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Économie Publié le mercredi 26 mai 2010 | Le Nouveau Réveil

Lettre ouverte aux participants aux Assemblées annuelles de la Bad : Les droits de l`homme sont à l`agonie dans ce pays…

Excellence M. Donald Kaberuka, Président de la Banque africaine de développement, Excellences messieurs les gouverneurs, Honorables et distinguées personnalités du monde de la haute finance internationale, vous avez reçu hier, dans les colonnes de ce journal, notre traditionnel akwaba en terre ivoirienne. Des nouvelles d`ici vous ont été données, de façon globalisante. Notre souci aujourd`hui est de vous inviter, comme le dirait Pablo Neruda, " à venir voir le sang dans la rue ". Vous inviter à découvrir la vraie face de la Côte d`Ivoire, celle que vous n`aurez certainement pas l`occasion de découvrir, en raison de votre agenda très chargé. Vous n`êtes pas sans ignorer, messieurs, que notre naguère beau pays, la Côte d`Ivoire, connaît depuis la funeste nuit du 19 septembre 2002, une crise militaro-politique qui est volontairement traînée en longueur par des gens, qu`on rencontre dans tous les camps, qui n`ont aucun intérêt à ce qu`elle prenne fin. Cette crise a servi d`alibi aux différents acteurs, qu`ils soient au Nord ou au Sud du pays, pour violer les droits les plus élémentaires de l`homme. Dans un environnement d`impunité totale et même d`encouragement à la commission des crimes contre les droits de l`homme. Oui, messieurs, les droits de l`homme sont à l`agonie dans notre pays. Au Nord, les rebelles, après avoir commis les crimes les plus atroces sur les populations, continuent de violer les droits de l`homme. Pour un oui ou pour un non, ils jettent des gens en prison et les y détiennent de façon totalement illégale. Dans cette partie du pays, tout continue à être prétexte à bagarres et tous les différends se règlent à coups de fusils, avec des pertes en vies humaines qu`on ne dénombre plus. La vie humaine n`a aucune de valeur dans les zones rebelles. Cela est entré dans l`ordre du normal. On ne vit tranquille et en paix dans cette zone, que lorsque l`on a renoncé à tous ses droits. Et qu`on garde le silence. La vie est donc dans le silence, là-bas. Et malgré l`accord de Ouagadougou, le Nord continue à être une zone de non-droit. Au Sud, on n`est pas mieux loti. Et la situation est d`autant plus grave ici, qu`on nous dit que l`Etat ne s`est pas écroulé. On a du mal à y croire. Jugez-en vous-mêmes ! En 2004, une marche projetée par l`opposition et qui n`a même pas été organisée, a été cependant réprimée dans le sang. L`opposition a parlé de 400 morts. L`Onu en a dénombré 120. Jusqu`au jour d`aujourd`hui, aucun de ceux qui ont commis ces crimes n`a été inquiété. Ils ont même été chaleureusement félicités pour avoir donné la mort par balles, à des gens paisiblement assis chez eux. Deux ans plus tard, des autorités qui n`ont aucun respect pour la vie humaine, ont été invitées dans un hôtel huppé à Paris par Trafigura (selon la Lettre du Continent) et sont revenues au pays avec dans leurs bagages, tous les documents liés à l`importation des déchets toxiques. Lesquels déchets ont causé la mort de 17 personnes et empoisonné des milliers d`autres. C`est là, l`un des plus grands crimes, sinon, jusqu`ici le plus grand crime du 21ème siècle. Commis en Côte d`Ivoire. Les victimes de ce crime continuent de souffrir et de mourir à petit feu, dans l`indifférence totale des autorités qui ont pourtant promis de construire un grand hôpital pour les soigner, avec les 100 milliards (1000 milliards selon certaines langues qui commencent à se délier), versés par la criminelle multinationale Trafigura. Mais tant qu`il y aura encore sur cette terre, des hommes épris de justice et de vérité, bientôt, demain peut-être, en tout cas dans un temps pas si lointain à l`échelle humaine, le jour se lèvera sur ce crime contre l`humanité. Et les criminels en col blanc, paieront. A côté de ces deux grandes violations massives des droits humains, se trouvent au quotidien, d`autres violations. Le droit à l`éducation des enfants de ce pays est désormais compromis, car l`école ivoirienne se meurt depuis des années. Les Ivoiriens sont si pauvres désormais que 70% d`entre eux ne prennent plus que par miracle, un misérable repas par jour. Le droit à la santé n`existe plus pour la population. Les hôpitaux sont si démunis qu`on n`y trouve plus de médicaments. Et lorsque par miracle des médicaments y sont livrés, ils sont systématiquement