Le livre de Serge Bilé intitulé «Et si Dieu n’aimait pas les Noirs, enquête sur le racisme aujourd’hui au Vatican», continue de susciter des réactions. Un an après sa parution, l’Abbé Francis Barbey donne la réplique à travers l’ouvrage «Et si Dieu aime les Noirs, contre enquête au Vatican».
Mercredi, à la librairie Carrefour, lors de la dédicace de ce bouquin, le prêtre de l’Eglise catholique a donné au public les raisons qui ont motivé la publication de son ouvrage.
A l’en croire, sa démarche consiste non pas à s’attarder sur les intentions profondes de Serge Bilé dont « la conclusion du livre était connue avant même de l’avoir écrit», mais d’offrir aux lecteurs d’autres éléments d’approche permettant d’évaluer de façon critique son récit.
Aussi, dira-t-il avec regret : «L’Eglise n’est critiquée de façon brutale que par des gens qui la connaissent moins ou pas du tout». Pour l’homme de Dieu, il est inadmissible que l’Eglise dont la mission est de contribuer à une civilisation de l’amour, à une fraternité humaine basée sur la grâce créatrice de Dieu soit celle-là même qui tolérerait l’idéologie raciste en son sein.
Fort de cela, il dit «s’opposer à la désinformation par les mots», à l’instar de Maurice Pergnier, notamment le mot raciste.
Pour avoir séjourné six ans durant à Rome, l’abbé Francis Barbey affirme qu’il n’y a pas de racisme au Vatican, encore moins des prêtres clochards ou de religieuses prostituées. Même s’il en existait, comme le rapporte le livre de Serge Bilé, cela n’est pas le fait de l’Eglise. ««Je ne cherche pas à camoufler les actes intolérables de certains ecclésiastiques, je n’ai pas la prétention d’affirmer que des individus n’ont pas souffert dans l’église sur la base d’une différence.
Mais je refuse qu’on présente des Noirs comme d’éternelles victimes ; je veux bien croire Serge Bilé quand il dit qu’il y a des racistes au Vatican ; je consens à ce que ces individus isolés soient démasqués et exclus du gouvernement universel de l’Eglise pour leur donner moins de chance de contredire l’Evangile ecclésiastique. Je persiste et je signe qu’il n’y a pas de relation de causalité entre le racisme de quelques individus au Vatican et le clochardisme des prêtres et la prostitution des religieuses africaines à Rome qui constitue la pointe de l’ouvrage de Serge Bilé!”
Qui, selon le curé, fait des amalgames à partir de quelques informations dont certaines lui ont été généreusement données au Saint- siège. «Le récit du journaliste enquêteur regorge de petites histoires dont certaines sont anecdotiques et pathétiques». Le curé rapporte d’ailleurs que les informateurs de Serge Bilé n’ont pas apprécié la façon dont il a orienté et traité les informations. D’ailleurs, il se demande si le journaliste est allé interroger les responsables des communautés mises en cause. Pour le directeur de l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest, «L’église s’inquiète pour les plus fragiles exposés à certains types d’informations médiatiques que leurs auteurs auto -proclament vérité ; tout simplement parce qu’elles ont trait à des supposés immondices de l’institution ecclésiastique.»
Intervenant à son tour, Monseigneur Marie Daniel Dadiet, parrain de la cérémonie de dédicace, s’est voulu rassurant en ces termes : «L’Eglise n’est pas raciste ». Pour lui, « des manifestations (s’il en existe) de racistes sont des faits d’individu isolés. Il y a peut-être des antipathies. Mais on ne saurait taxer l’Eglise de raciste». Il n’a pas manqué de dénoncer des gens qui font partir des filles en Europe en leur donnant le statut de religieuse. S’agissant de l’accession à la papauté d’un noir, Monseigneur Dadiet relève : «Etre Pape ou évêque, c’est Dieu qui décide. Et quand il décidera qu’il devra y avoir un pape noir, il y en aura. Il ne faut pas en faire une fixation».
M. Zio Moussa, journaliste et président de l’Olped, avait en charge de présenter l’essai et l’auteur. C’est un chercheur, membre fondateur du Centre sur les jeunes et médias à Paris et directeur de l’Ucao. Il a, à son actif, 5 livres dont le dernier «Et si Dieu aimait les Noirs, contre-enquête sur le racisme au Vatican». Il a été édité par Publibook.
Pour Zio Moussa, les parties du livre aiguillées sur 80 pages répondent à un souci de concision. Zio Moussa s’interroge pour sa part en un souffle : «Il y a enquête au Vatican, avec des témoignages à l’appui. Que révèle contre-enquête au Vatican ? L’auteur de Et si Dieu aimait les Noirs, Contre-enquête au Vatican, Père Francis Barbey, reprend l’enquête, disons, à rebrousse-poil pour y apporter des éléments non seulement de contradiction mais aussi et surtout de réponse et d’explication à la question si angoissante des prêtres africains qui deviennent des sans-papiers dans la ville sainte. L’illégalité pour un citoyen ordinaire est déjà, du point de vue de certaines lois, un crime.
Alors, comment qualifier la clandestinité d’un homme de Dieu dans une ville où il est censé être dans son pays, sur le territoire de Dieu dont il est le serviteur ? L’homme de Dieu sans-papiers à Rome peut raser les murs, être sauvé des contrôles de la police par sa soutane, mais devant Dieu, au regard de qui il ne peut échapper, c’est pire qu’un crime. C’est un péché, et le péché est le doux prénom du crime quand il est commis contre Dieu. Mais père Francis Barbey dédramatise la question et, avec pédagogie, explique cette situation qu’il ne rejette pas du revers de la main. Bien au contraire… »
Marie Chantal Obindé
Mercredi, à la librairie Carrefour, lors de la dédicace de ce bouquin, le prêtre de l’Eglise catholique a donné au public les raisons qui ont motivé la publication de son ouvrage.
