjanais, Sooh et Oli font le décryptage – dans un langage propre à l’ivoirien – des habitudes et mode de vie de la société ivoirienne. « Côte d’Ivoire kabako» en est une dédicace : « C’est l’histoire d’un pays pauvre très endetté où les dirigeants rivalisent à coup de château et grosses cylindrés ». Au refrain de « Pays là même c’est pas la peine ! », les deux artistes peignent le quotidien des Ivoiriens qu’ils disent marqué par une culture de la facilité : « A parents corrompus, enfants tricheurs… Tu veux djo à l’ENA, rentres d’abord en brousse, il te faut les bâtons ». Les clichés sont de toutes sortes : disparition, charnier, déchets toxiques, coupure d’eau, la cherté de la vie, fainéantise… Face au « traumatisme » du peuple ajouté à la perte de valeur morale et la précarité de la vie, Sooh et Oli crient leur ras le bol et n’épargnent pas « les artistes qui pour percer donnent leur c… ». D’où le témoignage à travers le chant : « Avant Garba50, il n’y avait rien de bon dans la musique : Travaillement, broutage, les sciences de pédé, c’est la mode des choses faciles ». Si Garba50 éveille les consciences, ils ne manquent cependant pas transposer leur ego dans l’oeuvre. « L’insolence de la jeunesse ivoirienne m’a déçu. On te donne un prix, tu insultes les gens pour dire merci », un message adressé sans détour à Billy Billy. Sans aller sur le chemin de la confrontation avec Billy Billy, Sooh de Garba50 qui reconnaît qu’il y a eu une histoire avec le rappeur de Wassakara fait comprendre : « on s’est entendu. C’est une dédicace. Dans le hip hop, il y a l’esprit de compétition, on y retrouve beaucoup d’égo ». 19 titres, c’est une balade dans la citée où « très peu bouffent, beaucoup souffrent ». Une triste réalité que chante Garba50 avec Ismaël Isaac qui fait un remake de « magnoumako ».
Koné Saydoo
Koné Saydoo