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Art et Culture Publié le jeudi 20 mai 2010 | Nord-Sud

Adama Dahico, humoriste, candidat à l’élection présidentielle : “Pourquoi je ne serai pas aux 50 ans du rire”

Humoriste émérite, le nom de Dolo Adama alis Adama Dahico ne figure pas sur la liste des comédiens annoncés pour commémorer les 50 ans du rire, demain, au Palais de la culture de Treichville. Dans cette interview, le candidat à l’élection présidentielle parle de sa carrière artistique et politique.

Il y a un grand spectacle, demain, pour commémorer les 50 ans du rire en Côte d’Ivoire. Pourquoi Adama Dahico n’est pas associé à cet évènement ?
Effectivement, je ne suis ni à l’affiche, ni sur la liste des comédiens. J’ai été approché par les organisateurs. En son temps, je leur ai fait savoir que, ne connaissant pas la date exacte des élections, je pouvais être appelé à tout moment pour la campagne électorale. Ce qui aurait pu porter préjudice à la bonne organisation de la manifestation, à partir du moment où mon nom serait sur la liste des artistes invités. J’ai donc décliné l’offre. Je soutiens moralement les organisateurs et je promets d’être présent au spectacle pour les assister.

Dans le cadre des 50 ans du rire, Dahico aurait pu faire un effort…
Nous sommes dans l’année du cinquantenaire. Des promoteurs créent des évènements autour du thème. Si le spectacle avait pour but de faire le bilan des 50 ans de l’humour en Côte d’Ivoire, il ne serait pas intéressant que je ne sois pas impliqué. Mais, c’est un spectacle comme tout autre. Ce que je souhaite, c’est que le public qui effectuera le déplacement, retourne satisfait. Il ne servira à rien d’avoir un nombre pléthorique de comédiens juste pour dire que ce sont les 50 ans du rire. Qu’on donne l’occasion à chaque humoriste de s’exprimer. Afin de montrer au public qu’en un demi-siècle, la Côte d’Ivoire se porte très bien au plan de la comédie et de l’humour.

S’il arrivait qu’on vous invite à un spectacle, déclineriez-vous l’offre ?
En trois mois, j’ai fait partie de la caravane d’un concours de beauté. Nous sommes allés à Bouaké, Daloa, Korhogo, Divo etc. Avec mes partenaires, j’avais pour rôle de sensibiliser sur la fraude et la contrefaçon des pagnes. Je faisais de l’animation et des prestations humoristiques. Je continue de prendre part à des galas hors de la Côte d’Ivoire. Au mois de juin, je serai à Ouagadougou pour un festival. Le jour de mon retour, j’animerai un gala ici à Abidjan. Seulement, je ne veux plus associer mon image à des spectacles mal conçus. Par exemple : « Adama Dahico au Palais de la culture ». Honnêtement, je ne suis plus à ce stade. Je suis producteur de festival, et je connais le coût d’une production. Même pendant mes meetings, je suis sur scène. C’est comme si j’avais mes fans en face de moi.

Votre attitude n’est-elle pas interprétée comme un complexe de supériorité ?
Ne voyez pas les choses dans ce sens. Récemment, j’ai été contacté par une dame pour jouer à son mariage et je l’ai fait. C’est vrai que je suis aujourd’hui candidat à l’élection présidentielle. Cela ne signifie pas que je dois abandonner le métier par lequel on m’a connu. Si vous êtes avocat, même candidat, vous continuerez à défendre les gens. Le professeur à l’université continue de donner ses cours. Je suis comédien, je reste constamment en contact avec la population. Si quelqu’un a besoin de moi, je répondrai présent. Maintenant, c’est le traitement qui fera la différence. A ce niveau, certaines personnes pensent qu’en me sollicitant, je vais demander des sommes faramineuses. Je dis non. Je suis l’artiste.