A l’en croire, sa démarche consiste non pas à s’attarder sur les intentions profondes de Serge Bilé dont « la conclusion du livre était connue avant même de l’avoir écrit», mais d’offrir aux lecteurs d’autres éléments d’approche permettant d’évaluer de façon critique son récit.
Aussi, dira-t-il avec regret : «L’Eglise n’est critiquée de façon brutale que par des gens qui la connaissent moins ou pas du tout». Pour l’homme de Dieu, il est inadmissible que l’Eglise dont la mission est de contribuer à une civilisation de l’amour, à une fraternité humaine basée sur la grâce créatrice de Dieu soit celle-là même qui tolérerait l’idéologie raciste en son sein.
Fort de cela, il dit «s’opposer à la désinformation par les mots», à l’instar de Maurice Pergnier, notamment le mot raciste.
Pour avoir séjourné six ans durant à Rome, l’abbé Francis Barbey affirme qu’il n’y a pas de racisme au Vatican, encore moins des prêtres clochards ou de religieuses prostituées. Même s’il en existait, comme le rapporte le livre de Serge Bilé, cela n’est pas le fait de l’Eglise. ««Je ne cherche pas à camoufler les actes intolérables de certains ecclésiastiques, je n’ai pas la prétention d’affirmer que des individus n’ont pas souffert dans l’église sur la base d’une différence.
Mais je refuse qu’on présente des Noirs comme d’éternelles victimes ; je veux bien croire Serge Bilé quand il dit qu’il y a des racistes au Vatican ; je consens à ce que ces individus isolés soient démasqués et exclus du gouvernement universel de l’Eglise pour leur donner moins de chance de contredire l’Evangile ecclésiastique. Je persiste et je signe qu’il n’y a pas de relation de causalité entre le racisme de quelques individus au Vatican et le clochardisme des prêtres et la prostitution des religieuses africaines à Rome qui constitue la pointe de l’ouvrage de Serge Bilé!”
Qui, selon le curé, fait des amalgames à partir de quelques informations dont certaines lui ont été généreusement données au Saint- siège. «Le récit du journaliste enquêteur regorge de petites histoires dont certaines sont anecdotiques et pathétiques». Le curé rapporte d’ailleurs que les informateurs de Serge Bilé n’ont pas apprécié la façon dont il a orienté et traité les informations. D’ailleurs, il se demande si le journaliste est allé interroger les responsables des communautés mises en cause. Pour le directeur de l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest, «L’église s’inquiète pour les plus fragiles exposés à certains types d’informations médiatiques que leurs auteurs auto -proclament vérité ; tout simplement parce qu’elles ont trait à des supposés immondices de l’institution ecclésiastique.»
Intervenant à son tour, Monseigneur Marie Daniel Dadiet, parrain de la cérémonie de dédicace, s’est voulu rassurant en ces termes : «L’Eglise n’est pas raciste ». Pour lui, « des manifestations (s’il en existe) de racistes sont des faits d’individu isolés. Il y a peut-être des antipathies. Mais on ne saurait taxer l’Eglise de raciste». Il n’a pas manqué de dénoncer des gens qui font partir des filles en Europe en leur donnant le statut de religieuse. S’agissant de l’accession à la papauté d’un noir, Monseigneur Dadiet relève : «Etre Pape ou évêque, c’est Dieu qui décide. Et quand il décidera qu’il devra y avoir un pape noir, il y en aura. Il ne faut pas en faire une fixation».
M. Zio Moussa, journaliste et président de l’Olped, avait en charge de présenter l’essai et l’auteur. C’est un chercheur, membre fondateur du Centre sur les jeunes et médias à Paris et directeur de l’Ucao. Il a, à son actif, 5 livres dont le dernier «Et si Dieu aimait les Noirs, contre-enquête sur le racisme au Vatican». Il a été édité par Publibook.
Pour Zio Moussa, les parties du livre aiguillées sur 80 pages répondent à un souci de concision. Zio Moussa s’interroge pour sa part en un souffle : «Il y a enquête au Vatican, avec des témoignages à l’appui. Que révèle contre-enquête au Vatican ? L’auteur de Et si Dieu aimait les Noirs, Contre-enquête au Vatican, Père Francis Barbey, reprend l’enquête, disons, à rebrousse-poil pour y apporter des éléments non seulement de contradiction mais aussi et surtout de réponse et d’explication à la question si angoissante des prêtres africains qui deviennent des sans-papiers dans la ville sainte. L’illégalité pour un citoyen ordinaire est déjà, du point de vue de certaines lois, un crime.
Alors, comment qualifier la clandestinité d’un homme de Dieu dans une ville où il est censé être dans son pays, sur le territoire de Dieu dont il est le serviteur ? L’homme de Dieu sans-papiers à Rome peut raser les murs, être sauvé des contrôles de la police par sa soutane, mais devant Dieu, au regard de qui il ne peut échapper, c’est pire qu’un crime. C’est un péché, et le péché est le doux prénom du crime quand il est commis contre Dieu. Mais père Francis Barbey dédramatise la question et, avec pédagogie, explique cette situation qu’il ne rejette pas du revers de la main. Bien au contraire… »
Marie Chantal Obindé