La jeune génération a certainement une idée très vague de ce que fut l’ex-cinéma « Krindjabo » à Adjamé. C’était une zone rouge fréquentée par des bandits et des voyous de tout acabit qui s’adonnent à la drogue, à la prostitution au vu et au su de tout le monde. Au point que les abidjanais ont érigé le cinéma Krindjabo au rang de République dans la République. Il a fallu la témérité d’un jeune maire, Pierre Djédji Amondji, pour raser ce monde digne de Sodome et Gomorrhe. Malgré le temps, les victimes n’osent pas franchir cet espace devenu aujourd’hui fréquentable. Le bras de fer entre les sorbonnards et le maire du Plateau Akossi Benjo nous rappelle le combat d’Amondji contre la pègre du cinéma Krindjabo. Les hommes de Nado Clément, président de la ‘‘Sorbonne solidarité’’, une nébuleuse, l’accusent d’avoir violé un protocole de non agression réciproque conclu il y a deux ans, prévoyant la pérennité de la Sorbonne jusqu’à la fin de toutes les élections en Côte d’Ivoire. Les ‘‘pupilles’’ de la République sous la refondation clament à qui veut les écouter qu’ils ne bougeront pas de « leur territoire ». Pour des raisons de salubrité publique, le maire persiste et signe qu’il va déloger les sorbonnards. Dans ce face-à-face, le silence des pouvoirs publics est plus qu’inquiétant. Pierre Amondji, devenu gouverneur du district d’Abidjan, ne veut plus jouer le briseur de mythe. Le ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro, feint de ne pas voir cette grosse poutre qui est dans son œil. Du coup, Akossi Benjo se retrouve seul contre des sorbonnards armés de machettes et de gourdins dans cette opération de déguerpissement pour redonner au Plateau son lustre d’antan. Le gouvernement attend certainement que les choses prennent des tournures dramatiques pour jouer le médecin après la mort. En distribuant des enveloppes kaki aux veuves et aux orphélins des victimes de la barbarie des squatteurs des 60 logements. Comme c’est le cas en Jamaïque avec le bras de fer entre trafiquants de drogue et police à Kingston. Pour venir à bout de la mafia, le gouvernement jamaïcain a instauré l`état d`urgence pour un mois à Kingston et Saint Andrew, où des gangs fortement armés ont érigé des barricades et attaqué la police pour empêcher l`arrestation d`un parrain de la drogue, Christopher "Dudus" Coke. La Côte d’Ivoire, pays en crise depuis une décennie, n’est pas loin de ce schéma. Il faut aider le maire, sans tenir compte de son appartenance politique. Car il n’est pas permis aux éléments criminels qui ont placé le quartier des affaires en état de siège de triompher. Aucun calcul électoraliste ne peut tenir la route. Aucun !
Jean Roche Kouamé
Jean Roche Kouamé