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Société Publié le samedi 22 mai 2010 | Nord-Sud

Rapprochement des naissances : Comment les grossesses piègent les nourrices

Certaines femmes pensent être à l’abri de toute grossesse après un accouchement. Mais le constat est tout autre. Plusieurs d’entre elles tombent enceinte dès qu’elles ont des relations sexuelles. D’où les grossesses rapprochées qui s’avèrent dangereuses pour la santé de la mère et du fœtus qui va naître.

Il est possible d’ovuler 2 semaines après un accouchement. En d’autres termes, il peut arriver qu’une femme soit à nouveau enceinte aussitôt après avoir accouché. De plus en plus de nourrices vivent ce problème, selon Dr Adjobi Roland, gynécologue obstétricien au Chu de Cocody. Il explique cela par le fait que les femmes qui viennent d’accoucher, pensent qu’elles sont protégées des grossesses, compte tenu de fait qu’elles allaitent leurs enfants. C’est un moyen de contraception naturel qui a beaucoup d’insuffisances. En effet, selon lui, la Méthode de l’allaitement maternel et de l’aménorrhée (Mama), dont il est question, est une méthode qui fournit à la mère une contraception pendant quelque temps après l’accouchement. Et, elle est plus efficace si des conditions sont respectées.

Refusant la contraception

Ce sont entre autres les 6 à 10 tétées jour et nuit, et jamais plus de 6 heures entre elles. A cela s’ajoute le fait que le bébé ne doit consommer que le lait maternel, et la prise doit être faite directement au sein. Tant de prescriptions que les femmes n’arrivent pas à respecter. Raison pour laquelle après l’accouchement, une première consultation post-natale est demandée aux femmes pour trouver une solution de contraception. « C’est à cette consultation que nous leur proposons les méthodes contraceptives. Pour celles qui ne veulent plus d’enfants, nous leur proposons des implants ou des stérilets qui sont des contraceptifs à longue durée. Aux femmes qui veulent se reposer quelque temps, nous leur offrons des injections. Aux jeunes mères, nous proposons des pilules », précise-t-il. Un autre gynécologue qui a requis l’anonymat, abonde dans le même sens que le premier. Il faut accompagner la Mama d’un autre moyen de contraception. Ce dernier affirme que la majorité des femmes qui viennent d’accoucher, refuse la contraception quelles que soient les méthodes qu’on leur propose. « Il y a environ 6 mois, j’ai reçu une dame en consultation. Je l’avais suivie pendant toute sa grossesse et c’était la première consultation post-natale (deux mois après l’accouchement). Je lui ai suggéré de la mettre sous pilule. Mais elle a refusé. Elle m’a dit qu’elle n’envisageait pas si tôt reprendre l’activité sexuelle », indique-t-il. Il continue : « Elle est revenue trois mois plus tard, pour une autre consultation. Après le toucher vaginal, j’ai constaté que tout n’était pas clair. Je lui ai demandé un test de grossesse qui s’est avéré positif. Elle était enceinte », raconte-t-il. Les agents de santé font parfois la même erreur que les autres femmes. H.D. est infirmière. Elle exerce dans un centre de santé à Abidjan. Elle reconnaît avoir été prise à ‘’ce piège’’ qui fait tant peur aux nourrices. Elle a pris une deuxième grossesse lorsque son premier fils n’avait que 4 mois.
Elle raconte : « Je me croyais à l’abri de toute grossesse. C’était la première fois que je passais à l’acte sexuel depuis mon accouchement. J’ai accouché plus tard et j’ai élevé mes deux enfants en même temps ». Et d’ajouter : « J’avoue que c’était compliqué ». Cela s’explique selon le gynécologue. Après l’accouchement, l‘apparition d’une fatigue, l‘arrivée du bébé, le manque de sommeil et l’allaitement font que les femmes n’ont plus envie de sexe. Dr Adjobi indique que plusieurs études semblent confirmer que les grossesses à intervalles trop proches peuvent être dangereuses pour la santé.

Bonjour la grossesse non désirée

En effet, la mère court une fragilisation de son état général. « Une femme qui vient d’accoucher et qui retombe enceinte, risque d’être anémiée. Car, elle n’a pas suffisamment de sang. Et le fœtus qui est en formation dans son utérus a besoin d’une grande quantité de sang », note-t-il. Cette femme développe facilement des infections telles que la fièvre typhoïde. Et le plus dangereux, c’est la mort du fœtus, à côté du risque de prématurité et de fausses couches. L’enfant qui est, dans le ventre de sa mère, est exposé à un retard de croissance intra-utérin. Selon lui, il y a de gros risques que l’enfant qui va naître, soit de petite taille. Ces complications sont majorées lorsque l’intervalle séparant les grossesses est inférieur ou égal à 6 mois. La période idéale est 18 et 23 mois entre le premier accouchement et la conception de l’enfant suivant selon les études réalisées dans ce cadre par des scientifiques américains.

Adélaïde Konin
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