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Politique Publié le jeudi 27 mai 2010 | Notre Voie

Annonce d’un parti unique issu du Rhdp - Et si c’était un complot contre Bédié ?

© Notre Voie Par Emma
Report de la marche du RHDP du 15 mai 2010 - Le président Bédié s`adresse aux Ivoiriens
Vendredi 14 mai 2010. Abidjan. Résidence du président du PDCI-RDA à Cocody. Le Président Henri Konan Bédié anime une conférence de presse pour expliquer la décision prise par la Conférence des leaders du Rhdp les 10 et 11 Mai 2010
Le Rhdp est tout rayonnant depuis le mardi 25 mai. Après une réunion de moins d’une heure à la résidence du président du Pdci, Henri Konan Bédié. Tous les différends ont été aplanis. Le calumet de la paix a été fumé entre les quatre leaders de ce mouvement. La peur de paraître ridicule aux yeux de l’opinion nationale et internationale après tant d’années de bataille vaine a eu raison, pense-t-on, de la bataille de leadership rampante. Il faut sauver la face. Le ciment de cette union est l’éventualité de créer, enfin, un parti unique ou unifié qui regrouperait à la fois le Pdci, le Mfa, l’Udpci et le Rdr. En filigrane, on note une volonté d’avoir un candidat unique à l’élection présidentielle prochaine face au président Laurent Gbagbo, candidat de La Majorité présidentielle. Cette idée d’union de ces quatre partis peut faire rêver ceux qui en ont assez de voir ces formations politiques mordre la poussière face à Laurent Gbagbo, mais il n’en demeure pas moins qu’une seule et grande divergence peut contrarier la réalisation de cet objectif. Un problème qui revient de façon cyclique et dont l’évocation déclenche des vents contraires : c’est l’éternel problème de leadership entre Bédié et Ouattara au sein du Rhdp. Les membres de ce rassemblement dont le mariage a été célébré à Paris, le 18 mai 2005, par l’ex-président français Jacques Chirac, alors tout puissant patron de la françafrique, ont souvent manqué de stratégies cohérentes et ont été minés par des guerres de positionnement. Depuis le départ à la retraite de l’ancien chef d’Etat français, grand inspirateur de ce mouvement. Après tant d’années de balbutiement, les leaders du Rhdp comprennent aujourd’hui la nécessité de s’unir. Mais qui sera le capitaine de cette équipe ? Surtout que l’on sait que Alassane Dramane Ouattara du Rdr et Henri Konan Bédié du Pdci, deux membres influents de ce mouvement, ont une pensée siamoise quand il s’agit du pouvoir. Ils pensent tous les deux qu’ils ont le meilleur profil pour conduire le Rhdp. Ils rêvent tous les deux de ravir le fauteuil présidentiel à Laurent Gbagbo à l’issue des prochaines élections présidentielles. Aucun d’eux ne peut se payer le luxe de revoir ses prétentions à la baisse. A 76 ans révolus, Bédié a la pression de l’âge et Ouattara celle de l’inéligibilité (il est candidat par exception en vertu de l’article 48 de la Constitution). Soit la rencontre où l’on a évoqué l’éventualité de la création d’un parti unique et d’une candidature unique au RHDP est un simple marketing politique, à l’effet de revigorer des militants frustrés et déçus. Soit cette unité de pensée et d’action se fera au détriment d’Henri Konan Bédié. La composition du Rhdp et la pensée qui guide la quasi-totalité des autres leaders le laissent supposer. En effet, Alassane Ouattara, Innocent Anaky et Mabri Toikeusse ne voient pas en Henri Konan Bédié un digne représentant. C’est l’histoire qui nous l’enseigne. Ouattara a mis, de ses propres aveux, fin «au régime moribond» du président Bédié en 1999 qu’il «a frappé» comme il l’avait annoncé au cours d’une tournée politique. Il était, à l’époque, dans une logique de guerre de succession après le décès de l’ex-président de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny, en décembre 1993. Plus tard, le président du Rdr aura une aversion à l’endroit de Bédié à cause de sa politique de l’ivoirité. Mabri Toikeusse a, quant à lui, fait ses armes aux côtés de feu le général Robert Guéi, ennemi juré de Bédié. Guéi qui a pris les rênes du pouvoir après le coup d’Etat de décembre 1999 inspiré par Ouattara, a contraint le président du Pdci à l’exil en France. Mabri a servi, par la suite, de tête pensante à ce Général tout le temps que ce dernier a été au pouvoir. Le président de l’Udpci ne peut donc pas porter Bédié dans son cœur. Bédié n’est donc pas un modèle politique qui mérite, aux yeux des autres leaders du RHDP, de gouverner. A l’heure actuelle, au sein du RHDP, leur position n’a pas varié. C’est ce qui explique que Mabri ait, d’un ton dénué de toute courtoisie, traité Bédié d’homme politique qui tient des propos «indignes» après la marche avortée du 15 mai dernier. Il l’a fait en public parce que la haine qu’il a contre Bédié ne s’est pas éteinte. Le président du Mfa, Innocent Anaky partage également ce sentiment à un degré moindre. Et pour un motif différent. Il admire Alassane Ouattara. Tout simplement. Pour lui, le patron du Rdr a le meilleur profil. Il a des relations, pense-t-il, au sein de la communauté internationale et son parti possède une grande capacité de mobilisation. Ces atouts sont indispensables, croit-il, pour battre Laurent Gbagbo. Alors, Bédié ne peut pas être son choix. Il est donc clair que Bédié ne sera pas le choix du Rhdp si l’on devait passer au vote. Et le Pdci n’aurait pas de candidat à l’élection présidentielle prochaine. Il sera réduit à voter pour Ouattara, l’ancien tortionnaire. D’ailleurs, il n’y a qu’à voir la mine radieuse de Mabri Toikeusse, à la sortie de la rencontre du RHDP, le mardi 25 mai. La satisfaction peut se constater dans ses propos. Il a annoncé que les divergences sont «totalement» aplanies et qu’“un seul parti” pourrait voir le jour « peut-être avant les élections». Les choses ne sont pas si simples. Si Bédié, par mégarde, livre le Pdci à Ouattara, il restera encore Charles Konan Banny et ses compagnons en embuscade pour faire de la résistance. Banny qui attend depuis un moment de prendre le Pdci. Depuis le report de la marche du 15 mai, ils montrent de plus en plus leur nez. Parce que pour eux, Bédié n’a ni la force, ni la poigne nécessaires pour affronter Laurent Gbagbo et en sortir vainqueur. Ce que les partisans du président du Pdci prennent comme un affront. La partie n’est donc pas gagnée.

Serge Armand Didi sardidi@yahoo.fr
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