détournés par des individus véreux et presque toujours les mêmes. On meurt donc comme des mouches dans nos hôpitaux. Vous pouvez faire un tour dans certains de nos Chu pour vous en rendre compte par vous-mêmes. La libre circulation des biens et des personnes est une vue de l`esprit, tant les forces de l`ordre créent les obstacles avec leurs barrages anarchiques sur nos routes. Mais rassurez-vous, elles ne s`en prennent qu`à ceux qui font bouger l`économie, ceux qui font rentrer de l`argent dans les caisses de l`Etat, c`est-à-dire les transporteurs et les commerçants. Qu`elles rançonnent, qu`elles rackettent sans vergogne et sous les yeux des autorités. Le droit à un procès équitable est également devenu une vue de l`esprit. Les " crimes légaux " sont commis au quotidien par la justice qui est dans " un état déplorable tant dans ses infrastructures que dans son fonctionnement ". Une justice qui a fait de la détention " le principe " et de la liberté " l`exception ". Contrairement aux dispositions de l`article 137 du code de procédure pénale de ce pays. Les conséquences sont visibles dans nos prisons surpeuplées où sont détenus des gens sans jugement depuis de longues années. Parfois jusqu`à 17 ans. La Cour d`assise ne siège que quand elle peut. De 2002 à 2010, elle n`a siégé qu`une seule fois. Avez-vous entendu parler des "otages du 18 juin" ? Ce sont les ex-dirigeants de la filière café-cacao. Ils sont en prison sans jugement depuis le 18 juin 2008. On leur a tout refusé. Y compris la présomption d`innocence. Un principe constitutionnel qui est, dans les pays sérieux, l`un des fondements de la démocratie et qui pourtant dans notre pays, a subi les plus grands assauts provenant du chef de l`Etat lui-même. Savez-vous ce que c`est que l`abus de confiance dans notre pays ? C`est quand vous empruntez de l`argent à votre voisin et que pour une raison ou pour une autre, vous n`arrivez pas à le rembourser. Il suffit que ce voisin en parle à une connaissance dans un commissariat de police. En lui promettant 10% du montant. Et que cette connaissance en parle à un substitut du procureur. Ce dernier délivrera un " Soit Transmis " avec cette belle mention : " à déférer, sauf paiement ". Et comme vous n`arriverez pas à payer, vous vous retrouverez en prison, poursuivi pour abus de confiance. Et ça prendra le temps que ça prendra. Il n`y a plus de démarcation entre la procédure civile et la procédure pénale. Et pourtant, Dieu seul sait combien la justice dans un pays est importante pour les affaires. Or, vous savez messieurs de la Bad, que le meilleur moyen pour un investisseur de perdre son argent, c`est de l`investir dans un pays où la justice est à géométrie variable. Où des magistrats jouent impunément avec les deux valeurs les plus importantes sur la terre : la vie humaine et la liberté. A l`université d`Abidjan (ne faites pas attention à ce mot, il n`a plus de sens dans ce pays), des individus se réclamant de la Fesci (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d`Ivoire), continuent de battre et d`humilier enseignants et personnels administratifs. Impunément ! Excellence M. Donald Kaberuka, Excellences messieurs les Gouverneurs, honorables et distingués invités, ce sont là quelques-unes des violations des droits de l`homme dont j`ai voulu vous parler. Ah, j`allais oublier ! En 2008, des femmes, des mères de familles poussées par la faim et assommées par la cherté de la vie, ont voulu marcher pour crier leur saine colère au décideur en chef de ce pays. Vous savez ce qui s`est passé ? On leur a tiré dessus à balles réelles. Il y a eu deux morts. Et à Yopougon, une commune que vous n`aurez peut-être pas le temps de visiter mais que je vous conseille vivement, une femme a pris une balle en plein dans le sein ! Elle continue encore de méditer, non plus sur le droit à une alimentation saine et riche, mais sur le droit à la faim et au silence. Plus récemment, des militants de l`opposition ont manifesté pour protester contre la double dissolution du gouvernement et de la Cei. Là également, on leur a tiré dessus à balles réelles. Il y a eu plusieurs morts. Ah, la vie humaine est tout à fait respectée dans ce pays ! Messieurs de la Bad, pourquoi ne faites-vous pas du respect des droits de l`homme, l`une des conditions du retour de votre Institution dans notre pays ? Vous rendriez, du coup, un immense service à toute la population ivoirienne.
ASSALE TIEMOKO
a02375898@hotmail.fr


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