Le Rhdp peut-il devenir un parti politique ?

Le grand retour du Rhdp ! Pour montrer que l'a crise qui la secoué ces jours-ci, n'était qu'un épiphénomène, le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) a décidé de sortir le grand jeu. A la faveur de la rencontre de vérité et de réconciliation qu'ils ont eue, hier, à la résidence du président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci-Rda), les principaux leaders de la plate-forme politique houphouétiste sont convenus de renvoyer à leurs militants, l'image du géant qui se réveille enfin. Ils entrevoient, de manière plus sérieuse, la fusion des quatre composantes, en une seule entité. « Nous sommes en train de réfléchir à la manière de gouverner ensemble et dans les jours à venir, nous donnerons quelques indications. Nous allons engager la démarche qui conduit à la mise en place d'un parti politique unifié au sein des houphouétistes, peut-être avant les élections », a déclaré, au terme de près d'une heure d'échanges, Albert Toikeusse Mabri, président de l'Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d'Ivoire (Udpci), sur le perron de la résidence de M. Bédié. Les dirigeants de partis houphouétistes auraient-ils pu trouver signal plus fort à donner, notamment à leurs militants désabusés après les dernières querelles intestines ? Toujours est-il qu'au-delà de la base, le Rhdp qui avait besoin de rebondir a eu le nez creux de dépoussiérer ce projet qui avait fait rêver plus d'un militant du Pdci-Rda ou du Rassemblement des républicains (Rdr). Surtout que les présidents Albert Toikeusse Mabri de l'Udpci et Innocent Anaky Kobena du Mouvement des forces d'avenir étaient à deux doigts de voler la vedette à leurs aînés Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara l’orsqu’ils ont mis la question sur la table en février dernier . Mais à la lumière des récentes dissensions qui ont transi la plate-forme, on se rend compte que, aussi noble qu'est l'ambition des leaders du Rhdp, le chemin qui reste à parcourir pour réaliser l'objectif est parsemé d'embuches. Les « vieux démons », qui ont empêché le Rhdp d'aligner un candidat unique à la prochaine, ont-ils été à présent maîtrisés ? Comment se bâtira l'architecture de la nouvelle formation politique ? Qui va se désister au profit de qui dans la perspective des joutes électorales à venir ? Comment vont s'opérer les fusions sur le terrain ? Quelles places pour les petits poucets tels que l'Udpci et le Mfa qui ont, eux-mêmes, mis à mal leur marge de manœuvre dans la récente crise ? Autant d'interrogations dont les militants attendent des réponses claires. «Nos quatre leaders savent ce qu'ils ont à faire. Ils savent bien où ils nous conduisent », tente de rassurer Philippe Légré, secrétaire général du Mfa. Pourtant, au-delà de ces préoccupations de formes que balaient pour un temps, les réponses du collaborateur d'Innocent Anaky Kobena, des questions de fond subsistent. Comment ces partis houphouétistes qui ne sont pas sur la même longueur d'onde, du point de vue de leurs idéologies parviendront-ils à mettre sur pied un programme de gouvernement digne d'un parti homogène ? Les ressentiments qui ont conduit à l'éclatement de l'ancien parti fort, le Pdci-Rda ont-ils trouvé solution, notamment la question de l'ivoirité ? Les militants du Pdci-Rda seront-ils tous prêts à reporter leurs voix sur le leader du Rdr qu'ils continuent d'accuser d'être le tombeur du sphinx de Daoukro ? Les « républicains », de leur côté, sont-ils en mesure de voter pour celui qui est à la base de toutes les misères de leur mentor ? Entre discours de bonnes intentions et réalisation des objectifs affichés, il y a encore beaucoup de travail à faire pour les houphouétistes.

Marc Dossa