Cela se justifie d’autant que vous avez privilégié le côté politique au détriment du côté humoristique…
On me voit rarement à la télé pour parler d’un meeting politique ou prendre position par rapport à l’évolution de la situation sociopolitique. Il y a eu plusieurs évènements qui se sont déroulés et je n’ai fait aucune déclaration comme certaines personnes. J’ai été un moment rencontré Y. J. Choi (représentant du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies) avec un groupe de candidats indépendants. Nous avons rendu une visite à M. Badini, représentant du facilitateur et même aux responsables de la Commission électorale indépendante (Cei).

Pourquoi ?
Pour des questions politiques. Nous ne sommes pas représentés à la Cei, nous sommes absents du Cadre permanent de consultation (Cpc), notre sécurité n’est pas assurée. Nous ne sommes pas indemnisés au fur et à mesure que les élections sont reportées. Au niveau de la télévision, nous n’avons pas le même temps d’antenne que les autres candidats. Je peux dire que ces revendications sont justifiées. A part cela, je n’ai pas organisé de marche ou sit-in pour attaquer gratuitement un homme politique. C’est ma culture humoristique qui accompagne ma candidature. Après les élections, je reviendrai faire mon métier.

Les fans ne vont-ils pas penser à un faux bond de leur idole ?
Les fans doivent s’en réjouir. J’ai été décoré, je suis auteur de trois livres. Qu’ils comprennent que tout ce que je réclame, c’est ce que j’ai toujours dénoncé. Mon discours n’est pas nouveau. Dire que les Ivoiriens ne sont pas ponctuels, que nous voulons la paix, parler du manque de médicaments dans les hôpitaux, rappeler que le pays est divisé et qu’il faut le réunifier. Ces propos peuvent être tenus par tout Ivoirien.

Mais jusqu’aller être candidat à la présidentielle, c’est pousser le bouchon un peu trop loin…
Etre aujourd’hui candidat à la future élection présidentielle est une bénédiction. Un enfant qui vient de la commune d’Abobo, d’une cour commune, qui part de rien et arrive à ce stade, c’est énorme. Si j’étais ingénieur ou haut cadre, cela ne causerait aucun problème. Seulement au plan artistique en Côte d’Ivoire, j’ai le rang de cadre supérieur. Il faut comprendre qu’à un moment donné, j’ai eu des ambitions pour mon pays. Je n’ai trahi personne. Aujourd’hui, je fais de l’humour sociopolitique. Je ne raconte pas des blagues. Je fais donc de la politique de développement.

Dans quel habit Dolo Adama se sent-il le mieux aujourd’hui. Celui du politicien ou de l’humoriste ?
Je me sens mieux dans ma situation de comédien-humoriste-écrivain. Je viens de publier un dernier livre. On me connaît en temps que comédien. Je ne suis pas un homme politique mais un comédien candidat à l’élection présidentielle. C’est parce que les politiciens ivoiriens font de la comédie que moi je fais de la politique. Le jour qu’ils s’adonneront à la politique, je retournerai à la comédie. Ma prochaine production est intitulée Cei : comédie électorale ivoirienne.

Ne craignez-vous pour votre avenir dans le métier ?
Soyez rassuré. C’est maintenant que Dahico écrit ses meilleurs sketchs. L’acte que j’ai posé, permettra aux uns et aux autres de nous prendre au sérieux. Je connais le poids de l’humour dans une société et le fait d’être candidat est un grand atout.

Quand aura lieu le prochain Festival international du rire d’Abidjan (Fira) ?
Ce sera du 4 au 8 août. Le thème retenu est le respect du public. Il y aura une conférence, un atelier sur les genres et styles humoristiques pratiqués en Côte d’Ivoire. Mais aussi, il sera question, pour nous, de faire le bilan de 50 ans d’humour en Côte d’Ivoire. Les spectacles d’humour seront au rendez-vous. En lieu et place de la pièce le ‘’ Maquis le Drômikan’’, nous proposerons une classe de Cm2 dans laquelle on retrouvera tous les peuples du pays.

l N’est-ce pas à cause du Fira que vous avez décliné l’offre de participer aux 50 ans du rire ?
Pas du tout. Les dates ne coïncident pas. Nous sommes en mai et le Fira se tiendra en août.

Interview réalisée par Sanou Amadou (stagiaire)
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